Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.
La Foire de Samir Seif (Al Mouled, 1989)
avec Adel Imam (Ibrahim/Hema), Yousra (Amara), Amina Rizk (Baraka), Mostafa Metwali (Jaber), Eman (Didi), Ahmed Samy Abdallah (Idriss, le mari de Baraka), Gamal Ismaïl (Abou Al Nazar), Abdallah Farghaly (Ali, le boiteux), Karim Al Husseini (le plus jeune fils de Baraka), Saïd Tarabiq (Sawi, membre du gang), Ahmed Salama (Saïd, membre du gang), Ali Qaoud (Ismaïl, membre du gang), Nour al-Demerdash (le Pacha, chef de gang), Aziza Rachid (Suzy)
Scénario : Mohammed Galal Abdel Kawy
Musique : Hany Shenouda
Production : Wasef Fayez
Thriller. Lors d’une fête religieuse, des parents perdent leur petit garçon dans la foule. Il est recueilli par un vendeur ambulant qui va l’élever avec sa fille dans un bidonville. L’enfant grandit au milieu des bandits et des voyous et devenu adulte, il a entamé une carrière de délinquant. Mais il finit par se repentir et souhaite mener une vie honnête. Malheureusement, la police l’arrête pour un délit qu’il n’a pas commis. Avec l’aide de sa « sœur » (la fille de son ravisseur), il parvient à s’échapper. Parce qu’il a besoin d’argent, il décide faire un dernier cambriolage. Il a choisi une luxueuse villa et la nuit venue, il parvient sans peine à s’y introduire. Il ne sait pas que cette belle maison appartient à Didi, une jeune femme blonde très séduisante qui dirige une bande de malfaiteurs spécialisée dans la contrebande. Le jeune homme est tout de suite repéré par la propriétaire et ses hommes de main. La confrontation est violente mais Didi est impressionnée par l’audace et le courage de son voleur. Elle veut en faire son associé…
Notre avis : dans les années quatre-vingt, Adel Imam et Samir Seif ont tourné ensemble à maintes reprises. Ce thriller est l’un des derniers de leur fructueuse collaboration. Nous sommes plongés dans un monde où la violence règne sans partage. Il faut tuer pour ne pas être tué. Et du coup on peine à éprouver la moindre sympathie à l’égard du héros qui fait preuve de la même férocité que ceux qu’il combat. Outre le fait que le personnage joué par Adel Imam est terriblement déplaisant, on a beaucoup de mal à croire au « happy end » imaginé par les auteurs. On soulignera néanmoins l’excellente prestation des deux partenaires féminines d’Adel Imam : Yousra, très émouvante en femme meurtrie et amoureuse et Eman, impressionnante en chef de gang aussi belle que redoutable.
Jeudi 30 octobre à 14h
Ismaël Yassin chez les fous d'Issa Karama (Ismaïl Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)
avec Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (chef de service à l’hôpital psychiatrique), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (le docteur Shadid), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El Sayed
Musique : Attya Sharara
appréciation : 3/5

Comédie. Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, un chef de service à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou et de l’interner à l’hôpital psychiatrique.
Notre avis : c’est une comédie typique des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif, plaire au plus grand nombre. Mais l’intérêt majeur de ce divertissement tout public réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema, incarnée avec brio par l’affriolante (et dans ce film, le mot est faible !) Hind Rostom.
Cela étant dit, « Ismaïl Yassin chez les fous » comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives.
Mercredi 29 octobre à 18h30
Adham El Sharkawy  d'Houssam Al Din Mustafa (1964)
avec Abdullah Gheith (Adham), Loubna Abdel Aziz (Salma), Shwikar (Al Hanim, la fille du ministre de l’intérieur), Samiha Ayoub (la femme de Shalabi), Salah Mansour (Shalabi, le sheikh de la mosquée),Tawfik El Deken (Maghawari), Zein El Ashmawy (Abdul Ghaffar), Abdel-Wareth Asr (le professeur d’histoire), Mohamed Reda (le maire du village), Aziza Helmy (la mère d’Adham), Hussein Asar (Cheikh Abdul Halim, le père d’Adham), Abdul Aziz Khorshid (Al Haj Ismaël), Zeinat Elwy (danseuse), Abdel Halim Hafez (chanteur)
Scénario : Saad Eddin Wahba, Zakaria Hijjawi
Musique : Aly Ismail, Abdel Halim Hafez, Morsi Gamil Aziz, Mohammed Al Mogi
Biographie d’Adham El Sharkawy (1898-1921) : Adham El-Sharkawy a été dès sa jeunesse un opposant à l’occupation anglaise et sa participation aux manifestations pour l’indépendance lui ont valu d’être renvoyé de son école. Il est donc retourné dans son village et c’est là qu’il a constaté combien les paysans étaient exploités par les notables et les riches propriétaires de la région. Adham El Sharkawy décide d’inciter les paysans à se battre pour faire valoir leurs droits. Mais face à eux, il y a une adversaire redoutable : Al Hanim, la fille du ministre de l’Intérieur qui est prête à tout pour défendre ses privilèges. Elle a un plan : elle sait qu’Adham est amoureux de Salma et elle décide de proposer à la jeune femme un emploi de femme de chambre pour approcher le chef de la rébellion et peut-être le soumettre…
Notre avis : un film qui s’inscrit dans la grande tradition des récits glorifiant les exploits de héros populaires. Ici, Houssam Al Din Mostafa ne prétend pas faire œuvre de moraliste, encore moins d’historien. Fidèle à lui-même, il réalise un revigorant film d’action mettant en en scène un Robin des Bois égyptien, sans emphase et sans verbiage. Une autre qualité du film : les chansons illustrant le combat d’Adham El Sharkawi sont toutes interprétées par Abdel Halim Hafez.
Mardi 28 octobre à 17h
Et l’Enquête Continue d'Ashraf Fahmy (Wala yazal altahqiq mustamirran, 1979)
avec Mahmoud Yassin (Hussein), Nabila Ebeid (Zeinab, la femme d’Hussein), Mahmoud Abdel Aziz (Medhat), Layla Hamada (Mervat, la sœur de Hussein), Tawfiq El Deqen (le beau-frère de Zeinab), Malak El Gamal (la mère de Zeinab), Nawal Fahmy (la mère de l’élève)
Scénario : Ihsan Abdul Quddus, Mostafa Moharam, Bashir El Dik
Musique : Gamal Salamah
Producteur : Gerges Fawzi et Les Films Ashraf Fahmy
Drame. Hussein est professeur d’anglais et il vit avec Zeinab, sa femme, et Mervat, sa petite sœur qui est étudiante aux Beaux-Arts. Hussein aime son métier. L’argent ne l’intéresse pas. Ce qui compte pour lui, c’est sa mission éducative auprès de ses élèves. Zeinab ne partage absolument pas les conceptions de son mari. Elle enrage de vivre chichement alors que sa sœur vit dans l’opulence grâce au salaire élevé de son époux. Un jour, Hussein a la visite d’un inconnu dans son lycée. Cet inconnu, c’est en fait Medhat, un ami d’enfance, qui s’était installé en Europe et qui y a fait fortune. Heureux de ces retrouvailles, Hussein invite à déjeuner Medhat. Ce dernier retrouve Mervat qui l’impressionne par sa beauté et il fait la connaissance de Zeinab. La petite famille boit les paroles de leur invité surprise qui évoque avec une certaine autosatisfaction sa réussite professionnelle dans le bâtiment. Quand il apprend que Mervat fait des études d’architecture d’intérieur, il lui propose de travailler à l’agencement de ses nouveaux bureaux. Après le départ de Medhat, Zeinab ne peut contenir sa colère contre son mari qui n’a à lui offrir qu’une petite existence médiocre. Et le jour où elle apprend que Hussein donne des cours particuliers sans demander d’argent en contrepartie, elle décide de rompre et retourne chez sa mère. Pour tenter d’arranger les choses entre les deux époux, Medhat décide de rencontrer Zeinab…
Notre avis : pour ce drame, Ashraf Fahmy retrouve son actrice fétiche du moment, Nabila Ebeid qu’on a déjà vue dans trois des quatre films qu’il a tournés l’année précédente ( « Et le Troisième est Satan », « Un Voyage à l’Intérieur d’Une Femme », « Une Autre Femme »). Pour son rôle dans « Et L’Enquête Continue », Nabila Ebeid obtiendra le prix de la meilleure actrice au Festival international du film d’Alexandrie. Un prix amplement mérité ! Grâce à son immense talent, elle a su restituer toute la complexité de son personnage, cette femme mariée que le malheur et la frustration conduisent à se révolter, quitte à se montrer injuste et à humilier son mari, joué par l’excellent Mahmoud Yassin. Et quand celle-ci croit enfin avoir trouvé le bonheur dans les bras de son amant, tout s’effondre : l’homme aime ailleurs et il lui conseille de retourner gentiment chez son mari. Evidemment la vengeance sera terrible. L’amant est incarné par Mahmoud Abdel Aziz. C’est un personnage aussi intéressant que celui de Nabila Ebeid car il demeure insaisissable jusqu’à la fin. Pourquoi a-t-il souhaité renouer avec son ancien ami après tant d’années ? Quelles sont ses intentions réelles en s’introduisant dans cette famille ? Derrière le masque du sympathique camarade, semble se cacher un homme égoïste et manipulateur qui détruit tous ceux qu’il approche. Bref, un très bon film d’après un récit d’ Ihsan Abdul Quddus, le grand spécialiste de la psyché féminine.
Lundi 27 octobre à 15h
Serment d’amour d'Ahmed Badrakhan ( ahdil hawa, 1955)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Mariam Fakhr Eddine (Nadia), Eman (Lily, la sœur de Wahid), Serag Mounir (Bahjat, l’amant de Nadia), Youssef Wahby (le père de Wahid), Mimi Chakib (la mère maquerelle), Zeinab Sedky (la mère de Nadia), Abbas Rahmi (le médecin), Ehsan El Qalaawy (la femme de chambre), Nadia Gamal (danseuse), Lola Abdo (danseuse), Kawthar Shafik (la fleuriste), Abdel Salam El Nabolsi (Ezzat), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur de Wahid), Zaki Ibrahim (Cheikh Saleh)
Scénario : Ali Al Rozqani
D’après la Dame aux Camélias d’Alexandre DumasMusique : Farid Al Atrache (pour le générique, l’Ouverture de La Traviata de Verdi)
Production : les films Farid Al Atrache
Wahid a passé plusieurs années en Italie pour ses études. En plus de ses cours dans une école d’agriculture pour plaire à son père, il a poursuivi sa formation dans ce qui constitue sa vraie passion : la musique. Il est enfin revenu en Egypte et après un court séjour au domaine familial, il s’est rendu au Caire pour prendre un poste dans une compagnie agricole. Chez un vendeur d’instruments de musique, il fait la rencontre de Nadia, une jeune femme dont la beauté l’éblouit. Il l’invite à une soirée où il doit chanter. A son tour, Nadia est sous le charme. Les deux jeunes gens se retrouvent régulièrement pour de courtes excursions. Wahid pense déjà au mariage mais il apprend la terrible vérité sur Nadia : elle est sous la coupe d’une mère maquerelle qui vend les charmes de sa protégée aux plus offrants et l’homme qu’il avait pris pour son père est en fait l’un de ses riches amants…
Notre avis : "La Dame aux Camélias" fut une source d’inspiration pour un grand nombre d’artistes égyptiens*. Togo Mizrahi en 1942 en avait déjà réalisé une adaptation intitulée Layla avec Layla Mourad. Cette version d’Ahmed Badrakhan a bien des qualités : elle est plus fidèle à l’œuvre originale que celle de Mizrahi et Mariam Fakhr Eddine a su merveilleusement exprimer tout le tragique de son personnage (Notamment dans l’une des scènes les plus émouvantes du film où Nadia doit affronter le père de Wahid incarné par le grand Youssef Wahbi.). Mais la mise en scène a quelque chose de guindé comme d’ailleurs le jeu de Farid Al Atrache qui d’un bout à l’autre du drame reste impeccablement sanglé dans son costume cravate. Esthétiquement, Ahmed Badrakhan reprend à l’identique les recettes de ses comédies musicales à succès des années quarante, d'où le caractère un peu suranné de ce "Serment d'Amour".
*Rappelons au passage que la sœur de Farid Al Atrache, la chanteuse Asmahan, avait appelé sa fille Camilia en hommage à Greta Garbo qui jouait le rôle principal dans l’adaptation américaine du drame de l’auteur français.
Dimanche 26 ocotbre à 17h
Amira mon Amour d'Hassan Al Imam (Amira Houbi Ana, 1975)
avec Soad Hosny (Amira Salem), Hussein Fahmy (Adel Naguib), Soheir Al Babli (la femme d’Adel), Imad Hamdi (le directeur de l’administration et beau-père d’Adel), Karima Mokhtar (la mère d’Amira), Samir Ghanem (Taher Hamouda, un collègue d’Amira), Hassan Mostafa (le supérieur hiérarchique d’Amira), Hesham El Ashry (le frère d’Amira), Nabil Badr (Fathi), Mahmoud Shoukoko (Oncle Saqr), Helmy Hilaly (l’inspecteur de police)
Scénario : Hassan Al Imam, Mamdouh El Leithy, Salah Gahin
Adaptation d'un passage du roman de Naguib Mahfouz, Miroirs (1972). Ce roman est constitué de courts chapitres indépendants, chacun évoquant la vie d’un personnage que le narrateur a rencontré à un moment ou à un autre de son existence. Le chapitre qui est à la base du scénario de ce film est intitulé « Abda Souleimane » (en français, éditions Babel, trad. de Najet Belhatem)
Musique : Fouad El Zahry, Mohamed Al Mogi, Sayed Darwich
Comédie musicale. Depuis la mort de son père, Amira doit subvenir aux besoins de sa mère ainsi qu’à ceux de ses frères et sœurs. Elle a trouvé un emploi dans une grande administration, au département traduction. Elle a peu de travail car le service compte un trop grand nombre d’employés mais sa gaieté, son charme et son dynamisme ont transformé agréablement l’atmosphère du bureau. Même son chef n’est pas insensible à son charme. Elle fait la connaissance d’Adel Naguib, l’un des cadres supérieurs de l’établissement. Le jeune homme a épousé Amina, la fille du directeur mais lui et sa femme ne s’entendent pas. En fait, Adel ne s’est marié que par ambition professionnelle et il n’éprouve aucun sentiment pour son épouse. Au fil des rencontres, Adel et Amira tombent amoureux l’un de l’autre. Ils se marient en secret…
Notre avis : trois ans après « Méfie-toi de Zouzou », Hassan Al Imam réunit à nouveau Soad Hosny et Hussein Fahmy dans une comédie musicale mais cette fois-ci, le résultat est beaucoup moins convaincant. La mièvrerie imprègne tous les composants de ce second opus : les chansons ressemblent souvent à des comptines enfantines, les danses avec leur chorégraphie sommaire réunissent des « danseurs » dont le seul point commun est un amateurisme appliqué, l’intrigue sentimentale accumule les scènes de déclarations enamourées avec sourires timides et regards extatiques, et pour finir les robes de couleurs acidulées que porte Soad Hosny semblent empruntées à la garde-robes d’une poupée autrichienne. Inutile de préciser qu’il ne reste pas grand-chose de l’univers de Naguib Mahfouz dans cette romance sirupeuse.
Samedi 25 octobre à 15h
Pardonne-moi mes péchés d'El Sayed Ziada (aghfir li khatiyati, 1962)
avec Samira Ahmed (Leila), Kamal Al Shennawi (Hussein), Zouzou Madi (la mère d’Hussein), Hassan Hamed (Mountassir, l’ami d’Hussein), Roweda Adnan (Ahlam, la cousine d’Hussein), Fayza Fouad (la fiancée d’Hussein), Ahmed Ghanem (Mazloum, le mari d’Ahlam), Nahed Samir (Oum Khalil), Amal Yousri (Noussah, la maîtresse de Mountassir), Mohamed Shawky (Sharaf), Saïd Khalil (le père de Leila)Scénario : Aziz Armani et El Sayed Ziada
Musique : Abdul Magid Al-Sharif
Drame. Hussein était resté un célibataire endurci vivant dans une villa cossue avec sa mère jusqu’à ce qu’il rencontre Leila, une jeune ouvrière. Le coup de foudre est immédiat. A partir de là, Hussein change totalement : il renonce à ses soirées arrosées avec ses amis pour se consacrer à son amour tout neuf. Il est bien décidé à épouser celle qu’il considère comme la femme de sa vie. Un jour, il décide de l’attendre à la sortie de son travail. A peine a-t-elle franchi les grilles de l’usine qu’un homme lui prend le bras et la conduit dans une voiture au volant de laquelle se trouve une second individu. La voiture disparaît. Hussein est ébranlé par ce qu’il vient de voir. Il décide de se rendre chez les parents de Leila pour obtenir des explications. Dans l’appartement familial, il est accueilli par le père qui est ivre mais la jeune femme est absente. En sortant de l’immeuble, Hussein tombe sur l’homme qui attendait Leila à la sortie de son travail. Celui-ci prétend être un cousin. Mais Hussein ne va pas tarder à découvrir la vérité : ce soi-disant cousin est en réalité un proxénète et Leila est l’une des filles qu’il prostitue. Parmi les clients de la jeune femme, il y a Mountassir, l’un des meilleurs amis d’Hussein…
Notre avis : un drame qui aborde avec une franchise rare le problème de la prostitution. Il montre sans détours comment se met en place tout un système dont les premières victimes sont les jeunes filles d’origine modeste. C’est aussi un sévère réquisitoire contre tous ceux qui en sont les bénéficiaires : les proxénètes, les parents qui voient dans l’activité de leurs filles un complément de revenus très appréciable, les jeunes bourgeois qui utilisent ces filles pour agrémenter leurs soirées avant de faire un beau mariage. Samira Ahmed est prodigieusement émouvante et vraie dans le rôle de la jeune prostituée.
Le film a été censuré à sa sortie. Il n’a pu être présenté au public qu’une fois son titre changé. A l’origine, il s’intitulait « Prends-moi avec ma honte ».
Vendredi 24 octobre à 19h30
Le Suspect de Samir Seif (Al Mashbouh, 1981)
avec Soad Hosny (Batta), Adel Imam (Maher), Said Saleh (Bayoumi, le frère aîné de Maher), Farouk El Feshawi (Tarek, l’officier de police), Fouad Ahmed (Hamouda, le complice des deux frères), Ali El Sherif (Afyonah, un bandit), Saïda Galal (une prostituée), Karim Abdel Aziz (l’enfant de Maher), Mona Abdallah (l’infirmière), Kasem El Daly (le mazoun), Mohamed Ashoub (le barman), Hamdi Youssef (le père de l’officier de police)
Scénario et dialogues : Ibrahim El Mougy et Samir Seif
Adaptation du film Les Tueurs de San Francisco (Once a Thief, 1965) du réalisateur américain Ralph Nelson avec Alain Delon et Jack Palance
Musique : Hany Shenouda
Chronique sociale. Maher est un voleur. Alors qu’il est en train de cambrioler un appartement, il fait la connaissance de Batta, une prostituée qui y reçoit ses clients. Les policiers font leur apparition. Pour leur échapper, Maher se bat comme un beau diable, il est blessé à la jambe mais il blesse à son tour l’officier de police Tarek. Il parvient à s’enfuir et trouve refuge au domicile d’Oum Al Ayyal, la receleuse. Il y retrouve ses deus complices, Bayoumi, son frère aîné et Hamouda. On lui enlève la balle fichée dans sa jambe et une fois rétabli, Maher n’a plus qu’une idée en tête : retrouver Batta. Il erre dans les bars et les cabarets où travaillent les prostituées mais c’est la jeune femme qui le retrouve chez Oum Al Ayyal. Maher et Batta s’avouent leur amour et décident de se marier, malgré l’opposition de Bayoumi, le frère du jeune homme. Quelques mois plus tard, Batta est enceinte. Alors que Maher l’accompagne à l’hôpital où elle doit accoucher, il est arrêté et conduit au commissariat. Là, il retrouve Oum Al Ayyal qui attend d’être interrogée. Elle lui apprend qu’Hamouda avait été arrêté et qu’il les avait tous dénoncés mais que son frère avait réussi à fuir. Dans la cellule où il est transféré, Maher retrouve Hamouda et l’agresse violemment. Pour cette agression, il est condamné à cinq ans de prison. Pendant ce temps-là, l’inspecteur Tarek recherche toujours le malfrat qui l’a blessé…
Notre avis : c’est le premier grand rôle dramatique d’Adel Imam et il s’y révèle remarquable, à la grande surprise de beaucoup (On raconte que même le réalisateur n’était pas au départ favorable au choix d’Adel Imam pour son personnage mais qu’il reconnaitra très vite son erreur d’appréciation.) Dans cette chronique sociale en forme de thriller, l’acteur incarne avec un réalisme stupéfiant, un petit délinquant dont toutes les tentatives pour mener une vie normale sont vouées à l’échec, comme si le destin s’acharnait à le faire replonger dans le monde des voyous et des truands. « Le Suspect » est un film d’action qui évite tout manichéisme. Les personnages sont montrés avec toute leur complexité et sont traités avec la même humanité, les truands comme les flics, les braves comme les lâches. Autour d’Adel Imam, les autres acteurs sont tout aussi sensationnels, notamment Soad Hosny* dans le rôle de la compagne du héros, Saïd Saleh dans celui du frère et Farouk El Feshawi dans celui de l’inspecteur Tarek. Dans ce film, Soad Hosny forme avec Adel Imam l’un des couples les plus émouvants du cinéma des années 80.
*1981 marque le grand retour à l’écran de l’actrice après le semi-échec du film «La Sauvage « réalisé en 1979 par ce même Samir Seif. Cette année-là elle tourne aussi avec Salah Abou Seif, Mohamed Khan et son mari, Ali Badrakhan.
Jeudi 23 octobre à 13h
Train de Nuit d'Ezzel Dine Sulficar (Ketar el Lail, 1953)
avec Imad Hamdy (Adel), Samia Gamal (Samia), Stephan Rosti (Aboul Azz), Serag Mounir (Malaty), Soleiman Naguib (l’inspecteur de police), Aly Abd El Al (le directeur du cabaret), Abdel Moneim Ismail (membre du gang d’Aboul Azz), Reyad El Kasabgy (membre du gang d’Aboul Azz), Mohamed Reda (conducteur de train), Fakher Fakher (le second de l’inspecteur), Hussein Issa (membre du gang d’Aboul Azz), Salah Nazmi (membre du gang d’Aboul Azz), Zaki Ibrahim (le père de Samia), Tawfiq Ismaïl (directeur de la gare de Tanta)
C'est le premier film que tourne Samia Gamal après sa rupture avec Farid Al Atrache (La dernière comédie musicale qui réunit le couple est Ne le Dis à Personne "Ma takulshi la hada" d’Henry Barakat en 1952)
Scénario : Stephan Rosty, Ezzel Din Zulficar, Zaky Saleh
Musique : Ibrahim Haggag
appréciation : 4/5
Samia aime Adel mais celui-ci disparaît brusquement. Elle croit qu’il l’a abandonnée. Au même moment, son père est plongé dans des difficultés financières inextricables. Pour le sauver, Samia épouse Aboul Azz, un redoutable gangster qui l’oblige à danser dans son club. Mais Adel se manifeste à nouveau. Samia et lui se donnent rendez-vous dans un restaurant. On apprend que l’homme n’avait pas fui mais qu’ il avait été blessé dans un accident de la route et qu’ il est resté hospitalisé plus de deux mois. Leurs retrouvailles sont brèves car Samia doit retourner au club pour son numéro de danse. Malgré le danger, Adel se présente dans l’établissement. Il retrouve sa bien-aimée dans sa loge. Aboul Azz, caché (fort mal !) dans la penderie, se jette sur Adel et l’assomme. Il s’empare de l’argent que sa victime avait réuni pour venir en aide à Samia et à son père. Une fois le gangster parti, Adel recouvre ses esprits. Les deux amoureux peuvent se confier l’un à l’autre. Samia doit rejoindre ses danseuses sur scène. Dans la salle se trouve Malaty, un ami de son mari. Il est envoûté par la sensualité de Samia. Cette dernière décide d’en tirer parti.
Notre avis : un thriller sombre et violent dans lequel Samia Gamal prouve qu’on avait tort de la réduire aux rôles de faire-valoir sémillant pour chanteur célèbre. Dans ce film, elle parvient à conjuguer de manière très singulière sensualité et tragédie avec un personnage enchainé aux désirs des hommes. Malgré quelques maladresses, Ezzel Dine Zulficar parvient à donner à son récit une dimension mythique. Les danses comptent parmi les plus saisissantes du cinéma égyptien.
Mardi 21 octobre à 13h
Poisson d'avril de Mohamed Abdel Gawwad (Kidbet April , 1954)
avec Ismaël Yassin (Amchir), Chukry Sarhan (Hosny Sharkas, le fils de Rostam), Abdel-Fatah Al Kosary (Qandil, le mari de Zafarana), Aïda Othman (Soso, la fille d’Amchir), Stéphan Rosti (Rostam Sharkas), Al Sayed Bedeir (Abdel Mawgoud, le fils du maire), Mohamed El Tabei (le maire), Aziza Badr (la femme du maire), Mary Moneib (la femme d’Amchir), Wedad Hamdi (Zafarana), Sanaa Gamil (Nargis, la danseuse), Mohsen Hassanein (le serveur), Malak Al Gamal (la femme de chambre), Zouzou Nabil (la mère d’Hosny), Hermine (danseuse), Lola Abdo (danseuse)
Scénario et dialogues : Badie' Khairy et Mohamed Abdel Gawwad
Musique : Ahmed Sabra
Production : Abbas Helmy
Comédie. Amchir est marié à une femme turque très riche. Avec leur fille, ils vivent dans un immense domaine à la campagne. Amchir fréquente les cabarets de la capitale et il a pris soin de prendre un pseudonyme pour pouvoir agir à sa guise. Il est tombé amoureux de Nargis, une danseuse, malheureusement, il n’est pas le seul à courtiser la jeune femme et il lui faut beaucoup d’argent pour espérer l’emporter. Alors pour obtenir de sa femme la somme dont il a besoin, il feint d’être au désespoir et prétend vouloir se pendre. Il explique à son épouse qu’avant de la connaître, il avait déjà été marié et qu’il avait eu un fils. Sa première femme était morte et c’était lui qui devait assurer l’entretien de l’enfant mais que faute d’argent, il n’en était pas capable. Sa femme touchée par ce récit pathétique accepte de l’aider. Mais peu après, l’épouse généreuse découvre une photo de Nargis dans la poche du veston de son mari. Ce dernier prétend que cette Nargis est en fait la fille cachée de l’un de leur parent. Ces premiers mensonges vont en entraîner bien d’autres et plonger le héros dans des situations inextricables…
Notre avis : une comédie qui use et abuse du quiproquo mais l’abattage des acteurs fait passer les ficelles parfois un peu grosses du scénario. Ce film, très féminin à défaut d’être féministe, nous offre une jolie galerie de danseuses aujourd’hui oubliées et d’actrices abonnées aux seconds rôles. Y ont participé des artistes qui ne feront qu’un passage éclair dans le cinéma égyptien. Aïda Othman joue la fille d’Amchir, elle ne tournera que dans trois films, les trois en cette seule année 54 puis elle disparaitra brutalement des écrans. Y figurent aussi ces deux danseuses américaines venues se produire au Caire toujours en 1954 et qui apparaitront dans deux films avant de retourner chez elles.
Lundi 20 octobre à 23h
Une Ville se déchaîne d'Helmy Rafla  (Thawrat el madina,1955)
avec Sabah (Fatima), Mohamed Fawzi (Ahmed), Hussein Riad (le père de Fatima), Qadria Kamel (la tante de Fatima), Ahmed Allam (Haj Saber, le propriétaire de l’usine), Doha Amir (Fatima enfant), Wedad Hamdy (la servante), Suleiman al-Guindy (le petit garçon Al Wadi Galal), Abdel Moneim Ismail (le père de Al Wadi), Ragaa Youssef (la danseuse), Horeya Hassan (la chanteuse)
Scénario : Nairuz Abdel Malek
Musique : Mamoun Al Shinnawi, Fathy Qoura, Riad El Sonbati, Mohamed Fawzi, Ali Farraj
Production : les films du Lotus (Assia Dagher)
Mélodrame musical. La mère de Fatima est morte en lui donnant naissance. Sa tante et sa grand-mère avaient perdu la vie dans les mêmes circonstances. Depuis ce drame, Salim, son père, est convaincu que toutes les femmes de la famille sont condamnées à subir le même sort. Il a décidé que Fatima ne se marierait jamais et qu’elle n’aurait jamais d’enfant. Dès son plus jeune âge, il lui a interdit de fréquenter les garçons et lui a imposé une éducation d’une grande sévérité. Un jour, ils partent tous les deux pour une courte escapade au Caire. A leur retour, ils découvrent que leur maison et l’atelier de verrerie du père ont été totalement détruits par un incendie. Ils n’ont plus rien. Heureusement, le riche propriétaire d’une usine de verrerie propose à Salim une place comme contremaître dans son établissement et il lui offre même un logement dans son domaine. Le père de Fatima accepte le travail mais refuse le logement : il sait que l’industriel a un fils de l’âge de sa fille. Les années passent. Fatima est devenue une jeune femme et Ahmed, le fils du propriétaire de l’usine qui avait séjourné à l’étranger pour ses études, est de retour…
Notre avis : Helmy Rafla abandonne provisoirement la comédie, genre dans lequel il excelle, pour s’aventurer sur les terres plus arides du mélodrame. Disons-le clairement : ce n’est pas son meilleur film. Le scénario repose sur une idée saugrenue. Une terrible malédiction pèse sur toutes les femmes d’une même famille : elles meurent en donnant naissance à leur premier enfant. Le père de Fatima n’a donc qu’une obsession, protéger sa fille de l’amour qui lui serait fatal. On se doute qu’il va s’opposer à tous les prétendants qui osent approcher sa fille mais on devine aussi que l’amour finira tout de même par triompher. Une trame prévisible donc mais un entrelacement de thèmes qui se prêterait fort bien à une interprétation psychanalytique (la mort et l’amour) ou théologique (le destin et le libre arbitre).
Dimanche 19 octobre à 19h30
Tu es Ma Vie de Youssef Maalouf (Hayati Inta, 1952)
avec Shadia (Ilham), Kamal Al Shennawi (Samir), Abdel Rahim El Zarakany (Hafez Bey, le beau-père d’Ilham), Chukry Sarhan (Rushdy), Mona (Ragah, la secrétaire), Kitty (la danseuse), Aziza Helmy (la mère d’Ilham), Ali Abdel Al (Barakat Bey, l’ami du père de Samir), Lotfi El Hakim (l’employé du beau-père d’Ilham), Rashad Hamed (un complice de Rushdy) Scénario et dialogues : Youssef Issa
Musique : Abdel Aziz Salam et Ahmed Sedky (+ l’Adagio d’Albinoni)
Production : Henry Barakat et les films du Lotus (Assia Dagher)
Samir est un jeune étudiant sérieux. Il a obtenu son diplôme d’ingénieur. Il a toujours refusé d’épouser Ilham, sa bien-aimée, tant qu’il n’avait pas de situation solide. Celle-ci s’arrange pour qu’il travaille dans la grande propriété de sa mère. Le domaine est géré par son beau-père, Hafez avec l’aide de Rachid, le cousin d’Ilham. Ce dernier est un garçon très ambitieux qui rêve de s’approprier toutes les terres de sa tante. Il ne s’embarrasse d’aucun scrupule : il fait chanter le beau-père d’Ilham grâce aux lettres qu’il a récupérées et qui prouvent que ce dernier a eu une liaison avec sa secrétaire….
Notre avis : un drame splendide et captivant avec une pléiade de grands acteurs dont le couple star du moment, Shadia et Kamal El Shennawi. En 1952, Shadia a vingt ans et elle est déjà une immense vedette. Cette année-là, elle joue dans treize fims dont quatre avec Kamal El Shennawi (On a prétendu qu’à cette époque, les deux acteurs entretenaient une relation amoureuse sans que ni l’un ni l’autre n’ait jamais confirmé l’information.). Mais la révélation de ce film, c’est l’actrice Mona qui incarne la secrétaire d’Hafez Bey, le personnage pivot de l’intrigue. Mona est la fille de la légendaire Assia Dagher, actrice et productrice à qui le cinéma égyptien doit tant. Sa très brève carrière commencée en 1944 prendra fin dix ans plus tard, en 1954. Dans ce film, elle se révèle une très grande actrice capable d’incarner toutes les ambiguïtés de son personnage. Le duo qu’elle forme avec le machiavélique Chukry Sarhan constitue l’un des sommets de « Tu es Ma Vie ».
Samedi 18 octobre à 19h30
Monsieur Omar de Niazi Mostafa (Si Omar, 1941)
avec Zouzou Chakib (Lola, la sœur d’Omar), Naguib Al Rihani (Gaber/Omar), Mohamed Kamal El Masry (Gamil Bey, l’oncle d’Omar), Abd El Fatah El Kosary (Abdul Majid Sattour, le complice de Berlanta), Mimi Chakib (Berlanta), Stefan Rosti (l’avocat), Serag Mounir (le cousin d’Omar), Eglal Zaki (la chanteuse), Ali Kamal (l’employé indélicat), Mary Moneib (la tante d’Omar), Victoria Hobeika (la mère d’Omar), Abdel Aziz Khalil (le directeur de la pension), Abdel Aziz El Gahely (le vieux serviteur), Ali Abd El Al (le commerçant), Ahmed Shoukry (l’astrologue indien), Abdel Aziz Al Ahmed (Kawara, le voleur de rue), Eskandar Menassa (le traducteur de l’astrologue)
Scénario : Naguib Al Rihani et de Badie Khairy d’après la pièce du premier Si j’étais beau (1938).
L'épisode du collier volé semble inspiré du film américain The Desire réalisé en 1936 par Frank Borzage avec Marlène Dietrich et Gary Cooper.
Musique : Mohamed Hassan Al Shugai, Riad Al Sonbati, Badyah Sadek, Ibrahim Hussein, Mohamed El-Kahlawy
appréciation : 3/5
Gaber est un modeste employé travaillant dans l’exploitation agricole du très puissant Omar Al Alfy. Un jour il découvre dans les comptes du domaine de nombreuses irrégularités. Il en informe la direction. On le licencie aussitôt. Gaber décide de monter au Caire pour trouver du travail. Dans le train il se retrouve en compagnie d’une jeune femme très séduisante et d’un homme à la mine patibulaire. Ce dernier est un chef de gang du nom d’Abdel Majid Satour. Il est recherché par la police et pour échapper à l’arrestation en gare du Caire, il glisse un collier de très grande valeur dans la poche de Gaber. La jeune femme a surpris la manœuvre du voleur. En descendant du train, Abdel Majid Satour est intercepté par la police. La jeune femme en profite pour entraîner chez elle Gaber afin de récupérer le collier. Elle parvient à faire croire au pauvre employé qu’elle est la propriétaire de ce bijou et qu’elle pourrait très bien le dénoncer pour ce vol. Gaber la supplie de n’en rien faire. Cette femme qui se prénomme Berlanta est à la fois amusée et intriguée par sa « victime ». Elle est amusée par sa naïveté mais aussi intriguée par sa ressemblance frappante avec le milliardaire Omar Al Alfy dont elle prétend être l’épouse mais qui vit depuis plus de vingt en Inde. Elle est bien décidée à exploiter cette similitude. En attendant, Gaber se retrouve à la rue, ne sachant où dormir, et c’est la malchance qui le poursuit impitoyablement : il tombe entre les griffes d’un voleur qui le dépouille de tout ce qu’il possède, puis il se retrouve nez à nez avec Abdel Majid Satour. Ce dernier est très heureux de cette rencontre : il a cherché Gaber dans tous les hôtels de la ville afin de récupérer son collier. Quand Satour comprend que Gaber ne l’a plus, il décide de le séquestrer dans son repaire. Il va même le forcer à devenir un voleur comme lui. Un jour, Gaber voit par la fenêtre Berlanta monter dans une voiture. Avec Satour, il décide de la suivre. C’est ainsi qu’ils se retrouvent devant le palais de la famille d’Omar Al Alfy. Les domestiques qui les reçoivent sont convaincus d’être en présence de leur maître de retour après une si longue absence…
Notre avis : Si Omar est la deuxième collaboration entre Naguib Al Rihani et Niazi Mostafa. La première était Salama fi Khair (Salama va bien, 1937) qui figure dans la liste des cent meilleurs films de l’histoire du cinéma égyptien. Cette comédie se compose de deux parties aux styles très différents. Dans la première heure du film, on assiste à l’arrivée de Gaber au Caire après son renvoi. Il tombe sous la coupe du terrible Abd Al Majid Satour et progressivement devient son complice. Le réalisateur a fait ses études cinématographiques en Allemagne et l’influence de certains cinéastes européens est évidente dans la manière d’évoquer le petit peuple, honnête ou pas, de la capitale égyptienne. Les scènes se déroulant dans le repaire d’Abd Al Majir Satour rappellent aussi bien le réalisme poétique français que l’expressionnisme allemand. La seconde partie, moins originale que la précédente, se passe dans un lieu unique : Gaber et son mentor s’installent dans l’hôtel particulier de la famille de Si Omar. Nous retrouvons l’atmosphère des comédies conventionnelles se déroulant dans un milieu aisé avec domestiques, jeunes femmes élégantes et messieurs en smoking. Le tout est un peu théâtral mais le talent du grand acteur Naguib Al Rihani nous fait bien vite oublier ce petit défaut.
Vendredi 17 octobre à 23h
Vie ou Mort de Kamal El Sheikh (Hayat Aw Mowt, 1954)
avec Imad Hamdi (Ahmed Ibrahim), Youssef Wahby (le chef de la police), Madiha Yousri (la femme d’Ahmed), Abdel Kader Al Maseri (le directeur de l’entreprise), Hussein Riad (le pharmacien), Rushdy Abaza (un policier), Doha Amir (Samira), Abdel Moneim Basioni (l’assistant du pharmacien), Tawfik Sadek (l’agent de police), Youssef Wahby (le gouverneur de la capitale), Rashwan Mustafa (un policier), Soad Fawzy (la femme infidèle), Abdel Moneim Ismaïl (le mari trompé), Adli Kasseb (un officier de police), Rafeaa El Shal (la belle-mère d’Ahmed), Abdel Badie El Arabi (le beau-père d’Ahmed), Hassan Abou Zeid (un ivrogne), Mohsen Hassanein (l’amant), Shaladimo (le voleur)
Scénario : Ali El Zorkani et Kamal El Sheikh
Production : Assia Dagher
Apparaît à la onzième place dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps. Présenté au festival de Cannes en 1955.
Ahmed est au chômage depuis deux mois. L’aïd approche et il a besoin d’argent pour faire plaisir à sa femme et à sa petite fille Samira. Il se rend dans son ancienne entreprise pour obtenir sa prime de départ mais le patron reporte une nouvelle fois son versement. Pour offrir à sa fille Samira une nouvelle robe, Ahmed est contraint de vendre sa montre. Quand il rentre chez lui, il ne cache pas son profond désarroi. Sa femme lui propose de passer l’aïd chez ses parents mais Ahmed ne veut pas en entendre parler. Il s’emporte et il devient même blessant à l’égard de sa femme. Celle-ci décide de quitter immédiatement le domicile conjugal pour retourner avec sa fille chez ses parents. Mais quelques instants plus tard, quelqu’un frappe à la porte de l’appartement. C’est Samira qui n’a pas voulu laisser seul son père. Ahmed ne cache pas son bonheur mais il est soudain terrassé par un malaise cardiaque. Il demande à sa fille de se rendre à la pharmacie la plus proche pour s’y procurer le médicament dont il a besoin. Malheureusement, l’officine est fermée et Samira doit se rendre en tramway dans un autre quartier de la capitale pour trouver une pharmacie ouverte. La petite fille est reçue par un vieux pharmacien qui lui prépare la potion dont a besoin son père. C’est quand elle est déjà repartie que l’homme s’aperçoit qu’il a commis une grave erreur dans le dosage, faisant du médicament un poison mortel. Il faut retrouver l’enfant et son père au plus vite…
Notre avis : le troisième film du jeune prodige du cinéma égyptien des années cinquante, et c’est à nouveau un coup de maître. Kamal El Sheikh a parfaitement assimilé les codes du film noir américain et il les adapte de manière très intelligente pour réaliser une œuvre d’une grande originalité solidement ancrée dans la société de son temps. Le cinéaste tourne le dos aux conventions du cinéma égyptien des années cinquante : pas d’intrigues secondaires, pas de longs dialogues explicatifs, pas d’explorations laborieuses de la psychologie des personnages, et pas de danse orientale. « Vie ou Mort » est un film bref, nerveux, où seuls comptent l’action et le mouvement. Kamal El Sheikh rompt même avec les règles du star-system qui impose une hiérarchie entre rôle principaux et rôles secondaires. Dans son film, tous les personnages, joués par les plus célèbres acteurs et actrices de l’époque, ont la même importance. On a l’impression d’assister à une course de relais : le père de famille malade qui passe le témoin à sa petite fille qui le passe au pharmacien qui à son tour le passe au gouverneur de la capitale etc. Mais en fait, l’héroïne du film, c’est la ville elle-même. Kamal El Sheikh arpente avec sa caméra les rues du Caire et nous offre l’un des plus émouvants portraits de la capitale égyptienne. Et ce qui intéresse le cinéaste, ce sont avant tout les habitants de cette prodigieuse cité, les passants qui arpentent en tous sens les trottoirs, ceux qui attendent leurs tramways ou qui rêvent devant les devantures des boutiques. Il ne cache pas non plus sa fascination pour la horde des berlines rutilantes qui envahit les belles avenues du Caire et qui semble entraîner la foule dans sa ronde infernale. Rien que pour cette dimension « documentaire », il faut absolument voir ce film.
Jeudi 16 octobre à 15h
Salama va bien de Niazi Mostafa (Salama fi Kheir, 1937)
avec Naguib al Rihani (Salama), Amina Zehni (la belle-mère de Salama), Raqiya Ibrahim (Jihan Rostom), Hussein Ryad (le Prince Kindahar), Menassa Fahmy (l’assistant du prince), Mohamed Kamel Al Morsi (Bayoumi Morgan, le voisin de Salama), Rawhiya Khaled (Nahid, la servante de Jihan), Hassan Fayek (Fayek Rostom), Stephan Rosty (Rostom Pacha), Fouad Shafik (Khalil Hindawi, le propriétaire du magasin de tissus), Ferdoos Mohamed (la femme de Salama), Omar El Hariri (l’enfant), Fouad Al Masry (le directeur de l’hôtel), Edmond Tuema (un vendeur de tissus), Emile Asahiso (le comptable), Madame Gerbis (la mère de famille nombreuse, voisine de Salama)
Scénario : Badie Khairy et Naguib Al Rihani, d'après une pièce de Sacha Guitry, Le Sosie
Musique : Abdul Hamid Abdul Rahman et Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les Studios Misr
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien
Comédie. Salama, employé dans un grand magasin de tissus, doit porter à la banque une grosse somme d’argent. Un incident sur le parcours le contraint à rester plusieurs heures au commissariat. Une fois libéré, il reprend sa course mais trop tard : la banque est déjà fermée. Il retourne au magasin et comble de malchance, la grille de l’entrée est baissée. Un panneau annonce une fermeture exceptionnelle en raison d’un heureux événement survenu dans la famille du directeur. Son domicile n’étant pas sûr, Salama décide de passer la nuit dans le luxueux Nefretiti Palace Hotel et de déposer sa précieuse sacoche dans le coffre de l’établissement. Mais à la suite d’un quiproquo, Salama est pris pour le richissime Prince Kindahar du Baloudestan qui doit séjourner lui aussi à l’hôtel. Loin de s’en offusquer l’éminent personnage propose au petit employé de le remplacer pendant quarante-huit heures. Il est curieux de savoir comment les gens se comportent à son égard sans son titre de prince et il veut tester les sentiments d’une jeune femme qui prétend l’aimer. Salama accepte la mission et c’est avec le plus grand sérieux qu’il accomplit les tâches officielles du monarque…
Notre avis : ce premier long métrage de Niazi Mostafa est devenu un classique. On est frappé par la grande maîtrise de leur art dont font preuve le jeune cinéaste et ses collaborateurs, tous Egyptiens (et c'est une première !). « Salama va bien » est l’une de ces oeuvres qui grâce aux studios Misr vont permettre au cinéma égyptien de s’aligner sur les standards internationaux. Cette adaptation d’une pièce de Sacha Guitry est une comédie brillante qui fustige allégrement la vanité de l’argent et du pouvoir ainsi que la servilité et l’hypocrisie de leurs courtisans. L’illustre comédien Naguib Al Rihani est tour à tour émouvant et désopilant dans ce rôle de petit employé qui devient un prince craint et admiré. A ses côtés, Raqiya Ibrahim subjugue par sa beauté et son maintien aristocratique alors qu’elle a à peine dix-huit ans. Et puis ce qui fait tout le prix de cette comédie, c’est sa subtilité et sone extrême élégance : les auteurs n’ont jamais recours aux facilités de la farce, la satire sociale ne tombe jamais dans la caricature grossière. On se demande encore comment de tels films peuvent rester ignorés de la plupart des cinéphiles occidentaux !














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