lundi 15 janvier 2018

Les réalisateurs : Mohamed Abdel Gawwad (1911-2002)

محمد عبدالجواد


En rejoignant les studios Misr dès 1935, il fait partie des pionniers du septième art égyptien. Il commence sa carrière comme assistant et il réalise son premier film en 1945. Après avoir tourné une vingtaine de longs métrages, essentiellement des comédies, Mohamed Abdel Gawwad met un terme à son activité de cinéaste en 1965. Il produira quelques films jusqu’en 1971 puis se retirera définitivement.

Six films de Mohamed Abdel Gawwad ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog : 


Histoire d’Amour, co-réalisé avec Kamal Selim (Qassat Gharam, 1945)
avec Amira Amir (Hoda), Ibrahim Hamouda (Galal), Beshara Wakim (Ragab), Zaki Rostom (Chahine), Mahmoud El Meleigy (Rashid), Victoria Hobeika (la femme d’Esmat), Zouzou Hamdi El Hakim (Doria), Thuraya Fakhry (la nourrice Amina), Riad El Kasabgy (le second de Chahine), Zinat Sedki (la sœur de Chahine), Antoine Al Saghir (Galal enfant), Salwa Al Saghir (Hoda enfant), Lotfi El Hakim (Cheikh Abdoul Rahmn), Ibrahim Hechmat (le médecin), Zaki Ibrahim (Esmat Pacha)
Scénario : Kamal Selim
D’après le roman anglais Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights, 1847) d’Emily Brontë
A noter qu’en 1956, Kamel El Sheikh réalisera lui aussi une adaptation de ce roman sous le titre L’Etranger.
Musique : Izzat El Gahely, Ibrahim Hamouda, Sayed Mostafa


Galal est un jeune garçon dont le père est général. Celui-ci meurt lors d’un combat au Soudan. Orphelin, il est recueilli par des amis de son père, Esmat Pacha et sa femme qui ont déjà une petite fille, Hoda. Les deux enfants sont élevés ensemble et ils s’entendent à merveille. Malheureusement, en 1889, une épidémie de choléra dévaste l’Egypte. Esmat Pacha et sa femme succombent à la maladie. Avant de mourir, le vieil homme confie les deux enfants à Chahine, un cousin. Ce dernier n’a qu’une idée en tête : s’approprier la fortune de Hoda. Lui et sa sœur maltraitent les deux enfants qui peuvent tout de même compter sur la protection de leur nourrice et de Ragab, un serviteur dévoué. Les années passent. Galal et Hoda sont devenus des jeunes gens. Leur complicité d’enfants s’est mué en amour véritable, ce qui leur permet de supporter leur condition misérable. L’un et l’autre sont traités par Chahine en domestiques corvéables à merci…


Gawaher (1949)
avec Hagar Hamdy (Gawaher, la fille d’Abdul Ghani), Mohamed Kamel El Masry (Abdul Ghani), Mahmoud El Meleigy (Docteur Fouad), Mary Moneib (la tante de Gawaher), Hassan Fayek (Zaqat, un voleur), Ismaël Yassin (Zahul, un voleur), Sana Samih (Sana, l’amie de Gawaher), Mohamed El Dib (Salah), Reyad El Kasabgy (le gangster), Ahmed Amer (le voisin), Ali Reda (Hamdy Bey), Kitty (la danseuse), Abdel Moneim Ismaïl (le policier)
D’ après un récit du romancier et nouvelliste Moustapha Lutfi al-Manfaluti (1876-1924)
Scénario : Mohamed Abdel Gawad
Dialogues : Ahmed Shokry
Musique : Doria Galal, Abdel Halim Ali, Mohamed Zaki Nasr


Comédie. Abdul Ghani est un homme fortuné mais excessivement avare. Il impose à sa fille Gawaher une existence austère. Un jour, elle se rend à une fête organisée par son amie Sanah à l’occasion de son anniversaire et rentre chez elle totalement ivre. Son père est tellement choqué de la voir dans cet état qu’il perd connaissance. Toute sa famille est persuadée qu’il est mort. On l’enterre mais il recouvre ses esprits dans la tombe. Il se redresse et voit face à lui deux voleurs. Il est persuadé que ce sont des anges venus le punir de son avarice. Pour s’assurer de leur clémence, Abdul Ghani leur offre sa fortune en échange de la résurrection. Les deux voleurs se gardent bien de détromper le vieillard et acceptent le marché. Celui-ci a une faveur à leur demander avant de retourner sur terre : il souhaiterait avoir un aperçu du paradis. Les deux voleurs le conduisent alors dans un cabaret…


Le Malchanceux (Qalil al Bakht, 1952)
avec Shadia (la chanteuse Bulbula/Hoda), Kamal El Shennawi (Hussein), Abbas Al Daly (le père d’Hussein), Abdel Hamid Badaoui (l’oncle d’Hussein), Thuraya Hassan (Thuraya, la danseuse), Zomoroda (Elham, la cousine de Bulbula), Gamalat Zayed (la tante de Bulbula), Samia Mohsen (Fakria, l’amie d’Elham), Rashad Ahmed (Zaki), Ismail Yassin (Faleh, le serviteur d’Hussein), Lotfi Al Hakim (le propriétaire du casino), Mahmoud El Meleigy (Mounir, le cousin d’Hussein), Shafik Galal (le chanteur), Nour El Demerdash (le fiancé de Hoda)
Scénario : Zuhair Bakir
Musique et chansons : Izzat El Gahely, Ismael Nazmy, Ahmed Sabra, Ahmed Sedky, Mahmoud El Sherif
Les trente premières secondes du générique sont accompagnées de la toccata et fugue en ré mineur de Jean-Sébastien Bach dans la version symphonique arrangée et dirigée par Leopold Stokowsky.
Production : Zuhair Bakir


Hussein, un fils de bonne famille quitte son village pour s’installer à Alexandrie où il terminera ses études. Il est accompagné de son fidèle serviteur, Faleh. Hussein passe ses soirées dans un cabaret dans lequel se produit la jeune chanteuse Bulbuba. Un petit incident les fait se rencontrer et le charme opère aussitôt. L’étudiant et la chanteuse tombent amoureux l’un de l’autre et projettent même de se marier. Malheureusement, Elham, la cousine de Bulbula, a des vues sur le jeune homme depuis qu’elle sait qu’il appartient à une famille aisée. Elle veut casser cette idylle. Elle fait croire à Hussein que Bulbula a un lourd passé, que c’est une fille de mauvaise vie qui a eu recours maintes fois à l’avortement. A contrecœur, Hussein s’éloigne de celle qu’il aime passionnément. Abandonnée et enceinte, Bulbula veut en finir avec la vie. Elle s’apprête à se jeter dans les eaux du fleuve mais le propriétaire du cabaret où elle travaille l’avait suivie et l’empêche de commettre l’irréparable. Il lui propose le mariage et lui promet de reconnaître son enfant…

Notre avis : un grand film populaire, à la fois comédie musicale et mélodrame. Du mélodrame, nous retrouvons tous les ingrédients : fille abandonnée et femme fatale, amour et trahison, tentative de suicide et meurtres, souffrance et résilience. De la comédie musicale, nous avons aussi bien les grandes chansons classiques interprétées ici par Shadia que les numéros de music-hall avec danseuses et chanteurs fantaisistes. Les auteurs qui n’ont pas ménagé leur peine multiplient les péripéties jusqu’aux ultimes secondes du film. Un excellent divertissement avec de l’action, de l’émotion et du suspens.


Les Femmes ne savent pas mentir  (El Settat Mayea'rafoush Yekdebo , 1954)
avec Shadia (Layla), Ismaël Yassin (Noah, huissier et ami de Kamal), Chukry Sarhan (Kamal), Alya Fawzy (la femme de chambre), Zinat Sedki (la cousine de Layla et la femme de Noah), Stephan Rosti (Benayoti), Tawfik El Deken (le psychiatre), Hind Rostom (Nabouhia), Thuraya Fakhry (Oum Yani), Gamalat Zayed (la nourrice), Abdel Ghani El Nagdi (le militaire)
Scénario et dialogues : Badie' Khairy et Ali Reda
Musique : Hussein El Sayed, Ibrahim Ragab, Mahmoud El Sherif


Comédie. Kamal et Layla viennent de se marier. Ils s’aiment passionnément mais le mari découvre très vite que sa femme ment en permanence. Il finit même par croire qu’elle le trompe avec un homme de leur connaissance. Cela le met tellement en colère qu’il décide de s’éloigner. Il s’installe à Paris pour travailler dans la succursale française de son entreprise. Pour faire revenir son mari, Layla a une idée : elle lui envoie une lettre dans laquelle elle annonce qu’elle est enceinte et qu’elle s’apprête à accoucher. Kamal qui a toujours rêvé d’avoir des enfants retourne aussitôt en Egypte. Avec l’aide de sa cousine et de son mari, Layla a fait en sorte qu’à son arrivée, son mari trouve près du lit conjugal un berceau avec dedans un adorable petit bébé…

Notre avis : Mohamed Abdel Gawwad est un réalisateur qui connaît son métier ; son savoir-faire en matière de comédie n’est plus à prouver. Certes ce film « Les femmes ne savent pas mentir » n’est pas déplaisant mais il manque singulièrement d’originalité. Le spectateur ne peut se défaire d’une impression de « déjà vu », notamment à cause de certains gags qui ont beaucoup servi dans bon nombre de productions antérieures. Le sujet aussi nous rappelle d’autres comédies comme « Mensonge sur Mensonge » de Togo Mizrahi (1944) ou « Dernier Mensonge » d’Ahmed Badrakhan (1950). La prestation des acteurs, sans être indigne, n’est pas inoubliable. Comme on dit, ils font le job !

 
Poisson d'avril (Kidbet April , 1954)
avec Ismaël Yassin (Amchir), Chukry Sarhan (Hosny Sharkas, le fils de Rostam), Abdel-Fatah Al Kosary (Qandil, le mari de Zafarana), Aïda Othman (Soso, la fille d’Amchir), Stéphan Rosti (Rostam Sharkas), Al Sayed Bedeir (Abdel Mawgoud, le fils du maire), Mohamed El Tabei (le maire), Aziza Badr (la femme du maire), Mary Moneib (la femme d’Amchir), Wedad Hamdi (Zafarana), Sanaa Gamil (Nargis, la danseuse), Mohsen Hassanein (le serveur), Malak Al Gamal (la femme de chambre), Zouzou Nabil (la mère d’Hosny), Hermine (danseuse), Lola Abdo (danseuse)
Scénario et dialogues : Badie' Khairy et Mohamed Abdel Gawwad
Musique : Ahmed Sabra
Production : Abbas Helmy


Comédie. Amchir est marié à une femme turque très riche. Avec leur fille, ils vivent dans un immense domaine à la campagne. Amchir fréquente les cabarets de la capitale et il a pris soin de prendre un pseudonyme pour pouvoir agir à sa guise. Il est tombé amoureux de Nargis, une danseuse, malheureusement, il n’est pas le seul à courtiser la jeune femme et il lui faut beaucoup d’argent pour espérer l’emporter. Alors pour obtenir de sa femme la somme dont il a besoin, il feint d’être au désespoir et prétend vouloir se pendre. Il explique à son épouse qu’avant de la connaître, il avait déjà été marié et qu’il avait eu un fils. Sa première femme était morte et c’était lui qui devait assurer l’entretien de l’enfant mais que faute d’argent, il n’en était pas capable. Sa femme touchée par ce récit pathétique accepte de l’aider. Mais peu après, l’épouse généreuse découvre une photo de Nargis dans la poche du veston de son mari. Ce dernier prétend que cette Nargis est en fait la fille cachée de l’un de leur parent. Ces premiers mensonges vont en entraîner bien d’autres et plonger le héros dans des situations inextricables…

Notre avis : une comédie qui use et abuse du quiproquo mais l’abattage des acteurs fait passer les ficelles parfois un peu grosses du scénario. Ce film, très féminin à défaut d’être féministe, nous offre une jolie galerie de danseuses aujourd’hui oubliées et d’actrices abonnées aux seconds rôles. Y ont participé des artistes qui ne feront qu’un passage éclair dans le cinéma égyptien. Aïda Othman joue la fille d’Amchir, elle ne tournera que dans trois films, les trois en cette seule année 54 puis elle disparaitra brutalement des écrans. Y figurent aussi ces deux danseuses américaines venues se produire au Caire toujours en 1954 et qui apparaitront dans deux films avant de retourner chez elles.


Le Bonheur est une Promesse (El Saad Waad, 1955)
avec Ismaël Yassin, Tawfik El Deken, Nagah Salem, Mohamed Salman, Ibrahim Hechmat , Hermine, Mokhtar Othman, Mohamed El Dib, Zinat Sedki
Histoire et dialogues : Badie' Khairy


Comédie. Bahgat est dans une situation difficile. Il dirige un grand établissement comprenant une salle de spectacle et une cafétéria. Malheureusement, depuis quelque temps les clients se font rares et les dettes s’accumulent. Ses créanciers le poursuivent sans relâche, il ne sait plus comment faire pour leur échapper. Un de ses amis a une idée lumineuse : dans un café, ils ont rencontré un homme qui est fou de désespoir car la femme qu’il adorait vient de le quitter ; il clame qu’il va se jeter dans le Nil et sort en laissant ses affaires à une table. L’ami échange le portefeuille de Bahgat avec celui de l’inconnu. Quand on repêchera le corps du suicidé, on pensera naturellement que c’est Bahgat qui a mis fin à ses jours et les créanciers devront renoncer au recouvrement des sommes considérables dues par leur débiteur trépassé. Effectivement, quelque temps plus tard, les secours retrouvent le corps d’un noyé dans le fleuve. Mais ce que ne savent pas les deux compères, c’est que ce cadavre n’est pas celui de leur inconnu : ce dernier était en fait un acteur en train de répéter son rôle…

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