dimanche 1 décembre 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du1er au 4 décembre)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Mercredi 4 décembre à 22h

Le Grand Frère de Fateen Abdel Wahab (Al akh al kabir, 1958)
avec Hind Rostom (Rouhya, la maîtresse d’Awad), Farid Shawki (Awad), Ahmed Ramzy (Ahmed, le jeune frère d’Awad), Farida Fahmy (Dawlat, la cousine d’Awad et d’Ahmed), Ferdoos Mohamed (la mère d’Awad et d’Ahmed), Said Abu Bakr (Handalab), Mohamed Tawfiq (le toxicomane), Reyad El Kasabgy (Gagal), Mahmoud El Sabbaa (Buhgal), Mahmoud Azmy (l’officier de police), Salah Abdel Hamid (le chanteur), Zeinat Olwi (une danseuse), Fifi Salama (une danseuse), El-Toukhy Tawfiq (Sibou), Abbas Rahmy (le chef du service antidrogue), Mohamed Reda (Farghaly)Scénario : Ali El-Zorkani
Musique : Salah Abdel Hamid, Hasseb Ghoubashy, Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les films Mohamed Afifi
appréciation : 3/5


Awad (Farid Shawki) mène une double vie. En apparence, c’est un homme exemplaire qui travaille dur pour faire vivre sa petite famille. Grâce à lui, les siens mènent une existence heureuse, paisible et l’unique bonheur d’Awad, c’est de retrouver chaque jour ceux qu’il aime : sa mère (Ferdoos Mohammed), sa fiancée (Farida Fahmi) et son jeune frère, étudiant en droit (Ahmed Ramzi).
En réalité, Awad est le chef d’un gang spécialisé dans le trafic de drogue. Il passe toutes ses nuits dans les bars afin de superviser ses activités criminelles. Il a une maîtresse (Hind Rostom), une danseuse à qui il a promis le mariage. Quand celle-ci le somme d’honorer sa promesse, il accepte puis refuse. Elle comprend alors qu’il est déjà engagé et qu’il n’a jamais eu l’intention de l’épouser (Faire entrer dans la famille une danseuse ? Impensable !). Elle décide de se venger...

Notre avis : Fateen Abdel Wahab s’éloigne rarement des rivages ensoleillés de la comédie. « Le Grand Frère » constitue l’une de ses très rares incursions dans le drame et on pourrait se demander s’il ne s’est pas quelque peu fourvoyé. On est un peu gêné par le caractère édifiant de son dénouement et son réquisitoire contre les méfaits de la drogue nous semble un peu convenu.
Néanmoins, le film n’est pas sans qualités. Fateen Abdel Wahab est un grand directeur d’acteurs et il le prouve encore une fois ici, aussi bien avec les rôles principaux qu’avec les secondaires. Le scénario a été écrit par Ali El-Zorkani, l’un des plus grands scénaristes du cinéma égyptien (sa filmographie est impressionnante !) et c’est sans doute en partie grâce à lui que ce « Grand Frère » ne verse pas dans le manichéisme moralisateur. Dans ce film, le Mal est personnifié par Hind Rostom qui n’a jamais été aussi belle. Difficile de résister !


Mardi 3 décembre à 18h30

Ne le Dites à Personne d'Henry Barakat (Ma Takulshi la hada, 1952)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Samia Gamal (Walaa), Nour Al Hoda (Noussa), Stephan Rosty (Ghazal Bashraf, l’oncle de Noussa), Abdel Salam Al Nabolsi (le professeur de danse), Aziz Othman (Amin Bashraf, le père de Noussa), Omar El Hariri (Nabil, l’amoureux de Noussa), Aïda Kamal (Aïda), Lotfy El Hakim (le producteur), Talaat Alam (le directeur du théâtre), Abdel Moneim Basiony (le présentateur du théâtre), Ali Kamal (Lulu, l’avocat), Alya Fawzy (Fatima, la bonne), Abdel Badih El Arabi (le directeur de l’hôtel), Mahmoud Azmy (l’inspecteur), Ibrahim Fawzy (le professeur de chant)
Scénario et dialogues : Henry Barakat et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Abdel Aziz Salam, Mahmoud Fahmy Ibrahim, Ismaïl Abdel Mahin
Production : les Films Farid Al Atrache
Appréciation : 4/5


Comédie musicale. Wahid est un chanteur réputé, propriétaire d’un grand théâtre. Il a une liaison avec Walaa, la danseuse vedette de son établissement. Celle-ci doit s'absenter deux mois pour se produire à Paris et ils ont décidé de se marier à son retour. Mais c’est sans compter la ténacité d’une jeune admiratrice qui est prête à tout pour devenir la femme de Wahid. Cette jeune personne s’appelle Noussa Bashraf. C’est une jeune étudiante en musique et en chant et elle est aussi la fille de l’ancien professeur de Wahid, défenseur sans concession de la tradition musicale. Nabil, un condisciple de Noussa, lui a déclaré sa flamme mais la jeune femme a été catégorique : son cœur appartient à Wahid. Nabil tente de la raisonner en lui démontrant qu’il n’y a aucune chance que ce chanteur célèbre tombe amoureux d’une petite étudiante mais rien n’y fait. Noussa n’a de cesse de poursuivre son idole et elle parvient même à se faire engager dans le spectacle que prépare Wahid. Elle manœuvre si bien que des photos compromettantes finissent par paraître dans la presse. Wahid est bel et bien pris : il doit épouser Noussa, à la plus grande satisfaction de Ghazal, l’oncle de la jeune fille qui nourrit une passion dévorante pour Walaa. C’est alors qu’est annoncé le retour de la danseuse qui n’a pas souhaité renouveler son contrat parisien. Elle est accueillie par Ghazal qui lui apprend sa mauvaise fortune. Pour se venger, Walaa quitte le théâtre de Wahid et annonce ses fiançailles avec Ghazal …

Notre avis : dernier film du couple légendaire du cinéma de l’âge d’or, Samia Gamal et Farid Al Atrache. Le scénario très drôle est signé par l’un des maîtres de la comédie, Abou Al Seoud Al Ebiary. Il est bâti autour d’ un personnage de petite peste joué avec beaucoup de conviction par l’actrice et chanteuse Nour Al Hoda. Les danses de Samia Gamal, toutes aussi étourdissantes les unes que les autres sont comme un dernier feu d’artifice offert au public égyptien. Après le tournage de ce film, la danseuse s’envolera pour les Etats-Unis où elle retrouvera l’homme d’affaires texan qu’elle épousera, pour le meilleur et pour le pire.


Lundi 2 décembre à 22h

Gare centrale de Youssef Chahine (Bab El Hadid, 1958)
avec Youssef Chahine (Kenaoui), Hind Rostom (Hanouma), Farid Chawki (Abou Siri), Hassan El Baroudi (Madbouli), Abdel Aziz Khalil (Abou Gaber), Hussein Ismaïl (le passager du train), Safia Tharwat (Alawatim), Ahmed Abaza (Mansour), Abbas El Dali (Abbas Al Shayyal)
Scénario : Abdel Hai Adib
Dialogues : Mohamed Abou Youssef
Musique : Fouad El Zahry
Production : les films Jabrahil Talhami


Classique. Le boiteux et simple d’esprit Kenaoui vend des journaux à la gare centrale du Caire. Incapable de séduire une femme, il vit dans une frustration sexuelle permanente. Il a couvert les murs de sa cabane d’images de pin-ups et de femmes dénudées. Dans la gare, il rencontre régulièrement Hanouma, la pulpeuse vendeuse de limonade et il en est tombé follement amoureux. Malheureusement pour Kenaoui, Hanouma n’a d’yeux que pour Abou Siri, un bagagiste costaud et fort en gueule. Un jour, les deux amoureux se disputent en présence du vendeur de journaux. Ce dernier pense que la voie est libre : il déclare sa flamme à Hanouma et lui offre un bijou qui avait appartenu à sa mère. La jeune femme le rabroue sans ménagement. Kenaoui veut se venger…

Notre avis : le meilleur film de Youssef Chahine. Si aujourd’hui « Gare Centrale » est considéré comme une réussite incontestable par le public et les critiques, il n’en fut pas de même à sa sortie. Sans doute est-ce dû au fait que le cinéaste avait osé provoquer la morale traditionnelle et les conventions du cinéma commercial des années cinquante en choisissant comme personnage principal un handicapé obsédé sexuel. Non sans un certain panache, Chahine décida d’incarner lui-même cet être difforme et déconcertant. Autre objet de scandale : la puissance érotique du personnage joué par Hind Rostom. Ce film contribua grandement à faire de l’actrice « la Marylin Monroe » égyptienne. « Gare Centrale » est une œuvre unique, en ce sens où elle reprend certains thèmes familiers du cinéma de l’époque tout en rompant avec les codes et les stéréotypes de celui-ci. Pour la réalisation de son douzième film, le jeune cinéaste de trente-deux ans a revendiqué et obtenu une liberté totale. Il a ainsi montré la voie aux grands réalisateurs des décennies suivantes.


Dimanche 1er décembre à 14h

La Marchande de Fleurs de Mahmoud Ismaïl (Bayeat alwird, 1959)
avec Taheya Carioca (la danseuse Imatthal), Mohsen Sarhan (Ezzat), Mahmoud Ismail (Antar), Samiha Ayoub (Warda), Ferdoos Mohamed (la mère de Warda), Lotfy Abdel Hamid (le garçon handicapé mental), Mohamed Al-Sabaa (Ibrahim, un des hommes d'Antar), Hussein Issa (un des hommes d’Antar), Abdul-Ghani Al-Najdi (Talaat), Saleha Qasin (la mère de Madame), Mohamed Sobeih (Karam, un des hommes d'Antar), Khairiya Khairy (la nounou), Sabry Abdel Aziz (un client de Warda)
Scénario : Mahmoud Ismail
Musique : Fouad Al Zahiri
Musique de danse : Attia Sharara
Chanson : Fathi Qora (paroles) et Izzat Al-Jahili (musique)
Production : Al Nour Arab Films (Abdel Fattah Mansi)


Depuis la mort de son père, Warda gère la boutique de fleurs familiale afin de subvenir aux besoins de sa vieille mère et de ses cinq jeunes frères. Un jour, se présente au magasin un jeune homme dont l’élégance et la douceur troublent profondément la commerçante. Il vient commander des fleurs pour sa maîtresse qui est danseuse dans un cabaret. Il demande à Warda de livrer le bouquet dans la loge de celle-ci. Mais quand la fleuriste s’y présente, elle tombe en plein drame. Izzat, le jeune homme, menace avec un revolver sa maîtresse. Warda parvient à le calmer et il finit par ranger son arme. Après le départ de Warda et d’Izzat, Imatthal, la danseuse, a une autre visite : c’est Antar, un malfrat à qui elle est totalement soumise. Il l’a forcée à devenir la maîtresse d’Izzat pour mettre la main sur l’immense fortune de celui-ci. Par amour pour Imatthal, le jeune homme a dû vendre son usine et ses biens immobiliers. Quand il fait la connaissance de Warda, il est dans une situation dramatique et l’apparition de la jeune femme dans sa vie constitue un réconfort inestimable. Ils se revoient fréquemment avec un plaisir croissant. Malheureusement, sa situation financière oblige Izzat à travailler pour le gang d’Antar…

Notre avis : 1959 est une année faste pour Taheya Carioca. L’actrice et danseuse tourne dans pas moins de six films qui pour la plupart constituent des moments forts dans sa très longue carrière. Parmi eux, « La Marchande de Fleurs » n’est pas le plus connu et pourtant c’est un thriller de bonne facture. On n’en attendait pas moins de son auteur, Mahmoud Ismaïl qui excelle dans le film noir aussi bien derrière la caméra que devant, comme il nous le prouve une nouvelle fois ici. Mais revenons à Taheya Carioca. Il faut mettre au crédit du cinéma égyptien de la grande époque d’avoir fait d’une actrice de quarante-cinq ans qui assume son âge et son corps le modèle de la séductrice à laquelle aucun homme ne peut résister. Dans cette « Marchande de Fleurs », la sensualité et la beauté de Taheya Carioca laissent pantois.