vendredi 4 octobre 2024

Les réalisateurs : Hassan Ramzy (1912-1977)

حسن رمزي

Hassan Ramzy mena en parallèle une carrière de haut fonctionnaire et une carrière dans l'industrie cinématographique. Ce n'est qu'à l'âge de quarante-six ans qu'il décide de se consacrer exclusivement au septième art. Il fut à la fois réalisateur, scénariste, producteur, acteur, et il occupa jusqu'à sa mort le poste de président de la chambre égyptienne de l'industrie cinématographique. Il a réalisé quinze films. 


Cinq films d'Hassan Ramzy ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Maître Boulboul (Almelm boulboul, 1951)
avec Kamal El Shennawy (Wahid), Mahmoud Shoukoko (Donia), Mimi Aziz (Madame Flora, la propriétaire de la pension), Ismail Yassine (Gamil Abou Al Dahab), Hagar Hamdy (la danseuse Soheir/Bulbul), Soad Mekawi (Hahlouba, la sœur de Bulbul), Mohamed Kamel (Othman), Reyad El Kasabgy (Zalat, le propriétaire du café Al Yasmin), Mohamed El Deeb (Medhat, l’amant de Soheir), Lotfi El Hakim (Suleiman Bey, le mari de Soheir), Mohsen Hassanein (Hamido, l’un des hommes de Zalat)
Scénario : Al Sayed Ziada et Hassan Ramzy
Musique et chansons : Fathy Koura, Abdelaziz Mahmoud, Izzat El Gahely, Mohamed El Bakkar, Hassan Abou Zayed
Production : Kamal Al Shennawi


Comédie musicale. Wahid est un jeune réalisateur qui n’a pas un sou. Avec son ami Donia, il se rend chez le riche Gamil Abu Al Dahab qui accepte de financer un film dans lequel jouerait sa maîtresse, la très belle danseuse Soheir. Cette dernière est pour l’instant en tournée en Haute-Egypte mais dès son retour, Wahid pourra commencer le tournage. Hélas, peu après, on apprend que Soheir ne reviendra pas : elle s’est mariée avec un vieil homme très riche et elle a abandonné la danse. On découvrira plus tard qu’elle est la maîtresse du neveu de son mari et qu’elle s’est entendue avec lui pour accaparer la fortune du vieillard. Trahi, Gamil sombre dans le désespoir tandis que Wahid et son ami Donia voient leurs espérances s’envoler. Accablés, les deux amis errent par les rues de la ville quand par le plus grand des hasards, ils font la connaissance d’une jeune femme qui est le sosie de Soheir. Elle a repris avec sa sœur la direction du café de son père et elle se travestit en homme pour se faire respecter des clients et des concurrents…

Notre avis : à la fin des années quarante et au tout début des années cinquante, le cinéma égyptien offrit au public les plus belles comédies musicales de toute son histoire. Ce fut une période faste qui vit les artistes les plus talentueux travailler ensemble pour produire des chefs d’œuvre comme « Afrita Hanem » d’Henry Barakat (1949) ou bien « Soir de Fête » d’Helmy Rafla (1949) ou encore « Le Tigre » d’Hussein Fawzy (1952). « Maître Boulboul » n’a certes pas les qualités de ces productions mais c’est un divertissement de bonne tenue qui vaut essentiellement pour ses chansons le plus souvent burlesques. Les numéros dansés pêchent parfois par une certaine approximation : les danseuses qui accompagnent la vedette n’ont pas toutes la même aisance et quelques-unes semblent bien gauches. La vedette, c’est Hagar Hamdy et c’est la première fois qu’elle obtient le premier rôle féminin dans un film. Elle doit sans doute cet honneur à son mari, Kamal Al Shennawi qui est à la fois le héros et le producteur de « Maître Boulboul ». Le personnage qu’on lui a confié est ingrat : il lui faut jouer une jeune femme qui s’habille et se comporte comme un homme, et pour ce faire elle a tendance à surjouer maladroitement la virilité agressive. De sorte qu’on est soulagé quand enfin elle abandonne galabeya et turban pour nous laisser admirer sa beauté et sa grâce. Le duo que Hagar Hamdy forme alors avec la pétillante Soad Mekawi, la première à la danse, la seconde au chant, constitue l’un des agréments de cette comédie.

Hagar Hamdy et Kamal Al Shennawi ont tourné pour la première fois ensemble en 1947 mais ils ne se sont mariés qu'en 1951, peu avant le tournage de ce "Maïtre Boulboul". On raconte que la danseuse était d’une jalousie féroce et que les disputes étaient nombreuses. Ils se sépareront quelques mois plus tard et ne rejoueront plus jamais ensemble.


Nuits Chaudes (Al-Layaly Al-dafe'a, 1961)
avec Sabah (la chanteuse Layla), Imad Hamdy (Dr Ahmed Badr Eddine), Zahrat Al Oula (Soad, la sœur d’Ahmed), Kamal El Shennawi (Dr Omar), Negma Ibrahim (la mère d’Ahmed), Raga Hussein (Darya, l’amie de Layla), Poussy (Hoda, la fille de Layla), Ali Rushdy (Rafaat), Thuraya Fakhry (la servante)
Musique : Farid Al Atrache (On entend aussi une version instrumentale de la chanson "Histoire d’un Amour" popularisée par Dalida.)
Scénario : Hassan Ramzy, Nairouz Abdel Malak
Production : Gerges Fawzi et Hassan Ramzy


Le Dr Ahmed Badr Eddine est un chirurgien et un professeur d’université, très célèbre pour ses travaux de recherche qui ont permis des avancées majeures en matière médicale. Il vit avec sa mère et sa sœur Soad dans l’immense demeure familiale. Pour ses multiples tâches, il est assisté par le docteur Omar dont le père fut autrefois l’intendant de ses parents. Omar et Soad sont tombés amoureux l’un de l’autre mais ils ont convenu de se marier quand la jeune femme aura terminé ses études. Un événement va bouleverser leur projet : le fils d’un pacha demande Soad en mariage et son frère Ahmed est enchanté de cette proposition. Soad parvient à prévenir Omar : il faut qu’il fasse sa demande au plus vite. Malheureusement l’entretien entre Ahmed et son assistant se passe très mal. Le premier rappelle au second qu’ils n’appartiennent pas à la même classe sociale et qu’il est donc hors de question qu’il épouse sa sœur. Et pour que les choses soient bien claires, il lui interdit désormais de se présenter à son domicile. Soad est atterrée. Puisqu’elle ne peut épouser celui qu’elle aime, elle refuse toute idée de mariage et restera célibataire. Peu après, le docteur Ahmed assiste à un concert organisé par l’université pour récolter des fonds afin d’aider les étudiants les plus pauvres. Pour cette soirée, les organisateurs ont fait appel à la grande chanteuse Layla. Le professeur de médecine tombe immédiatement sous le charme de l’artiste. Mais, à la fin du concert, le rideau est à peine tombé que Layla est terrassé par une douleur insupportable. Ahmed est conduit à son chevet. Il faut immédiatement la transporter à l’hôpital pour qu’il puisse l’opérer. Après l’intervention qui est un succès, Ahmed fera de fréquentes visites à sa patiente et Ils finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. Mais Layla ne tarde pas à comprendre que le médecin fait tout pour que leur liaison reste secrète…

Notre avis : « Nuits Chaudes » (Quel drôle de titre !) est un drame prenant qui dénonce le caractère mortifère des valeurs traditionnelles et la grande hypocrisie de certains de leurs zélateurs. Imad Hamdi a rarement incarné un personnage aussi odieux : un médecin réputé qui sauve des vies mais qui dans la sphère privée se montre inflexible avec tout le monde, n’hésitant pas à détruire le bonheur de sa sœur, de sa femme et de sa fille pour préserver la réputation du nom qu’il porte. Imad Hamdi joue à merveille les différentes facettes de son personnage : le médecin admiré, l’amoureux transi, le despote domestique. Et on observe, médusé, les agissements misérables de ce monstre d’égoïsme, incapable de la moindre empathie envers ses proches. En revanche, le dénouement détonne par son happy end invraisemblable. On a du mal à croire que ce médecin d’une rigidité absolue sur tout ce qui touche la famille devienne brusquement le plus gentil des hommes.
Sabah se révèle excellente dans son rôle d’épouse se pliant tant bien que mal aux exigences de son « mari » jusqu’à ce qu’elle se révolte et affronte son bourreau. Elle chante deux chansons dans ce film : la première qu’elle interprète entourée de danseurs constitue l’une des séquences les plus marquantes de ces « Nuits Chaudes ».


La Reine de la Nuit (Malikat el layl, 1971) 
avec Yehia Chahine (Docteur Mahmoud), Hind Rostom (Karima), Hussein Fahmy (Ahmed), Nagwa Fouad (la danseuse), Abdelalim Khattab (le père d'Ahmed), Madiha Salem (la fille du docteur), Abu Bakr Ezzat (Taher)
Scénario : Mohamed Othman et Hassan Ramzy
Musique : Soleiman Fathallah, Mounir Mourad, Hassan Abou Zayed
Production : Mohamed Al Ashry
appréciation : 3/5


Karima est une chanteuse d’âge mûr qui mène une revue dans un célèbre cabaret. Un jour alors qu’elle est au volant de sa voiture sur une petite route de campagne, un enfant traverse brusquement. Elle ne peut l’éviter, c’est l’accident. Le jeune paysan est projeté au sol et perd connaissance. Dans la voiture qui la suivait, se trouve le docteur Mahmoud. Il s’est arrêté et après avoir constaté que la petite victime est toujours en vie, il la conduit à l’hôpital. Karima et le docteur se retrouvent au commissariat pour faire leur déposition. Celui-ci rassure tout le monde en expliquant que les blessures du jeune garçon sont bénignes et qu’il se rétablira vite.
Après cet épisode qui aurait pu tourner au tragique, la meneuse de revue fait tout pour rencontrer à nouveau le médecin. Elle sait qu'il enseigne à l'université, qu’il est veuf et qu’il a une fille d’une vingtaine d’années. Elle passe le voir à son bureau, elle l’invite dans son cabaret. Dans un premier temps, le docteur Mahmoud reste très distant au grand désappointement de Karima qui n’a pas l’habitude qu’on lui résiste ainsi. Mais progressivement, il se laisse séduire et une grande complicité naît entre eux. Ils finissent par s’avouer leur amour. On parle mariage.
Cette situation n’est pas faite pour plaire à l’entourage des deux amoureux...



La Passion et la Chair (Al Atifa wa al Gasad, 1972)
avec Nagla Fathy (Houda), Mahmoud Yassin (docteur Ahmed), Rushdy Abaza (Zaki), Soheir El Bably (Dwala), Omar Khorsheid (Medhat), Sayed Zayan (le serviteur), Nabila El Sayed (la servante), Ali Ezz Al Din (le père de Houda)
Scénario : Nairouz Abdel Malak et Hassan Ramzy
Musique : Fathy Qoura, Gamal Al Hashemi, Hussein Abu Zeid, Helmy Amin, Omar Khorsheid, Suleiman Fatahallah, Mohamed Zia Eddin
Production : les Films Al Nasr (Hassan Ramzy)
appréciation : 2/5


Houda est la fille unique d’un riche homme d’affaires. Elle passe des vacances à Alexandrie. Un jour alors qu’elle bronze au soleil dans un endroit isolé, elle est agressée par quatre individus. Un jeune homme intervient et met en fuite les voyous. Le sauveur de Houda est un étudiant en médecine, le docteur Ahmed. Ils se revoient et très vite tombent amoureux l’un de l’autre. Mais cette idylle à peine commencée doit être mise entre parenthèses : Ahmed annonce à Houda que pour terminer ses études il doit séjourner un certain temps à Londres. La jeune femme est dévastée. Après le départ d’Ahmed, elle trouve un soutien auprès de Zaki et de Dwala, un couple d’âge mûr qui se trouvait à Alexandrie en même temps qu’elle. Au Caire, Houda reprend sa vie dans le luxueux appartement qu’elle occupe avec son père. Malheureusement, les affaires de celui-ci traversent une crise grave. La santé chancelante du vieil homme n’y résiste pas. Il meurt brutalement. Houda est inconsolable. Elle ne retrouve le sourire que le jour où elle reçoit un télégramme d’Ahmed lui annonçant son retour. A l’heure dite, elle se rend à l’aéroport pour l’accueillir. Hélas, elle apprend que l’avion de celui-ci a explosé en plein vol : aucun survivant. Houda a perdu les deux êtres qui lui étaient les plus chers au monde.



Jamais je ne reviendrai (Abadan Lan A'oud, 1975)
avec Nadia Lutfi, Rushdy Abaza, Imad Hamdi, Safia El Emary, Hala El Shawarby, Salah Nazmi. Hala El Shawarby, Afaf Wagdy
Scénario : Nairouz Abdel Malak, Hassan Ramzy, Ahmed Saleh
Musique : Fathy Qoura, Mounir Mourad, Hassan Abou Zayed, Tarek Sharara
Production : les Films Al Nasr (Hassan Ramzy)
appréciation : 1/5


Le docteur Ahmed vit heureux avec sa femme, Hoda, et son fils, Essam, dans une confortable maison bourgeoise. Alors qu’ils sont en vacances au bord de la mer, le garçon est sauvé de la noyade par Souad, une séduisante jeune femme. Hamed et Hoda la considèrent désormais comme un membre de leur famille et l’invitent régulièrement dans leur demeure. Souad est tombée instantanément amoureuse du docteur. Ce dernier finit lui aussi par succomber aux charmes de la jeune femme. Ils deviennent amants. Quelques mois plus tard, Souad est enceinte. Le docteur n’a plus le choix. Il avoue la vérité à sa femme et lui annonce qu’il souhaite vivre avec sa maîtresse.

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