mardi 21 mai 2024

Danse : Kitty Fotsaty (Voutsaki), 1952

كيتى فوتساتى







Kitty danse dans Tu es Ma Vie, un film réalisé par Youssef Maalouf en 1952 avec dans les rôles principaux Kamal Al Shennawi et Shadia. Elle a 25 ans (si elle est bien née en 1927 et non en 1930 comme certains l'affirment.). Cette année 1952 est une période très faste pour la danseuse d'origine grecque : elle apparaît dans dix-huit films, essentiellement pour danser mais aussi pour jouer la comédie.
 

vendredi 17 mai 2024

Danse : Soheir Zaki, 1963

سهير زكي




Soheir Zaki (née en 1945) danse dans la comédie La Famille de Zizi réalisé par Fateen Abdel Wahab en 1963. Elle a juste dix-huit ans et c'est sa première apparition à l'écran., Elle sera l'une des danseuses les plus populaires des années soixante et soixante-dix. 

jeudi 16 mai 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 31 mai)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Vendredi 31 mai à 18h

Ice Cream à Glim de Khairy Beshara (Ice cream fi Glim, 1992)
avec Amr Diab, Ashraf Abdelbaky, Simone, Hussein El Emam, Gihan Fadel, Ali Hassanein, Ezzat Abu Ouf, Hossam Hosni, Alaa Wali El Din, Hesham Nazih, Tamer Hagras, Ahmed Al Nasir, Faten Hamama (pour une très brève apparition lors d’un concert que donnent le héros et ses camarades)
Scénario : Medhat Al Adl et Mohamed El-Mansy Kandil
Musique : Amr Diab, Hossam Hosni


Seif travaille comme coursier pour une société de vente en gros de cassettes vidéo et Il vit dans un garage. Toute la journée, il circule à moto pour fournir en nouveautés les vidéos-clubs et autres commerces de la capitale. Il est fiancé à Badria, une jeune fille pauvre comme lui. Elle est vendeuse dans une boutique de luxe qui se trouve sur la route d’Alexandrie. Le soir, Seif vient la chercher à moto. Si le jeune homme supporte avec bonne humeur cette existence précaire, c’est qu’il a un rêve : depuis toujours il chante et il espère qu’un jour son talent intéressera des producteurs. En attendant, les soucis s’accumulent. Un soir, il est agressé par une bande de voyous qui lui dérobent sa moto et toute sa cargaison de cassettes. Il devra tout rembourser à son patron. Peu après, entre lui et Badria, l’ambiance se dégrade brutalement. La jeune vendeuse a toujours manifesté son impatience, sa frustration à l’égard de leur situation. Elle a fait la connaissance d’un homme mûr très riche qui lui fait miroiter une autre existence. La rupture est inévitable…

Notre avis : la vedette de ce film est Amr Diab, un jeune chanteur qui dans les années 90 est devenu la star de la chanson arabe. Comme il se doit, il a joué dans quelques films tout à sa gloire dont ce « Ice Cream à Glim » qui rencontra auprès du public un succès considérable. Dans cette comédie musicale, l’influence américaine est clairement assumée : Amr Diab porte le même blouson de cuir et arbore la même coiffure que John Travolta dans « Grease » (1978). Le personnage qu’il incarne travaille dans un vidéo club dont les murs sont tapissés d’affiches de films hollywoodiens et on entend même la voix d’Elvis Presley. Sur le plan cinématographique, « Ice Cream à Glim » n’a rien de remarquable et Amr Diab, au demeurant un jeune homme sympathique, ne manifeste pas des dons exceptionnels dans l'art dramatique. L’essentiel ce sont les chansons interprétées par celui-ci ou quelques-uns de ses partenaires. Et c’est peut-être ce qu’il y a de plus daté dans ce film : l’omniprésence du synthétiseur est parfois difficile à supporter ! Cette comédie date de 1992 mais elle baigne dans une atmosphère furieusement années 80. Si aujourd’hui, elle a toujours autant de succès c’est qu’elle permet à toute une génération de spectateurs de replonger dans sa jeunesse.


Jeudi 30 mai à 14h

Train de Nuit d'Ezzel Dine Zulficar (Ketar el Lail, 1953)
avec Imad Hamdy (Adel), Samia Gamal (Samia), Stephan Rosti (Aboul Azz), Serag Mounir (Malaty), Soleiman Naguib (l’inspecteur de police), Aly Abd El Al (le directeur du cabaret), Abdel Moneim Ismail (membre du gang d’Aboul Azz), Reyad El Kasabgy (membre du gang d’Aboul Azz), Mohamed Reda (conducteur de train), Fakher Fakher (le second de l’inspecteur), Hussein Issa (membre du gang d’Aboul Azz), Salah Nazmi (membre du gang d’Aboul Azz), Zaki Ibrahim (le père de Samia), Tawfiq Ismaïl (directeur de la gare de Tanta)
Scénario : Stephan Rosti, Ezzel Dine Zulficar, Zaki Saleh
Musique : Ibrahim Haggag
Production : Abdel Hamid Zaki

C'est le premier film que tourne Samia Gamal après sa rupture avec Farid Al Atrache (La dernière comédie musicale qui réunit le couple est Ne le Dis à Personne "Ma takulshi la hada" d’Henry Barakat en 1952)
Appréciation : 4/5


Samia aime Adel mais celui-ci disparaît brusquement. Elle croit qu’il l’a abandonnée. Au même moment, son père est plongé dans des difficultés financières inextricables. Pour le sauver, Samia épouse Aboul Azz, un redoutable gangster qui l’oblige à danser dans son club. Mais Adel se manifeste à nouveau. Samia et lui se donnent rendez-vous dans un restaurant. On apprend que l’homme n’avait pas fui mais qu’il avait été blessé dans un accident de la route et qu’il est resté hospitalisé plus de deux mois. Leurs retrouvailles sont brèves car Samia doit retourner au club pour son numéro de danse. Malgré le danger, Adel se présente dans l’établissement. Il retrouve sa bien-aimée dans sa loge. Aboul Azz, caché (fort mal !) dans la penderie, se jette sur Adel et l’assomme. Il s’empare de l’argent que sa victime avait réuni pour venir en aide à Samia et à son père. Une fois le gangster parti, Adel recouvre ses esprits. Les deux amoureux peuvent se confier l’un à l’autre. Samia doit rejoindre ses danseuses sur scène. Dans la salle se trouve Malaty, un ami de son mari. Il est envoûté par la sensualité de Samia.

Notre avis : un thriller sombre et violent dans lequel Samia Gamal prouve qu’on avait tort de la réduire aux rôles de faire-valoir sémillant pour chanteur célèbre. Dans ce film, elle parvient à conjuguer de manière très singulière sensualité et tragédie avec un personnage enchainé aux désirs des hommes. Malgré quelques maladresses, Ezzel Dine Zulficar parvient à donner à son récit une dimension mythique. Les danses comptent parmi les plus saisissantes du cinéma égyptien.


Mercredi 29 mai à 16h

Le Faux Millionnaire d’Hassan El Seifi (Al milioneer al mozayaf, 1968)
avec Fouad El Mohandes (l’ingénieur Hamdi/Sayed, le mexicain), Shwikar (Zahra, la femme d’Hamdi), Abdel Monem Madbouly (Hosny, l’avocat), Lebleba (Nifin, la fille du ferrailleur), Abbas Fares (le ferrailleur), Bader Eddin Jamgome (Afifi, le secrétaire), Nagwa Fouad (Samiha), Samir Sabri (Samir), Hassan Mostafa (le robot Mac Mac), Mohamed Shawky (l’huissier), Fifi Youssef (la belle-mère d’Hamdi), Abdel Ghani El Nagdi (l’assistant de l’avocat), Sayed Ibrahim (le policier), Anwar Madkor (le constructeur automobile)
Scénario : Abdel Monem Madbouly, Samir Khafagi, Nabil Gholam
Musique : Helmi Bakr
Paroles des chansons : Fathy Koura
Production : Hassan El Seifi, Société de production cinématographique du Caire


Comédie musicale. Hamdi est professeur à l’Institut National de Recherche mais c’est avant tout un inventeur et sa spécialité ce sont les moteurs automobiles. Il s’apprête à rendre public sa dernière invention : le moteur Nafissa 2900. Pour ses travaux, il s’est endetté auprès d’un ferrailleur qui souhaiterait devenir son partenaire. Hamdi a toujours refusé cette association car il tient à garder son indépendance. Malheureusement, sa situation financière est de plus en plus critique et pour ne rien arranger, son épouse continue à dépenser sans compter. Enfin la présentation officielle de son nouveau moteur a lieu en présence de grands constructeurs internationaux mais la démonstration vire à la catastrophe : le prototype se casse en deux dès le démarrage. Peu après cet échec cuisant, un miracle a lieu. L’avocat Hosny informe Hamdi que son frère aîné, exilé au Mexique, vient de mourir et lui lègue toute sa fortune. Si Hamdi ne se manifestait pas, l’héritage irait à Sayed, leur cousin mexicain…

Notre avis : en cette année 1968, Fouad El Mohandes est partout, au cinéma, à la télévision et au théâtre. Il est enfin devenu le roi de la comédie populaire, digne successeur d’Ismaïl Yassin qui a quasiment disparu des écrans. Avec sa femme Shwikar, ils forment le couple le plus célèbre du cinéma égyptien de l’époque et on les retrouve mari et femme dans cette gentille comédie d’Hassan El Seifi. La cible de ce « Faux Millionnaire » est clairement le public familial et il s’agit de plaire avant tout aux enfants. D’où ces personnages et ces situations qui évoquent l’univers de la bande dessinée. Un film divertissant à voir en compagnie de très jeunes spectateurs.


Mardi 28 mai à 18h

Hadi Badi d’Hassan El Seifi (1984)

avec Farid Shawki (Khader, l’oncle de Saber), Noura (Sobhia, la fille de Radir), Samir Ghanem (docteur Saber), Dalal Abdel Aziz (docteur Layla), Said Abdel Ghani (docteur Galal, l’oncle de Layla), Zahrat Al Oula (l’épouse de Khader), Rawia Saleh (Zakia), Raafat Fahim (Cheikh Qatamish), Badrya Abdel Gawad (la servante), Shafiq Galal (le chanteur), Nagwa Soltan (la danseuse)
Scénario et dialogues : Nabil Gholam
Musique : Ammar El Sherei
Production : Saad Shanab


Docteur Saber et Docteur Laïla se sont connus à Londres et s’y sont mariés. Ils rentrent en Egypte. Dans un premier temps ils ont décidé de dissimuler leur mariage à leurs proches. Saber craint surtout de devoir l’annoncer à son oncle Rhader. Ce dernier a depuis longtemps le projet de marier son neveu à sa fille Sobhia. La situation de Saber est délicate car son oncle est un riche commerçant qui l’a élevé et qui a financé ses études de médecine. Circonstance aggravante : le vieil homme a le coeur malade et la moindre contrariété pourrait lui être fatale. Le docteur Galal  qui est à la fois le médecin de Rhader et l'oncle de Layla suggère que Saber épouse sa cousine et vive avec elle au moins jusqu’au décès du vieil homme. Malgré le caractère inconvenant de la proposition, Saber et Layla finissent par souscrire à cet arrangement un peu particulier…

Notre avis : un drame « sentimental » réalisé dans un style qui rappelle les téléfilms ou les séries diffusés par la télévision égyptienne lors du ramadan. L’histoire se déroule dans la propriété luxueuse d’un riche commerçant et la décoration – dorures et lourdes tentures – affiche ce mauvais goût criard typique des intérieurs des parvenus dans les années quatre-vingt. Ce décor qui fatigue l’œil est le cadre des tourments auxquels est confronté un pauvre médecin : il doit choisir entre deux épouses. Après mille tergiversations, un heureux événement décidera pour lui. Bref, rien d’enthousiasmant dans ce film. On notera tout de même la prestation très intéressante de Samir Ghanem. En voyant son jeu d’une grande justesse et tout en nuance, on se dit qu’il est regrettable qu’on l’ait trop souvent cantonné dans des emplois comiques un peu balourds.


Lundi 27 mai à 20h30

Nos plus beaux jours de Helmy Halim (Ayyamine el helwa, 1955)
avec Omar Sharif (Ahmed), Faten Hamama (Houda), Abdel Halim Hafez (Ali), Ahmed Ramzy (Ramzy), Zahrat Al Oula (Salwa, la cousine d’Ahmed), Zinat Sedky (Zenobia), Serag Mounir (Oncle d’Ahmed), Aziza Helmy (la folle), Saïd Khalil (le médecin), Ibrahim Hechmat (le chirurgien), Ahmed Saïd (docteur Shouqi Yassin), Fifi Sayed (la tante d’Houda), Abel Moneim Ismaël (Monsieur Gomah), Ali Rushdy (le frère de la folle)
Scénario et dialogues : Ali El Zorkani
Musique : Morsi Gamil Aziz, Kamal Al Tawil, Mohamed Al Mogi
Production : Helmy Halim
C‘est la deuxième fois qu’Omar Sharif et Faten Hamama se retrouvent dans un même film. Ils se sont rencontrés l’année précédente sur le tournage de Ciel d’Enfer de Youssef Chahine.


Houda est une jeune fille qui vient de sortir de l’orphelinat. Elle a trouvé un emploi de garde-malade et elle loue une chambre dans une grande maison tenue par madame Zenobia. Elle a comme voisins trois étudiants, Ahmed, Ramzy et Ali. Ils sont immédiatement conquis par la beauté et la gentillesse de la jeune femme et elle devient aussitôt le quatrième membre de la petite bande. Progressivement, Houda et Ahmed vont être attirés l’un par l’autre, ce qui va provoquer la jalousie de Ramzy. Mais la jeune femme tombe gravement malade et son état nécessite une opération chirurgicale qu’elle est incapable de payer. Les trois garçons vont tout entreprendre pour réunir la somme exigée par l’hôpital…

Notre avis : malgré une intrigue un peu mièvre (voir ci-dessus), un film qui n'est pas sans charme. L’une des raisons à cela, c’est qu’on assiste à l’apparition d’une nouvelle génération d’acteurs particulièrement talentueuse : les cinq rôles principaux sont tenus par des garçons et des filles qui sont nés autour de 1930*. Ils ont donc une vingtaine d’années et ils ne sont pas encore les monstres sacrés qu’ils ne tarderont pas à devenir. On ne peut non plus rester insensible au duo formé par Faten Hamama et Omar Sharif (qui dans la vraie vie sont tombés amoureux l’un de l’autre quelques mois auparavant). L’une des plus belles scènes du film est celle de leur « colloque sentimental » au pied des pyramides.

*Omar Sharif est né en 1932 , Faten Hamama en 1931, Abdel Halim Hafez en 1929, Ahmed Ramzy en 1930, Zahrat Al Oula en 1934


Vendredi 24 mai à 20h30

Une demi-heure de mariage de Fateen Abdel Wahab (Noss Saha Jawaz, 1969)
avec Rushdy Abaza (Docteur Hosny), Shadia (L'infirmière Fatima), Adel Imam (Sameh), Magda El-Khatib (Daliah), Hassan Mostafa (Saïd), Samir Sabri (Hamdi),Youssef Shabaan (dans son propre rôle), Nagla Fathy (dans son propre rôle), Abdel-Moneim Ibrahim (dans son propre rôle), Nahied Yousri (une patiente du docteur Hosny), Magie (l'amie italienne), Aleya Abdel Moneim (la soeur de Fatima)
Scénario et dialogues : Ahmed Ragab
adaptation d'une pièce de théâtre française, Fleur de Cactus, écrite par Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy
L’adaptation américaine de la pièce réalisée par Gene Sacks sort aussi sur les écrans en 1969.
Musique : Fouad El Zahry
Appréciation : 3/5


Comédie. Le docteur Hosni est un dentiste célèbre pour sa vie amoureuse très agitée. Pour échapper au mariage, il prétend à toutes ses conquêtes qu’il est déjà marié et qu’il a des enfants. Fatma, son assistante, gère toutes ses affaires, aussi bien professionnelles que privées. Elle est secrètement amoureuse de son patron et les nombreuses aventures de celui-ci l’exaspèrent.
Un soir qu’il doit sortir avec Dalhia, sa maîtresse du moment, il reçoit à son cabinet la visite d’une amie italienne. Il décommande aussitôt son précédent engagement afin de passer la nuit avec elle. Pour faire avaler la pilule à Dalhia, il joint à son mot d’excuse, un gigantesque bouquet de fleurs. La jeune femme n’est pas dupe et ce désistement de dernière minute la rend folle de désespoir. Elle tente de se suicider par le gaz. Heureusement, elle est sauvée in extremis par un jeune voisin qui travaille comme doublure dans le cinéma. Le lendemain, le docteur Hosni à qui Dalhia avait envoyé un télégramme pour le prévenir de son geste fait irruption chez elle. Il tente de la réconforter et lui propose le mariage. Elle refuse puisqu’il est déjà marié. Hosni prétend alors qu’ils sont en instance de divorce car sa femme est amoureuse de son cousin. Pour avoir la certitude qu’il dit vrai, Dalhia veut rencontrer son épouse. Le docteur Hosni a une idée lumineuse : il demande à Fatma son assistante de se faire passer pour sa future ex-femme…

Notre avis :une comédie légère et pétillante signée Fateen Abdel Wahab, le réalisateur attitré d’Ismaïl Yassin dans les années cinquante. Pour ce film, il a invité un grand nombre de vedettes de l’époque. Ce casting prestigieux est au service d’un produit conçu selon les standards du cinéma commercial des années soixante. Fateen Abdel Wahab est un cinéaste de grand talent et il en fait la démonstration dans cette comédie : un rythme trépidant, des situations rocambolesques et des personnages qui allient fantaisie et glamour. A maintes reprises, on pense au Billy Wilder de « La Garçonnière » ou de « Embrasse-moi, Idiot ». Peut-être pourrait-on trouver à certains gags, à certaines répliques ou au jeu de certains acteurs un caractère « too much » mais l’énergie qui se dégage de l’ensemble emporte tout.
Il y a quelques années nous avions posté sur ce blog une critique d’ « Une demi-heure de mariage » dans laquelle nous jugions sévèrement la prestation de Shadia. En revoyant le film, nous trouvons notre appréciation d’alors d’une grande injustice. Shadia fut une très grande actrice dans le drame comme dans la comédie et dans ce film, elle est tout aussi convaincante que ses partenaires de jeu, Rushdy Abaza et Magda El-Khatib.


Jeudi 23 mai à 20h30

Méfie-toi de tes voisins de Mohamed Abdel Aziz (Khally Balak Men Geranak, 1979)
avec Adel Imam (Ahmed), Lebleba (Nawal), Fouad El-Mohandes (le vieux peintre), Madiha Yousri (Fawzia, la belle-mère d’Ahmed), Mimi Gamal (Enayat, la voisine), Mokhtar El Sayed (le mari d’Enayat), Hoda Zaki (une autre voisine), Hanan (Didi la danseuse), Wahed Seif (Ibrahim Effendi), Ibrahim Kadri (le fleuriste)
Scénario : Farouk Sabry
Remake du film américain Pieds nus dans le parc (Barefoot in the Park) réalisé par Gene Saks en 1967.
Musique : Gamal Salama


Comédie. Ahmed est avocat et il vient d’épouser Nawal. Après avoir passé leur lune de miel dans un grand hôtel luxueux, ils emménagent dans un appartement meublé que Nawal a choisi pour son loyer très modique. Malheureusement, ils découvrent très vite les inconvénients de leur « petit nid douillet ». L’ascenseur ne fonctionne pas, l’appartement comporte quelques meubles mais il n’y a pas de lit dans la chambre. Et, encore plus gênant, l’un de leurs voisins, un vieux peintre, veuf et solitaire, doit passer dans leur logement pour rejoindre le sien. Malgré cette situation peu banale, les deux jeunes mariés et le vieil homme vont très vite sympathiser…

Notre avis : une comédie (très) légère qui est une adaptation assez fidèle de « Pieds Nus dans le Parc », un film américain avec Jane Fonda et Robert Redford. Elle permet au réalisateur d’évoquer sur le mode plaisant un mal endémique de la société égyptienne : le manque de logements dans la capitale. Adel Imam et Lebleba, les deux acteurs principaux, se connaissent bien. Ils étaient déjà mari et femme dans un précédent film de Mohamed Abdel Aziz, « Certains se marient deux fois. ». Leur complicité est ici évidente. Adel Imam est indépassable en égyptien moyen confronté aux mille soucis de la vie quotidienne tandis que Lebleba incarne avec une grande sensibilité la petite bourgeoise aspirant à un bonheur tout simple. On retrouve à leurs côtés deux acteurs de la génération précédente, Fouad El Mohandes et Madiha Yousri. Cette dernière a eu rarement l’occasion dans sa longue carrière de jouer des rôles de comédie et en compagnie de Fouad El Mohandes plus posé qu’à l’ordinaire, elle semble s’en donner à cœur joie. « Méfie-toi de tes voisins » n’est pas un chef d’oeuvre mais c’est un film sympathique.


Mercredi 22 mai à 16h

Je ne peux pas le faire d’Ahmed Badrakhan (ma akdarshi, 1946)
avec Farid Al Atrache (Farid), Taheya Carioca (Ilham, la danseuse), Fouad Shafik (l’huissier), Abdel Salam El Nabolsi (l’assistant de l’huissier), Hassan Fayek (le père de Farid), Aziza Badr (Oum Abdou, la logeuse de Farid), Nagwa Salem (la fille du millionnaire Abdoul Karim Pacha), Gamalat Zayed (la voisine de Farid), Ahmed El Haddad (l’ivrogne), Fouad Fahim (Abdoul Karim Pacha)
D'après une histoire de Soliman Naguib
Dialogues : Badie' Khairy
Musique : Farid Al Atrache, Youssef Badrous, Mamoun Al Shinnawi, Mahmoud Fahmy Ibrahim Production : les films Ahmed Darwish


Comédie musicale. Farid Zaher n’a qu’une passion : la musique et le chant. Son père exige qu’il y renonce mais il ne peut se résigner à un tel sacrifice. Après une dernière dispute, Farid quitte la demeure familiale pour voler de ses propres ailes. Au Caire, il trouve un modeste appartement dans un immeuble appartenant à Madame Oum Abdou. Farid fait la connaissance de ses voisins et parmi eux, il y a Ilham, une danseuse. Cette dernière a des problèmes d’argent et a contracté des dettes qu’elle ne peut honorer. Les huissiers s’apprêtent à vendre aux enchères tout ce qu’elle possède. Tout naturellement, Farid lui vient en aide et règle les cinquante livres demandées. Pour le remercier, Ilham le fait embaucher comme chanteur dans le cabaret où elle danse. Ils se produisent ensemble sur la scène de l’établissement et leurs numéros rencontrent un grand succès. Ils vont très vite tomber amoureux l’un de l’autre. Malheureusement, Ilham se dispute avec le patron du cabaret et celui-ci les renvoie. Les deux jeunes artistes doivent repartir de zéro…

Notre avis : cela fait pratiquement dix ans qu’Ahmed Badrakhan enchaîne les comédies musicales avec les plus grands noms de la chanson égyptienne : Oum Kalthoum, Asmahan, Nour Al Hoda et bien sûr Farid Al Atrache. Ce dernier est la vedette principale de « Je ne peux pas le faire » et il a pour partenaire féminine Taheya Carioca. Dans la filmographie du réalisateur et du chanteur, c’est une œuvre mineure. Certes, les chansons de Farid Al Atrache ont tout pour nous séduire mais le scénario n’est pas d’une folle originalité : il recycle des situations et des thèmes déjà exploités dans des productions antérieures. Le plus décevant est certainement la prestation de Taheya Carioca. Ses quelques numéros dansés étonnent par leur maladresse voire leur amateurisme. Bref, cette comédie musicale fait bien pâle figure devant celles que va tourner Farid Al Atrache avec la danseuse Samia Gamal à partir de 1947.

 
Mardi 21 mai à 20h30

La Pension des Surprises d’Issa Karama (Luakanidat almufajat, 1959)
avec Ismail Yassin (Katakawa), Hind Rostom (Nabila), Abdel Moneim Ibrahim (Zaghloul), Soheir El Bably (Fella, la fille de Qandil), Mohamed Tawfiq (Mishmish), Reyad El Kasabgy (Zarif), Fahmy Aman (Qandil, l’amant de Nabila), Layla Hamdy (Rafia Hanem, la femme de Qandil), Abdel Ghani El Nagdi (un villageois), Hassan Atla (Hassan), Salha Kasin (la vieille femme), Mohsen Hassanein (Mohsen), Ibrahim Hechmat (le directeur de la pension), Ezz Eddin Islam (l’avocat Ahmed Rashad), Tousoun Motamad (un complice de Zarif, Hassan et Mohsen)
Scénario : Issa Karama
Dialogues : Abdel Fattah El Sayed
Musique : Hussein Guenid, Tita Saleh
Production : Mostafa Hassan


Katakawa et Zaghloul ont ouvert une agence de détectives privés. La danseuse Nabila accompagnée de l’un de ses soupirants se présente dans leurs bureaux. Elle a perdu son chien Kiki et souhaite que les deux amis se chargent de retrouver sa trace. Afin de les aider dans leur enquête, la danseuse leur remet une photo de l’animal. Pour s’éviter des efforts inutiles, Zaghloul et Katakawa décident de se procurer un chien de même race et de lui ajouter avec de la peinture des taches afin qu’il ressemble exactement au Kiki perdu. Ensuite, Katakawa se rend avec le chien dans l’hôtel où travaille Nabila. Cette dernière est en grande conversation avec son patron. Quand elle voit arriver le détective avec son Kiki, elle explose de joie. Katakawa s’apprête à repartir avec son argent quand le directeur de l’établissement le retient pour lui proposer une mission : démasquer les malfaiteurs qui régulièrement dépouillent ses clients. Un peu plus tard, Katakawa se présente à la réception de l’hôtel avec Zaghoul. Il est déguisé en hindou, et son camarade en femme indienne. Ainsi accoutrés, ils commencent leur nouvelle enquête…

Notre avis : dans ce film, on retrouve dans les premiers rôles Hind Rostom et Ismaïl Yassin comme dans la précédente réalisation d’Issa Karama « Ismaël Yassin chez les fous ». On doit à ce cinéaste un grand nombre de comédies grand public et on ne peut lui contester un certain savoir-faire dans ce genre même s’il n’a pas le talent de son contemporain Fateen Abdel Wahab. « La Pension des Surprises » repose sur des ficelles éprouvées de la comédie et, contrairement à ce que pourrait laisser entendre son titre, on reste constamment en terrain connu : Issa Karama n’aime pas déconcerter son public et son film ressemble à un collage d’idées puisées dans d’autres comédies à succès. Quelques exemples : l’idée de l’hôtel avec ses voleurs et ses détectives est empruntée à « Attention à votre portefeuille » de Mahmoud Ismaïl (Eweaa al Mahfaza, 1949) ; celle de la danseuse qui a perdu son petit chien et qu’on remplace par un autre identique est tirée de « C'est Toi que j'aime » d’Ahmed Badrakhan (Ahebbak Inta, 1949) ; celle de l’homme qui se travestit et doit affronter les avances d’individus trop entreprenants, vient bien sûr de « Mademoiselle Hanafi » de Fateen Abdel Wahab (Anissa Hanafi, 1954). Il n’empêche qu’on peut tout de même voir cette « Pension des Surprises » pour Hind Rostom qui entre deux grands films vient illuminer cette petite comédie de toute sa sensualité explosive.


Lundi 20 mai à 18h

Rien à faire, c’est ainsi d’Omar Abdel Aziz (Tgebha keda Tgelha Keda Heya Keda, 1983)
avec Madiha Kamel (Souad), Samir Ghanem (Hassan), Farouk El Feshawi (Ezzat), Layla Olwi (Magda), Ibrahim Saafan (Amin Effendi), Waheid Seif (Hamdy), El-Montaser Bellah (Moselhi), Soheir Zaky (danseuse), Soheir Salem (Nabila), Mahmoud Al Zohairy (le directeur), Hussein Al Sharif (l’officier de police), Shokry Mansour (le père de Magda), Samia Mohsen (la mère de Magda)
Scénario : Ahmed Abdel Wahab
Musique : Fouad El Zahry (qui est crédité pour la bande originale et non pour la musique accompagnant les danses. sa contribution est donc très modeste car le film comporte assez peu de scènes avec musique. De plus, parmi celles-ci, la plus longue est une course poursuite chorégraphiée et comme accompagnement musical, on s’est contenté de reprendre la bande originale de West Side Story !)


Hassan et Ezzat travaillent dans la même société et partagent le même appartement. Hassan avoue à son compagnon qu’il est amoureux de Soad, la secrétaire de leur directeur. Sa timidité l’empêche de se déclarer et il demande à Ezzat de parler à la jeune femme en son nom. Ezzat est très embarrassé car lui aussi est amoureux de Soad mais il finit tout de même par accepter de se faire le porte-parole de son ami. Lors de leur conversation, la secrétaire lui explique qu’elle n’est pas amoureuse d’Hassan car elle aime un autre homme. Et Ezzat comprend que cet homme, c’est lui-même…

Notre avis : une contribution exemplaire à l’enlaidissement progressif (et irrémédiable ?) du cinéma égyptien tel qu’on peut l’observer à partir de la fin des années soixante-dix. Ce film est à lui tout seul une anthologie du n’importe quoi et du n’importe comment. Il semble avoir été tourné dans une grande improvisation et pour chaque scène, les acteurs sont placés dans des lieux dont le choix n’a pas dû exiger beaucoup d’efforts aux « repéreurs » . Le plus souvent, pour masquer la misère, on filme en plans américains ou en plans rapprochés si bien que le spectateur n’aperçoit derrière les acteurs qu’un bout de mur lépreux ou une moitié de fenêtre aux volets clos. Deux scènes en extérieur mériteraient de recevoir le prix du décor le plus laid et le plus déprimant de la décennie : celle de la bagarre sur la plage et celle de la course poursuite « dansée » (on aimerait connaître le nom du chorégraphe pour le féliciter) dans un jardin public. Le scénario ? On raconte qu’il n’a fallu qu’une nuit à l’équipe pour en échafauder les grandes lignes. On s’en doutait.


Dimanche 19 mai à 20h30

Tu es Ma Vie de Youssef Maalouf (Hayati Inta, 1952)
avec Shadia (Ilham), Kamal Al Shennawi (Samir), Abdel Rahim El Zarakany (Hafez Bey, le beau-père d’Ilham), Chukry Sarhan (Rushdy), Mona (Ragah, la secrétaire), Kitty (la danseuse), Aziza Helmy (la mère d’Ilham), Ali Abdel Al (Barakat Bey, l’ami du père de Samir), Lotfi El Hakim (l’employé du beau-père d’Ilham), Rashad Hamed (un complice de Rushdy)
Scénario et dialogues : Youssef Issa
Musique : Abdel Aziz Salam et Ahmed Sedky (+ l’Adagio d’Albinoni) 
Production : Henry Barakat et les films du Lotus (Assia Dagher)


Samir est un jeune étudiant sérieux et il a obtenu son diplôme d’ingénieur. Il a toujours refusé d’épouser Ilham, sa bien-aimée, tant qu’il n’avait pas de situation solide. Celle-ci s’arrange pour qu’il travaille dans la grande propriété de sa mère. Le domaine est géré par son beau-père, Hafez avec l’aide de Rachid, le cousin d’Ilham. Ce dernier est un garçon très ambitieux qui rêve de s’approprier toutes les terres de sa tante. Il ne s’embarrasse d’aucun scrupule : il fait chanter le beau-père d’Ilham grâce aux lettres qu’il a récupérées et qui prouvent que ce dernier a eu une liaison avec sa secrétaire….

Notre avis : un drame splendide et captivant avec une pléiade de grands acteurs dont le couple star du moment, Shadia et Kamal El Shennawi. En 1952, Shadia a vingt ans et elle est déjà une immense vedette. Cette année-là, elle joue dans treize fims dont quatre avec Kamal El Shennawi (On a prétendu qu’à cette époque, les deux acteurs entretenaient une relation amoureuse sans que ni l’un ni l’autre n’ait jamais confirmé l’information.). Mais la révélation de ce film, c’est l’actrice Mona qui incarne la secrétaire d’Hafez Bey, le personnage pivot de l’intrigue. Mona est la fille de la légendaire Assia Dagher, actrice et productrice à qui le cinéma égyptien doit tant. Sa très brève carrière commencée en 1944 prendra fin dix ans plus tard, en 1954. Dans ce film, elle se révèle une très grande actrice capable d’incarner toutes les ambiguïtés de son personnage. Le duo qu’elle forme avec le machiavélique Chukry Sarhan constitue l’un des sommets de « Tu es Ma Vie ».


Samedi 18 mai à 20h30

Criminel à l’essai d’Abdel Moneim Shoukry (Mogrem Taht Al-Ekhtebar,1969)
avec Hassan Youssef (Medhat Souleiman), Nelly (Nadia), Soheir El Morshedi (Aziza, la maîtresse d’Abdel Maqsoud), Hassan Hamed (Abdel Maqsoud/l’acteur Fawzi Salem), Hassan Mostafa (Abdel Khaleq, le producteur), Nabil El Hagrassy (le réalisateur), Seif Allah Mokhtar (Barai’), Hassan Hussein (le photographe de presse), Ahmad Abu Abiya (un membre du gang d’Abdel Maqsoud), Salama Elias (le directeur de la prison), Lola Mohamed (la danseuse), Mohamed El Helwa (un membre du gang), Galal El Masry (l’assistant du metteur en scène), Abdel Ghani El Nagdi (le portier de la société de production)
Scénariste : Ahmed Abdel Wahab
Musique : Salah El Din Mustafa


Abdel Maqsoud est un dangereux chef de gang. Lui et ses hommes sont poursuivis par tout un groupe de policiers et ils se retrouvent piégés dans la montagne. Abdel Maqsoud n’hésite pas à sacrifier ses hommes pour sauver sa peau. Le lendemain sa mort fait les gros titres de la presse. Il aurait péri dans l’incendie de sa voiture. En fait, c’était un stratagème d’Abel Maqsoud pour pouvoir vivre tranquillement dans la clandestinité avec sa maîtresse. Les seuls à le savoir, ce sont ses anciens complices qui sont bien décidés à se venger. Lors de l’affrontement avec la police, un jeune journaliste était présent sur les lieux avec son photographe. Il s’appelle Medhat Souleiman et l’histoire de ce terrible gangster l’a tellement impressionné qu’il décide d’en tirer un scénario. La maîtresse d’Abdel Maqsoud sera jouée par Nadia, sa fiancée qui travaille comme dompteuse et acrobate dans un cirque. Pour interpréter le gangster lui-même, il a trouvé un acteur du nom de Fawzi Salem. Il n’a aucun talent et il est d’une intelligence médiocre mais c’est le parfait sosie du héros. Dans sa planque, Abdel Maqsoud apprend le projet du film et pour en savoir plus, il fait enlever l’acteur qui doit jouer son rôle. Quand celui-ci lui révèle le cachet qu’il touchera pour sa prestation, le vrai gangster décide de séquestrer son double et de se présenter à sa place dans les bureaux du producteur…

Notre avis : l’idée de départ du scénario n’est pas mauvaise : un gangster en cavale joue dans un film qui évoque sa propre histoire mais le tournage sera bouleversé par le caractère très mouvementé de son existence. On devine les potentialités comiques d’une telle situation mais le résultat est bien décevant. On se retrouve devant une petite comédie mal filmée et mal jouée. Le double rôle du gangster et de son sosie a été confié à Hassan Hamed plutôt habitué aux seconds rôles et le film a sans doute pâti de son jeu limité. Mais le plus gênant ce sont les gags gâchés par une réalisation d’une rare maladresse. Dans le rôle de la maîtresse du gangster, Soheir El Morshedi constitue la bonne surprise de cette comédie mais c’est bien la seule.


Vendredi 17 mai à 20h30

La Famille de Zizi de Fateen Abdel Wahab (Aelit Zizi, 1963)
avec Soad Hosny (Sana), Fouad El-Mohandes (Sabawi), Ekram Ezo (Zizi), Aqeila Rateb (la mère), Ahmed Ramzy (Sami), Layla Sheir (Layla, la fille de l’homme d’affaires), Mohamed Sultan (le réalisateur célèbre), Adly Kasseb (l’homme d’affaires), Salwa Saïd (Fawzia), Omar Afifi (Shabrawi), Soheir Zaki (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedir et Lucien Lambert
Musique : Youssef Shouki
Production : Abbas Helmy


Chronique familiale. Zizi est une petite fille de cinq ans, vive et débrouillarde. Elle nous présente sa famille. Sa mère s’occupe seule du foyer et des enfants depuis la mort du père. Ce dernier lui a légué une pension qui permet de faire vivre toute la petite tribu. Sabawi est le frère aîné. Il est ingénieur et il a transformé sa chambre en atelier où il peut réaliser un tas d’expériences. Il vient d’inventer une machine qui transforme le coton en vêtement. Le deuxième fils est Sami, un étudiant en commerce qui délaisse les études pour les bagarres et les filles. Il tombe amoureux de leur voisine Layla et pour lui plaire, il s’initie au yoga. Et enfin, il y a Sana, la grande sœur qui rêve de devenir une actrice célèbre. Elle rencontre un réalisateur dont on devine très vite les mauvaises intentions…

Notre avis : un jour, on s'apercevra que Fateen Abdel Wahab fut l'un des chroniqueurs les plus fins de son époque et qu'à ce titre il doit figurer dans la liste des plus grand réalisateurs du cinéma égyptien. Pour preuve, cette comédie pétillante qui nous conte, avec ironie mais aussi avec empathie, les tribulations de tous les membres d'une famille de la "middle class" aisée. La petite fille est jouée par Ekram Ezo. Celle-ci manifeste une aisance et un naturel peu communs et le succès du film lui doit beaucoup. Grâce à sa prestation, elle va devenir une star du jour au lendemain. Malgré cela, elle mettra un terme à sa carrière trois ans plus tard. Elle avait dix ans !


Jeudi 16 mai à 16h

Nour Eddine et les trois marins de Togo Mizrahi (Nureddine wa bahhara el talata, 1944)
avec Zouzou Nabil (Kahramana), Ali Abd El Al (Abdel Aal), Ali Al-Kassar (Othman), Ismaïl Yassin (Ismaïl), Thuraya Fakhry (la gouvernante de la princesse Shams), Mahmoud El-Meleigy (le médecin), Reyad El Kasabgy (le pilote du navire), Leila Fawzi (Princesse Shams), Zakeya Ibrahim (la belle-mère d’Othman), Wedad Hamdy (la suivante de la princesse Shams), Ibrahim Hamouda (le prince Nour Eddine), Eglal Zaki (la femme d’Othman)
Scénario : Togo Mizrahi
Musique : Riad El Sonbati et Ibrahim Hamouda
Production : Bahna Films


Othman est un modeste boulanger qui n’ a aucun sens des affaires. Pour le seconder, il a deux employés, Ismaïl et Abdel Aal dont la naïveté n’a d’égale que l’incompétence. Les dettes s’accumulent, ce qui rend folles de rage l’épouse d’Othman et sa belle-mère. Pour échapper aux récriminations des deux femmes et aux réclamations des créanciers, le pauvre boulanger et ses deux employés ont décidé de se suicider. Ils se rendent au port avec le projet de se jeter à l’eau mais celle-ci est vraiment trop froide. Ils préfèrent remettre leur projet au lendemain et ils s’endorment sur le port. Entretemps un vaisseau luxueux a accosté non loin de l’endroit où nos trois suicidaires se sont assoupis. Ce navire appartient à un prince qui parcourt les mers à la recherche de la femme qu’il aime et qu’il n’a rencontrée qu’en rêve. Le pilote du bateau est bien embêté car pour pouvoir reprendre la mer, il lui faut engagé trois marins supplémentaires. Quand il découvre Othman et ses deux compagnons sur le port, il leur propose aussitôt d’embarquer. Nos trois héros acceptent et ils sont présentés au prince avec qui ils sympathisent immédiatement. Le vaisseau peut reprendre la mer…
Le dernier film qu’Ali Al Kassar tourne avec Togo Mizrahi.

Notre avis : c’est le troisième film de Togo Mizrahi inspiré des contes des mille et une nuits ou autres légendes orientales. Une nouvelle fois, le réalisateur juif d’origine italienne rend hommage au patrimoine littéraire de son pays (Il en sera mal récompensé : bien que né à Alexandrie, Togo Mizrahi devra quitter l’Egypte en 1948.). Un très beau spectacle avec des décors et des costumes particulièrement soignés. De nombreuses scènes rappellent les miniatures de la littérature arabe du Moyen-Age. Le trio comique formé par Ali Kassar, Ali Abd El Al et Ismaïl Yassin fonctionne à merveille.


Danse : Layla Yousry, 1960

ليلى يسري





Layla Yousri (1934-2000) danse pour la comédie Coiffeur pour Dames réalisé en 1960 par Fateen Abdel Wahab.  Elle a vingt-cinq ans. 
Layla Yousri débute sa carrière en 1957 comme danseuse mais dès les années soixante, elle sera engagée comme actrice, très souvent dans des rôles de servantes. 


mercredi 1 mai 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 mai)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Mercredi 15 mai à 14h

Ismaël Yassin dans la Police de Fateen Abdel Wahab (Ismaïl Yassin fel Police, 1956)
avec Ismail Yassin (Zaki), Hussein Qandil (un officier de police), Ellen Deatto (la voisine de Zaki), Zahrat Al Oula (Sania), Zinat Sedki (la mère de Gamala), Roshdy Abaza (Roshdy, le fiancé de Gamala), Sherifa Mahear (Gamala), Reyad El Kasabgy (un agent de police), Mohamed Shawki (un soldat), Hassan Hamed (un voleur), Mohsen Hassanein (un agent de police), Ali Rushdy (le père de Sania), Noura (la danseuse), Ali Abd El Al (le pharmacien), Salah Abdel Hamid (le chanteur)
Scénario : Fateen Abdel Wahab, El Sayed Bedeir, Mahmoud Sobhy
Musique : Fouad El Zahery
Production : Abbas Helmy


Zaki est un policier débutant, plein de bonne volonté mais très maladroit. Une nuit alors qu’il patrouille, il tombe sur deux malfrats en train de dévaliser l’appartement de madame Shamma. Il arrête l’un des voleurs mais son complice parvient à s’échapper. De retour au commissariat, Zaki conduit son homme en cellule puis accompagne au bureau de l’officier enquêteur un autre individu. Il ne sait pas que ce dernier qu’il prend pour un malfrat travaille en fait pour la police. Il est justement chargé d’infiltrer le gang auquel appartient le voleur que Zaki a arrêté. Epuisé par cette nuit bien remplie, notre policier débutant rentre chez lui. Dans son immeuble, il retrouve la jeune femme dont il est amoureux. L’entrevue tourne à la dispute : la demoiselle lui reproche ses horaires de travail et elle ne lui cache pas qu’elle est très attirée par un autre garçon qui habite l’immeuble. Zaki est évidemment très déçu. Sur le plan professionnel, la situation va aussi se dégrader : une nuit, il arrête l’homme rencontré au commissariat alors que celui-ci a pris en filature le chef du gang qui terrorise la ville. Par son intervention, Zaki fait échouer toute l’opération…

Notre avis : Fateen Abdel Wahab et Ismaël Yassin vont tourner entre 1955 et 1959, six films à la gloire de l’armée et de la police. Le premier, c’est en 1955, « Ismaël Yassin à l’armée ». Le deuxième, c’est celui-ci, « Ismaël Yassin dans la police ». Il débute par un texte dans lequel les producteurs remercient le ministère de l’intérieur de son aide et déclarent que leur principal objectif a été de changer l’image des policiers en montrant qu’ils sont des citoyens ordinaires, des êtres humains avec leurs soucis et leurs joies. Effectivement, ce qui est tout à fait étonnant dans ce film, c’est qu’on n’assiste pas à une « héroïsation » des forces de l’ordre. Bien au contraire, le personnage principal incarné par Ismaël Yassin est un policier au bas de l’échelle d’une incompétence absolue (même si le dénouement lui donnera l’occasion de se racheter). De sorte que la comédie ne cède jamais devant les exigences de la propagande et que l’on peut encore apprécier ce film de commande. Une autre singularité d’ « Ismaël Yassin dans la Police », c’est son rythme débonnaire. Pas d’actions d’éclat, pas de courses poursuites, pas de bagarres mais on nous montre des policiers paisibles, au travail et surtout dans leur vie quotidienne. Et c’est ainsi que l’œuvre de propagande annoncée devient une chronique attachante sur des hommes et des femmes d’un quartier populaire de la capitale.   


Mardi 14 mai à 16h

Le Monstre de Salah Abu Seif (El Wahsh, 1954)
avec Anwar Wagdi (l’enquêteur), Samia Gamal (la danseuse), Mahmoud El Meleigy (Abdel Sabour), Abbas Fares (Radwan Pacha), Samiha Ayoub (la femme de l’enquêteur), Mohamed Tawfik (le mari de la danseuse), Omar El Gizawi (le domestique de l’enquêteur), Tousoun Motamad (homme de main du monstre), Ibrahim Moheb (le maire), Ahmed El-Hamaky (Hindawi), Fifi Sayed (la femme d’Hindawi), Ibrahim Hechmat (le chef de la police locale), Soleiman El Gendy (le fils de l’enquêteur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abu Seif, El Sayed Bedeir
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Ahmed Sedqi, Abdel Halim Nawira, Abdel Fattah Mustafa
Production : Pierre Zerbanelli


Western. Abdel Sabour est à la tête d’un gang qui fait régner la terreur dans un petit village de Haute-Egypte. Il force les paysans à lui vendre leurs terres à vil prix. Si ceux-ci résistent, il fait enlever leurs enfants et réclame une rançon. Abdel Sabour jouit d’une totale impunité car il est protégé par Radwan Pacha à qui il rend de précieux services lors des élections. Les autorités finissent par s’émouvoir d’une telle situation. Un officier de police s’installe avec femme et enfant dans le village. Sa mission : démanteler le gang et rétablir l’ordre…

Notre avis : Un très grand film. L’année précédente, Salah Abou Seif et son scénariste, l’écrivain Naguib Mahfouz, avaient réalisé un thriller sur Raya et Sakina, les célèbres tueuses en série d’Alexandrie. Cette fois-ci, ils s’intéressent à un criminel qui terrorisa paysans et villageois en Haute-Egypte dans les années quarante. Pour ce second opus rural, les références sont clairement du côté du western américain avec cet officier de police qui va devoir affronter pratiquement seul le truand et ses sbires. Le film prend une dimension politique dans sa dénonciation de la complicité qui unit le criminel et le notable, chacun trouvant dans l’autre un allié de poids pour affermir sa puissance et accroître sa fortune. Dans le rôle de l’officier de police, on retrouve Anwar Wagdi dont le choix nous laisse perplexe comme pour le film précèdent. En revanche, Mahmoud El Meleigy et Samia Gamal sont remarquables en amants diaboliques.


Lundi 13 mai à 16h

Traces dans le sable de Gamal Madkour (Athar Fi al-Rimal, 1954)
avec Faten Hamama (Ragia), Emad Hamdy (Ibrahim Mohsen), Hamdy Gheith (le docteur Ahmed Zaki), Wagdi Al Atrache (Ibrahim enfant), Zahrat Al Oula (Layla), Mohamed Abdul Qaddus (le cuisinier), Mohamed El Tokhy (le psychiatre), Abdul Aziz Ahmed (le grand-père de Ragia), Wedad Hamdy (Sounia), Aziza Helmy (la mère d’Ibrahim), Ali Roushdy (le père d’Ibrahim), Mahmoud Azmy (le cousin Abdel Rahman), Kawthar Shafik (l’infirmière)
Scénario : Gamal Madkour et Youssef El Sebaei
Musique : Mohamed Hassan Al Shugai

Drame. Ibrahim Mohsen est un compositeur talentueux qui réside à Alexandrie. Ce jour-là, il doit se rendre chez son ami le docteur Ahmed Zaki. Sur la route, il est victime d’un choc nerveux qui le laisse totalement désorienté. Quand il reprend conscience, il est en compagnie de son ami qui l’emmène chez le psychiatre Tawfiq Mohamed. Ibrahim a totalement perdu la mémoire mais le médecin parvient à reconstituer des éléments de son passé. Le musicien était amoureux de Ragia, sa jeune voisine qui vit avec son grand-père, un homme exerçant de hautes fonctions. Tous les deux partageaient le même amour de la musique. Le médecin convoque la jeune femme. Celle-ci lui fait le récit de leur histoire d’amour. Grâce à elle, le psychiatre va découvrir le traumatisme infantile qui est à l’origine de son malaise…

Notre avis : on ne compte plus les films dans lesquels Faten Hamama et Imad Hamdi sont fiancés ou amants. Leur différence d’âge, vingt-deux ans, ne semble pas avoir posé de problème aux producteurs et aux réalisateurs. Il est vrai que pour le public, Imad Hamdi est resté très longtemps l’archétype de l’amoureux romantique et tourmenté et c’est ce personnage que nous retrouvons ici. « Traces dans le Sable » est un joli mélodrame qui baigne dans une atmosphère d’une grande poésie. Les scènes enfantines, la mer, la musique, les voix off, tout concourt à donner un caractère onirique à cette histoire de traumatisme infantile. Le film doit beaucoup à Faten Hamama dont la beauté fragile et la voix inimitable possédaient ce pouvoir magique de plonger le spectateur dans une autre réalité, à la fois plus légère, plus pure et plus intense. Sa présence irradiante nous fait oublier certaines lourdeurs du scénario.


Dimanche 12 mai à 20h30

Les Femmes ne savent pas mentir de Mohamed Abdel Gawwad (El Settat Mayea'rafoush Yekdebo, 1954)
avec Shadia (Layla), Ismaël Yassin (Noah, huissier et ami de Kamal), Chukry Sarhan (Kamal), Alya Fawzy (la femme de chambre), Zinat Sedki (la cousine de Layla et la femme de Noah), Stephan Rosti (Benayoti), Tawfik El Deken (le psychiatre), Hind Rostom (Nabouhia), Thuraya Fakhry (Oum Yani), Gamalat Zayed (la nourrice), Abdel Ghani El Nagdi (le militaire)
Scénario et dialogues : Badie' Khairy et Ali RedaMusique : Hussein El Sayed, Ibrahim Ragab, Mahmoud El Sherif



Comédie. Kamal et Layla viennent de se marier. Ils s’aiment passionnément mais le mari découvre très vite que sa femme ment en permanence. Il finit même par croire qu’elle le trompe avec un homme de leur connaissance. Cela le met tellement en colère qu’il décide de s’éloigner. Il s’installe à Paris pour travailler dans la succursale française de son entreprise. Pour faire revenir son mari, Layla a une idée : elle lui envoie une lettre dans laquelle elle annonce qu’elle est enceinte et qu’elle s’apprête à accoucher. Kamal qui a toujours rêvé d’avoir des enfants retourne aussitôt en Egypte. Avec l’aide de sa cousine et de son mari, Layla a fait en sorte qu’à son arrivée, son mari trouve près du lit conjugal un berceau avec dedans un adorable petit bébé…

Notre avis : Mohamed Abdel Gawwad est un réalisateur qui connaît son métier ; son savoir-faire en matière de comédie n’est plus à prouver. Certes ce film « Les femmes ne savent pas mentir » n’est pas déplaisant mais il manque singulièrement d’originalité. Le spectateur ne peut se défaire d’une impression de « déjà vu », notamment à cause de certains gags qui ont beaucoup servi dans bon nombre de productions antérieures. Le sujet aussi nous rappelle d’autres comédies comme « Mensonge sur Mensonge » de Togo Mizrahi (1944) ou « Dernier Mensonge » d’Ahmed Badrakhan (1950). La prestation des acteurs, sans être indigne, n’est pas inoubliable. Comme on dit, ils font le job !

 
Samedi 11 mai à 20h30

Vacances d’Amour de Mahmoud Zulficar (Agaza Gharam, 1967)
avec Fouad El Mohandes (Magdi), Shwikar (Layla), Nagwa Fouad (Elham), Salah Nazmi (Sabri, le mari d’Elham), Naima Wasfi (Zahira), Hassan Mostafa (Ahmed Papadopoulou), Mohamed Shawky (le portier), Ragaa Sadiq (Adila), Hussein Ismaïl (Attia), Mary Bay Bay (Bahija)
Scénario : Farouk Sabri
Musique : Mounir Mourad
Chansons : Hussein El Sayed


Comédie. Magdi qui travaille comme ingénieur à Assouan rentre au Caire pour des vacances. Il a hâte de retrouver sa femme Layla et ses deux enfants. Et pour fêter son retour, il espère bien passer leur première soirée commune en amoureux avec sa femme. Cette dernière est médecin à l’hôpital et son activité lui laisse peu de loisir. Elle reste très souvent tard le soir à l’hôpital mais aujourd'hui, elle est là, prête à satisfaire tous les désirs de son petit mari. Tout s’annonce au mieux : les enfants sont au lit, Layla a passé sa plus belle robe. Las ! Le téléphone sonne. Layla est rappelée à l’hôpital pour une urgence. Elle se change et disparaît au grand dam de Magdi qui reste seul à se morfondre. Mais son dépit est de courte durée car en sortant sur le balcon de leur appartement, il retrouve Elham, la voisine qui prend l’air du soir. Elle aussi est seule : son mari est encore absent alors que c’est le jour de son anniversaire. Entre l’époux délaissé et l’épouse abandonnée, la complicité est immédiate. Le lendemain, Layla est toujours à l’hôpital. Le soir venu, Magdi met les enfants au lit après le dîner puis prépare une petite collation pour sa femme qui ne devrait plus tarder à rentrer. Il l’imagine déjà en train de danser pour lui. Soudain la sonnerie de l’entrée retentit. C’est sa voisine en déshabillé. Elle entre prétendant qu’il lui faut téléphoner alors que son appareil est en panne. En fait elle est venue avec la ferme intention de séduire son voisin. Ce dernier s’apprête à céder aux avances de la pulpeuse Elham quand la sonnerie de l’entrée retentit à nouveau. Cette fois-ci, c’est le concierge. Pour expliquer la présence de la jeune femme chez lui, Magdi explique qu’elle est passée pour téléphoner car son appareil est en panne. Pas de chance : on entend le téléphone sonner chez Elham…

Notre avis : la question du couple dans la société de son temps est la grande affaire de Mahmoud Zulficar et il l'aborde avec le même talent aussi bien sous l'angle du drame que de la comédie. "Vacances d'Amour" est une comédie de moeurs à l'américaine. On sent l'influence de Billy Wilder dans ce portrait d'un petit bourgeois à l'épreuve de la tentation. Distrayant.


Vendredi 10 mai à 20h30

Coiffeur pour Dames de Fateen Abdel Wahab (Hallak El Sayedat, 1960)
avec Ismail Yassin (Termos), Abdel Salam El Nabolsi (Zizou), Karima (Ahlam), Zinat Sedki (Ashgan, la femme très riche), Stephan Rosti (Rachid, le mari d’Ashgan), Layla Karim (Hoda, l’amie d’Ashgan), Imthethal Zaki (danseuse), Layla Yousry (danseuse), Abdel Ghani El Nagdi (Oukal), Khayria Ahmed (Amina), Mahmoud Lotfi (le père de Zizou), Gamal Zayed (la fiancé d’Oukal et la servante d’Ashgan)
Scénario : Abdel Salam El Nabolsi et Abou Al Seoud Al Ebiary
Inspiré du film français Coiffeur pour Dames réalisé en 1952 par Jean Boyer avec Fernandel.
Production : les films Abdel Salam El Nabolsi


Comédie. Zizou, Termos et Oukal viennent de terminer leur service militaire. Ils reprennent la vie civile. Zizou travaille dans le salon de coiffure de son père et Oukal a repris son métier de vendeur ambulant. Termos reste sans emploi. Pour lui venir en aide, Zizou a l’idée de créer une nouvelle division dans son salon et c’est son ami qui en aura la responsabilité : il s’occupera des animaux. Un jour, une femme très riche contacte Zizou et Termos sur les conseils de sa servante qui est aussi la fiancée d’Oukal. Elle souhaite faire coiffer son petit chien de compagnie. Quand les deux amis pénètrent dans le palais de la dame, ils sont impressionnés par le luxe du lieu. Mais ils comprennent très vite qu’ils sont tombés en pleine crise conjugale. Le mari souhaite épouser une très une jeune femme et la dame enrage de devoir s’effacer devant celle qu’elle considère comme une petite intrigante. Zizou lui propose de changer sa coiffure afin que son mari la trouve à nouveau désirable et oublie les autres femmes. Mais c’est un échec. La dame alors a une idée : elle invite à une soirée Zizou et le fait passer pour un richissime propriétaire de puits de pétrole. Et cette fois-ci, ça marche : la maîtresse de son mari se jette dans les bras du faux millionnaire…

Notre avis : Abdel Salam El Nabolsi est l’un des plus grands seconds rôles comiques du cinéma égyptien. Dans ce film qu’il a produit et dont il a écrit le scénario, il s’est offert le rôle principal, une première pour lui à l’âge de soixante et un ans. Malheureusement, ce « Coiffeur pour Dames » n’est guère convaincant et à sa sortie il fut boudé par le public. Abdel Salam El Nabolsi le scénariste multiplie les scènes où Abdel Salam El Nabolsi l’acteur se lance dans d’interminables tirades tantôt comiques tantôt pathétiques, oubliant que la comédie c’est d’abord et avant tout une question de rythme. Il y a quelque chose de touchant dans le fait de voir ce grand acteur en fin de carrière vouloir nous prouver qu’il est un vrai comédien et il y a dans son jeu une fébrilité dont on se demande si elle n’est pas celle de l’acteur plutôt que celle du personnage. Sa partenaire est Karima, Miss Egypte 1955, qui a trente-cinq ans de moins que lui. Là encore, Abdel Salam El Nabolsi s’est fait plaisir en imaginant cette histoire d’amour entre eux deux, même si pour cela il a dû malmener la vraisemblance !   



Jeudi 9 mai à 16h

Lutte sur le Nil d'Atef Salem (Seraa fil Nil, 1959)
avec Hind Rostom (Nargis, la danseuse), Rushdy Abaza (Mujahed), Omar Sharif (Muhasab), Mohamed Kandil (le chanteur), Hassan El Baroudi (le maire du village et le père de Muhasab), Tahani Rashid (Warda, la fiancée de Muhasab), Fathia Ali (la tante de Warda), Nazim Sharawi (Abou Safaan), Hassan Hamed (Hicham), Ali Kamal (un voleur), Kamal Anwar (un voyou), Abdel Ghani El Nagdi (un membre d’équipage), Abdel Hamid Badawy (un villageois), Mahmoud Lotfi (un villageois), Mohsen Hassanein (un voyou)
Scénario : Ali El Zorkani
Musique : Morsi Gamil Aziz, Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi
Production : Les Films Gamal Leithi
appréciation : 5/5


Drame. Muhasab est un jeune homme naïf qui réside en Haute Egypte. Son père, qui est aussi le maire du village, lui confie une mission : remonter le Nil jusqu’au Caire à bord de la vieille felouque municipale « La Fiancée du Nil », la revendre et, avec la somme obtenue complétée par les contributions des villageois, acheter une barge à moteur. Pour cette mission, il sera accompagné par un vieil ami de son père Mujahed qui pilotera le bateau et veillera sur l’argent.
« La Fiancée du Nil » lève l’ancre sous les acclamations de tous les habitants de la localité. Mais cette équipée ne fait pas que des heureux. Abu Safaan,possède des voiliers et il craint par-dessus tout la concurrence de ce nouveau bateau à moteur. Avec ses complices, il va tenter de faire capoter le projet des villageois. Parmi les membres d’équipage, il a placé Hicham, l’un de ses hommes. Lors d’une escale dans un village où a lieu la fête du Mouled, Muhasab est fasciné par le numéro de Nargis, une danseuse du ventre. Le lendemain la jeune femme fait son apparition sur le bateau. Elle demande à Muhasab et à Mujahed de l’aider à fuir un beau-père violent. Les deux hommes acceptent de la prendre à bord. Ils ne savent pas qu’elle a été chargée par Hicham de séduire Muhasab et de s’emparer du magot. Si le garçon est une proie facile, en revanche mettre la main sur l'argent des villageois s'avère une entreprise beaucoup plus ardue que prévu. En effet, c'est Mujahed qui l'a caché et il reste très méfiant à l'égard de la jeune femme. Celle-ci décide alors de le séduire. L'ombrageux capitaine succombe à son tour…

Notre avis : Un classique. Atef Salem a adapté de manière très habile toutes les recettes du western (Rushdy Abaza fait irrésistiblement penser à John Wayne !) pour réaliser une oeuvre unique qui mêle genres et registres : histoire d’amour, thriller, chronique villageoise, comédie, drame, et pour finir tragédie. Jamais Hind Rostom n’a été aussi belle et ses scènes de baisers avec Omar Sharif comptent parmi les plus torrides de toute l’histoire du cinéma égyptien. Les danses et les chansons qui accompagnent le périples des personnages créent une atmosphère magique, hors du temps. On admire aussi la splendeur des images avec ce noir et blanc sublime qui célèbre la beauté des êtres et des paysages.


Mercredi 8 mai à 16h

L’histoire d’une vie de Helmy Halim (hikayet el omr kulluh, 1965)
avec Farid Al Atrache (Farid), Leila Fawzi (Layla), Faten Hamama (Nadia), Ahmed Ramzy (Mamdouh), Maha Sabry (Chouchou), Mohamed Idriss (le serviteur de Farid), Abdel Moneim Ibrahim (Moneim), Abdel Khalek Saleh (le médecin), Farhat Omar (Sami)
Scénario : Helmy Halim
Dialogues : Mohamed Abou Youssef
Musique : Farid Al Atrache et Johannes Brahms (3ème mouvement de la symphonie n°3)
Production : Ramsès Naguib


Farid est un musicien qui mène une vie intense et insouciante, entouré d’amis. Parmi eux, il y a Layla, une actrice. Elle l’aime en secret mais elle sait qu’il n’est pas disposé à renoncer à sa liberté pour le mariage. Un jour, une jeune femme se présente chez lui. Elle s’appelle Nadia et elle est la fille de son ancien professeur de musique qui vient de mourir. Farid invite l’orpheline à s’installer chez lui. Peu après, le musicien est victime d’un infarctus. Il s’en sort par miracle et c’est Nadia qui s’occupe de lui lors de sa convalescence. Progressivement, Farid tombe amoureux de sa belle infirmière. Il ne sait pas qu’elle est éprise de son jeune frère, Mamdouh, qui est rentré depuis peu de l’étranger…

Notre avis : Helmy Halim est le spécialiste de la romance et du drame sentimental. Farid Al Atrache joue ici son rôle de prédilection, celui du chanteur célèbre mais malheureux qui retrouve soudain la joie de vivre grâce à l’amour. Malheureusement, au dénouement il devra y renoncer et restera seul. Le film atteint des sommets dans le sentimentalisme facile et avec la meilleure volonté du monde il est impossible de sauver quoi que ce soit dans cette « Histoire d’une Vie » si mièvre. Farid Al Atrache est un grand chanteur et un grand compositeur. Comme acteur, il a toujours été plus inégal. Dans ce film, on ne peut même pas prétendre qu’il joue mal car il ne joue plus du tout ou à peine. La gloire et l’âge l’ont définitivement pétrifié et pour exprimer la joie comme la tristesse, il se contente d'esquisser un rictus indéfinissable. Afin de souligner la complicité de ses deux héros, le réalisateur qui, hélas, est aussi le scénariste, multiplie les scènes à deux dans les différentes pièces de leur maison. Pendant une grande partie du film, Farid et sa gentille infirmière bavardent gentiment tandis qu'ils vaquent à leurs occupations quotidiennes. Difficile de faire plus soporifique ! 


Mardi 7 mai à 18h

Certains se marient deux fois de Mohamed Abdel Aziz (Al Baa'd Yazhab lel Maa'zoun Marratayn, 1978)
avec Nour El Sherif ( Dr. Mamdouh), Mervat Amin (Mona), Adel Imam (Massoud), Lebleba (Mahasen), Samir Ghanem (Ezzat), George Sedhom (Mansour), Aqeila Rateb (Afiza), Mimi Gamal (Sonia), Amal Ramzi (Sania), Hanaa El Shorbagy (Halia), Galila Mahmoud (Ilham), Ibrahim Abdulraziq (Mahmoud Fahmy), Salama Elias (Marzouk), Ibrahim Kadri (Docteur Mamdouh), Zouzou Chakib (l’amie de Mona chez le coiffeur)
Scénario : Farouk Sabri
Musique : Gamal Salamah
Production : William Rizq


Le docteur Mamdouh et son frère Massoud ne sont pas heureux en ménage. Mona, la femme du premier, est d’une jalousie féroce et ne laisse aucun répit à son mari qui pourtant n’a jamais tenté de la tromper. Mahasen, la femme du second, est absorbée par ses tâches ménagères et l’éducation de ses enfants si bien qu’elle n’a pas un instant à consacrer à son époux. Ezzat, le cousin des deux frères, leur conseille de suivre son exemple. Il a trouvé le bonheur en trompant allégrement sa femme tout en lui manifestant amour et tendresse. Mamdouh et Massoud décident d’adopter ce stratagème si ingénieux. Ils se lancent donc dans l’adultère mais leurs femmes ne tardent pas à tout découvrir. Elles demandent le divorce…

Notre avis : une comédie de mœurs qui conte l’existence mouvementée de trois hommes entourés de leurs épouses et d’une nuée de maîtresses. Les héros appartiennent à la classe aisée, ils boivent du whisky, jouent au golf et ont comme unique préoccupation la drague. Leurs conquêtes appartiennent à leur entourage et on reconnaîtra qu’elles ne se montrent guère farouches. La distribution rassemble les actrices et les acteurs les plus populaires de l’époque. Ils se connaissent bien et leur complicité fait en grande partie le charme du film. Il y a quelques scènes vraiment plaisantes mais le scénario est un peu répétitif : les aventures des trois compères suivent des lignes strictement parallèles avec comme conséquence prévisible, la demande de divorce de leurs épouses réciproques. Ce qui est intéressant, c’est la morale très « seventies » du film : dans un couple, l’adultère est inévitable, il est donc inutile de divorcer quand on s’aime. Pour retrouver l’harmonie entre époux, il suffit de bannir la jalousie d’un côté comme de l’autre ! Et c’est ainsi que cette comédie moderne peut se refermer sur un « happy end » qui ne l'est pas moins !


Lundi 6 mai à 20h30

Nous ne sommes pas des anges de Mahmoud Farid (Lasna Mala'eka, 1970)
avec George Sedhom (Ragab), El Deif Ahmed (Ramadan), Samir Ghanem (Sha’aban), Abbas Fares (Hajj Yassin), Shahinaz Taha (Mona, fille de Hajj Yassin), Hassan Mostafa (le gardien chef), Abdel Alim Khattab (l’oncle de Sami), Samir Sabri (Sami, le fiancé de Mona), Nagwa Fouad (la danseuse Elham), Ashraf Abdel Ghafour (Mourad, le neveu de Hajj Yassin), Zakaria Mowafi (le gardien de prison Abdel Hafez), Aleya Abdel Moneim (la femme de Hajj Yassin)

Scénario : Farouk Sabry
D’après la pièce du dramaturge français Albert Husson, La Cuisine des Anges (1952). Cette comédie avait déjà fait l’objet d’une adaptation réalisée en 1955 par le cinéaste américain Michael Curtiz. En 1989, sortira une deuxième adaptation américaine signée Neil Jordan et portant le même titre que le film de Mahmoud Farid. A noter que celui-ci n’est pas la première version égyptienne de l’œuvre d’Albert Husson. En 1964, Hassan Abdul Salam la monte au théâtre avec déjà George Sedhom, El Deif Ahmed et Samir Ghanem.

Musique et chansons : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogy, Hussein El Sayed, Abdelazim Abdelhaqq
Dans cette liste, il y a un absent (un compositeur non crédité au générique mais dont l’une des œuvres est utilisée) : Nino Ferrer. On connaît l’amour de l’acteur Sami Sabri pour la musique pop occidentale et on pourrait citer un très grand nombre de comédies dans lesquelles il interprète des adaptations de tubes européens ou américains. Pour Nous ne sommes pas des Anges, il a choisi Les Cornichons de Nino Ferrer, une chanson de 1966. Certes, ce n’est pas un mauvais choix mais on n’est quand même un peu gêné par le fait que Samir Sabri se contente d’un play-back très approximatif sur l’enregistrement original du chanteur français. Sur le plan artistique, c’est d’un amateurisme absolu, sur le plan éthique, ce n’est pas très élégant.


Comédie musicale. Sha’aban, Ragab et Ramadan sont trois prisonniers particulièrement indisciplinés. Excédée par leurs frasques continuelles, la direction de l’établissement décide de leur transfert à la prison Abou Zaabel. Le véhicule pénitentiaire qui doit les emmener dans leur nouvelle demeure tombe en panne au milieu de nulle part. Une voiture surgit et s’arrête à leur hauteur. L’automobiliste est un vieil homme qui les invite à se rendre chez lui pour attendre les secours. Leur hôte, Hajj Yassin, vit dans une grande demeure avec sa femme et ses deux filles. Contre toute attente, les trois prisonniers et leurs deux gardiens sont accueillis à bras ouverts. Tout le monde sympathise et on improvise une petite fête où chacun chante et danse avant de passer à table. En fait, les trois amis ne tarderont pas à comprendre que derrière cette joie et cette convivialité, la famille est confrontée à de graves problèmes financiers…

Notre avis : c'est le dernier film des Trois Lumières du Théâtre, ce trio d'artistes comiques qui s'était formé en 1966. L'un de ses membres, El Deif Ahmed, est mort brutalement à la fin du tournage et il sera remplacé par une doublure lors de la course poursuite qui clôt le film. Dans la dernière scène, George Sedhom, un autre membre du trio, lui rend hommage par quelques mots d'adieu. Soyons francs : ce dernier opus n’est pas le plus réussi dans une filmographie qui pourtant ne compte pas que des chefs d’œuvre. On retrouve un grand nombre de situations et de procédés déjà exploités dans leurs films précédents au point que l’on pourrait ici parler d’auto-plagiat. L’exemple le plus criant : la première partie qui se passe en prison s’inspire très fortement (et c’est un euphémisme !) de l’une des séquences de la première comédie qu’ils tournent ensemble « Trente Jours en Prison » de Niazi Mostafa. Bref, on a l’impression qu’ils tournent en rond et la participation quelque peu désinvolte de Samir Sabri ne leur est pas d’un grand secours ! L’interminable course poursuite de la fin exaspérera le spectateur le plus bienveillant.


Dimanche 5 mai à 18h

Les Arnaqueurs d’Ali Abdel Khalek (Al Hanakish, 1986)
avec Nabila Ebeid (Wataf), Kamal Al Shennawi (Taher Soleiman), Farouk El Feshawi (Essam, le fils de Taher), Hatem Zulficar (Omar, le fils de Taher), Abdulla Meshref (l’épicier), Abdel Ghany Nasser (Ibrahim, l’assistant de Taher), Ahmad Abdul Kader (l’oncle Sayed Soleiman), Sanaa Lamlum (Samiha, la femme de Taher), Shafiq Al Shayeb (Officier de la sécurité), Suleiman Hussein (le chauffeur)
Scénario : Ahmed Samir
Musique : Hassan Abou El Saoud et Yahia Al Muji


Nous sommes en 1959. Taher Soleiman est un haut fonctionnaire chargé de la sécurité de l’Etat. Avec sa femme et ses deux fils, il mène une existence de privilégié dans une grande villa cossue. Mais tout s’effondre : sa femme demande le divorce. Taher apprend qu’elle le trompe avec Salah Othman, son supérieur au ministère. Il décide de la faire éliminer par des agents de ses services. Le meurtre est maquillé en accident de la route mais Salah Othman n’est pas dupe et se venge : il confisque tous les biens de Taher et le condamne à l’exil. Ses deux fils sont confiés à leur oncle. En 1986, l’ancien haut-fonctionnaire est enfin autorisé à revenir en Egypte. Il retrouve ses deux fils, Omar et Essam qui mènent des vies très modestes. Il leur révèle que dans le jardin de la villa qu’ils occupaient autrefois, il a enterré un coffre-fort contenant tout un trésor. Le souci, c’est que désormais cette maison est occupée par un personnage important de l’Etat et qu’elle est surveillée jour et nuit. Essam, l’un des deux fils de Taher, va tenter de séduire Wataf, la servante du lieu pour accéder au coffre tant convoité…

Notre avis : un film d’action avec comme personnage principal un individu sans scrupules qui par cupidité et orgueil est prêt à sacrifier sans l’ombre d’une hésitation tous ceux qui l’entourent et qui l’ont soutenu. Kamal Al Shennawi endosse ce rôle d’individu abject avec une aisance et un aplomb impressionnants et l’intérêt du film réside en grande partie dans sa prestation. Comme souvent avec les films des années quatre-vingt, on est frappé par l’appauvrissement du langage cinématographique. Dans « Les Arnaqueurs », quasiment toutes les scènes sont filmées en plan d’ensemble ou en plan moyen, les plans rapprochés ont pratiquement disparu. L’art du portrait que maîtrisaient à la perfection les cinéastes de l’âge d’or semble à jamais perdu !


Samedi 4 mai à 20h30

Il a enlevé ma femme d’Hassan El Seifi (Khataf Merati, 1954)
avec Sabah (Samira), Anwar Wagdi (Anwar), Laila Fawzy (Mervat), Farid Shawqy (le cousin Farid), Wedad Hamdy (Wedad, la bonne), Thurya Salem (une danseuse), Nemat Mokhtar (une danseuse), Samiha Mohamed (une paysanne)
Scénario : Hassan El Seifi et Badie Khairy
Musique : Mohamed Abdel Wahab, Fayed Mohammad Fayed, Izzat El Gahely, Attia Sharara, Mounir Mourad, Riad El Sonbati, Naguib El Silahdar
Chansons : Fathy Koura, Mohamed Halawa, Hussein El Sayed
Production : les films Charles Nahas


Samira et Anwar doivent se marier alors qu’ils n’éprouvent rien l’un pour l’autre. Leurs familles respectives en ont décidé ainsi et toutes les tentatives des deux jeunes gens pour s’y opposer ont été vaines. Le jour de leurs noces, ils n’ont pu cacher leur profond dépit et, le soir, ils ont rejoint la chambre nuptiale avec tout l’enthousiasme du condamné à mort se rendant à l’échafaud. Le lendemain matin, ils ont la visite de Mervat, la cousine de Samira, et de Farid, le cousin d’Anwar. Par orgueil, ils ont décidé de faire croire à leurs visiteurs qu’ils s’aiment passionnément et qu’ils sont heureux …

Notre avis : une comédie très plaisante qui réunit quatre personnages pour un chassé-croisé amoureux. Sabah et Anwar Wagdi mènent la danse avec un entrain communicatif. Les scènes de chamailleries entre les deux jeunes époux sont particulièrement savoureuses. On a une pensée spéciale pour Anwar Wagdi qui déploie une énergie incroyable dans ce film alors qu’il est malade et qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre. Son art de l’outrance convient parfaitement à cette « comédie conjugale ». Il est magistral dans la scène d’ouverture. Le personnage qu’il incarne, en tenue de soirée et ivre mort, a échoué dans un tripot. Il importune sans cesse le barman et jette de temps en temps un œil indifférent sur le numéro de danse orientale exécutée par l’époustouflante Nemat Mokhtar. Le héros égaré, l’atmosphère survoltée du lieu, le chant envoutant et la danse d’une sensualité intense, tout concourt à faire de cette séquence une scène d’anthologie !
Trois ans plus tard, Youssef Chahine tournera un film sur un sujet quasi identique avec Farid Al Atrache et Shadia, « Tu es Mon Amour » (1957).


Vendredi 3 mai à 20h30

Le Grand Frère de Fateen Abdel Wahab (Al akh al kabir, 1958)
avec Hind Rostom (Rouhya, la maîtresse d’Awad), Farid Shawki (Awad), Ahmed Ramzy (Ahmed, le jeune frère d’Awad), Farida Fahmy (Dawlat, la cousine d’Awad et d’Ahmed), Ferdoos Mohamed (la mère d’Awad et d’Ahmed), Said Abu Bakr (Handalab), Mohamed Tawfiq (le toxicomane), Reyad El Kasabgy (Gagal), Mahmoud El Sabbaa (Buhgal), Mahmoud Azmy (l’officier de police), Salah Abdel Hamid (le chanteur), Zeinat Olwi (une danseuse), Fifi Salama (une danseuse), El-Toukhy Tawfiq (Sibou), Abbas Rahmy (le chef du service antidrogue), Mohamed Reda (Farghaly)
Scénario : Ali El-Zorkani
Musique : Salah Abdel Hamid, Hasseb Ghoubashy, Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les films Mohamed Afifi
appréciation : 3/5


Awad (Farid Shawki) mène une double vie. En apparence, c’est un homme exemplaire qui travaille dur pour faire vivre sa petite famille. Grâce à lui, les siens mènent une existence heureuse, paisible et l’unique bonheur d’Awad, c’est de retrouver chaque jour ceux qu’il aime : sa mère (Ferdoos Mohammed), sa fiancée (Farida Fahmi) et son jeune frère, étudiant en droit (Ahmed Ramzi).
En réalité, Awad est le chef d’un gang spécialisé dans le trafic de drogue. Il passe toutes ses nuits dans les bars afin de superviser ses activités criminelles. Il a une maîtresse (Hind Rostom), une danseuse à qui il a promis le mariage. Quand celle-ci le somme d’honorer sa promesse, il accepte puis refuse. Elle comprend alors qu’il est déjà engagé et qu’il n’a jamais eu l’intention de l’épouser (Faire entrer dans la famille une danseuse ? Impensable !). Elle décide de se venger...

Notre avis : Fateen Abdel Wahab s’éloigne rarement des rivages ensoleillés de la comédie. « Le Grand Frère » constitue l’une de ses très rares incursions dans le drame et on pourrait se demander s’il ne s’est pas quelque peu fourvoyé. On est un peu gêné par le caractère édifiant de son dénouement et son réquisitoire contre les méfaits de la drogue nous semble un peu convenu.
Néanmoins, le film n’est pas sans qualités. Fateen Abdel Wahab est un grand directeur d’acteurs et il le prouve encore une fois ici, aussi bien avec les rôles principaux qu’avec les secondaires. Le scénario a été écrit par Ali El-Zorkani, l’un des plus grands scénaristes du cinéma égyptien (sa filmographie est impressionnante !) et c’est sans doute en partie grâce à lui que ce « Grand Frère » ne verse pas dans le manichéisme moralisateur. Dans ce film, le Mal est personnifié par Hind Rostom qui n’a jamais été aussi belle. Difficile de résister !


Jeudi 2 mai à 16h

Moi et mes filles d’Hussein Helmy El Mohandes (Ana wa banati, 1961)
avec Abdel Moneim Ibrahim (Fahmy), Salah Zulficar (Samir), Zahrat Al Oula (Mervat), Nahed Sharif (Maysa), Fathia Chahine (propriétaire de la boutique de mode), Fayza Ahmed (Mahasin), Amal Farid (Mona), Zaki Rostom (Mahmoud Abdel Fatah), Samia Roshdy (la mère d’Hamza), Ali Kamal (Gaber), Ahmed Bali (un ami de Mahmoud), Abdel Ghani El Nagdi (Hamza)
Scénario : Hussein Helmy El Mohandes
Musique : Attya Sharara, Ibrahim Haggag, Mohamed Al Mogi

Drame. Mahmoud Abdel Fatah est veuf et il élève seul ses quatre grandes filles : Mervat, Maysa, Mahasin, Mona. Il leur a donné une excellente éducation mais il n’a pas les moyens de financer leur futur mariage. La situation se complique quand il est mis brutalement à la retraite. Sur les conseils d’une relation, il investit toutes ses économies dans une société qui pourra lui faire gagner beaucoup d’argent. Il voit enfin l’avenir avec un certain optimisme. Las ! En se rendant au siège de la société, il s’aperçoit qu’elle a déménagé sans laisser d’adresse : il a été joué par des escrocs qui ont disparu avec son argent ! Il a un malaise et chute dans l’escalier. Il est hospitalisé. Désormais, ses quatre filles devront affronter seules les difficultés de la vie. Elles ont d’abord vendu quelques meubles puis elles ont décidé de travailler à l’insu de leur père. Mervat, la plus âgée, s’est mise à écrire des histoires en espérant les vendre. Mahasin, grâce à sa jolie voix a pu se produire dans les mariages. Maysa, la plus jolie, est devenue mannequin pour une boutique de mode. Enfin, Mona s’est lancée dans la couture et confectionne des vêtements pour les gens du quartier. Un jour, lors d’un défilé auquel elle participe, Maysa est repérée par un jeune homme très riche. Celui-ci entreprend de la séduire en lui faisant croire qu’il va l’épouser…


Notre avis : la chronique familiale est dans le cinéma égyptien un genre en soi. Nous retrouvons dans « Moi et mes filles tous les ingrédients qui ont fait le succès de ces productions. Le fil narratif est toujours à peu près le même : une famille nombreuse qui autrefois a connu l’aisance doit affronter des difficultés de toutes sortes, ce qui conduit certains de ses membres à faire des choix malheureux. Comme toujours, Zaki Rostom excelle dans ces rôles de patriarches qui vacillent sous les coups du destin. Mais l’intérêt du film repose essentiellement sur le très attachant quatuor formé par les quatre filles. Les deux plus jeunes actrices, Nahed Sharif et Amal Farid, sont d’une spontanéité et d’une justesses rares (Nahed Sharif était une excellente actrice et il est tout à fait regrettable que les producteurs, les critiques et le public n’aient voulu voir en elle que la petite pin-up sexy pour comédies vulgaires.). En revanche, Fayza Ahmed constitue le « maillon faible » de « Moi et mes filles » : si elle sait chanter, elle ne sait absolument pas jouer la comédie. Ce n’est sans doute pas un hasard si ce film est le denier dans lequel on lui a confié un rôle. Dans les suivants, elle se contentera de chanter.


Mercredi 1er mai à 20h30

La Matrone d’Hassan Reda (El moallema, 1958)
avec Taheya Carioca (Tuha), Yahia Chahine (Maître Abbas), Mahmoud El Meleigy (Maître Hafez), Omar El-Hariri (Fathi, le jeune comptable de Tuha), Wedad Hamdy (la servante de Tuha), Mohamed Tawfik (Madbouly), Nagwa Fouad (la fille de la patronne de la maison close), Rafia Al Shal (la patronne de la maison close), Roheya Jamal (une prostituée), Nawal Attia (une prostituée), Suzi Khairy (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Reda (d’après Othello de William Shakespeare)
Musique : Fouad El Zahry, Ahmed Fouad Hassan, Saïd Morsi
Production : les films Taheya Carioca


Hafez est un commerçant véreux qui se livre au trafic de drogue. Il est amoureux de Tuha, une commerçante elle aussi. C'est une femme d'âge mûr au caractère bien trempé. Elle dirige la petite boutique d’épices que son père avait fondée. Ses affaires sont prospères et elle a toute confiance en Fathi, son jeune comptable honnête et dévoué. Hafez lui a manifesté sa flamme de manière insistante mais, malheureusement pour lui, le cœur de Tuha est déjà pris : elle aime Abbas, un bel homme qui travaille avec elle. Hafez ne renonce pas : le jour de leur mariage, il provoque une bagarre qui se conclut par l’arrestation d’Abbas et sa condamnation à deux ans de prison. Pendant l’absence du mari de sa bien-aimée, Hafez va multiplier les tentatives de séduction, en vain. Tuha reste une femme fidèle. Quand Abbas est enfin libéré, Hafez change de stratégie. Feignant d’être son ami, il fait croire à Abbas que sa femme le trompe avec leur jeune comptable. Sous son influence pernicieuse, le mari de Tuha devient alcoolique, violent et infidèle…

Notre avis : un drame de la jalousie avec trois monstres sacrés du cinéma des années cinquante : Taheya Carioca dans un rôle de femme puissante, un peu semblable à ceux qu’elle incarne dans d’autres films de la même époque (ex : la Sangsue se Salah Abou Seif, 1956), Mahmoud El Meleigy en méchant qu’on adore détester et Yahia Chahine en brave homme crédule. Certes, on retrouve dans ce film un certain nombre de stéréotypes mais la réalisation et l’interprétation impressionnent par leur justesse et leur vigueur. Et puis, on aime tout particulièrement la reconstitution très soignée d’un quartier populaire avec ses commerçants, ses employés, ses drogués et ses prostituées, un univers très proche de celui de certains romans de Naguib Mahfouz.