mercredi 16 octobre 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 31 octobre)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Jeudi 31 octobre à 14h

La Chanson de mon amour d'Ahmed Badrakhan (Lahn Hobbi, 1953)
avec Farid Al Atrache (Ali), Sabah (Banilia, la fille du professeur de musique), Hussein Riad (Ramzy, le vieux professeur de musique), Zouzou Chakib (Aroua, la femme du professeur de musique), Ismail Yassin (Manzoum), Abdel Salam El Nabulsi (le peintre Abou Zayd), Mahmoud El Meleigy (Shawki, le propriétaire du théâtre et l’amant d’Aroua), Zaki Ibrahim (le propriétaire du casino), Abbas Rahmy (l’homme chez qui Ali et Banilia doivent chanter), Layla Al Jazarya (Nora, la danseuse), Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la boutique d’instruments de musique), Liz et Lynn (danseuses)
Scénario : Ahmed Badrakhan
Dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Farid Al Atrache. On peut aussi entendre des extraits de Carmen, l’opéra du compositeur français Georges Bizet.
Production : les films Farid Al Atrache


Ali est un musicien sans le sou. Depuis des mois, il ne parvient plus à payer le loyer de la petite chambre qu’il loue au sous-sol d’une grande maison. Cette demeure appartient à Ramzy, un vieux professeur de musique très malade et à sa femme. Cette dernière ne porte pas Ali dans son cœur et souhaite l’expulser au plus vite. De son côté, le jeune musicien craint par-dessus tout de devoir quitter son logement : il s’entend très bien avec le professeur de musique et il est amoureux de sa fille, Banilia. Mais la mère de famille qui par ailleurs entretient une relation adultère avec un directeur de théâtre ne lui manifestera aucune indulgence. Alors qu’Ali passe la soirée à l’extérieur, sa chambre est louée à un peintre et quand il regagne son logis, passablement éméché, il tombe nez à nez avec le nouveau locataire. Le ton monte très vite mais les deux artistes finissent par s’entendre et conviennent de se partager la chambre. Peu après, Banalia, qui à l’occasion chante dans des fêtes privées, invite Ali à se joindre à elle pour animer une réception chez un particulier. Malheureusement, Ali a « emprunté » un smoking qui ne lui va pas du tout et dès qu’il apparaît, tous les invités s’esclaffent tandis que les musiciens de l’orchestre expriment leur indignation. Le propriétaire des lieux le chasse aussitôt…

Notre avis : pour cette comédie musicale, Ahmed Badrakhan reprend des thèmes qu’il a déjà exploités dans des productions antérieures. On pense surtout à ‘Victoire de la Jeunesse » qui date de 1941 : même histoire du chanteur pauvre et inconnu qui finit par connaître la gloire, même évocation pittoresque de la bohème et de la solidarité entre artistes sans le sou, même conclusion : représentation triomphale de l’opérette écrite et interprétée par le héros. Rien de bien original donc même si la dernière partie nous offre une adaptation bien savoureuse de "Cendrillon". Les auteurs ont voulu mêler le drame et la comédie mais dans le dénouement, cela les conduit à certaines maladresses : pour laisser la voie libre au happy end obligé, ils se débarrassent de manière un peu expéditive des deux méchants, la mère de l’héroïne et son amant. Et puis comme nous sommes dans les dernières minutes du film, il faut aller vite (le dénouement express, une spécialité du cinéma égyptien !) : quand la fille assiste à la défenestration de sa mère, elle a à peine le temps de verser quelques larmes que son père intervient aussitôt pour déclarer que c’est la vengeance du ciel et qu’elle doit oublier le passé pour se tourner vers l’avenir. Dernière image : convaincue par l’argumentation paternelle, l’héroïne sèche illico ses larmes dans les bras de son amoureux. On a connu oraison funèbre plus miséricordieuse !


Mercredi 30 octobre à 14h

Le bien aimé inconnu d’Hassan El Seifi (El habib El-Majhoul, 1955)
avec Layla Mourad (Layla), Olwya Gamil (la mère de Layla), Hussein Sedky (le docteur Hussein Yousri), Kamal El Shennawi (Wahid), Mokhtar Othman (le grand-père de Wahid), Serag Mounir (le docteur Mounir), Ragaa Youssef (la danseuse Ragaa), Abdel Salam El Nabolsi (Mehran), Lebleba (la petite sœur de Layla), Thuraya Fakhry (la grand-mère de Wahid), Thuraya Salem (une danseuse), Rashwan Mustafa (le chirurgien), Abdel Ghani El Nagdi (le portier)
Scénario : Abdoul Rahman Al Sharif
Musique : Fathy Qoura, Mamoun Al Shinawi, Riad El Sonbati, Kamal Al Tawil, Mounir Mourad


Drame sentimental. Le docteur Hussein et Wahid son cousin cardiologue se retrouvent dans l’ascenseur avec une inconnue. Celle-ci s’évanouit subitement. Les deux hommes la transportent aussitôt dans le cabinet du docteur Hussein. La jeune femme qui s’appelle Layla reprend conscience. C’était un simple malaise sans gravité. Les deux cousins peuvent alors se rendre dans le cabaret où ils projetaient de passer la soirée. C’est dans cet établissement que danse Ragaa, la jeune artiste dont Wahid est follement amoureux. Quelque temps après, Layla est à nouveau victime d’un malaise. Sa mère fait venir le docteur Hussein qui prescrit une série d’examens. Les résultats sont sans appel : la jeune femme est gravement malade du cœur et ses jours sont en danger. Le docteur Hussein a décidé de tout faire afin de sauver cette patiente pour qui il éprouve des sentiments de plus en plus tendres…

Le dernier film de Layla Mourad. Après cet échec commercial, elle décide de mettre un terme à sa carrière. Elle a trente-sept ans.

Notre avis : ce dernier film de Layla Mourad n’est pas le meilleur qu’elle ait tourné. Celle qui fut l’une des plus grandes stars de l’écran apparaît dans ce film la silhouette épaissie et le cheveu court. Elle a trente-six ans mais elle en paraît dix de plus. Pour ne rien arranger, elle joue une femme souffrant d’une grave maladie cardiaque si bien que dans de nombreuses scènes, on la retrouve au lit indolente, entourée de médecins et de ses proches. L’idylle de son personnage avec le cardiologue qui le soigne n’a rien pour séduire le public : le médecin est incarné par Hussein Sedky qui lui aussi avec sa morphologie massive et son immuable apathie semble beaucoup plus vieux qu’il ne l’est en réalité. Leur relation ne s’autorise aucun « écart » passionnel et s’en tient à une politesse et une correction qui finissent par lasser. Heureusement, il y a l’autre couple du film formé par Kamal El Shennawi et l’incandescente Ragaa Youssef. La fougue du premier et la sensualité de la seconde donnent des couleurs à ce drame trop souvent anémié. Tout compte fait, Anwar Wagdi et Layla Mourad n’auront pas survécu à leur séparation. Un an après leur divorce, l’un meurt et l’autre abandonne définitivement sa carrière artistique.


Mardi 29 octobre à 16h

Al Batiniyah d’Houssam Al Din Mustafa (1980)
avec Nadia El Gendy (Warda), Farid Shawki (Al Akkaad), Mahmoud Yassine (Borai, le bras droit d’Al Akkaad), Farouk El Feshawi (Fathy, le fils d’Al Akkaad), Ahmed Zaki (Sefrot, le policier infiltré), Amr Sahem (le fils de Fathy et de Warda), Abd-El Hamid Al-Monir (Madbouli), Imad Hamdi (le roi de la drogue), Salwa Mahmoud (la femme de Borai), Medhat Ghaly (l’officier de police)
D’après un roman d’Ismail Waly El Din
Scénario : Mostafa Moharam et Sherif Al Menbawi
Musique : Gamal Salamah et Nagib Al Selhdar


Warda est propriétaire d’un café dans le quartier Al Batiniyah, haut lieu du trafic de drogue. Elle entretient une relation amoureuse avec Fathy et elle est enceinte. Malheureusement le père du jeune homme, Al Akkaad, est l’un des trafiquants les plus puissants du quartier et il ne veut pas de Warda comme belle-fille. Fathy doit se soumettre à la volonté paternelle. Alors qu’il épouse la fille d’un autre grand seigneur du marché de la drogue, Warda donne naissance à leur enfant. Le bébé est aussitôt kidnappé par le gang d’Al Akkaad. Ce dernier fera croire à la jeune mère qu’il est mort. En réalité, il l’a confié à l’un de ses hommes pour qu’il soit élevé par la femme de celui-ci…

Notre avis : un thriller qui connut un succès considérable lors de sa sortie et qui fit de son actrice principale une star. Nadia El Gendy incarne une femme forte qui joue à jeu égal avec les hommes. On notera la similitude avec les personnages joués par Taheya Carioca dans les années cinquante (« La Matrone » d’Hassan Reda). Au risque d’indigner les admirateurs de Nadia El Gendy, nous estimons que celle-ci n’a pas le talent de son aînée et que son jeu manque souvent de nuance. Cela dit, ce premier film conquit le public, ce qui incita l’actrice et le réalisateur à exploiter à plusieurs reprises la même recette. En 2009, « Al Batiniyah » devient une série réalisée par Mohamed Al Naqli, au grand mécontentement de Nadia El Gendy. Le rôle de Warda est repris par la sulfureuse Ghada Abdel Razek.


Lundi 28 octobre à 18h30

La Fille du Music-hall de Mahmoud Zulficar (Fatat El Esste'rad, 1969)
avec Soad Hosny (Fayza), Hassan Youssef (Ahmed Alawi), Fifi Youssef (la mère d’Ahmed), Adel Imam (Fahmy, l’assistant d’Ahmed), Farouk Falawkas (le serviteur d’Ahmed), El Sayed Radi (le metteur en scene), Aleya Abdel Moneim (la mère de Fayza), Hamed Morsi (le professeur de chant), Abdel Moneim Madbouly (lui-même), Atef Makram (le frère de Fayza)
Scénario : Mohamed Abou Youssef
Adaptation du Milliardaire de George Cukor (1960)
Musique : Mounir Mourad
Production : Abbas Helmy


Comédie musicale Ahmed Alawi a hérité de la fortune de son père et il mène une existence oisive et insouciante. Un jour il apprend dans un magazine qu’une compagnie de danse prépare un spectacle dans lequel on tournera en dérision sa vanité et son arrogance. Ahmed décide aussitôt de se rendre au théâtre qui héberge la troupe pour protester. Il tombe en pleine séance de travail : c’est Fayza, la vedette du spectacle qui répète l’un de ses numéros avec ses danseurs. Le riche héritier est subjugué par la beauté de la jeune artiste. Pour la séduire, il va cacher sa véritable identité…

Notre avis : tenter de faire un remake ou même une adaptation du « Milliardaire » est forcément une opération à haut risque. N’est pas Marilyn Monroe ou Yves Montand qui veut. Contre toute attente, cette « Fille du Music-Hall » n’est pas indigne de son célébrissime modèle et c’est essentiellement grâce au talent et au charme de Soad Hosny. Précisons tout de même que sa prestation n’atteint pas le niveau de celle qu’elle donnera en 1972 dans la comédie musicale « Méfie-toi de Zouzou. ». Cela dit, le point faible de ce film reste Hassan Youssef : difficile de faire plus inexpressif dans le jeu.


Dimanche 27 octobre à 14h

Un Cœur d’Or de Mohamed Karim (Qalb Men Dahab, 1959)
avec Mariam Fakhr Eddine (Nadia Sadiq), Imad Hamdi (Dr. Adel Abdel Razek), Abdel Wareth Asar (Abdel Karim, le grand-père de Nadia), Ferdoos Mohamed ( la grand-mère de Nadia), Aziza Helmy (Bahija, la sœur du Dr Adel), Sabry Abdel Aziz (Zaki, l'ami d'Adel), Sanaa Jamil (Awsaf, l'amie de Nadia), Salah Al-Masry (le directeur de la société de transport), Badr Nofal (employé de la société de transport), Nazim Shaarawy (un enquêteur)
Scénario : Mohamed Karim et Abdel Wareth Asar
Production : Hassan Ramzy


Nadia est une jeune fille active qui vit avec ses grands-parents. Elle est secrétaire de direction dans une société de transport. Un soir, elle rentre chez elle avec sa petite voiture alors que la pluie est de plus en plus intense. La visibilité est nulle et Nadia poursuit sa route avec de grandes difficultés. Soudain, elle a l’impression d’entrer en collision avec quelque chose. Elle sort de son véhicule pour savoir ce qu’elle a heurté. Elle ne voit rien er reprend le volant, rassurée. Ce n’est que le lendemain matin, une fois à son bureau qu’elle apprend par le journal la vérité : elle a écrasé l’épouse d’un médecin qui est morte sur le coup. Cette femme laisse derrière elle deux jeunes enfants. Nadia est effondrée. Elle décide de cacher sa responsabilité dans l’accident mais entreprend de venir en aide au veuf et aux deux orphelins…

Notre avis : c’est le dernier film que réalise Mohamed Karim, ce pionnier du septième art égyptien à qui l’on doit de grands classiques. En 1959, il abandonne la réalisation pour devenir le premier directeur de l'Institut supérieur du cinéma de Gizeh. « Un Cœur d’Or » est un drame un peu étrange, à la fois conventionnel et singulier. L’intérêt majeur du film repose sur le personnage de Nadia magnifiquement interprété par Mariam Fakhr Eddine qui n’a jamais été aussi belle. On suit avec une certaine fascination le cheminement chaotique de cette jeune femme naguère heureuse qui bascule brusquement dans la tragédie. En concevant ce projet un peu fou de remplacer auprès des siens la femme dont elle a provoqué la mort, Nadia devient une usurpatrice dont le spectateur attend fébrilement la chute inévitable.


Samedi 26 octobre à 14h

La Danseuse et le Politicien de Samir Seif (Al-raqissa wa-l-siyasi, 1990)
avec Nabila Ebeid (Sonia Salim), Salah Kabil (Khaled Madkour), Mustafa Metwali (le chef de cabinet de Khaled Madkour devenu ministre), Farouk Falawkas (Shafiq Tarar, l’homme d’affaires de Sonia), Roshdy El Mahdy (Abdel Barr, haut-fonctionnaire), Mustafa Hashish, le policier), Mohamed El Tagy (le journaliste), Mustafa Hachem (l’avocat), Ezzat Al Mashad (le responsable du parti)
Scénario : Wahid Hamid
Adapté d’un roman d'Ihsan Abdul Quddus
Musique : Mohamed Sultan, Farouk Salamah, Khaled El Amir
Production : Screen 2000
appréciation : 2/5


Sonia Salim est une célèbre danseuse. Un jour elle voit à la télévision un ministre qui lui rappelle une ancienne relation. En effet c’est Abdel Hamid Rafat qu’elle a connu il y a une dizaine d’années. Il était venu la voir dans le cabaret où elle travaillait. Il lui avait demandé de danser pour un homme politique important lors d’une soirée privée. Elle serait très bien payée. Elle avait accepté. Après sa prestation, il l’avait raccompagnée à son domicile et ils avaient passé la nuit ensemble. Elle ne reçut jamais la somme promise et puis elle avait fini par oublier totalement cet amant d’un soir. Le revoir soudain à la télévision dans les habits de ministre l’a totalement bouleversée. Sonia veut reprendre contact avec lui. Grâce à son assistant, elle obtient ses coordonnées. Abdel accepte un rendez-vous. Ils couchent à nouveau ensemble. Mais Abdel comprend que cette liaison peut lui porter préjudice. Les élections approchent et un scandale aurait de fâcheuses conséquences pour lui et son parti. Il décide de rompre définitivement. Il donne des consignes très strictes à son équipe pour que tous les appels de Sonia soient impitoyablement rejetés.

Notre avis : « la Danseuse et le Politicien » se présente comme un film engagé plein de bonnes intentions : on suit le combat d’une femme courageuse qui ose s’en prendre à un ministre pour réaliser un projet cher à son cœur, la construction d’un orphelinat.
Le film dénonce les préjugés qui ont toujours cours à l’encontre des danseuses ravalées au rang de prostituées. Les hommes de pouvoir les emploient volontiers pour agrémenter une manifestation officielle tout en leur vouant un mépris absolu.
On peut saluer la performance de Nabila Ebeid, qui à quarante-cinq ans passés, exécute plusieurs danses et joue dans des scènes d’amour assez osées. Elle qui fut l’une des actrices les plus populaires du cinéma égyptien tient à dire à son public qu’elle est toujours à la hauteur de sa réputation et qu’on aurait tort de la considérer comme une has been. Soit.
Mais ce qui nous gêne le plus dans ce film, c’est son caractère hypocrite car au final, les auteurs partagent les préjugés qu’ils prétendent dénoncer : la danse reste un art immoral, et pour se racheter, Sonia emploie toute sa fortune mal acquise pour le bonheur des enfants abandonnés. La morale est claire : le salut passe forcément par l’abandon du métier de danseuse.


Vendredi 25 octobre à 18h

Rien à faire, c’est ainsi d’Omar Abdel Aziz (Tgebha keda Tgelha Keda Heya Keda, 1983)
avec Madiha Kamel (Souad), Samir Ghanem (Hassan), Farouk El Feshawi (Ezzat), Layla Olwi (Magda), Ibrahim Saafan (Amin Effendi), Waheid Seif (Hamdy), El-Montaser Bellah (Moselhi), Soheir Zaky (danseuse), Soheir Salem (Nabila), Mahmoud Al Zohairy (le directeur), Hussein Al Sharif (l’officier de police), Shokry Mansour (le père de Magda), Samia Mohsen (la mère de Magda)
Scénario : Ahmed Abdel Wahab
Musique : Fouad El Zahry (qui est crédité pour la bande originale et non pour la musique accompagnant les danses. La contribution de Fouad El Zahry est donc très modeste car le film comporte assez peu de scènes avec musique. De plus, parmi celles-ci, la plus longue est une course poursuite chorégraphiée et comme accompagnement musical, on s’est contenté de reprendre la bande originale de West Side Story !)


Hassan et Ezzat travaillent dans la même société et partagent le même appartement. Hassan avoue à son compagnon qu’il est amoureux de Soad, la secrétaire de leur directeur. Sa timidité l’empêche de se déclarer et il demande à Ezzat de parler à la jeune femme en son nom. Ezzat est très embarrassé car lui aussi est amoureux de Soad mais il finit tout de même par accepter de se faire le porte-parole de son ami. Lors de leur conversation, la secrétaire lui explique qu’elle n’est pas amoureuse d’Hassan car elle aime un autre homme. Et Ezzat comprend que cet homme, c’est lui-même…

Notre avis : une contribution exemplaire à l’enlaidissement progressif (et irrémédiable ?) du cinéma égyptien tel qu’on peut l’observer à partir de la fin des années soixante-dix. Ce film est à lui tout seul une anthologie du n’importe quoi et du n’importe comment. Il semble avoir été tourné dans une grande improvisation et pour chaque scène, les acteurs sont placés dans des lieux dont le choix n’a pas dû exiger beaucoup d’efforts aux « repéreurs » . Le plus souvent, pour masquer la misère, on filme en plans américains ou en plans rapprochés si bien que le spectateur n’aperçoit derrière les acteurs qu’un bout de mur lépreux ou une moitié de fenêtre aux volets clos. Deux scènes en extérieur mériteraient de recevoir le prix du décor le plus laid et le plus déprimant de la décennie : celle de la bagarre sur la plage et celle de la course poursuite « dansée » (on aimerait connaître le nom du chorégraphe pour le féliciter) dans un jardin public. Le scénario ? On raconte qu’il n’a fallu qu’une nuit à l’équipe pour en échafauder les grandes lignes. On s’en doutait.


Jeudi 24 octobre à 16h

Une demi-heure de mariage de Fateen Abdel Wahab (Noss Saha Jawaz, 1969)
avec Rushdy Abaza (Docteur Hosny), Shadia (L'infirmière Fatima), Adel Imam (Sameh),Magda El-Khatib (Daliah), Hassan Mostafa (Saïd), Samir Sabri (Hamdi),Youssef Shabaan (dans son propre rôle), Nagla Fathy (dans son propre rôle), Abdel-Moneim Ibrahim (dans son propre rôle), Nahied Yousri (une patiente du docteur Hosny), Magie (l'amie italienne), Aleya Abdel Moneim (la soeur de Fatima)
Scénario et dialogues : Ahmed Ragab
adaptation d'une pièce de théâtre française, Fleur de Cactus, écrite par Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy
L’adaptation américaine de la pièce réalisée par Gene Sacks sort aussi sur les écrans en 1969.
Musique : Fouad El Zahry
Appréciation : 3/5


Comédie. Le docteur Hosni est un dentiste célèbre pour sa vie amoureuse très agitée. Pour échapper au mariage, il prétend à toutes ses conquêtes qu’il est déjà marié et qu’il a des enfants. Fatma, son assistante, gère toutes ses affaires, aussi bien professionnelles que privées. Elle est secrètement amoureuse de son patron et les nombreuses aventures de celui-ci l’exaspèrent.
Un soir qu’il doit sortir avec Dalhia, sa maîtresse du moment, il reçoit à son cabinet la visite d’une amie italienne. Il décommande aussitôt son précédent engagement afin de passer la nuit avec elle. Pour faire avaler la pilule à Dalhia, il joint à son mot d’excuse, un gigantesque bouquet de fleurs. La jeune femme n’est pas dupe et ce désistement de dernière minute la rend folle de désespoir. Elle tente de se suicider par le gaz. Heureusement, elle est sauvée in extremis par un jeune voisin qui travaille comme doublure dans le cinéma. Le lendemain, le docteur Hosni à qui Dalhia avait envoyé un télégramme pour le prévenir de son geste fait irruption chez elle. Il tente de la réconforter et lui propose le mariage. Elle refuse puisqu’il est déjà marié. Hosni prétend alors qu’ils sont en instance de divorce car sa femme est amoureuse de son cousin. Pour avoir la certitude qu’il dit vrai, Dalhia veut rencontrer son épouse. Le docteur Hosni a une idée lumineuse : il demande à Fatma son assistante de se faire passer pour sa future ex-femme…

Notre avis :une comédie légère et pétillante signée Fateen Abdel Wahab, le réalisateur attitré d’Ismaïl Yassin dans les années cinquante. Pour ce film, il a invité un grand nombre de vedettes de l’époque. Ce casting prestigieux est au service d’un produit conçu selon les standards du cinéma commercial des années soixante. Fateen Abdel Wahab est un cinéaste de grand talent et il en fait la démonstration dans cette comédie : un rythme trépidant, des situations rocambolesques et des personnages qui allient fantaisie et glamour. A maintes reprises, on pense au Billy Wilder de « La Garçonnière » ou de « Embrasse-moi, Idiot ». Peut-être pourrait-on trouver à certains gags, à certaines répliques ou au jeu de certains acteurs un caractère « too much » mais l’énergie qui se dégage de l’ensemble emporte tout.
Il y a quelques années nous avions posté sur ce blog une critique d’ « Une demi-heure de mariage » dans laquelle nous jugions sévèrement la prestation de Shadia. En revoyant le film, nous trouvons notre appréciation d’alors d’une grande injustice. Shadia fut une très grande actrice dans le drame comme dans la comédie et dans ce film, elle est tout aussi convaincante que ses partenaires de jeu, Rushdy Abaza et Magda El-Khatib.


Mercredi 23 octobre à 20h30

Les Trois Démons d’Houssam Al Din Mostafa (El Shayateen El Talata, 1964)
avec Rushdy Abaza (Saadawi), Ahmed Ramzy (Ezab), Hassan Youssef (Fatouh), Nasr Seif (Samiha), Samy Tamoum (l’officier de police), Nawal Abou El Fotouh (Zeinab), Berlanti Abdel Hamid (Hamia), Mohamed Sobeih (Madlouly), Hussein Ismaïl (Monsieur Wahdan), Saleh Al Eskandarani (Hanafi Al Sayad), Abdel Alim Khattab (Monsieur Abdel Razaq), Abdel Hamid Nasr (le père de Zeinab)
Scénario : Bahgat Amar, Mohamed Kamel Abdel Salam, Lucien Lambert
Production : Abbas Helmy


Saadawi, Ezab et Samiha sont trois amis qui ont été ensemble détenus pendant plusieurs années dans le centre pénitentiaire d’Abou Zaabal. Leurs conditions de détention étaient éprouvantes : ils passaient toutes leurs journées dans des carrières à casser des pierres sous un soleil accablant. Puis, un jour, ils apprennent qu’ils font l’objet d’une grâce exceptionnelle. En sortant de prison, ils sont bien décidés à reprendre une existence honnête. Ezab retourne à Suez où l’attend Zeinab, sa fiancée. Le père de celle-ci l’accueille comme un fils et l’installe dans un petit appartement sur le toit de leur immeuble. Ezab veut récupérer le camion qu’il a acheté à Monsieur Abdel Razaq, un puissant marchand de poissons de la ville. Durant sa détention, il lui a laissé le véhicule mais maintenant il veut récupérer ce qui lui appartient. Le marchand de poissons ne l’entend pas de cette oreille et refuse de restituer le camion. Pour intimider l’ancien prisonnier, il lui envoie ses hommes de main qui le passent à tabac. Ezab décide d’appeler à son aide ses deux anciens camarades qui se rendent aussitôt à Suez. Le trio réuni est prêt à affronter Abdel Razaq. Dans leur lutte, ils vont trouver un partenaire inattendue : Hamdia, une jeune femme qui possède un bateau de pêche et qui s’est toujours opposée aux méthodes du marchand…

Notre avis : un petit film d’action très sympathique qui exalte le mythe de la camaraderie virile entre hommes soudés par des épreuves communes. L’atmosphère rappelle parfois celle de certains films français de la même époque avec Lino Ventura ou Jean-Paul Belmondo. Comme il se doit, la réalisation est nerveuse, sans fioriture. Toutes les scènes d’affrontement sur le port, au milieu des bateaux et des marins, constituent les moments forts de ces « Trois Démons ». Bref, c’est du Houssam Al Din Mostafa à son meilleur. Dans ce film, les femmes ne brillent guère par leur présence. Il y a tout de même Berlanti Abdel Hamid mais avec un personnage de femme d’action à l‘opposé des séductrices qu’elle a incarné jusqu’alors. On est même étonné de la voir arborer des toilettes si sévères et surtout de la voir adopter une attitude si distante avec son « amoureux » Roshdy Abaza. Cette réserve inattendue sera mieux comprise si on précise que cette même année 1964, Berlanti Abdel Hamid épouse le maréchal Abdel Hakim Amer, vice-président de la République arabe d’Egypte ! (Une idylle qui se terminera tragiquement trois ans plus tard.)


Mardi 22 octobre à 14h

Les Lunettes Noires de Houssam Al Din Mustafa (Al-Nazzara Sawdaa, 1963)
avec Nadia Lutfi (Madi), Ahmad Mazhar (Omar), Ahmad Ramzy (Aziz), Sanaa Mazhar (Mervat, la fille du patron), Abdel Khalek Saleh (le directeur de l’usine), Abu Bakr Ezzat (l’un des flirts de Madi), Karima El Sherif, Khalil Badr Eddin (Wali), Enayat Youssef, Fayek Bahgat (Mustafa, un ouvrier), Sayed Abdallah (un collègue d’Omar), Souad Abdullah
Scénario et dialogues : Lucien Lambert et Mohamed Kamel Abdel Salam
D’après une histoire d’Ihsan Abdel Quddus
Musique : parmi de nombreux emprunts, on trouve un extrait des « Spirituals for Orchestra IV » de Morton Gould (générique de l’émission de la télévision française « Les Dossiers de l’Ecran »
Production : Abbas Helmy


Madi est une jeune aristocrate très fortunée qui mène une vie oisive. Elle porte en permanence des lunettes noires et parmi ses amis, elle jouit d’une grande popularité. Dans l’existence, elle n’a qu’un seul but : s’amuser. L’après-midi, elle retrouve toute sa bande autour de la piscine et le soir, on danse et on boit jusqu’au milieu de la nuit. La plupart du temps, elle rentre chez elle ivre morte. Madi a un petit ami attitré, Aziz mais celui-ci s’est lassé d’elle et a commencé à courtiser d’autres filles. Pour oublier sa peine, elle s’est mise à boire davantage et à flirter avec des garçons qu’elle connaît à peine. Un soir, elle rencontre un jeune homme différent de ceux qu’elle fréquente d’ordinaire. Il s’appelle Omar et il occupe un poste d’ingénieur dans une usine de textile. Ils vont sympathiser et Omar va tenter de faire partager à Madi sa conception de l’existence ainsi que son amour de la littérature et des arts. Pour la jeune aristocrate, c’est une révolution…

Notre avis : un film un peu démonstratif même si le scénario évite habilement l’écueil du manichéisme (les deux personnages principaux occupent des positions qui s’inversent dans la dernière partie du film et cette inversion constitue l’un des intérêts majeurs de cette histoire.). Sur le plan artistique, on sent que le cinéaste a voulu se conformer aux standards du cinéma international : les personnages évoluent dans un univers très « Dolce Vita », la musique est exclusivement américaine et Nadia Lotfi pour son rôle s’est manifestement inspirée de Monica Vitti. Cela dit, Les Lunettes Noires reste l’un des meilleurs films d’ Houssam Al Din Mustafa.


Lundi 21 octobre à 16h

Ali Baba et les quarante voleurs de Togo Mizrahi (Ali Baba wel Arba'in Haramy, 1942)
avec Ali Al Kassar (Ali Baba), Layla Fawzi (Princesse Morgana), Mohamed Abdel Moteleb (Hassan, le fils d’Ali Baba), Ismael Yassin (Belout), Abdel Meguid Choukry (Barakat), Zakeya Ibrahim (femme d’Ali Baba), Reyad El Kasabgy (Hafez Shaalan, le chef du gang), Zaki Ibrahim (Prince Nasser), Abdel Halim Khattab (Prince Nazir), Hassan Baroudi (le frère d’Ali Baba), Rafia Al Shaal (la belle-sœur d’Ali Baba)
Scénario : Togo Mizrahi
Musique : Izzat El Gahely et Riad El Sonbati
Production : Bahna Films


L'adaptation cinématographique du célèbre conte tiré des Mille et Une Nuits

A l’origine, Ali Baba et les quarante voleurs n’appartient pas au corpus des contes des Mille et une Nuits mais il y a été incorporé par Antoine Galland dans sa traduction française.

Togo Mizrahi prend beaucoup de liberté avec le conte original. Il a inventé la rivalité entre les princes Nasser et Nazir, il a transformé le personnage de Morgiane, une esclave au service du frère d’Ali Baba en une princesse enlevée par les quarante voleurs.

La capitale du royaume du prince Nasser est mise à sac par des bandits qui tuent, pillent, détruisent tout ce qui se trouve sur leur passage. Le prince Nasser connaît bien cette fameuse bande des quarante voleurs : quinze ans auparavant, ils s’étaient emparés de sa fille, la Princesse Morgana et on ne l’avait jamais revue. Cette fois-ci, le monarque est bien décidé à mettre hors d’état de nuire ces brigands et il promet une forte récompense à quiconque sera en mesure de donner des informations sur eux. Ce qu’il ne sait pas , c’est que celui qui a commandité l’enlèvement de sa fille, c’est son propre cousin, le prince Nazir qui rêve de lui ravir le trône. En faisant disparaître la princesse, il devient le seul héritier de la couronne. Morgana a été élevée par un membre du gang et sa femme, deux braves gens qu’elle a toujours considérée comme ses parents.
Parmi les sujets du Prince Nasser, il y a Ali Baba, un pauvre bûcheron qui mène une existence misérable avec sa femme, son fils Hassan et son fidèle employé Belout. Ce jour-là, le bûcheron et son commis sont revenus du marché sans un sou : ils se sont fait escroquer par un filou qui leur a pris des bûches sans rien payer. Pour aider son père, Hassan se rend seul dans la forêt afin d’y couper du bois. C’est là qu’il rencontre Morgana. Le coup de foudre est immédiat mais la jeune femme disparaît aussi vite qu’elle était apparue. Pendant ce temps-là, la femme d’Ali baba a demandé à son mari de se rendre chez son frère, le richissime Qassim pour obtenir quelques sous. Le vieux grigous est intraitable : il ne donnera rien. Mais le soir même, sa belle maison est incendiée par les quarante voleurs. Qassim et sa femme sont contraints de demander secours auprès d’Ali Baba qui les accueille chaleureusement dans sa pauvre mansarde…

Notre avis : cette adaptation du conte d’ « Ali Baba et les Quarante Voleurs » est la première réalisée en langue arabe. Elle séduit le spectateur par sa fraîcheur et une certaine forme de naïveté. Mizrahi a mis l’accent sur l’aspect farcesque du récit, il nous restitue ainsi tout l’univers des contes et fabliaux de la littérature populaire du temps des Abbassides. Mais la poésie est aussi présente, notamment lorsque le fils d’Ali Baba et la princesse Morgana se retrouvent la nuit dans la forêt : instants magiques magnifiés par le chant de Mohamed Abdel Moteleb.


Dimanche 20 octobre à 20h30

La Pension des Surprises d’Issa Karama (Luakanidat almufajat, 1959)
avec Ismaël Yassin (Katakawa), Hind Rostom (Nabila), Abdel Moneim Ibrahim (Zaghloul), Soheir El Bably (Fella, la fille de Qandil), Mohamed Tawfiq (Mishmish), Reyad El Kasabgy (Zarif), Fahmy Aman (Qandil, l’amant de Nabila), Layla Hamdy (Rafia Hanem, la femme de Qandil), Abdel Ghani El Nagdi (un villageois), Hassan Atla (Hassan), Salha Kasin (la vieille femme), Mohsen Hassanein (Mohsen), Ibrahim Hechmat (le directeur de la pension), Ezz Eddin Islam (l’avocat Ahmed Rashad), Tousoun Motamad (un complice de Zarif, Hassan et Mohsen)
Scénario : Issa Karama
Dialogues : Abdel Fattah El Sayed
Musique : Hussein Guenid, Tita Saleh
Production : Mostafa Hassan


Katakawa et Zaghloul ont ouvert une agence de détectives privés. La danseuse Nabila accompagnée de l’un de ses soupirants se présente dans leurs bureaux. Elle a perdu son chien Kiki et souhaite que les deux amis se chargent de retrouver sa trace. Afin de les aider dans leur enquête, la danseuse leur remet une photo de l’animal. Pour s’éviter des efforts inutiles, Zaghloul et Katakawa décident de se procurer un chien de même race et de lui ajouter avec de la peinture des taches afin qu’il ressemble exactement au Kiki perdu. Ensuite, Katakawa se rend avec le chien dans l’hôtel où travaille Nabila. Cette dernière est en grande conversation avec son patron. Quand elle voit arriver le détective avec son Kiki, elle explose de joie. Katakawa s’apprête à repartir avec son argent quand le directeur de l’établissement le retient pour lui proposer une mission : démasquer les malfaiteurs qui régulièrement dépouillent ses clients. Un peu plus tard, Katakawa se présente à la réception de l’hôtel avec Zaghoul. Il est déguisé en hindou, et son camarade en femme indienne. Ainsi accoutrés, ils commencent leur nouvelle enquête…

Notre avis : dans ce film, on retrouve dans les premiers rôles Hind Rostom et Ismaël Yassin comme dans la précédente réalisation d’Issa Karama « Ismaël Yassin chez les fous ». On doit à ce cinéaste un grand nombre de comédies grand public et on ne peut lui contester un certain savoir-faire dans ce genre même s’il n’a pas le talent de son contemporain Fateen Abdel Wahab. « La Pension des Surprises » repose sur des ficelles éprouvées de la comédie et, contrairement à ce que pourrait laisser entendre son titre, on reste constamment en terrain connu : Issa Karama n’aime pas déconcerter son public et son film ressemble à un collage d’idées puisées dans d’autres productions à succès. Quelques exemples : l’idée de l’hôtel avec ses voleurs et ses détectives est empruntée à « Attention à votre portefeuille » de Mahmoud Ismaïl (Eweaa al Mahfaza, 1949) ; celle de la danseuse qui a perdu son petit chien et qu’on remplace par un autre identique est tirée de « C'est Toi que j'aime » d’Ahmed Badrakhan (Ahebbak Inta, 1949) ; celle de l’homme qui se travestit et doit affronter les avances d’individus trop entreprenants, vient bien sûr de « Mademoiselle Hanafi » de Fateen Abdel Wahab (Anissa Hanafi, 1954). Malgré cela, on peut tout de même voir cette « Pension des Surprises » pour Hind Rostom qui entre deux grands films vient illuminer cette petite comédie de toute sa sensualité explosive.


Samedi 19 octobre à minuit

La Femme de la Maison de Kamal El Sheikh (Sayyidat al-Qasr, 1958)
avec Faten Hamama (Sawsan), Omar Sharif (Adel), Ferdoos Mohamed (la tante de Sawsan), Stephan Rosty (Shafiq, l’intendant d’Adel), Zouzou Madi (Malik Hanem), Elham Zaki (Samar), Omar El Hariri (Docteur Mustafa, vétérinaire), Shafik Nour El Din (le Sheikh Abdoul Sattar), Eskandar Mansy (le directeur du domaine)
Scénario : Hussein Helmy Al Mohandes
Production : Hassan Ramzy et Les Films Misr International (Youssef Chahine)


Sawsan est une jeune orpheline qui travaille dans une entreprise d’import-export mais elle projette de faire des études de droit pour devenir avocate. Elle vit chez sa tante dans un modeste appartement. Un jour, de retour du bureau, elle casse une chaise du salon. Pour la remplacer, elle se rend à la salle des ventes où elle espère en trouver une à un prix raisonnable. Dans l’assistance, elle observe un jeune homme qui souhaite acheter un tableau en canevas représentant un paysage. Sawsan est tellement sidérée par la somme que l’inconnu a payée pour acquérir « l’œuvre d’art » qu’elle ne peut s’empêcher de faire un commentaire à haute voix. Le jeune homme l’ a entendue et lui demande de s’expliquer. Sawsan, nullement impressionnée, affirme que le tableau ne vaut pas le prix qu’il a atteint lors des enchères et qu’elle-même serait capable d’en réaliser un aussi bien pour un montant nettement moins élevé. Son interlocuteur lui donne dix jours pour réaliser un tableau en canevas qu’il s’engage à lui acheter. Au jour dit, Sawsan se présente chez l’inconnu avec son œuvre. Le jeune homme s’appelle Adel, il possède une immense fortune et habite dans un palace. C’est un Dom Juan qui aime s’amuser et multiplie les conquêtes féminines. Il est charmé par Sawsan et à sa seconde visite, il essaie de l’embrasser de force. La jeune orpheline s’enfuit, bien décidée à ne plus revoir son agresseur. Mais Adel est sincèrement tombé amoureux de Sawsan et il finit par la retrouver pour la demander en mariage. Les deux jeunes mariés passent leur voyage de noces à Alexandrie. A leur retour, Sawsan manifeste le désir de prendre en main la gestion de son foyer. Elle va vite déchanter : les « amis » de son mari ne tardent pas à reparaître et ils se comportent comme s’ils étaient chez eux…

Notre avis : dans les années cinquante, Omar Sharif et Faten Hamama sont devenus le couple mythique du cinéma égyptien. Ils se rencontrent en 1954 sur le tournage d’un film de Youssef Chahine, ils se marient et jouent ensemble dans de nombreux films. « La Femme de la Maison » est l’avant-dernier qu’ils tournent conjointement. Après une ultime collaboration artistique en 1960, Omar Sharif se consacrera à sa carrière internationale. Ce film reprend un thème fort prisé par le public populaire de l’époque : un jeune homme très riche s’éprend d’une jeune fille pauvre et pour la conquérir et la garder, il devra abandonner son existence dissolue et ses mauvaises fréquentations. Ce film ne fait pas partie des chefs d’œuvre de Kamal El Sheikh, l’un des plus grands réalisateurs du cinéma égyptien, même s’il a un charme indéniable du en grande partie à ses deux vedettes. Ce qui sauve aussi le film du cliché et du convenu, c’est le personnage incarné par Omar Sharif. Loin d’être un gentil prince charmant pour conte de fées moderne, il manifeste une personnalité complexe avec sa part d’ombre. C’est un être violent, impulsif, jouisseur, et au final assez inquiétant.


Vendredi 18 octobre à minuit

Kit Kat de Daoud Abdel Sayed (1991)
avec Mahmoud Abd El-Aziz (cheikh Hosny), Sherif Mounir (le fils de Sheikh Hosny), Aida Reyad (Fatima), Amina Risk (la mère de Sheikh Hosny), Nader Abdel Ghani (Subhi Al Faraji), Salah Sadeq (Ramadan), Ali Hassanein (cheikh Obaïd), Najah Al Mujy (le trafiquant de drogue), Mohamed Jibril (Al Housta Hassan), Ayman Abdel Rahman (Salem), Nadia Shams Eddin (la mère de Fatima), Galila Mahmoud (Fathia, la femme d’Al Housta Hassan), Othman Abdel Moneim (Attia, le propriétaire du café), Amel Ibrahim (Awatif, la mère de la femme du bijoutier), Ahmed Kamel (le bijoutier), Jihad Nasr (la femme du bijoutier)
Scénario : Daoud Abdel Sayed
d’après une histoire d’Ibrahim Aslan
Musique : Rageh Daoud, Saïd Mekawi, Saïd Hejab, Salah Gahin, Ibrahim Ragab, Mahmoud Abdel Aziz
Production : Hussein Al Qala
figure dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps


Comédie sociale. Sheikh Hosny est un aveugle d’une quarantaine d’années. Il vit avec sa mère et son fils dans le quartier de Kitkat à Giseh. Veuf et sans travail, il ne désespère pas de l’existence. C’est un conteur hors pair et il aime chanter accompagné de son oud. Ses talents font le bonheur de ses amis qu’il réunit dans un ancien local commercial qui appartenait à son père. La petite bande passe des nuits entières dans ce lieu à bavarder, à rire et à fumer de la marijuana. Pour sa consommation de drogue, Sheikh Hosny a besoin de beaucoup d’argent. Il a résolu de vendre la maison familiale à un trafiquant de drogue qui en échange lui fournit toute la marijuana dont il a besoin. Youssef, le fils de Sheikh Hosny, a terminé ses études et il ne supporte plus de rester sans emploi. Il rêve de s’installer à l’étranger mais il n’a pas d’argent. Fatima, une jeune divorcée du quartier, est tombée amoureuse de lui. Malgré les réticences du jeune homme, elle finit par le séduire…

Notre avis : une chronique sociale qui porte un regard sans complaisance sur l’Egypte de son temps. Ce que dépeint Daoud Abdel Sayed, c’est le délabrement généralisé de la société égyptienne : délabrement physique et moral des êtres, délabrement des conditions matérielles de leur existence (les intérieurs comme les rues présentent le même aspect misérable et disloqué, à la limite de l’effondrement final.). Tout semble tomber en ruine inexorablement, et pour oublier cette sinistre réalité, les personnages du film s’évadent dans les paradis artificiels (le père) ou bien rêvent de fuir à l’étranger (le fils). Mais les auteurs, refusant tout fatalisme, montrent aussi comment ces hommes et ces femmes qui ont tout perdu n'ont jamais renoncé et comment ils gardent intact leur appétit de vivre (le personnage de Fatima, la jeune femme divorcée incarnée par l’excellente Aïda Reyad, nous apparaît emblématique à cet égard.). Tous les critiques ont loué la prestation de Mahmoud Abdel Aziz dans ce film. Effectivement, ce grand acteur accomplit ici une véritable performance mais nous trouvons que son jeu pêche parfois par une certaine grandiloquence.


Jeudi 17 octobre à 16h

Poisson d'avril de Mohamed Abdel Gawwad (Kidbet April, 1954)
avec Ismaël Yassin (Amchir), Chukry Sarhan (Hosny Sharkas, le fils de Rostam), Abdel-Fatah Al Kosary (Qandil, le mari de Zafarana), Aïda Othman (Soso, la fille d’Amchir), Stéphan Rosti (Rostam Sharkas), Al Sayed Bedeir (Abdel Mawgoud, le fils du maire), Mohamed El Tabei (le maire), Aziza Badr (la femme du maire), Mary Moneib (la femme d’Amchir), Wedad Hamdi (Zafarana), Sanaa Gamil (Nargis, la danseuse), Mohsen Hassanein (le serveur), Malak Al Gamal (la femme de chambre), Zouzou Nabil (la mère d’Hosny), Hermine (danseuse), Lola Abdo (danseuse)
Scénario et dialogues : Badie' Khairy et Mohamed Abdel Gawwad
Musique : Ahmed Sabra
Production : Abbas Helmy
En cette année 1954, Ismaïl Yassin est à l’affiche de 18 films. Un record !


Comédie. Amchir est marié à une femme turque très riche. Avec leur fille, ils vivent dans un immense domaine à la campagne. Amchir fréquente les cabarets de la capitale et il a pris soin de prendre un pseudonyme pour pouvoir agir à sa guise. Il est tombé amoureux de Nargis, une danseuse, malheureusement, il n’est pas le seul à courtiser la jeune femme et il lui faut beaucoup d’argent pour espérer l’emporter. Alors pour obtenir de sa femme la somme dont il a besoin, il feint d’être au désespoir et prétend vouloir se pendre. Il explique à son épouse qu’avant de la connaître, il avait déjà été marié et qu’il avait eu un fils. Sa première femme était morte et c’était lui qui devait assurer l’entretien de l’enfant mais que faute d’argent, il n’en était pas capable. Sa femme touchée par ce récit pathétique accepte de l’aider. Mais peu après, l’épouse généreuse découvre une photo de Nargis dans la poche du veston de son mari. Ce dernier prétend que cette Nargis est en fait la fille cachée de l’un de leur parent. Ces premiers mensonges vont en entraîner bien d’autres et plonger le héros dans des situations inextricables…

Notre avis : une comédie qui use et abuse du quiproquo mais l’abattage des acteurs fait passer les ficelles parfois un peu grosses du scénario. Ce film, très féminin à défaut d’être féministe, nous offre une jolie galerie de danseuses aujourd’hui oubliées et d’actrices abonnées aux seconds rôles. Y ont participé des artistes qui ne feront qu’un passage éclair dans le cinéma égyptien. Aïda Othman joue la fille d’Amchir, elle ne tournera que dans trois films, les trois en cette seule année 54 puis elle disparaitra brutalement des écrans. Y figurent aussi ces deux danseuses américaines venues se produire au Caire toujours en 1954 et qui apparaitront dans deux films avant de retourner chez elles.


Mercredi 16 octobre à minuit

La Fin du Chemin de Kamal Attiya (Nihâyat al tariq, 1960)
avec Hoda Soltan (Sharbat), Rushdy Abaza (Hussein), Tawkik El Deken (Fathi), Wedad Hamdy (l’amie de Sharbat), Abbas Fares (Haj Abdo, le père de Fathi), Omar el Hariri (Fouad), Thuraya Fakhry (la mère de Sharbat), Adawy Gheith (le directeur de l’usine), Fawzia Mohamed (la danseuse), Hassan El Baroudi (le secrétaire du père de Fathi)
Scénario et dialogues : Kamal Hafnawi
Musique : des emprunts divers Mogi (La musique du générique est un enregistrement de Pérez Prado, le roi du Mambo et on entend dans quelques scènes, des extraits de la B.O.de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, une B.O. composée par Bernard Herrmann.)
Musique de danse : Attia Sharara
Chansons : Mohamed Al Mogi
appréciation : 4/5


Drame. Sharbat, une jeune femme d’origine modeste vit seule avec sa mère dans un petit appartement. Elle est tombée amoureuse d’Hussein, un jeune ouvrier qui réside dans le même immeuble que le sien. Elle multiplie les occasions de rencontres et parvient à s’introduire dans le logement de son bien aimé. Celui-ci cède aux avances réitérées de Sharbat. Ils se marient. Au début, l’entente entre les deux jeunes mariés est totale. Fathi, un jeune étudiant riche, tourne autour de la jeune femme. Il n’hésite pas à venir la voir chez elle quand Hussein est à l’usine mais Sharbat reste insensible à ses propositions. Avec son mari, elle est heureuse, d’autant plus que celui-ci a repris des études à l’université : il veut devenir avocat...

Notre avis : un excellent film dans lequel le réalisateur raconte l’ascension chaotique puis la chute vertigineuse d’une jeune femme prête à tout pour échapper à la pauvreté. Hoda Soltan campe avec un naturel confondant une enjôleuse diabolique qui détruit tous les hommes de son entourage. Avec ce rôle, elle confirme son titre de la femme fatale la plus maléfique du cinéma arabe. Ses partenaires Rushdy Abaza et Tawfiq El Deken sont tout aussi épatants, l’un et l’autre dans deux registres radicalement différents. Dans ce film, le réalisateur a su magistralement concilier le drame social à l’égyptienne et l’esthétique du film noir américain.






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