إخراج : عز الدين ذو الفقار
Distribution : Imad Hamdi (Ahmed), Madiha Yousri (Aïda), Serag Mounir (le père d’Aïda), Zinat Sedqy (la nourrice), Zeinab Sedky (la grand-mère d’Aïda), Mahmoud Azmy (Ali, le frère d’Aïda), Rushdy Abaza (Toto, le fils de Zaki Pacha), Ibrahim Hechmat (Zaki Pacha, le premier ministre), Abdel Aziz Ahmed (Fayek Bey, le confident de Aïda), Salah Nazmi (Houda, l’ami de Toto), Ellen Deatto (Tamtam, la maîtresse de Toto et la femme de Houda), Ibrahim Hechmat (Zaki Pacha, le premier ministre)
Scénario : Youssef El Sebai
Production : Madiha Yousri
Madiha Yousri et Serag Mounir |
Imad Hamdi et Madiha Yousri |
Zinat Sedki |
Madiha Yousri et Mahmoud Azmy |
Abdel Aziz Ahmed |
Rushdy Abaza et Ellen Deatto |
Résumé
Aïda est la fille de Mostafa Pacha Abdul Rahman. Elle vit avec son père, sa grand-mère et son frère. Leur mère est partie alors qu’elle était enfant pour vivre avec un autre homme. Son père a voulu la préserver en lui donnant une éducation rude qui n’accordait aucune place à l’amour et à la sensibilité. Régulièrement, ils avaient la visite d’Ahmed, leur cousin. Aïda aimait jouer et se chamailler avec lui.
Les années ont passé. Aïda est devenue une jeune femme. Un jour, Ahmed qui avait disparu pour se consacrer à ses études refait son apparition. Il porte l’uniforme d’officier de cavalerie. Les deux jeunes gens reprennent leurs conversations aigres douces d’autrefois mais ils finissent par reconnaître l’un l’autre qu’ils s’aiment. Mostafa Pacha voit d’un très mauvais œil cette idylle naissante et il exige de sa fille qu’elle rompe immédiatement avec son cousin. Mais Aïda ne peut y consentir. Les jours suivants, Ahmed ne donne plus signe de vie et Aïda tombe gravement malade. Enfin Ahmed reparaît, il était parti en voyage. Tous les deux sont heureux de se retrouver et la jeune fille se rétablit aussitôt. Ils reprennent leurs promenades et leurs discussions. Enfin, ils échangent leur premier baiser.
Ahmed décide d’affronter son oncle pour lui demander la main de sa cousine mais celui-ci refuse tout net de la lui donner. Mostafa Pacha Abdul Rahman considère que la situation de son neveu est trop modeste et il souhaite pour sa fille un mariage avec un garçon fortuné. Pour lui, c’est une nécessité pressante : il a été imprudent en bourse et il a perdu une grande partie de sa fortune. Son salut viendra de son ami Zaki Pacha qui s’apprête à devenir premier ministre. Cet éminent personnage a un fils Toto et il serait tout à fait favorable à ce que celui-ci épouse Aïda.
Les premières rencontres entre les deux promis sont désastreuses. Tout les sépare. Toto est un jeune homme superficiel qui ne pense qu’â s’amuser. Ahmed partage le jugement sévère d’Aïda mais l’un et l’autre ne peuvent rien contre la volonté du père. D’autant plus que Mostafa Pacha a menacé de s’en prendre à Ahmed si sa fille n’acceptait pas le mari qu’on lui imposait. Contre son gré, Aïda épouse donc Toto. De son côté, Ahmed se marie avec une voisine.
Aïda ne va pas bien. Son existence de femme mariée est triste à mourir. Son mari n’a aucune attention pour elle et elle apprend très vite qu’il entretient une relation adultère avec la femme de son meilleur ami. Ce dernier lui propose même de devenir son amant à titre de compensation. La corruption de ce milieu la dégoûte. Un soir elle se rend là où elle avait coutume d’aller avec Ahmed, un lieu retiré plein de souvenirs heureux. Et comme par miracle, elle y retrouve l’officier de cavalerie qui avait eu la même idée qu’elle. Il lui apprend que sa femme est morte en accouchant d’un enfant mort né.
Ils décident de ne plus jamais se quitter. Ils trouvent refuge dans un chalet près de la mer mais leur bonheur sera bien court. Le lendemain, Ahmed est pris de vives douleurs à l’abdomen et il meurt. Aïda n’accepte pas que la mort les sépare. Elle répand de l’essence dans tout le chalet et provoque un incendie dans lequel elle périra auprès de celui qu’elle aime.
Critique
« Je m’en vais » est un drame réalisé par le spécialiste du genre, Ezzel Din Zulficar. On retrouve dans ce film, ce romantisme sombre qu’il affectionne, avec ces paysages tourmentés et ces personnages hors du temps que le destin emporte avant de les briser.
Plus qu’un mélodrame, c’est une tragédie : l’histoire nous conte l’amour impossible entre deux êtres qui ne pourront s’unir que dans la mort. On pense bien sûr à "Roméo et Juliette" même si la situation des deux personnage d’Ezzel Din Zulficar n’a pas grand-chose à voir avec celle des deux héros shakespeariens. Notons au passage que si la pièce du dramaturge anglais a servi de modèle à bien des œuvres théâtrales ou cinématographiques en occident, il n’en est pas de même dans le théâtre ou le cinéma égyptien : l’amour exclusif et absolu qui conduit à rompre tous les liens sociaux puis à rompre avec la vie elle-même n’est pas dans leur ADN !
La tonalité de ce film est singulière et n’a pas vraiment d’équivalent dans le cinéma de cette époque. Les auteurs font un usage homéopathique du pathétique. Peu de larmes, peu de cris, beaucoup de silences. Et pourtant, dès le début, le spectateur est plongé dans une atmosphère très sombre, presque funèbre. La plupart des scènes se passent la nuit et les personnages semblent se mouvoir en permanence dans les ténèbres. Il y a quelque chose d’étrange dans cet univers : les deux héros sont comme des fantômes évoluant dans un univers parallèle à celui des autres personnages. Tous les êtres qui les entourent semblent très lointains, presque abstraits. Bien des scènes nous ont rappelé "Peter Ibbetson", ce roman britannique dans lequel deux êtres ne peuvent se rejoindre et vivre leur amour qu’en rêve.
Les deux acteurs, Imad Hamdi et surtout Madiha Yousri (ce n’est pas la première fois qu’ils sont réunis à l’écran) parviennent à transmettre la passion qui anime leurs deux personnages avec une justesse constante, faisant naître l’émotion d’un simple geste ou d’un simple regard. Ce film, qui compte l’une scènes de baiser les plus bouleversantes du cinéma égyptien, va grandement contribuer à faire d’Imad Hamdi et de sa partenaire un couple mythique du grand écran. Il faudrait aussi évoquer la beauté troublante de Madiha Yousri qui joue un rôle déterminant dans la magie particulière de ce drame.
L’intérêt du film repose aussi sur la peinture par petites touches d’un certain milieu où toutes les turpitudes sont permises à condition que les apparences soient sauves. Roshdy Abaza joue à merveille l’antithèse du héros : un jeune homme uniquement soucieux de ses plaisirs mais qui respecte les règles de sa classe sociale. Il se mariera avec qui on veut du moment qu’il peut poursuivre sa relation explosive avec sa maîtresse. Après avoir épousé Aïda, il ne lui prêtera aucune attention et la laissera libre de faire ce qu’elle veut.
« Je m’en vais » est un film étonnant dont le pouvoir d’envoûtement n’a pas faibli avec les années. Bien au contraire…
Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
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