إخراج : نيازى مصطفى
Niazi Mostafa a réalisé Le Plaisir et la Souffrance en 1971.
Distribution : Chams Al Baroudi, Sohier Ramzy, Nour El Sherif, Safaa Abo El-Saoud, Mohamed Hamdy, Mahmoud Rashad, Anwar Madkor, Kamal Al Zini, Ghasan Matar, Samir Sabri, Rawya Ashour, Nawal Hashim, Sayed Abdallah Hafez, Amin Antar, Helmy Halim, Gamil Ezz Eddin, Mokhtar El Sayed
Scénario : Niazi Mostafa et Faysal Nada
Soheir Ramzy |
Nour Al-Sherif |
Soheir Ramzy, Safaa Abou El Saoud, Chams Al Baroudi, Rawya Ashour |
Ghasan Matar |
Chams Al Baroudi et Nour Al-Sherif |
Chams Al Baroudi |
Rawya Ashour |
Ghasan Matar, Samir Sabri, Nour Al-Sherif |
Safaa Abou El Saoud et Nour Al-Sherif |
Soheir Ramzy et Safaa Abou El Saoud |
Soheir Ramzy |
Chams Al Baroudi |
Safaa Abou El Saoud et Chams Al Baroudi |
Chams Al Baroudi |
Nour Al-Sherif et Chams Al Baroudi |
Rawya Ashour, Chams Al Baroudi, Soheir Ramzy |
Nour Al-Sherif |
Résumé
Quatre jolies filles sont amies depuis le lycée. La première, Nana (Chams Al Baroudi) est une styliste de mode. L’atelier qu’elle dirige connaît un grand succès. Depuis son enfance, elle hait les hommes car, enfant, elle fut souvent le témoin de la cruauté de son père à l’égard de sa mère. Elle ne croit pas en l’amour et pense que les hommes n’ont qu’un désir : asservir les femmes.
La seconde s’appelle Salwa Saleh (Rawya Ashour). Elle travaille comme modèle pour Nana. Son père est un petit employé et son salaire sert à améliorer le quotidien de la famille. Elle hésite à épouser un garçon qui a les faveurs de ses parents. Nana lui conseille de refuser cette union. La styliste fait tout pour que Salwa éprouve les mêmes sentiments qu’elle à l’égard des hommes. Elle la menace même de la licencier si elle se marie. Salwa se soumet au désir de Nana mais elle souffre de cette solitude forcée.
La troisième est Fifi (Safa Abou Saoud). Elle veut devenir célèbre. Elle rêve d’être actrice. En attendant, elle vit dans l’illusion et prétend tourner dans plusieurs films en même temps.
La quatrième, Ilham Asim (Soheir Ramzy) a souffert petite de la préférence marquée par son père pour sa sœur cadette. Elle est devenue kleptomane et cette manie a plongé fréquemment le groupe d’amies dans des situations embarrassantes.
Dans une boîte, les quatre amies font la connaissance d’Adel (Nour Al-Sherif). Le jeune homme est employé dans une usine de cigarettes. Il a beaucoup d’ambition et rêve d’une réussite éclatante. On apprendra plus tard qu’il est entre les mains d’Atwa (Ghassan Matar) un criminel qui lui a prêté de l’argent et qu’il est incapable de rembourser.
Adel est tout de suite attiré par Nana malgré l’attitude réservée de celle-ci. Pour la revoir, il se rend même à son atelier. La jeune femme ne reste pas insensible à la persévérance de son soupirant. Et pour entrer davantage encore dans les bonnes grâces des quatre amies, Adel leur présente Sabri (Samir Sabri) un ami qu’il fait passer pour un grand cinéaste. Fifi est aussitôt conquise. Lors d’une conversation en tête à tête, Sabri prétend que pour l’engager, il doit la voir dans dix robes différentes. Fifi est très embêtée : elle n’a pas ces dix robes. Nana et Ilham refusent de l’aider.
Un jour les quatre filles se retrouvent chez un bijoutier car Nana souhaite faire un cadeau à Salwa pour la consoler d’avoir dû renoncer à son mariage. Evidemment, Ilham en a profité pour se livrer à son passe-temps favori : le vol. Cette fois-ci, Fifi a suivi son exemple, voyant dans ce petit délit un moyen commode d’acheter les robes dont elle a besoin. Malheureusement pour elles, Atwa, le créancier d’Adel, est présent. Il les prend en photo avec un polaroïd puis il leur demande 5000 livres contre son silence. Les quatre filles sont au désespoir. Suite à la seconde entrevue qui a lieu entre le maître-chanteur et ses quatre victimes accompagnées cette fois-ci d’Adel et de Sabri, il est décidé de cambrioler l’entreprise dans laquelle travaillent les deux garçons. Ce que ne savent pas Nana et ses amies, c’est que ceux-ci sont en fait des complices d’Atwa.
Adel voit dans ces événements la possibilité de se rapprocher de Nana qui est totalement désemparée. Ils passent une soirée ensemble puis ils font l’amour.
Le cambriolage est mis en œuvre. Les filles se travestissent en hommes et pénètrent dans l’usine. Elles s’emparent de tout l’argent destiné aux salaires du personnel puis s’enfuient après avoir ligoté et assommé Adel pour qu’il soit mis totalement hors de cause.
Dans leur fuite, elles retrouvent Atwa. Constatant le succès de leur mission il leur donne les photos compromettantes. Il leur demande de prendre sa voiture et de rapporter le butin à son domicile. Lui rentrera avec leur voiture après avoir changé les plaques d’immatriculation.
En fait, les quatre filles ont décidé de rendre l’argent à l’usine. Elles partent se cacher à Alexandrie. Elles s’installent à l’Hôtel du Parc. Nana apprend qu’Adel appartient au gang d’Atwa et qu’il l’a trompée. Elles est sous le choc . Quant à Salwa elle est furieuse d’apprendre que Nana avait un amant alors qu’elle lui avait interdit toute relation avec les hommes. De leur côté, Fifi et Salwa décident de mettre l’argent en lieu sûr, dans un chalet isolé près de la plage.
Pendant ce temps là la police a continué son enquête et a été informée de l’arrivée des filles à l’hôtel du Parc. Un inspecteur s’y rend aussitôt pour piéger la bande. Il se fait passer pour l’architecte qui a construit l’hôtel. Il entreprend de courtiser Salwa pour mieux surveiller les quatre femmes. Quand arrivent à l’hôtel Sabri et Atwa suivi d’Adel. Ce dernier, rongé par les remords, avoue tout à Nana qui lui pardonne. Il accepte de rendre l’argent à son entreprise. Le dénouement rassemble tous les protagonistes de l’histoire dans le chalet où avait été caché le magot. Les trois hommes se battent pour le récupérer. Survient la police qui arrête tout le monde.
Critique
J’ai tenté de résumer le plus clairement possible cet incroyable imbroglio, ce fatras baroque. Il n’est pas difficile de saisir l’objectif de Niazi Mostafa et de son scénariste : en une heure quarante, inclure la matière d’une dizaine d’épisodes d’une série policière à l’américaine. Mais prenons garde à ne pas commettre un anachronisme qui serait bien injuste pour les auteurs de ce film : Le Plaisir et la Souffrance évoquera à bon nombre de spectateurs un univers qui leur est familier, celui des grandes séries américaines des années soixante-dix et au-delà mais en fait ce film qui date du tout début de la décennie n’a pu s’en inspirer, il faut plutôt le considérer comme un précurseur de cette esthétique rutilante qui fera les beaux jours de la télévision couleur à ses débuts.
Si le kitsch est l’art de la saturation, alors nous sommes devant un modèle du genre. Le réalisateur se permet tout sans se soucier de l’avis des gardiens du bon goût et de la morale. D’abord le générique du début qui nous annonce clairement la couleur : on nous offre une succession de photographies de gros bouquets de fleurs avec comme accompagnement musical, une reprise cheap de la Chanson de Lara composée par Maurice Jarre pour le Docteur Jivago de David Lean. Oui, le réalisateur va tout oser, le meilleur comme le pire. On a commencé par le pire ? Rassurez-vous : le meilleur est à venir.
Dans ce film, tout flamboie, les couleurs, les corps, les esprits. Commençons par le plus futile (qui n’est pas le plus insignifiant, bien au contraire !) en rendant hommage au créateur des costumes. Ce dernier nous offre une collection printemps/été 1970 d’une liberté, d’une extravagance que peu de grands couturiers ont atteint. Le costumier du film raffole de la dentelle, du drapé et de la soie, nostalgie sans doute de l’élégance des grands de la cour du temps du roi Farouk. Il a le souci du détail : les couleurs des costumes sont raccord avec celles des tapisseries et même avec celles des nappes et des serviettes. Et pour finir de nous convaincre de son talent, il nous présente une collection complète, masculine et féminine : de la robe de soirée à la nuisette, de la chemise à la chaussette. Attribuons une mention toute spéciale au maillot de bain à franges porté par Shams Al Baroudi dans les jardins de l’hôtel. Un must !
Mais passons à l'essentiel qui n'est ni l'étude psychologique, ni la direction d'acteur (même s'il y aurait beaucoup à en dire.) mais la dimension charnelle de l'univers imaginé par les auteurs. Dans ce film, les corps sont luisants et les lèvres scintillent. Le réalisateur scrute sans se lasser la peau de ses acteurs et il la magnifie à la manière d’un peintre. Car le grand sujet du film, au-delà de la petite intrigue policière rapidement troussée, c’est le corps. Le corps dans tous ses états, ce que dit bien le titre à la tonalité toute sadienne, « Le Plaisir et la Souffrance ». Effectivement, les personnages souffrent et jouissent, alternativement ou simultanément. Pulsions et traumatismes, désirs et frustrations tourmentent les corps et les esprits en quête de plaisirs infinis. Une scène résume bien l’atmosphère du film : Nana (Shams Al Baroudi) est seule au lit, très agitée, et elle atteint l’orgasme en se remémorant un précédent orgasme que lui avait donné un amant. Pour cette séquence, le réalisateur joue avec la surimpression : l’image de l’orgasme passé venant se confondre avec celle de l’orgasme présent pour une double jouissance qui ainsi démultiplie l’effet produit par la fameuse scène de masturbation féminine dans Le Silence d’Ingmar Bergman (saturation, encore !).
Même dans ses errements les plus douteux, Naizi Mustapha étonne toujours par sa vitalité et sa candeur. Dans La Plaisir et la Souffrance, son génie brouillon peut donner toute sa mesure.
Bref, ce film mériterait d’être culte. Bien sûr, nous pourrions déplorer une fin banale qui repose sur l’intervention de la police assurant le retour de l’ordre et de la loi. Mais après tout, ce dénouement vu et revu est une convention au même titre que le mariage qui vient clore la plupart de nos comédies classiques. C’est aussi un gage donné aux censeurs pour qu’ils tolèrent les scandaleuses excentricités qui ont précédé.
Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
Bonsoir, j'adore votre blog. Pourrais-je savoir ou vous trouvez ces films légendaires avec une telle qualité d'image?
RépondreSupprimerBonjour, merci beaucoup pour le compliment ! Je trouve qu'on ne rend pas justice au cinéma égyptien en publiant trop souvent des photos de mauvaise qualité. Pour illustrer ce blog, j'essaie donc d'opérer une sélection très sévère parmi celles dont je dispose. La plupart (pas toutes) proviennent de captures d'écran que je retravaille avec photoshop.
Supprimerمعك
RépondreSupprimerمخ