dimanche 11 janvier 2015

Le Directeur Technique (El Mudir el Fani, 1965)

المدير الفنى
إخراج : فطين عبدالوهاب


 Fateen Abdel Wahab a réalisé Le Directeur Technique en 1965.
Distribution : Laila Taher (Zianat), Farid Shawki (Hamouda), Hassan Fayek (le directeur de l’école), Abdel-Moneim Ibrahim (Mahran), Sherifa Mahear (Laila), Adel Adham (Shawka), Adel Imam (l’agent d’entretien).
Scénario : El Sayed Bedeir d'après Topaze de Marcel Pagnol


Farid Shawki
















Sherifa Mahear

Hassan Fayek

Laila Taher

Adel Imam et Abdel Moneim Ibrahim

Laila Taher

Adel Adham

















Résumé

Hamouda enseigne dans une petite école. Il est amoureux de Zianat, la fille du directeur, enseignante elle aussi.  Après la plainte d’un parent, Hamouda doit abandonner son poste. Il donne des cours particuliers au garçon d’un couple aisé et annonce son renvoi à la mère de famille. Elle lui propose aussitôt de travailler dans leur société et même d’en prendre la direction. L’ex enseignant accepte mais il va vite comprendre qu’on l’a sollicité pour camoufler des irrégularités comptables. Il redresse l’entreprise et assainit les comptes. Son collègue le cheikh Mehran l’a rejoint pour l’assister. Un jour, Zianat et son père se présentent  dans les locaux de l’entreprise. Ils ont besoin d’aide car l’école est à deux doigts de fermer. Après réflexion, Hamouda décide de  prendre les commandes de l’établissement scolaire et d’y injecter les bénéfices de la société. Le propriétaire de cette dernière est furieux et, accompagné d'hommes de main, il se rend à l'école pour corriger le « traitre ». Bagarre générale dont sortiront vainqueurs les enseignants et les enfants conduits par Hamouda. 


Critique

Topaze est d’abord une pièce  créée en 1928. Rappelons l’intrigue : Topaze est professeur de morale à la pension Muche. C’est un être sincère et honnête à la naïveté désarmante. Il est amoureux d’Ernestine, la fille du directeur.  Quand ce dernier l’apprend, il renvoie aussitôt son employé. Topaze est alors engagé par Régis de Castel-Vernac, un politicien corrompu  qui l’utilise pour mener à bien ses affaires  douteuses.  Très vite, l’élève dépasse le maître.
A propos de sa pièce, Marcel Pagnol écrit : « Lorsque je suis arrivé à Paris, j’ai eu affaire à des hommes d’affaires. Il m’a semblé que ces gens, qui avaient des situations très importantes, n’étaient pas plus intelligents que les petits instituteurs d’autrefois. Et que ces petits instituteurs, s’ils avaient bien voulu un peu renoncer à leur sincérité et à leur honnêteté, auraient pu aussi faire de très grandes affaires. » 
En France, il y eut trois adaptations cinématographiques de Topaze. La première, réalisée par Louis Gasnier avec Louis Jouvet, date de 1933. Mécontent du résultat, Marcel Pagnol tourne sa propre version en 1936. C’est un échec à la fois artistique et commercial. Quinze plus tard, l’auteur  décide de réaliser un remake de sa pièce avec Fernandel dans le rôle titre. Cette fois-ci,  le succès est au rendez-vous. 


Topaze, 1933

Topaze, 1951

Voici donc la version égyptienne de cette comédie de Marcel Pagnol. Ce dernier dénonçait la corruption qui régnait au sein de l’Etat et des institutions de la troisième république. Evidemment, Fateen Abdel Wahab et son scénariste se gardent bien de reprendre cet aspect de la pièce. Ils ont transformé le député véreux en chef d’entreprise voyou pour ne pas risquer de déplaire au régime nassérien. Le Directeur Technique est une comédie gentiment morale qui nous enjoint de préférer l’amour et les enfants au luxe et à l’argent. Pour cette fable naïve, Farid Shawki apparaît à contre-emploi dans la première partie où il surjoue l’instituteur benêt. Dans la seconde, il est plus à l’aise en directeur de société mais ne force vraiment pas son talent. 
Bref, un film léger mais sympathique qui s’ouvre sur un générique enlevé : Farid Shawki, coiffé du tarbouche, traverse la ville à bicyclette pour se rendre à son école avec en fond musical un morceau qui semble emprunté à une comédie française. 
A noter dans un petit rôle Adel Imam dont c’est la deuxième apparition au cinéma.

Appréciation : 2/5
**



Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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