Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
Le Secret du Bonnet Invisible de Niazi Mostafa (Ser Taqya el Ekhfa, 1959)
avec Tawfik El Deken (le bijoutier Amin), Berlanti Abdel Hamid (Lola, la maîtresse d’Amin), Abdel Moneim Ibrahim (Asfour), Mohamed Abdel Qodoos (le père d’Asfour), Ahmed Farahat (le frère d’Asfour), Zahrat Al Oula (Amal), Gamalat Zayed (la mère d’Asfour), Adli Kasseb (Salem, le rédacteur en chef), Samia Roshdi (la mère d’Amal)
Scénario : Abdel Hay Adib et Niazi Mostafa
Dialogues : El Sayed El Bedir
Musique : Mounir Mourad et Fathy Qora
Production : Khalil Diab
Comédie fantastique. Asfour est un reporter naïf et maladroit. Son incompétence notoire exaspère son rédacteur en chef. Il est amoureux d’une collègue, Amal. Malheureusement cette dernière doit épouser Amin, un cousin méchant et sournois, bijoutier de son état.
Asfour vit avec son petit frère Fasih et ses parents. Son père est un excentrique qui se consacre à l’alchimie. Il multiplie les expériences dans l’espoir de fabriquer un jour de l’or.
Amin ne supporte pas qu’Amal fréquente Asfour. Il menace son rival afin qu’il s’éloigne de la jeune femme. Le bijoutier a le soutien de la mère de celle-ci et rien ne pourra empêcher leur mariage. Asfour est désespéré.
Un soir, le petit Fasih est resté seul dans le laboratoire de leur père et il entreprend de jouer au petit chimiste. Il provoque une explosion qui libère d’une jarre un génie. L’enfant s’évanouit puis l’être surnaturel prend feu, ne laissant de son passage qu’une fine poussière qui s’est déposée sur un bonnet appartenant à Asfour.
Peu après, on s’aperçoit que le bonnet a le pouvoir de rendre invisible celui qui le porte. Asfour comprend tout de suite le parti qu’il va pouvoir en tirer. Tout d’abord, tourmenter Amin et empêcher son mariage avec Amal…
Notre avis : le seul film où l’éternel second rôle Abdel Moneim Ibrahim obtient le premier rôle. Même s’il peine à convaincre dans certaines scènes qui auraient exigé de sa part un petit grain de folie supplémentaire, reconnaissons qu’il propose un jeu très personnel, tout en retenue, bien loin de l’outrance de ses petits camarades. « Le Secret du Bonnet Invisible » est une comédie inégale : l’invisibilité du héros est prétexte à une accumulation de gags convenus et de farces pour potaches boutonneux. Heureusement, Berlanti Abdel Hamid, la Sza Sza Gabor égyptienne met du piment dans cette potion « magique » un peu fade. Sa danse du Hula Hoop est l’une des scènes les plus savoureuses du film.
Jeudi 14 novembre à 22h
L’Oeuf et la Pierre d’Ali Abdel Khalek (El-Baydha Wal Hagar,1990)
avec Ahmed Zaki (Taha Al Tahazi), Maaly Zayed (Qamar), Mamdouh Wafi (Tawali, l’ami de Taha), Ahmed Ghanem (Nabil, le propriétaire de l’immeuble), Hussein Al Sharif (le policier), Mahmoud El Sabba (Sibakh Al Tibi), Sayed Sadiq (le mari volé), Nagwa Fouad (Nathnatha), Ahmed Tawfiq (Jasser), Sabri Abdul Moneim (le portier), Fouad Khalil (Tarouta, le coiffeur), Naima El Saghaiar (la mère de Tarouta)
Scénario : Mahmoud Abou Zeid
Musique : Hassan Abou El Saoud
Production : Films Tamido (Medhat Al Sherif)Taha Al Tahazi est un professeur de philosophie qui dans ses cours incite ses élèves à rejeter la société de consommation. Il mène une existence conforme à ses valeurs : il ne se déplace qu’en vélo et, à la recherche d’un logement, il s’installe dans une modeste chambre sur les toits d’un immeuble de la place Tahrir. Au début, ses voisins ne voient pas d’un très bon œil son arrivée et tentent par tous les moyens de le faire partir : son petit appartement était auparavant occupé par un homme qui prétendait détenir des pouvoirs surnaturels. Ses voisins avaient une très haute considération pour lui et quand il a été condamné à de la prison pour charlatanisme, ceux-ci avaient promis de protéger son antre contre toute tentative d’intrusion. Malgré cela, le propriétaire a repris possession de son bien et l’a loué à Taha. Malgré la situation, ce dernier parvient à se faire accepter par les autres résidents du toit. Peu après, il est licencié de son poste d’enseignant : on l’accuse de mener des activités politiques. Il lui faut trouver un autre gagne-pain. C’est ainsi que l’ancien professeur de philosophie se lance dans la sorcellerie. Grâce à son intelligence, il va exploiter la crédulité des gens et s’enrichir de manière inespérée…
Notre avis : dans ses films, Ali Abdel Khalek aborde en moraliste et en satiriste les problèmes de la société égyptienne de son temps. Ici, il s’en prend à la superstition qui reste si prégnante parmi les classes populaires et il dénonce ces intellectuels qui au lieu d’ouvrir les yeux de leurs contemporains préfèrent exploiter leurs croyances pour acquérir prestige et fortune. La charge manque parfois de subtilité mais Ahmed Zaki excelle dans ce rôle du professeur intègre qui devient progressivement un manipulateur sans scrupule (un personnage qui nous rappelle le Topaze de Marcel Pagnol). «LOeuf et la Pierre » est assurément l’un des films les plus réussis d’ Ali Abdel Khalek.
Mercredi 13 novembre à 18h30
Raya et Sakina de Salah Abou Seif (Raya wa Sakina, 1953)
avec Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdy El-Hakim (Sakina), Farid Shawki (le borgne de la bande de Raya et Sakina), Anwar Wagdi (Ahmed Yousri, l'officier de police qui mène l'enquête), Chukry Sarhan (Amin, l'homme qui attire les victimes), Samira Ahmed (Soad), Berlanty Abdel Hamid (fiancée d'Amin et amie de Soad), Saïd Khalil (le mari de Sakina), Reyad El Kasabgy (le mari de Raya), Abdel Hamid Zaki (le père de Dalal), Malika El Gamal (la mère de Bassima, une victime du gang), Zeinat Olwi (la danseuse), Suleiman El Gindy (le petit frère de Soad), Shafik Nour El Din (le coiffeur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abou Seif
D’après une histoire de Lotfi Othman
Dialogues : El Sayed Bedeir
Musique : Ahmed Sedky et Hussein Guenid
Production : Ramses Naguib
appréciation : 4/5
Alexandrie a peur. Depuis quelque temps des femmes disparaissent dans des conditions mystérieuses. On compte pour l'instant 26 victimes mais nul doute que la liste ne va pas tarder à s'allonger. Ahmed Yousri, le chef du service des affaires criminelles, dirige l'enquête. Pour entrer en contact avec les kidnappeurs, il se déguise en marin et fréquente les cafés et les cabarets des quartiers populaires. Il va très vite obtenir de précieuses informations. L'un des premiers suspects est Amin, un séduisant jeune homme, employé de bureau dans un abattoir...
Ce film évoque un fait divers qui défraya la chronique en Egypte au début des années 20.
Notre avis : un excellent thriller écrit par le prix Nobel de littérature et pour lequel Salah Abou Seif a appliqué les recettes du film noir américain : une intrigue épurée, une atmosphère inquiétante et une mise en scène nerveuse qui privilégie l'action.
On pourra s'étonner du choix d'Anwar Wagdi pour incarner l'officier de police chargé de l'enquête. Certes, il jouit à l'époque d'une célébrité peu commune, et comme acteur et comme réalisateur, mais son univers est plutôt celui de la comédie ou du drame sentimental, bien loin du réalisme cher à Salah Abou Seif. A noter, qu'en cette même année 52, Anwar Wagdi joue à nouveau un inspecteur de police dans « Le Tigre », une comédie musicale d'Hussein Fawzy et que deux ans plus tard, en 1954, Salah Abou Seif l'engage une nouvelle fois pour jouer un enquêteur dans « Le Monstre ». (Anwar Wagdi avait une prédilection certaine pour l'uniforme !)
Auprès de l'acteur, on trouve deux toutes jeunes actrices promises à de belles carrières, Samirah Ahmed et Berlanti Abdel Hamid qui au moment du tournage ont respectivement 14 et 17 ans.
Mardi 12 novembre à 16h
La Rebelle de Mahmoud Zulficar (Al Moutamaridah, 1963)
avec Sabah (Sawsan), Ahmed Mazhar (Sami), Fouad El Mohandes (Wadji, l’ami de Sami), Mahmoud Morsi (Kamel Sabri, l’acteur de théâtre), Nadia El Noqrachi (Nabilah, la petite amie de Wadji), Abdel Khaleq Saleh (le père de Sawsam), Aziza Helmy (la mère de Sami), Edmond Tuema (Costa, le fabricant de soda), Samiha Ayoub (l’actrice Qadriah), Abdel Aziz Kamel (le collectionneur de tableaux), Ismaïl (un membre de la direction de l’usine textile)
Scénario : Diaa El Din Baybars
Chansons et musique : Hussein Al Sayed, Mohamed Al Muji, Mounir Mourad
Production : Les films Masr al Jadida
Sawsan est une jeune fille très riche qui croit que tout peut s'acheter, même les êtres humains. Son père est un chef d’entreprise prospère qui lui passe tous ses caprices. Elle s’est entichée d’un comédien Kamel Sabri et elle a acheté toute les places du théâtre dans lequel sa troupe se produit afin d’être la seule à assister à la représentation. Elle a organisé une petite réception en l’honneur de Kamel et de ses collègues. Le comédien est épaté par la fortune de Sawsan et de son père et il comprend très vite le bénéfice qu’il va pouvoir en tirer. Kamel est fiancé à l’une des comédiennes de sa troupe mais celle-ci consent non sans réticence à s’effacer pour le bien de leur compagnie. Peu après, le père de Sawsan meurt brutalement et c’est la jeune femme qui prend la direction de l’usine de textile paternelle. Parmi les employés, il y a Sami, un artiste peintre qui est chargé de concevoir de nouveaux motifs pour les tissus imprimés que produit l’entreprise. Il a accepté ce travail pour pouvoir soigner sa mère très malade. Sami est secrètement amoureux de Sawsan. Il a peint de nombreux portraits de la jeune femme mais il s’est toujours bien gardé de lui avouer son amour. Un jour, Sawsan, qui a beaucoup d’admiration pour les créations de Sami, lui demande de jouer son soupirant pour exciter la jalousie de Kamel et tester ses sentiments. Le peintre refuse net de se prêter à ce petit jeu…
Notre avis : une excellente comédie reposant sur une observation très fine des relations complexes qui se nouent entre l’amour, l’art, le pouvoir et l’argent. La grande force du film, c’est qu’il tourne le dos à tous les clichés attendus (l’artiste est forcément pur et désintéressé tandis que le patron ou la patronne d’une grande entreprise est nécessairement un vil exploiteur.). Dans le rôle de la riche héritière, tantôt exaspérante, tantôt attachante, Sabah se révèle une actrice de premier ordre. Avec « La Rebelle », Mahmoud Zulficar a su conjuguer élégance et intelligence pour nous offrir un divertissement de haute tenue. Se gardant de toute caricature facile, il pose sur les mœurs de ses contemporains un regard plein d’ironie mais aussi de bienveillance.
Lundi 11 novembre à 16h
O Mon Pays ! d'Hussein Kamal (Ah ya bld.. ah, 1986)
avec Hussein Fahmy (Magdy), Farid Shawki (Ayoub), Layla Olwi (Farida), Anwar Ismail (Radwan), Ahmed Morsi (un paysan), Hassan El Yamany (Hassan Fadel), Hassan Mostafa (le paysan Abdel Ati), Taheya Carioca (une ancienne danseuse), Thuraya Ezz Elddin (la femme d’Ayoub), Mohamed Abou Hashish (l’épicier du village), Amir Shahin (le jeune fils d’Ayoub), Atef Makram (le voleur)
Scénario : Saad Eldin Wahba
Inspiré de Zorba le Grec, un film gréco-anglo-américain de Michael Cacoyannis (1964)
Musique : Ammar El Sheraiey
Production : Mohsen Alam El Din
Magdy, un jeune ingénieur, retourne en Egypte pour enterrer son père et il apprend qu’il a hérité d’un terrain à la campagne. Après les obsèques, il décide donc de se rendre dans la localité où se trouve ce terrain pour le mettre en vente. A peine sorti de la gare, Magdy est victime d’une tentative de vol. Heureusement, l’intervention d’un vieil homme lui permet de récupérer sa mallette. Cet homme s’appelle Ayoub, il a combattu l’occupant britannique et il a perdu sa femme et son jeune fils dans des circonstances tragiques. Ayoub conduit le jeune homme chez une amie, la Signora, qui fut autrefois une grande danseuse. Les deux villageois conseillent à Magdy la plus grande prudence dans ses démarches car la région est sous la coupe d’un homme très puissant qui achète à vil prix toutes les terres des environs et qui n’hésite pas à user de violence pour obtenir ce qu’il convoite…
Notre avis : était-il vraiment utile d’aller chercher l’inspiration du côté d’un film grec des années soixante pour bâtir ce scénario qui reprend des thèmes et des péripéties abondamment exploités dans le cinéma égyptien ? Un exemple parmi d’autres : cette histoire comporte beaucoup de similitudes avec « Abou Rabi », un film réalisé en 1973 par Nader Galal. Dans celui-ci, on retrouve d’ailleurs Farid Shawki dans un rôle équivalent. « O mon Pays » a été tourné en 1986 mais il semble sans âge. Peut-être est-ce dû au fait qu’il évoque un monde rural qui quel que soit les époques, quel que soit le pouvoir en place est confronté aux mêmes difficultés, aux mêmes injustices. Hussein Fahmy qui incarne le héros principal paraît absent, presque en retrait si bien qu’on retiendra surtout la prestation de ces deux monstres sacrés, vieillis mais alertes, que sont Taheya Carioca et Farid Shawki. L’un des moments forts du film est le réveillon du nouvel an que leurs deux personnages passent ensemble et pendant lequel, la boisson aidant, ils perdent toute retenue et toute convenance, rivalisant de fantaisie et d’extravagance.
Dimanche 10 novembre à 22h
La Femme d'un Homme Important de Mohamed Khan (Zawgat Ragol Mohim, 1988)
avec Ahmed Zaki (Hisham), Mervat Amin (Mona), Ali Ghandour (le père de Mona), Alyah Ali (la mère de Mona), Zizi Mustapha (Samiha), Hassan Hosni (le brigadier Yousri), Thuraya Ezzelddin (la femme du brigadier Yousri), Nazim Sharawi (le directeur de la sécurité de l’état), Nahed Samir (la tante d’Isham), Othman Abdel Moneim (le directeur de la sécurité de la ville), Abdel Ghany Nasser (le député), Khairy Beshara (le mari de Samiha), Mohamed Dardiry (l’écrivain Magdy Ezz Al-Arab), Tarek Mandour (le chauffeur d’Hisham)
Scénario : Raouf Tawfiq
Musique : Georges Kazazian
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps
Dans l'Egypte des années soixante-dix. Mona Ismaïl est une jeune fille romantique qui adore le chanteur Abdel Halim Afez. Son père est ingénieur et pour des raisons professionnelles, il a dû s’installer avec toute sa petite famille à Minieh, une ville de Haute-Egypte. C’est là que Mona rencontre Hisham, un officier de police ambitieux et autoritaire. Elle est séduite par sa personnalité et elle accepte de l’épouser. Peu après le mariage, le jeune couple s’installe au Caire. Mona découvre très vite que son mari est un jeune homme brutal et arrogant qui exige d’elle une soumission totale. Parallèlement, Hisham comprend peu à peu les règles impitoyables de l'ascension sociale et il compte bien en user sans état d’âme. Les 18 et 19 janvier 1977 des émeutes éclatent dans tout le pays à cause de la hausse subite des prix d’un grand nombre de produits de première nécessité. Hisham veut exploiter ces troubles au profit de sa carrière personnelle…
Notre avis : l’un des meilleurs films de Mohamed Khan. Bien qu’il soit question des émeutes qui ébranlèrent le régime d’Anwar El Sadate en 1977 et que le personnage principal soit un officier de police cynique et violent, «La Femme d’un Homme Important » est davantage un drame psychologique qu’un film politique. Le réalisateur s’est surtout intéressé à la lente décomposition d’un couple et la situation sociale et politique du pays n’est évoquée que pour montrer comment elle influe sur la vie personnelle des deux héros. Ahmed Zaki et Mervat Amine sont impressionnants de justesse et de vérité dans des rôles particulièrement difficiles. On pourra regretter le caractère excessivement mélodramatique du dénouement.
Rencontre au crépuscule de Saad Arafa (Liqa fil ghouroub, 1960)
avec Mariam Fakhr Eddine (Amal), Rushdy Abaza (Sharif), Adli Kasseb (Izzat), Ahmed Sabry (le fils d’Amal)
Scénario : Saad Arafa
Musique et Chansons : André Ryder, Baligh Hamdi, Mamoun Al Shennawi
Production : Films Al Shams
Drame sentimental. Nous sommes en été, à Alexandrie. Amal séjourne dans la station balnéaire avec son fils Mahmoud et son mari Izzat. Elle a tout pour être heureuse : ils vivent dans une villa luxueuse, son mari lui offre tout ce qu’elle désire et son fils est un garçonnet adorable qui la vénère. Pourtant elle n’est pas heureuse car sexuellement insatisfaite et sentimentalement meurtrie. Malgré toutes les qualités d’Izzat, elle ne l’aime pas. Son cœur appartient toujours à Sharif. C’était son premier amour. Ils devaient se marier mais Sharif avait dû s’installer à l’étranger un certain temps pour ses études. Ils s’étaient promis de rester en contact et de s’écrire très régulièrement. Malheureusement, les parents d’Amal avaient intercepté toutes les lettres de Sharif et la jeune femme avait cru que son amoureux l’avait oubliée. C’est ainsi que, sous la pression de ses parents, elle avait accepté d’épouser Izzat, un homme riche plus âgé qu’elle. Mais un jour, à la plage, elle tombe nez à nez avec Sharif. Celui-ci n’a jamais cessé de l’aimer. Ils se revoient régulièrement et deviennent amants. Mahmoud finit par les surprendre. Le garçon est bouleversé…
Notre avis : c’est le premier film que Saad Arafa tourne en tant que réalisateur et on ne peut pas dire que pour cette entrée dans la carrière, il ait fait preuve d’originalité ou d’audace. Le scénario dont il est aussi l’auteur brode sur des thèmes bien connus et l’intrigue repose sur une idée exploitée dans d’autres films de la même époque : des amoureux sont contraints de se séparer car le garçon doit poursuivre ses études à l’étranger ; pendant son absence, la fille se marie avec un homme riche et affectueux bien qu’elle reste éprise de son premier amour ; évidemment ce dernier reparaît et le drame peut commencer. Rien donc de bien nouveau. Le charme du film réside dans ses images d’Alexandrie à l’aube des années soixante et dans la beauté et l’élégance de Mariam Fakhr Eddine. « Rencontre au Crépuscule » nous offre de très jolies scènes à la plage ou à la fête foraine mais aussi des séquences plus ridicules comme celle où le héros, seul chez lui, relit avec émotion les lettres de sa bien-aimée devant un immense portrait de celle-ci (on peut s’amuser de voir Rushdy Abaza, le Dom Juan du cinéma égyptien incarner, une fois n’est pas coutume, un amoureux romantique* !) ou bien encore quand le héros sauve de la noyade l’héroïne alors qu’elle se baigne dans une mer d’huile.
*A la fin de sa vie, Mariam Fakhr Eddine racontait que Rushdy Abaza était fou amoureux d’elle et qu’il lui faisait une cour assidue. Elle avait toujours repoussé ses avances ce qui le mettait hors de lui.
Vendredi 8 novembre à 18h30
Jeunesse Très Folle de Niazi Mostafa (Shabab magnoun geddan, 1967)
avec Soad Hosny (Madiha), Mimi Chakib (la femme de Youssef), Samir Sabri (Esmat), Samir Ghanem (Rahfat), George Sedhom (Ishmat), Ahmed El Deif (Afat), Ahmed Ramzy (Medhat, le fils de Youssef), Hoda Farid (Mona, la fille de Youssef), Ibrahim Zada (le maître d’hôtel de Youssef), Amin El Heneidy (Youssef, le propriétaire du casino)
Scénario : Abdel Hay Adib et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Hussein El Sayed et André Ryder
Production : Les Films Sayed Al DefrawyComédie musicale avec les Trois Lumières du Théâtre.
Le groupe de musique pop « Les Fous » est composé de trois frères et de l’un de leurs amis, Esmat. Ils viennent de décrocher un contrat au casino de la plage de Mamoura à Alexandrie mais avant de partir, Esmat veut obtenir la main de Madiha, la sœur de ses trois partenaires. Ce n’est qu’à cette condition qu’il acceptera de poursuivre son activité au sein du groupe. Malheureusement pour lui, Madiha est une étudiante en art dramatique qui ne se laisse pas dicter sa conduite. Elle refuse catégoriquement ce mariage, Esmat restera donc au Caire. Pour honorer leur contrat, les trois frères et leur sœur ont une idée : c’est Madiha elle-même qui remplacera Esmat. Elle se déguisera en garçon et grâce à son talent de comédienne, tout le monde n’y verra que du feu. Dès leurs premiers concerts, le groupe rencontre un vif succès auprès des jeunes estivants et Madiha jongle sans peine avec ses deux identités. Tantôt elle est la sœur de ses trois frères, tantôt, elle se travestit en homme pour devenir Esmat, le guitariste des Fous. La jeune femme est néanmoins confrontée à des situations un peu délicates : Medhat, le fils du propriétaire du casino est tombé amoureux de Madiha tandis que Mona, sa soeur, éprouve une véritable passion pour Esmat…
Mon avis : une comédie « yéyé » avec des jeunes qui dansent sur la plage et une poignée de comiques qui chantent avec entrain. Ironie mise à part, un très bon divertissement. Soad Hosny est irrésistible et les Trois Lumières du Théâtre moins crispantes que de coutume. L’un des rôles principaux est tenu par Amin El Heneidy qui à cette époque fait partie du petit nombre de prétendants à la succession d’Ismaïl Yassin comme roi de la comédie (son concurrent le plus sérieux est Fouad El Mohandes.). Dans ce film on le retrouve fidèle à lui-même, tout en grimaces et vocalises burlesques, mais on sent que le réalisateur a cherché à le tempérer.
A noter que « Jeunesse très Folle » sort en septembre 67, trois mois après la guerre des six jours qui s’est conclue par une lourde défaite de l’Egypte.
Jeudi 7 novembre à 14h
Le Voyage sur la Lune d' Hamada Abdel Wahab (Rehla Ela Al Qamar, 1959)
avec Ismaël Yassin (Ismaïl, le chauffeur du minibus), Rushdy Abaza (l’ingénieur Ahmed Roshdy), Safia Tharwat (Stella), Edmond Tuema (Monsieur Charvin), Ibrahim Younes (Monsieur Cosmo), Soad Tharwat (Tula), Gihan (Dana), Hassan Ismaïl (Farid)
Scénario : Hamada Abdel Wahab
Production : Delta Film Productions (Hamada Abdel Wahab)
Monsieur Charvin a terminé la construction de sa fusée. Tout est prêt pour ce grand voyage vers la Lune dont il rêve depuis si longtemps. Il compte bien être le premier homme à s’y poser et à l’explorer. Apprenant l’imminence du décollage de la fusée, l’ingénieur Ahmed Roshdy se rend au centre spatial de Monsieur Charvin afin de récolter un maximum d’informations sur ce qui s’annonce comme une avancée majeure dans la conquête de l’espace. Il est accompagné de journalistes du quotidien Al Akbar al Youm et de leur chauffeur Ismaïl. Sur la base, ils sont accueillis par Monsieur Charvin lui-même qui ne veut absolument pas qu’on photographie son invention. Seul, Ahmed est autorisé à le suivre et à monter dans la fusée. Mais Ismaïl le chauffeur a réussi à échapper à la surveillance des gardiens et il entre lui aussi dans l’engin. Sa présence est aussitôt repérée. Monsieur Charvin le prenant pour un espion, brandit un revolver et s’apprête à tirer. En voulant lui échapper, Ismaïl actionne par inadvertance des manettes du tableau de bord. Catastrophe ! Il vient d’allumer les moteurs. La fusée décolle. Ses trois passagers perdent connaissance. Quand ils retrouvent leurs esprits, la Terre est déjà loin. La suite de l’histoire aura pour cadre la Lune. Les trois astronautes découvriront que le satellite de la Terre est déjà habité par un certain Monsieur Cosmo qui y séjourne avec ses sept filles, aussi jolies les unes que les autres.
Notre avis : un film qui mériterait de devenir culte. Nous sommes très proche de l’esthétique des nanards d’Ed Wood : des décors en carton-pâte, une fusée et des robots tout droit sortis d’un dessin d’enfant, des effets spéciaux « faits maison ». Bref, de la science-fiction considérée comme un art naïf mais dans son genre, « Le Voyage sur la Lune » constitue une réussite éclatante. Les auteurs se sont visiblement inspirés du film américain « Fusée pour la Lune » (Missile to the Moon) de Richard Cunha sorti l’année précédente. Il n’empêche que la "copie" égyptienne nous semble bien supérieure à son modèle.
Et pour ne rien gâcher, les sept actrices qui incarnent les filles de Monsieur Cosmo sont d’une beauté à couper le souffle. Dans l’une des séquences du film, cinq d’entre elles exécutent une danse incroyable, très loin du style oriental habituel. La jeune femme au corps de déesse qui joue Stella, l’amoureuse de l’ingénieur Ahmed Rushdy, s’appelle Safia Tharwat. Elle fera une carrière d’actrice très brève car elle était avant tout une sportive de premier plan. Elle sera notamment à l’origine du développement en Egypte de la nage synchronisée. Tant pis pour le cinéma...
Mercredi 6 novembre à 18h30
Le Monstre de Salah Abou Seif (El Wahsh, 1954)
avec Anwar Wagdi (l’enquêteur), Samia Gamal (la danseuse), Mahmoud El Meleigy (Abdel Sabour), Abbas Fares (Radwan Pacha), Samiha Ayoub (la femme de l’enquêteur), Mohamed Tawfik (le mari de la danseuse), Omar El Gizawi (le domestique de l’enquêteur), Tousoun Motamad (homme de main du monstre), Ibrahim Moheb (le maire), Ahmed El-Hamaky (Hindawi), Fifi Sayed (la femme d’Hindawi), Ibrahim Hechmat (le chef de la police locale), Soleiman El Gendy (le fils de l’enquêteur)
Scénario : Naguib Mahfouz, Salah Abu Seif, El Sayed Bedeir
D’après l’histoire vraie du tueur en série Mohamed Mansour (1907-1947)
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Ahmed Sedqi, Abdel Halim Nawira, Abdel Fattah Mustafa
Production : Pierre Zerbanelli
Le Monstre faisait partie des films en compétition au Festival de Cannes de 1954 (Président du jury : Jean Cocteau)
Western. Abdel Sabour est à la tête d’un gang qui fait régner la terreur dans un petit village de Haute-Egypte. Il force les paysans à lui vendre leurs terres à vil prix. Si ceux-ci résistent, il fait enlever leurs enfants et réclame une rançon. Abdel Sabour jouit d’une totale impunité car il est protégé par Radwan Pacha à qui il rend de précieux services lors des élections. Les autorités finissent par s’émouvoir d’une telle situation. Un officier de police s’installe avec femme et enfant dans le village. Sa mission : démanteler le gang et rétablir l’ordre…
Notre avis : Un très grand film. L’année précédente, Salah Abou Seif et son scénariste, l’écrivain Naguib Mahfouz, avaient réalisé un thriller sur Raya et Sakina, les célèbres tueuses en série d’Alexandrie. Cette fois-ci, ils s’intéressent à un criminel qui terrorisa paysans et villageois en Haute-Egypte dans les années quarante. Pour ce second opus rural, les références sont clairement du côté du western américain avec cet officier de police qui va devoir affronter pratiquement seul le truand et ses sbires. Le film prend une dimension politique dans sa dénonciation de la complicité qui unit le criminel et le notable, chacun trouvant dans l’autre un allié de poids pour affermir sa puissance et accroître sa fortune. Dans le rôle de l’officier de police, on retrouve Anwar Wagdi dont le choix nous laisse perplexe comme pour le film précèdent. En revanche, Mahmoud El Meleigy et Samia Gamal sont remarquables en amants diaboliques. C’est à propos de ce film que le critique français Georges Sadoul utilise pour la première fois l’expression « thriller social » pour en souligner le réalisme et le caractère quasi documentaire.
Mardi 5 novembre à 16h
La Fin de l’Amour d’Hassan El Seifi (Nihayat Hobb, 1957)
avec Sabah (Sawsan), Chukry Sarhan (Ahmed), Magda (Fatma), Serag Mounir (le père de Sawsan), Ferdoos Mohamed (la mère de Fatma), Adli Kasseb (le juge), Abdel Salam Al Nabulsi (le soupirant de Sawsan), Olwiya Gamil (la mère d’Ahmed), Mahmoud El Meleigy (le père d’Ahmed)
Scénario : Mohamed Othman
D'après "The Place in the Sun", film américain de George Stevens (1951) avec Elizabeth Taylor et Montgomery Clift.
Musique : Atiah Sharara
Production : Les Studios Misr et les Films Hassan El Seifi
Drame sentimental. Fatma est très amoureuse de son voisin Ahmed et elle l’aide financièrement en lui versant une partie de son salaire. Même quand il est condamné à de la prison pour cambriolage, elle continue à l’aimer. Après sa libération, c’est encore grâce à Fatma qu’Ahmed trouve un emploi dans l’usine où elle travaille. Mais le jeune homme fait la connaissance de Sawsan, la fille du patron. Cette dernière n’est pas insensible au charme de ce nouvel employé et elle l’invite à la fête qu’elle donne pour son anniversaire. Lors de cette soirée, Ahmed boit plus que de raison et il rentre chez lui passablement alcoolisé. Dans l’escalier de l’immeuble, il tombe nez à nez sur Fatma qui l’attendait. Il se jette sur elle et la force à avoir un rapport sexuel. Après cette fête d’anniversaire, les relations entre Sawsan et Ahmed sont de plus en plus tendres. Ils passent de longues heures ensemble. Le père de la jeune femme ne voit pas d’un mauvais œil cette idylle naissante…
Notre avis : un remake honorable d'un chef d'oeuvre du cinéma américain même si Sabah n' a évidemment pas le magnétisme d'Elizabeth Taylor. Dans ce film, la chanteuse libanaise capte toute la lumière grâce à son abattage légendaire mais son personnage, très superficiel ne présente pas un grand intérêt. En revanche, celle qui retient l’attention du spectateur c’est l’autre vedette féminine du film, Magda qui par son jeu tout en retenue exprime avec une grande sensibilité les tourments de son personnage. L’une des plus belles scènes de ce drame, c’est assurément celle où Magda et Shukry Sarhan, sensationnel en jeune homme lâche et veule, se retrouvent en pleine nuit dans la cage d’escalier de leur immeuble : quelques paroles chuchotées, quelques gestes esquissés, de longs regards échangés et tout est dit.
Lundi 4 novembre à 18h30
La Boulangère d'Hassan Al Imam (Baiat al khoubiz, 1953)
avec Amina Rizq (Khadija/Halima), Shadia (Nehmat, la fille de Khadija), Magda Al Sabahi (Nelly Abdul Hakim, la fille de Raïs Abdul Hakim), Zaki Rostom (Raïs Abdul Hakim/Gharib Abu Shamah), Omar El Hariri (Sami, le fils de Khadija), Soliman Naguib (Shafiq, le peintre, neveu de l’imam), Chukry Sarhan (l’ingénieur Medhat, le fils du directeur assassiné), Mahmoud Shoukoko (le livreur de pain), Hussein Riad (Massoud, le complice d’Abdul Hakim), Thoraya Helmy (une amie de Nehmat), Ibrahim Hechmat (le directeur de l’usine), Tousoun Motamad (faux témoin)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Al Imam
Musique et chansons : Berlanty, Abdel Halim Hafez, Fathy Qoura, Mahmoud Al Sharif, Hussein GuenidLa Boulangère est l’adaptation du roman de l’écrivain français Xavier de Montépin, La Porteuse de Pain (1884).
Mélodrame. Après la mort de son mari, Khadija reste seule avec son jeune fils. Elle a confié sa fille à un parent. Elle habite un appartement dans l’enceinte de l’usine où travaillait le défunt. Raïs Abdul Hakimn, le contremaître, tourne autour de la jolie veuve mais celle-ci a toujours repoussé ses avances. Désespéré, il lui écrit une lettre dans laquelle il lui redit son amour et lui annonce qu’il provoquera un incendie dans l’enceinte de l’usine et s’emparera d‘une invention qui le rendra immensément riche. Après l’avoir lue, Khadija jette la lettre mais elle ne voit pas que son fils l’a récupérée et qu’il l’a cachée dans son petit cheval de bois. Le contremaître met son plan à exécution : à la nuit tombée, il se rend dans le bureau du directeur de l’usine, vide le coffre-fort et met le feu dans la pièce. En quittant le bureau, il tombe sur le directeur qu’il étrangle. Il se rend ensuite chez Khadija pour la supplier de fuir avec lui. Elle refuse. De dépit, Raïs Abdul Hakim fait croire à tous les ouvriers que c’est la veuve qui a provoqué l’incendie à l’usine. Khadija a trouvé refuge chez l’imam de la mosquée mais elle est arrêtée peu après et comparaît en justice. Le tribunal la condamne aux travaux forcés. Elle perd la raison et elle est internée dans un hôpital psychiatrique. Les années passent, elle recouvre la raison et apprend que l’imam à qui elle avait confié son fils est mort et qu’on n’a plus aucune trace de ses deux enfants. Après l’hôpital, elle retrouve la prison mais elle s’évade. Elle se rend au Caire…
Notre avis : un superbe mélodrame. Hassan Al Imam adorait la littérature française et il goûtait tout particulièrement les romans-feuilletons du XIXe siècle avec leur foisonnement de péripéties dramatiques et de coups de théâtre parfois bien improbables . En 1948, il avait déjà adapté avec succès « les Deux Orphelines » d'Ennery et d’Eugène Cormon. Cette fois-ci, il s’attaque avec le même bonheur à « la Porteuse de Pain ». Hassan Al Imam et son scénariste sont parvenus à conserver de manière très fidèle les multiples fils de l’intrigue du roman français, tout en les transplantant dans l’Egypte de leur époque. Le film dure plus de deux heures mais on ne voit pas le temps passer : chaque séquence comporte son lot de révélations qui tient en haleine le spectateur. L’interprétation est remarquable et Zaki Rostom en criminel hanté par son passé nous offre l’une de ses plus belles prestations.
Dimanche 3 novembre à 15h
Lettre d’Amour d'Henry Barakat (Risalat Gharam, 1954)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Maryam Fakhr Eddine (Elham/Widad), Kamal Al Shennawi (Rafaat), Hussein Riad (Professeur Sami), Abdel Salam El Nabolsi (Dabour), Omar El-Hariri (Samir), Zomoroda (Mimi), Thuraya Fakhry (Anayat Haneim), Abdel Aziz Hamdy (le père d’Ilham), Hind Rostom (Latifa), Aly Abd El Al (oncle de Wahid), Abbas Rahmy (le bijoutier)
Scénario : Youssef Issa et Henry Barakat
D’après un roman de l’écrivain français, Alphonse Karr, Sous les Tilleuls (1832)
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Saleh Gawdat
Production : Films Farid Al Atrache
Wahid, un vieux chanteur couvert de gloire, se souvient de sa jeunesse et de son seul amour : la jeune femme s’appelait Elham et ils étaient follement amoureux l’un de l’autre. Ils s’étaient juré une fidélité éternelle et rêvaient de se marier. Wahid fit sa demande en mariage au père de sa bien aimée mais celui-ci s’opposa catégoriquement à ce projet : Wahid, qui rêvait de faire carrière dans la chanson, était trop pauvre. Il décida alors de se consacrer entièrement à son art pour gagner la gloire et la fortune et ainsi obtenir la main d’Elham. Malheureusement, l’un de ses amis, profitant de son retrait parvint à conquérir la jeune femme et à l’épouser…
Notre avis : on est un peu étonné d’apprendre que ce drame sentimental est inspiré d’une œuvre d’un écrivain français du XIXe siècle complétement oublié aujourd’hui. Alphonse Karr (1808-1890) a écrit u nombre considérable de romans évoquant des histoires d’amour compliquées avec des héros et surtout des héroïnes à la sensibilité exacerbée. Les auteurs de « Lettre d’Amour » ont trouvé dans « Sous les Tilleuls » tous les ingrédients d’un bon mélodrame. Le sentimentalisme du film a certes un peu vieilli mais le personnage du « méchant » incarné par l’impeccable Kamel Al Shennawi retient l’attention du spectateur jusqu’à la fin. Cet « ami » du héros qui détruit tout autour de lui avec un cynisme ahurissant fait partie de la grande famille des « monstres » qu’on adore détester. On peut voir aussi dans l’une des scènes du film, la toute jeune Hind Rostom qui ne parvient pas à troubler le héros malgré sa manière très suggestive d’enfiler ses bas !
Vendredi 1er novembre à 18h30
Monsieur Omar de Niazi Mostafa (Si Omar, 1941)
avec Zouzou Chakib (Lola, la sœur d’Omar), Naguib Al Rihani (Gaber/Omar), Mohamed Kamal El Masry (Gamil Bey, l’oncle d’Omar), Abd El Fatah El Kosary (Abdul Majid Sattour, le complice de Berlanta), Mimi Chakib (Berlanta), Stefan Rosti (l’avocat), Serag Mounir (le cousin d’Omar), Eglal Zaki (la chanteuse), Ali Kamal (l’employé indélicat), Mary Moneib (la tante d’Omar), Victoria Hobeika (la mère d’Omar), Abdel Aziz Khalil (le directeur de la pension), Abdel Aziz El Gahely (le vieux serviteur), Ali Abd El Al (le commerçant), Ahmed Shoukry (l’astrologue indien), Abdel Aziz Al Ahmed (Kawara, le voleur de rue), Eskandar Menassa (le traducteur de l’astrologue)
Scénario : Naguib Al Rihani et de Badie Khairy d’après la pièce du premier Si j’étais beau (1938). Musique : Mohamed Hassan Al Shugai, Riad Al Sonbati, Badyah Sadek, Ibrahim Hussein, Mohamed El-Kahlawy
appréciation : 3/5
Gaber est un modeste employé travaillant dans l’exploitation agricole du très puissant Omar Al Alfy. Un jour il découvre dans les comptes du domaine de nombreuses irrégularités. Il en informe la direction. On le licencie aussitôt. Gaber décide de monter au Caire pour trouver du travail. Dans le train il se retrouve en compagnie d’une jeune femme très séduisante et d’un homme à la mine patibulaire. Ce dernier est un chef de gang du nom d’Abdel Majid Satour. Il est recherché par la police et pour échapper à l’arrestation en gare du Caire, il glisse un collier de très grande valeur dans la poche de Gaber. La jeune femme a surpris la manœuvre du voleur. En descendant du train, Abdel Majid Satour est intercepté par la police. La jeune femme en profite pour entraîner chez elle Gaber afin de récupérer le collier. Elle parvient à faire croire au pauvre employé qu’elle est la propriétaire de ce bijou et qu’elle pourrait très bien le dénoncer pour ce vol. Gaber la supplie de n’en rien faire. Cette femme qui se prénomme Berlanta est à la fois amusée et intriguée par sa « victime ». Elle est amusée par sa naïveté mais aussi intriguée par sa ressemblance frappante avec le milliardaire Omar Al Alfy dont elle prétend être l’épouse mais qui vit depuis plus de vingt en Inde. Elle est bien décidée à exploiter cette similitude. En attendant, Gaber se retrouve à la rue, ne sachant où dormir, et c’est la malchance qui le poursuit impitoyablement : il tombe entre les griffes d’un voleur qui le dépouille de tout ce qu’il possède, puis il se retrouve nez à nez avec Abdel Majid Satour. Ce dernier est très heureux de cette rencontre : il a cherché Gaber dans tous les hôtels de la ville afin de récupérer son collier. Quand Satour comprend que Gaber ne l’a plus, il décide de le séquestrer dans son repaire. Il va même le forcer à devenir un voleur comme lui. Un jour, Gaber voit par la fenêtre Berlanta monter dans une voiture. Avec Satour, il décide de la suivre. C’est ainsi qu’ils se retrouvent devant le palais de la famille d’Omar Al Alfy. Les domestiques qui les reçoivent sont convaincus d’être en présence de leur maître de retour après une si longue absence…
Si Omar est la deuxième collaboration entre Naguib Al Rihani et Niazi Mostafa. La première était Salama fi Khair (Salama va bien, 1937) qui figure dans la liste des cent meilleurs films de l’histoire du cinéma égyptien.
Notre avis : cette comédie se compose de deux parties aux styles très différents. Dans la première heure du film, on assiste à l’arrivée de Gaber au Caire après son renvoi. Il tombe sous la coupe du terrible Abd Al Majid Satour et progressivement devient son complice. Le réalisateur a fait ses études cinématographiques en Allemagne et l’influence de certains cinéastes européens est évidente dans la manière d’évoquer le petit peuple, honnête ou pas, de la capitale égyptienne. Les scènes se déroulant dans le repaire d’Abd Al Majir Satour rappellent aussi bien le réalisme poétique français que l’expressionnisme allemand.
La seconde partie, moins originale que la précédente, se passe dans un lieu unique : Gaber et son mentor s’installent dans l’hôtel particulier de la famille de Si Omar. Nous retrouvons l’atmosphère des comédies conventionnelles se déroulant dans un milieu aisé avec domestiques, jeunes femmes élégantes et messieurs en smoking. Le tout est un peu théâtral mais le talent du grand acteur Naguib Al Rihani nous fait bien vite oublier ce petit défaut.
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