vendredi 11 mai 2018

Les réalisateurs : El Sayed Bedeir (1915-1986)

السيد بدير

El Sayed Badeir fut à la fois scénariste, réalisateur et acteur. Il s’illustra aussi bien au cinéma qu’au théâtre, à la radio ou à la télévision. Son activité débordante lui valut de nombreux prix et il occupa des postes importants dans le domaine des médias et des arts. 
Il naît en 1915 dans le gouvernorat d'ach-Charqiya (nord est de l’Egypte). Il obtient son bac en 1932 mais abandonne très vite des études de vétérinaire pour se consacrer à la comédie. Sa carrière cinématographique débute en 1937 par une participation à l’écriture du scénario d’un film de la réalisatrice Amina Mohamed. Son talent de dialoguiste est très vite repéré par un jeune cinéaste plein d’avenir : Salah Abou Seif. Les deux hommes collaboreront à maintes reprises et ils signeront ensemble des films qui sont devenus de grands classiques du cinéma égyptien. El Sayed Bedeir écrira près d’une centaine de dialogues ou de scénarios pour lui et pour d’autres metteurs en scène. Il tourne son premier film comme réalisateur en 1957.


Neuf films d'El Sayed Bedeir ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog : 


Une Nuit d’Horreur (Leila Rahiba, 1957)
avec Chukry Sarhan (Magdy), Sherifa Fadel (Samira), Monera Sonbul (Soad, la sœur d’Hussein)), Olwiya Gamil (Amina, la mère de Magdy), Omar El Hariri (Hussein, l’ami de Magdy), Mahmoud El Meleigy (Fadel, l’oncle de Magdy), Abdel Wareth Asar (Abdel Sattar), Shafik Nour El Din (l’assistant de Magdy), Saad Ardash (docteur Tawfiq), Nazim Sharawy (le premier mari de la mère de Magdy), Gomaa Edriss (Abdallah)
Scénario : Mohamed Kamel Hassan Al Mohami
Musique : Fouad El Zahiry
Producteur : Ramses Naguib


Magdy est un jeune médecin très brillant. Il vit avec sa mère dans une grande propriété et il est fiancé à Soad, la sœur de son ami Hussein. Mais depuis quelque temps son existence est devenu un enfer. Il est persuadé que quelqu’un veut le tuer. Son oncle Fadel lui conseille de se procurer un revolver et de l’avoir toujours sur lui. Les phénomènes étranges se multiplient. Le gardien de la maison prétend avoir vu des spectres dans le jardin et on y a déposé la main du squelette d’un singe. Le mystère s’accroit quand Magdy reçoit la lettre d’une certaine Samira. Cette dernière affirme qu’ils se sont rencontrés il y a très longtemps et qu’elle souhaiterait le revoir. C’est ainsi que Magdy va découvrir qu’un lourd secret entoure sa naissance…


L’épouse vierge (Alzawga Al Aazraa,1958)
avec Faten Hamama (Mona), Imad Hamdi (docteur Fouad), Ahmed Mazhar (Magdy), Adli Kasseb (Mahrous), Zouzou Madi (Soad Hanem, la mère de Mona), Wedad Hamdy (la femme de chambre de Magdy), Rafea El Shal (Galila Hanem), Mahmoud El Saba (le procureur), Fakher Fakher (l’avocat Mohsen), Mohamed Shawky (le capitaine du bateau), Abdel Hafez Al Tatawi (l’avocat de Magdy), Hussein Asar (le domestique de Magdy), George Yordanis (le réceptionniste de l’hôtel)
D’après une histoire de Mohamed Mostafa Samy
Production : Ramsès Naguib


Mona est une jeune fille jolie mais réservée. Elle vit seule avec sa mère depuis la mort de son père. Ce dernier n'a laissé en héritage que des dettes et sa veuve doit se résoudre à vendre ses bijoux pour sauver les apparences. Un jour, à Alexandrie où les deux femmes séjournent, elles font la connaissance de Magdy, un riche homme d’affaires et de son ami le docteur Fouad. Les deux hommes sont descendus dans le même hôtel que Mona et sa mère. La jeune fille est attirée par Fouad mais sa mère préfère qu’elle épouse Magdy car cela leur permettrait de sortir définitivement de leurs difficultés financières et de retrouver l'aisance dont elles jouissaient naguère. Mona en fille obéissante devient la femme de Magdy. Mais elle apprend très vite que son mari est impuissant : une chute de cheval l’a privé définitivement de sa virilité. Progressivement, Magdy devient d’une jalousie obsessionnelle et les disputes entre les deux époux se multiplient… 

Notre avis : un très beau drame qui se présente comme une étude psychologique d’une grande finesse portant sur des personnages pleins d’ambiguïté. L’un des aspects les plus intéressants du film est la relation équivoque qu’entretiennent les deux héros masculins, une relation où se mêle la compassion, l’amour, la jalousie et la haine. El Sayed Bedeir traite d’un sujet délicat, l’impuissance masculine, mais il le fait à la fois avec tact et franchise. Ahmed Mazhar impressionne dans le rôle de cet homme blessé dans son corps et dans son âme et qui finira par sombrer. Faten Hamama confirme son immense talent en jouant Mona, cette jeune femme désemparée qui doit se soumettre aux désirs des autres, ceux de sa mère et de son mari, et étouffer ses propres aspirations. Zouzou Madi, quant à elle, incarne avec beaucoup de subtilité et loin de toute caricature la mère de l’héroïne capable de marier sa fille au premier venu du moment que celui-ci est suffisamment fortuné. A noter une très belle scène de cabaret dans laquelle Khristo Kladakis et sa partenaire dansent sur « La Danse du Sabre » d’Aram Khatchatourian.


Kahraman (1958)
avec Gamal Sami (Hamid), Hoda Soltan (Kahraman), Ferdoos Mohamed (la mère d’Hamid), Yehia Chahine (Abdel Wahid, le frère d’Hamid), Abdel Moneim Ibrahim (Sami, un ami d’Hamid), Fahmy Omar (Rachid, un ami d’Hamid), Houria (la lingère), Reyad El Kasabgy (le trafiquant de drogue), Abdel Moneim Ismaïl (un complice du trafiquant de drogue), Mohamed Tawfik (le serviteur), Ahmed Louxor (le juge), Adawy Gheith (le barman) 
Danseuse : Zeinat Olwy
Scénario : d'El Sayed Bedeir et Farid Shawki
Musique et chansons : Fouad El Zahry, Fathy Qoura, Ismail El-Habrouk, Mohamed Al-Muji, Mahmoud El Sherif
Production : Ramses Naguib


Drame. Hamid vit à Damanhour avec sa mère et son frère aîné qui est l’imam de la mosquée. Hamid est un élève brillant. Après le lycée, il suit des cours à l’université d’Alexandrie. Avec des camarades, il se rend dans une boîte de nuit où chante Kahraman. Hamid est tout de suite attiré par cette blonde pulpeuse au sourire ravageur. Il fait sa connaissance puis ils deviennent très vite amants. Pour le jeune étudiant, c’est le début d’une descente aux enfers…


La Faute de Mon Bien-Aimé (Ghalatat habibi, 1958)
avec Shadia (Souad), Omar Sharif (Salah), Zouzou Nabil (Aziza), Hussein Riad (Al Haj Abdullah), Abdel Moneim Ibrahim (Zaghloul), Tawfik El Deken (Mahrous, le frère d’Aziza), Awatef Ramadan (la nurse), Abdel Moneim Ismaïl (le séducteur du jardin public), Ahmed Sayed (le gynécologue), Nagwa Fouad (la danseuse)
Scénario : Mohamed Mostafa Samy
Musique : Mounir Mourad, Fathy Qoura, Mahmoud El Sherif, Fouad El-Zahiry, Baligh Hamdy
Production : les films Al Mansoura


Salah est ingénieur et il travaille dans l’entreprise de son oncle, Al Haj Abdullah qui fut aussi son tuteur à la mort de son père. Salah doit épouser Souad, sa cousine. Un jour son oncle lui demande d’aller constater les dégradations dont se plaignent les résidents d’un immeuble. C’est ainsi que le jeune homme rencontre Aziza, l’une des locataires. C’est une jeune femme avenante qui sait jouer de son charme dans ses relations avec les hommes. Elle présente à Salah les fissures profondes qui parcourent l’un des murs de son logement tout en se montrant très câline. L’ingénieur est à la fois décontenancé et troublé par ce comportement. A sa deuxième visite, Salah surprend Aziza battue par son frère qui tente de lui extorquer de l’argent. Il parvient à chasser le voyou et reste seul avec la jeune femme. L’entretien se fait encore plus tendre que la première fois. Salah et Aziza deviennent amants. Désormais, l’ingénieur se rend régulièrement au domicile de sa maîtresse. Il prend l’habitude de consommer de l’alcool et fume de manière excessive. Il finit même par se présenter devant sa cousine et son oncle totalement ivre. Ce changement soudain dans son attitude inquiète ses proches. Salah prend conscience qu’il met en danger son mariage et son avenir. Il décide de rompre avec Aziza. Il s’apprête à l’informer de sa décision quand elle lui annonce qu’elle est enceinte…


Elle vécut pour l'amour  (Achat li al Hob, 1959)
avec Aziza Helmy (la mère de Zaynab), Zubaida Tharwat (Zaynab), Kamal Al Shennawi (Hosny), Abdel Moneim Ibrahim (l’ami d’Hosny), Wedad Hamdy (la femme de chambre), Laïla Taher (Rachida, la sœur de Zaynab), Hermine (la danseuse), Salwa Mahmoud (la belle-mère d’Hosny), Abdallah Gheith (le cousin et le jeune amant de la belle-mère d’Hosny), Mary Ezz El Din (la mère de famille qui tente de séduire Hosny), Abdel Aziz Hamdy (le père d’Hosny)
Scénario : El Sayed Bedeir
D’après un récit de l’écrivain Mohamed Abdel Halim Abdallah
Musique : Abdel Aziz Mahmoud et Fathy Qoura 
Production : Abbas Helmy   
appréciation : 4/5


Drame sentimental. Hosny passe son enfance dans un petit village avec son père et la seconde femme de celui-ci. Un jour, il surprend sa belle-mère dans les bras de l'un de ses cousins. Dès lors, il considère toutes les femmes comme des créatures du diable qui n’ont de cesse de tromper leurs maris. Il fait le serment de ne jamais se marier. Les années ont passé. Hosny s’est installé au Caire pour suivre des études de médecine. Dans l’appartement au-dessous du sien vit une jeune fille avec sa sœur et sa mère. Elle s’appelle Zaynab. Malgré ses résolutions passées, Hosny ne peut plus se mentir : il est tombé amoureux.



Oum Ratiba (1959)
avec Mary Moneib (Oum Ratiba), Omar El-Hariri (le jeune frère d’Oum Ratiba), Thurya Fakhry (la mère de Sayed et de Souad), Abdel Moneim Ibrahim (le serviteur), Abdel Moneim Ismaïl (le boucher), Wedad Hamdy (Sonia, la servante), Mahmoud Shoukoko (le chanteur), Imad Hamdy (le client muet), Nagwa Fouad (Safia, l’amie de Souad), Ahmed Mazhar (l’inspecteur), Farid Shawki (un faux mage), Hussein Riad (un faux mage), Amal Farid (Souad), Fouad Shafik (le frère aîné d’Oum Ratiba), Hassan Fayek (Sayed, le frère de Souad)
Scénario et dialogues : Youssef Al Sebaï
Musique : Attya Sharara


Comédie. Oum Ratiba et son frère Suleiman vivent sous la coupe de leur frère aîné, Abdel. A l’égard de son entourage, ce dernier exerce une tyrannie de chaque instant. Il interdit même à sa sœur d’épouser leur voisin qui l’aime passionnément. Abdel est obsédé par la sorcellerie. Avec des amis, il organise des séances de magie noire auxquelles doivent se joindre son jeune frère et leur domestique Zenham. Suleiman souffre d’insuffisance cardiaque et il lui est impossible de mener une vie normale. Abdel a donc eu une idée : ils vont entrer en communication avec l’esprit du docteur Al Banasawi afin qu’il leur propose un remède. Soad, la jeune femme amoureuse de Suleiman, est révoltée par ces pratiques superstitieuses. Avec la complicité d’une amie danseuse, elle interrompt brusquement la petite cérémonie…

Notre avis : El Sayed Bedeir avait tous les talents, acteur, dialoguiste, scénariste, réalisateur. Travailleur infatigable, on retrouve son nom, à un titre ou à un autre, à l’affiche d’un nombre incroyable de grands classiques des années cinquante et soixante. Rien que pour cette année 1959, il réalise donc cette « Oum Ratiba » mais aussi « Elle vécut pour l’Amour » et il a écrit les scénarios de deux films très importants réalisés par Salah Abou Seif, » Entre Ciel et Terre » et « Je suis Libre ». « Oum Ratiba » se présente comme une satire très féroce à la fois de la superstition et du patriarcat tyrannique. A travers le personnage incarné avec brio par Fouad Shafik, El Sayed Bedeir s’en prend à tout un système qui emprisonne les âmes et les corps. Et il adopte des accents presque molièresques (El Sayed Bedeir est aussi un homme de théâtre) pour souligner les ridicules de ce chef de famille qui finira par capituler devant la révolte pleine de bons sens des personnages féminins.


Madame Sokkar (Sokkar Hanem, 1960)
avec Abdel Moneim Ibrahim (Sokkar), Omar El-Hariri (Farid), Kamal Al Shennawi (Nabil), Samia Gamal (Layla), Cariman (Salwa, la cousine de Layla), Mohamed Shawky (le domestique de Nabil et de Farid), Laila Hamdy (Fikaya, la servante de Layla et de Salwa), Hassan Fayek, (Qadari, le père de Nabil) Abd El Fatah El Kosary (Maître Chahine, le père de Layla)
Le scénario est signé Abou Al Seoud Al Ebiary, d'après la pièce du Britannique Brandon Thomas, La Tante de Charley (1892)
Musique : Mounir Mourad
Production : Les Films Mansoura
appréciation : 3/5


Farid et Nabil, deux célibataires, sont tombés amoureux de leurs voisines, Layla et Salwa. Ces deux cousines vivent avec le père de Layla, un homme autoritaire et jaloux. Les deux garçons cherchent un moyen pour attirer les deux jeunes filles dans leur appartement. L’arrivée prochaine d’une tante de Farid leur donne une idée. Ils invitent Layla et Salwa pour une petite fête en l’honneur de cette tante richissime qui vient du Brésil. Malheureusement, la parente de Farid n’arrive pas à la date convenue. Ils parviennent à convaincre Sokkar, un camarade, de se travestir en femme et de se faire passer pour la dame tant attendue. Les deux cousines peuvent alors sans crainte s’introduire chez leurs deux jeunes voisins. 



La Branche de l’Olivier (Ghosn el zaytoun, 1962)
avec Ahmed Mazhar, Soad Hosny, Omar El-Hariri, Abdel Waress Asr, Abdel Moneim Ibrahim, Kamal Anwar, Shokoko El Soghayar
Scénario : El Sayed Bedeir et Mohamed Mostafa Samy
D’après un récit de l’écrivain Mohamed Abdel Halim Abdallah
Production : Films de l'Union (Abbas Helmy)


Drame. Le professeur Abdo enseigne dans un lycée de filles au Caire. Il vit seul et souhaiterait se marier. Il est tombé amoureux d’une élève, Atteya. Mais des rumeurs qui courent dans tout le lycée évoquent une relation amoureuse entre elle et un autre enseignant, Jamal. Ce dernier quitte brusquement l’établissement pour s’installer à Alexandrie. Il était l’un des professeurs de la classe d’Atteya et la direction demande à Abdo de le remplacer. Celui-ci s’empresse d’accepter. Il a désormais toutes les cartes en main ! Entre lui et la jeune fille, les liens ne cessent de se resserrer mais une idée l’obsède : a-t-elle eu une histoire d’amour avec Jamal ?


L’Idiot (Al-A'beet, 1966)

avec Farid Shawqy (Moselhy), Nahed Sherif (Layla, la propriétaire de la société), Abu Bakr Ezzat (Hamdi, le fiancé de Layla), Soheir Zaky (Rawayh, la voisine de Moselhy), Hassan Mostafa (Mokhtar, l’oncle de Layla), Samir Sabri (Safwat, le chef comptable), Samia Shokri (Nagwa, la secrétaire d’Hamdy),El Said Radi (Abdo), Kawthar Shafik (Houda, l’une des maîtresses d’Hamdy), Zaki Ibrahim (Zaki, le vieil escroc), Salwa Fouad (Mervat, l’une des maîtresses d’Hamdy), Samir Waly Eddin (le concierge), Eskandar Mansy (le comptable), Ahmed Morsi (le frère de Rawayh), Samiha Mohamed (Madame Wahiba), Kawthar Ramzi (la belle-sœur de Rawayh)
Scénario : Rashad Hejazy et El Sayed Bedeir
Production : Union Films (Abbas Helmy)


Moselhy est un brave garçon trop honnête. C’est pour cette raison qu’il a perdu son emploi de comptable dans une grande société qui appartient à Layla, une jeune femme entourée d’hommes corrompus. Moselhy avait constaté des irrégularités dans les comptes et il les avait signalés Mal lui en a pris : il s’est retrouvé à la rue. Après qu’il a essuyé quelques déboires dans d’autres entreprises, sa voisine qui l’aime beaucoup, lui conseille de retourner dans la société de Layla en s’excusant d’avoir mal agi et en promettant que désormais il saurait tenir sa langue. Il est aussitôt réintégré mais ses collègues vont lui jouer un tour : ils le persuadent que Layla est amoureuse de lui…

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