إخراج : محمد كريم
Mohamed Karim a réalisé la Rose Blanche en 1933.
Distribution : Mohamed Abdel Wahab, Samira Kholoussi, Soliman Naguib, Mohamed Abdel Quddus, Dawlat Abyad
Scénario : Mohammad Karim, Soliman Naguib, Tawfiq Al Mardanlli, Mohamed Metwally
Chansons : Mohamed Abdel Wahab et Ahmed Rami
Mohamed Abdel Wahab |
Samira kholoussi |
Soliman Naguib |
Mohamed Abdel Wahab |
Mohamed Abdel Quddus |
Zaki Rostom |
Dawlat Abyad |
Résumé
Raga,
une jeune fille, s’ennuie dans la grande demeure bourgeoise où elle vit avec
son père, Ismael Bey et sa belle-mère. On
la voit jouer avec son chat et danser sur un air d’accordéon. Sa belle mère
fait irruption dans la pièce et éteint la radio : elle interdit la musique
occidentale dans sa maison.
Un
jeune homme se présente à la porte. Il est reçu par le père de Raga. C’est Galal
Effendi, le fils d’un couple d’amis aristocrates,
morts récemment après avoir dilapidé leur fortune. Le pauvre orphelin doit
abandonner ses études pour travailler et il est venu demander son aide à Ismaël
Bey. Celui-ci lui propose de devenir l’assistant de son gestionnaire. Galal accepte avec joie. Sa tâche consistera
à récupérer les loyers impayés des nombreux appartements que possède Ismaël
Bey.
Le
jeune homme fait la connaissance de Raga au retour de sa première tournée.
Alors qu’il franchit le portail de la demeure de son bienfaiteur, la jeune
fille descend en courant le monumental escalier du perron. Le fil de son
collier rompt et les perles se répandent tout alentour. Galal aide Raga à les récupérer.
Dès le premier regard échangé, c’est le coup de foudre.
La
seconde rencontre a lieu dans le jardin de la propriété. Les deux amoureux sont
très émus d’être l’un près de l’autre. Raga offre à Galal une rose blanche.
Dans
la scène suivante, le spectateur découvre Shafiq, le frère d’Hanem, la
belle-mère. C’est un noceur paresseux que sa sœur rêve de voir épouser Raga.
A
l’occasion de la venue de l’accordeur de piano, Galal retrouve la jeune fille.
Il lui avoue que dans sa vie, il a une seule passion, la musique, mais que son
père avait toujours refusé qu’il s’y consacre entièrement.
A
la campagne, c’est bientôt le temps des récoltes et Ismaël Bey avec toute sa famille quitte Le Caire et s’installe
dans sa ferme afin de superviser le travail de ses paysans. Ragal et le
gestionnaire restent seuls dans la grande maison. Les jours passent. Un matin,
le gestionnaire reçoit de son patron l’ordre de le rejoindre à la campagne pour
régler quelque affaire urgente. L’homme est dans l’embarras car il ne peut s’éloigner
de sa femme qui est très malade. Gala propose de le remplacer et prend le
premier train pour rejoindre celle qu’il aime. Cette dernière apprenant l’arrivée
prochaine de l’élu de son cœur prépare elle-même sa chambre, n’oubliant pas de
poser sur la table, une rose blanche, symbole de leur amour.
Les
deux jeunes gens se promènent dans la campagne. C’est à cette occasion qu’ils
échangent leur premier baiser. Malheureusement, ils sont surpris par Shafiq qui
les dénonce auprès d’Ismaël Bey et de sa femme. Galal est aussitôt renvoyé et
il doit retourner immédiatement au Caire. On retrouve le jeune homme dans son
appartement. Il contemple les portraits accrochés aux murs de son salon. Ce
sont ceux de grands musiciens du passé. A l’instar de ces illustres prédécesseurs,
Galal vouera son existence à la musique.
Les
mois passent. Galal vit désormais dans un vaste appartement moderne. Raga lui
rend visite. Il lui fait entendre sa toute dernière composition qu’il présentera
prochainement à l’opéra du Caire. Elle s’intitule « Le Nil » d’après
un poème d’Ahmad Chawqi, « le Prince des Poètes » (1868-1932). Cette
nouvelle chanson ravit la jeune femme. Elle quitte son amoureux en lui promettant d’assister
à son concert.
Pendant
ce temps-là, les parents de Raga continuent à œuvrer pour qu’elle épouse
Shafiq. Lors d’un repas qui doit officialiser les fiançailles, la jeune femme
ne cache pas l’hostilité qu’elle éprouve pour le frère de sa belle-mère. Lors d’une
conversation avec son père, elle finit par avouer qu’elle aime toujours Galal.
Ismaël Bey s’emporte : jamais sa fille n’épousera un musicien ! Raga
doit épouser Shafiq. Pour qu’elle rompe avec Gala, on lui fait croire qu’il a
fui avec une maîtresse.
On
retrouve Le jeune compositeur, riche et célèbre, traînant sa mélancolie à travers
les rues d’Alexandrie ou devant la mer.
Dernière
scène : Galal chante son désespoir devant la grille de la demeure de celle
qu’il aimera toujours.
Critique
Mohamed Karim fit ses études de cinéma dans les années vingt à Rome et à Berlin. Il réalisa en 1929, Zeinab et en 1932, Fils à Papa. La Rose Blanche est son troisième film.
C’est le premier film égyptien entièrement parlant. Le succès sera considérable dans tout le monde arabe. A Alexandrie, le film sera projeté pendant 56 semaines.
C’est aussi le premier film dans lequel apparaît le compositeur et chanteur Mohamed Abdel Wahab. Ce dernier fera avec Mohamed Karim sept films.
La réalisation technique est assurée par les studios Tobis de Paris.
Les autorités religieuses d’Al Azhar avaient été scandalisées par la scène où l’on voit Mohamed Abdel Wahab embrasser Samira Kholoussi alors qu’il porte le tarbouche, symbole de la nation.
Certes
dans l’histoire du cinéma égyptien, La
Rose Blanche constitue un événement d’une importance considérable : premier
film entièrement parlant, première comédie musicale, premier succès international
(en tout cas dans le monde arabe). La dimension satirique du film n’a pas non
plus échappé aux commentateurs. Mohamed
Karim montre une société figée que domine une classe aisée, crispée sur ses
privilèges. La belle-mère de l’héroïne est la caricature de la grande
bourgeoise oisive et méprisante comme son frère est le type même du
jouisseur immoral ne connaissant comme
règle que son bon plaisir. Selon Walter Armbrust “Mass Culture and
Modernism in Egypt” (1996), La Rose
Blanche est un film moderniste car, refusant les valeurs « occidentales »
de la classe dominante, il prône une synthèse entre la tradition authentique et
les aspirations révolutionnaires. Le jeune musicien Galal avec son goût pour la
culture et le travail serait le représentant des classes moyennes émergentes.
Soit. Il n’empêche que le film souffre de nombreux défauts et, disons le tout
net, regarder la Rose Blanche pour un
spectateur d’aujourd’hui constitue une redoutable épreuve. Le rythme est d’une
lenteur extrême. Les scènes semblent ne jamais vouloir finir et on assiste à
leur interminable agonie avec un mélange d’abattement et d’exaspération. Plus
grave : Mohamed Abdel Wahab est un grand compositeur mais dans ce film il
se révèle un piètre comédien. Son corps semble pétrifié, le moindre geste paraît
lui coûter une énergie considérable et son visage a autant d’expression qu’un masque
funéraire. Restent une histoire d’amour
impossible (conventionnelle) et quelques chansons (monocordes) de Mohamed Abdel
Wahab.
Un
film important qu’on peut ne pas voir.
Appréciation : 3/5
***
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin