Passionné par tous les arts, esthète et érudit, Kamel El Telmissany s’intéresse tout d’abord à la photographie et surtout à la peinture. Dès les années trente, il organise des expositions consacrées aux tendances les plus modernes de l’art et il y présente ses propres œuvres. A la veille de la seconde guerre mondiale, il fonde avec le poète Georges Henein (1914-1973), le groupe surréaliste égyptien « Art et Liberté ». Il est l’un des signataires du manifeste « Vive l’Art dégénéré ! », rédigé en arabe et en français et distribué dans les rues du Caire en décembre 1938. A cette époque, Kamel El Telmissany est un militant trotskiste, antifasciste et son œuvre picturale dénonce la misère dans laquelle est maintenue l’écrasante majorité du peuple égyptien. Il constate très vite que ses toiles n’ont aucun écho auprès des classes laborieuses alors qu’elles ont un très grand succès auprès de tous ces nantis qu’il méprise. Il renonce à la peinture et se tourne vers le cinéma qui lui semble un art authentiquement populaire.
En 1943, il rejoint les studios Misr. Il est à la fois assistant, monteur, producteur.
En 1945, il réalise Le Marché Noir, un film considéré aujourd’hui comme un classique. Malheureusement, ce film n’aura aucun succès à sa sortie et par la suite, Kamel El Telmissany sera contraint de tourner des œuvres beaucoup plus commerciales mais dénouées d'intérêt.
En 1961, il doit s'exiler et s’installe au Liban où il écrit pour la radio et la télévision. Il collabore notamment avec les frères Rahbani et leur protégée, la grande chanteuse Fayrouz.
Il a écrit deux livres sur le cinéma.
Trois films de Kamel El Telmissani ont été mentionnées dans ce blog :
avec Imad Hamdi (Hamed), Aqila Ratib (Nagiah), Zaki Rostom (Abu Mahmoud, le père de Nagiah), Thuraya Fakhry (la mère de Nagiah), Mohamed Kamal Al Masry (Hashem, le coiffeur), Thuraya Helmy (Naïma), Ferdoos Hassan (la seconde épouse d’Abu Mahmoud), El Sayed Bedeir (le boulanger), Abd El Fattah El Kossary (l’épicier), Abdel Hamid Zaki (le boucher), Hassan Kamel (le tailleur), Aziza Mohamed (la femme du coiffeur), Abdel Moneim Ismaïl, Abdel Meguid Choukry (le vendeur de cigarettes), Salha Kasin, Nagma Hussein
Scénario : Kamel El Telmissany
Musique : Mohammad Hassan Al Shugai, Abdel Halim Noweira, Abdul Hamid Hosman, Bayram El Tunsi
Production : les Studios Misr
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien
Classique. Nous sommes au Caire durant la seconde guerre mondiale. Hamed est un jeune homme qui vit dans un petit appartement sur le toit d’un immeuble qui appartient à Abu Mahmoud. La principale qualité d’Ahmed est sa générosité. Il a toujours à cœur de venir en aide à tous ceux qui autour de lui en ont besoin. Ahmed file le parfait amour avec Nagiah, la fille de son propriétaire. Ils veulent se marier. Mais entre temps la situation économique du pays se complique à cause de la guerre. Avec d’autres commerçants du quartier, Abu Mahmoud se lance dans le marché noir, profitant sans scrupules des difficultés d’approvisionnement que connaissent les habitants de la capitale. Quand Ahmed s’en aperçoit, il n’hésite pas à s’opposer au vieil homme…
Considéré comme l'un des premiers films politiques du cinéma égyptien. Il a été réalisé en 1943 mais à cause de la censure du roi Farouk et des Anglais, il ne sortira en salle que deux ans plus tard.
L'Ecole des Filles (Madrasat Al Banat, 1955)
avec Zeinat Olwi, Serag Mounir, Kwathar Shafik, Aziza Helmy, Abdel Salam Al Nabulsi, Kamal Al Shennawi, Zinat Sedki, Reyad El Kasabgy, Safa El Gamil, Thuraya Fakhry, Aziza Helmy, Abdel Ghani El Nagdi, Layla Hamdy
Scénario : Ali El Zorkani et Helmy Halim
Musique : Mounir Mourad, Kamal El Tawil, Saïd Mostafa, Fathy Qoura
appréciation : 2/5
Kamal est un jeune homme qui mène une vie de Dom Juan multipliant les conquêtes. Il doit épouser sa cousine et malgré l’empressement de son oncle, il n’est pas disposé à s’assagir. Le jour même de son mariage alors que tout le monde l’attend, il préfère passer du bon temps dans son appartement avec une maîtresse. Et c’est son meilleur ami qui a la mission délicate de calmer la fureur de l’oncle et le dépit de la fiancée. La cérémonie est annulée. Un jour, Kamal fait la rencontre de Nadia. Elle est étudiante dans un pensionnat de jeunes filles où l’on enseigne le chant et la danse. Les deux jeunes gens sont séduits l’un par l’autre. Le bourreau des coeurs éprouve pour la première fois le véritable amour. Malheureusement, tout s’oppose à leur union. Si Kamal est déjà engagé auprès de sa cousine, Nadia doit aussi épouser un cousin resté au village avec toute sa famille.
Rendez-vous avec Satan (Maw’id ma’ iblis, 1955)
avec Zaki Rostom (le docteur Ragab Ibrahim), Mahmoud El Meleigy (le docteur Nabil/Satan), Abdel Moneim Ibrahim (Hassan, l’assistant du docteur Ragab Ibrahim), Cariman (Nadia, la fille du docteur Ragab Ibrahim), Wedad Hamdy (la servante), Abdel Ghani El Nagdi (le concierge), Soleiman El Gendy (Adel, le fils du docteur Ragab), Mounir Mourad (Mounir, le neveu du docteur Ragab), Lotfi Al Hakim (le fabricant d’appareils médicaux), Mohamed Shawki (le vendeur de bicyclettes)
Scénario : Galil El Bendary, d'après Faust de Goethe.
Musique : Mahmoud Al Sharif et Mounir Mourad + Rossini, l’Ouverture de l’opéra Guillaume Tell
Production : Films Ahmed Darwishappréciation : 4/5
Fantastique. Le docteur Ragab Ibrahim dirige une clinique privée dans le quartier de la mosquée Hussein. Les affaires ne vont pas bien, les patients aisés se font soigner dans d’autres établissements plus réputés. Les maigres honoraires du docteur suffisent à peine à payer les charges de la clinique. Ragab vit avec sa fille Nadia, son petit garçon, Adel et son neveu Mounir qui s’est installé chez eux depuis la mort de son père. Mounir rêve de devenir chanteur et il très amoureux de sa cousine. Le médecin a perdu sa femme il y a longtemps déjà et après son travail il se consacre tout entier à ses enfants qu’il ne peut gâter comme il le souhaiterait.
Un soir sa voiture tombe en panne sur une route isolée. Il est secouru par un certain docteur Nabil qui en réalité est Satan. La voiture redémarre et le docteur Ragab propose à son confrère de le ramener en ville. Pendant le trajet les deux hommes discutent et sympathisent. Ils promettent de se revoir.
Notre avis : en dépoussiérant le mythe de Faust et en mélangeant allègrement les genres et les registres, Kamel El-Telmissani a réussi à créer une œuvre unique, ne ressemblant à aucune autre. Il ne s’est pas laissé impressionner par l’ombre tétanisante de Goethe, le grand écrivain allemand du XIXe siècle dont les deux Faust constituent des œuvres majeures de la culture universelle. Contournant les références littéraires ou cinématographiques, Kamel El Telmissani a su s’approprier la légende germanique avec une totale liberté et une certaine impertinence pour nous offrir une œuvre pleine d’intelligence et d’humour. Ce «Rendez-vous avec Satan » constitue l’une des plus belles réussites d’un cinéaste égyptien dont la carrière a été gâchée par bien des vicissitudes.
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