mardi 20 août 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 20 au 31 août)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Samedi 31 août à 20h30

Les Filles d’Eve de Niazi Mustafa (Banat Hawa, 1954)

avec Mohamed Fawzi (Wahid), Madiha Yousri (Esmat), Shadia (Hekmat, la sœur d’Esmat), Ismail Yassin (Ananas, l’amoureux d’Hekmat), Zinat Sedki (le garde du corps d’Esmat), Abdel Moneim Ismail (l’infirmier), Edmond Tuema (le directeur de la galerie de peinture), Hind Rostom (l’une des secrétaires), Hassan Hamed (le professeur de judo), Mohamed Reda (le modèle en tenue de pêcheur), Thuriya Salem (une danseuse), Hamid Badawy (l’oncle d’Esmat), Fawzya Ibrahim (employée du magasin), Mounria Abdel Mohsen (la directrice du camp artistique)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary, Niazi Mostafa
Musique : Mohamed Fawzi, Abd Al Aziz Salam, Fathy Qoura
Paroles des chansons : Saleh Gawdat, Abou Al Seoud Al Ebiary
Producteur : Mohamed Fawzi


Comédie musicale. Esmat est la propriétaire des magasins Jeunesse et Beauté. C’est une féministe convaincue : dans sa société, elle n’emploie que des femmes et elle a créé une association qui lutte pour l’égalité entre les deux sexes. Elle ne veut surtout pas entendre parler de mariage au grand désespoir de sa sœur cadette : celle-ci ne pourra épouser l’homme qu’elle aime qu’une fois Esmat mariée. Un jour, alors que la femme d'affaires se rend en voiture à une réunion de son association, elle renverse un cycliste. Plus de peur que de mal : l’homme se relève sans grande difficulté. Il s’appelle Wahid et c’est un artiste peintre. Il se rendait à une exposition pour y présenter une œuvre qui a été abîmée dans sa chute. Esmat veut le dédommager mais Wahid refuse : il est ébloui par la beauté de la jeune femme et souhaite faire immédiatement son portrait. Esmat accepte à contre-coeur. Ils s’installent au bord du Nil et en quelques minutes, Wahid réalise un portrait au crayon de sa belle inconnue. Cette dernière, exaspérée par cette situation finit par quitter Wahid en lui laissant un chèque. Grâce à ce chèque, le peintre parvient à retrouver la femme d’affaires. Il se présente au siège de sa société mais elle refuse de le recevoir…

Notre avis : cette comédie musicale est une réussite sur tous les plans : l’interprétation, le scénario, les danses, les chansons et les costumes. L’action se déroule dans l’univers chatoyant de la mode et du luxe et on a parfois l’impression de feuilleter un magazine féminin des années cinquante ! Les tenues portées par Madiha Yousri n’ont rien à envier au « chic parisien » et le film se termine sur un défilé de maillots de bain d’une élégance inouïe (Précisons que tous les costumes ont été fournis par les magasins Shamla créés et dirigés par les frères Shamla, des commerçants d’origine française). Le scénario repose sur une histoire d’amour assez conventionnelle mais le tempo est soutenu, sans aucun temps mort. Ce qui frappe, c’est la cohésion de l’ensemble : tout s’imbrique à merveille, les actrices et les acteurs forment une équipe soudée et peuvent donner toute la mesure de leur talent. Le film évoque aussi, et c’est assez rare, les mouvements féministes très actifs en Egypte dans la première moitié du XXe siècle. Certes, c’est pour s’en moquer mais la satire n’est guère cruelle. Bref, « Les Filles d’Eve » constitue un excellent divertissement qui a conservé toute sa fraîcheur.


Vendredi 30 août à 18h

Al Arafich de Niazi Mustafa (El-Tout wal Nabout, 1986)
avec Hamdy Ghaith (Assouna Al Sabaa), Amina Rizq (Halima Al Baraka), Ezzat Al Alaily (Ashour, le fils aîné d’Halima), Ali Hassanein (le cheikh aveugle), Taysir Fahmy (Aziza Radwan), Mohga Abdel Rahman (Morgana, la servante d’Aziza), Samir Sabri (Fayez, le deuxième fils d’Halima), Mohye El Din Abdel Mohsen (Mousa Al-Awar), Mona El Saeed (la danseuse Nousa), Mahmoud El Gendy (Dia, le plus jeune fils d’Halima), Salah Nazmi (le commerçant Hajj Abdul Rahim), Amal Ramzi (Salma), Samira Sedky (Fathia, la fiancée de Dia), Hafez Amin (Mohamed Al Ajl, le père de Fathia), Kamal El Dessouky (Rafqi, le joueur professionnel), Fawzi Al Sharqawi (le policier), Ahmed Abou Abiya (le cheikh Yunus), Mahmoud Abou Zeid (le cheikh Al Daldul), Amal Diab (Mabrouka), Hussein El Imam (Al Margoushi), Ahmed Akl (le maire), Atef Barakat (Mokhtar Bey), Sami Ali (le chanteur), El Rayyes Metqaal (le chanteur traditionnel)
Scénario : Essam Al Gamblaty et Naguib Mahfouz
D’après la dernière partie du roman (Le dixième livre intitulé La Trique et le Murier) de Naguib Mahfouz, La Chanson des Gueux publié en 1977. Dans le roman, Ashour est le benjamin de la famille alors que dans le film, il est l’aîné.
Musique : Mohamed Sultan
Production : Georges Fawzi


Nous sommes au Caire, au début du XXe siècle. A cette époque, dans les quartiers populaires régnaient les futuwas, sorte de chefs de gang respectés et craints pour leur force. Ils pouvaient se comporter comme des seigneurs protégeant les plus faibles ou comme des tyrans abusant de leur pouvoir.
Halima Al Baraka fut l’épouse d’un de ces futuwas mais à la mort de son mari, c’est Hassouna, l’un de ses anciens serviteurs, qui devint l’homme fort du quartier et il n’eut de cesse d’humilier ses anciens maîtres. Halima al Baraka vit modestement avec ses trois fils. Ashour est le fils aîné, il est berger et il est resté fidèle aux valeurs de son père. Il s’oppose à la brutalité des hommes d’Hassouna qui sans raison frappent tous ceux qui ont le malheur de croiser leur chemin. Il est tombé amoureux d’une jeune femme Aziza qu’il a secourue alors qu’elle et sa servante étaient agressées par deux hommes. Aziza ne cache pas l’inclination qu’elle ressent pour Ashour mais celui-ci refuse de se déclarer car il s’estime trop pauvre pour la demander en mariage. Fayez, le second fils, est charretier. Il ne supporte plus sa condition et souhaiterait changer radicalement d’existence. L’occasion lui en est enfin donnée quand dans la rue il est venu au secours d’un client d’un cabaret malmené par plusieurs individus. La danseuse Nousa, qui est la directrice de l’établissement, a vu la scène. Elle est séduite par la force et le courage de Fayez et elle ne tarde pas à en faire son amant. Elle lui apprend toutes les combines qui feront de lui un homme riche. Quant au plus jeune, Dia, il travaille comme homme à tout faire chez un commerçant. Les femmes constituent son unique préoccupation. Il est très attiré par la fille de son patron bien qu’il soit fiancé à Fathia, la fille de l’employé qui chez sa mère s’occupe des animaux. Il n’a de cesse de la harceler pour qu’elle lui cède mais la jeune femme se défend énergiquement…

Notre avis : on peut considérer ce film comme le dernier de Niazi Mostafa, le réalisateur le plus flamboyant du cinéma égyptien. Il meurt, assassiné dans des circonstances obscures, quelques mois après la sortie sur les écrans d’Al Arafich (Après sa mort, sortira en 87 un dernier film sans intérêt dont le tournage a été en grande partie assuré par son assistante.). Cette adaptation d’une œuvre du prix Nobel de littérature ne jouit pas de la même notoriété que celles réalisées par Hassan Al Imam ou par Salah Abou Seif et c’est bien injuste. Niazi Mostafa a restitué fidèlement l’univers et les péripéties de la dernière partie du roman de Naguib Mahfouz. Certes il a laissé de côté la dimension philosophique du texte original pour réaliser un thriller mais Niazi Mostafa est avant tout un homme de spectacle qui déteste ennuyer son public. Alors reconnaissons qu’il est arrivé à ses fins sans trahir le grand écrivain. « Al Arafich » se présente comme une superproduction aux couleurs vives et aux passions violentes. L’interprétation est remarquable aussi bien pour les premiers que pour les seconds rôles . On découvre un Samir Sabri auquel nous sommes peu habitués. D’ordinaire, il joue, avec une certaine décontraction, les jeunes fêtards insouciants et superficiels. Dans ce film, il nous prouve qu’il est aussi un très grand acteur dramatique.


Jeudi 29 août à 16h

La Femme de mon Mari de Mahmoud Zulficar (Emra'at Zawgy, 1970)

avec Salah Zulficar (Adel), Nelly (Samia), Naglaa Fathy (Wafaa), Hassan Mostafa (Mamdouh), Mimi Gamal (Nani), Hussein Ismael (le père de Wafaa), Anwar Madkour (le médecin), Mokhtar El Sayed (le serveur), Layla Yousry (la bonne)
Scénario : Abou El Seoud El Ebiary
Musique : Ted Heath (Hot Summer Night), Fathy Koura, Mounir Mourad
Production : Naguib Khoury


Cela fait trois ans que Samia mène une vie heureuse avec Adel, un pilote de ligne. Un jour, son amie Wafa se présente à son domicile : celle-ci vient de quitter Alexandrie pour des raisons professionnelles et elle est à la recherche d’un logement. En attendant d’en trouver un, Samia lui propose de s’installer chez elle. Peu après, Samia subit un examen médical et apprend que son cœur est très malade. Il ne lui reste que quelques mois à vivre. Elle décide de trouver une remplaçante auprès de son mari et son choix se porte tout naturellement sur Wafa. Son état la contraignant à garder le lit, elle incite son amie et son mari à sortir ensemble tant et si bien qu’ils finissent par tomber amoureux l’un de l’autre. C’est alors que Samia apprend qu’elle avait reçu par erreur des résultats d’examen qui concernaient un autre patient. En réalité, elle se porte à merveille…

Notre avis : c’est le dernier film de Mahmoud Zulficar (Il meurt le 22 mai 1970 à l’âge de 58 ans.). Pour cette comédie romantique, il a réuni autour de son frère Salah, deux jeunes actrices à l’aube d’une grande carrière, Naglaa Fathy et Nelly. L’année précédente, il avait déjà fait jouer celles-ci ensemble dans « Les Secrets des Filles » qui était, il faut bien l’avouer, l’un de ses plus mauvais films. « La Femme de mon Mari » est bien plus réussi. Il y a certes quelques longueurs (les scènes de disputes qui suivent la consultation chez le médecin sont un peu répétitives.) et le mélange des genres ne fonctionne pas toujours. Il n’empêche que les acteurs sont formidables et qu’on a plaisir à suivre les tribulations de ce singulier trio amoureux. Et puis, Mimi Gamal est irrésistible en bonne copine qui ne rate jamais une occasion pour pourrir la vie de ses amies. Les censeurs se sont émus que dans les premières minutes du film, les deux jeunes époux échangent un nombre incalculable de baisers. C’est sans doute pour cette raison que nous apprécions tout particulièrement cette séquence initiale.


Mercredi 28 août à 18h

Entrevue Confidentielle de Mohamed Abdel Aziz (El Galsa Sereya, 1986)

avec Mahmoud Yassin (Abdel Kader), Yousra (Zahira, la femme d’Abdel Kader), Karim Yousri (le fils d’Abdel Kader), Samir Sabri (Lotfa, l’ami d’Abdel Kader), Shahir (Ihsan, la mère de l’enfant), Soheir Taha Hussein (la femme de Lotfa), Farouk Youssef (le cousin d’Ihsan), Adel Borahm (Salah), Medhat Morsi (un avocat), Rashwan Mostafa (un avocat), Nahim Issa (l’oncle d’Ihsan)
Scénario et dialogues : Nabil Asmat
Musique : Ammar El Sherei
Production : Mahmoud Yassin


Drame. Abdel Kader est un riche homme d’affaires. Il vit dans une demeure luxueuse avec sa femme, Zahira, et son fils de neuf ans. Un soir, alors qu’il rentre chez lui en voiture, il est arrêté par une femme enceinte qui lui demande de la conduire à l’hôpital car elle est sur le point d’accoucher. Quelques jours plus tard, Abdel Kader découvre que le nouveau-né a été enregistré sous son nom par l’administration de l’hôpital et que la mère affirme qu’il est le père du bébé. La jeune femme s’appelle Ihsan et le véritable père de son enfant est son cousin avec qui elle entretenait une relation amoureuse cachée de tous. Quand il avait su qu’elle était enceinte, son cousin lui avait aussitôt proposé le mariage mais il était subitement mort peu après. Pour ne pas affronter la colère des siens, elle avait quitté Tanta où elle et sa famille avaient toujours vécu. Elle voulait accoucher dans la plus grande discrétion. Voilà pourquoi elle a prétendu que le père de son enfant était Abdel Kader. Ce dernier comprend qu’il se retrouve dans une fâcheuse situation et il va tout entreprendre pour s’en sortir. Son avocat a une idée : il propose de soudoyer un médecin pour qu’il atteste qu’Abdel Kader souffre de stérilité. Le médecin contacté souhaite néanmoins ausculter son faux patient. Il découvre qu’Abdel Kader est réellement stérile. Pour l’homme d’affaires, c’est le monde qui s’écroule : son fils n’est pas de lui et sa femme l’a trompé…

Notre avis : dans ce film, Mohamed Abdel Aziz abandonne la comédie pour un drame qui met face à face deux acteurs parmi les plus talentueux de leur génération : Yousra et Mahmoud Yassin. Le scénario bien ficelé accumule les rebondissements jusqu’à la toute dernière scène et on suit avec un intérêt constant la descente aux enfers d’un homme ordinaire qui voit voler en éclat tout ce qui faisait le bonheur de son existence. La mise en scène n’évite pas toujours les effets théâtraux : on pourra notamment regretter que le dénouement sombre dans une certaine forme de grandiloquence et d’emphase. Cela dit « Entrevue Confidentielle » demeure un excellent film qui offre à Yousra l’un de ses plus beaux rôles. Ajoutons enfin qu’avec ce drame Mohamed Abdel Aziz se livre à une réflexion bien peu conventionnelle sur l’adultère et l’amour hors mariage.


Mardi 27 août à minuit

Samara de Hassan El-Seifi (Samara, 1956)
avec Taheya Carioca (Samara), Soad Ahmed (la mère de Samara), Mahmoud El-Meliguy (le chef du trafic de drogue), Stephan Rosty (un gangster), Serag Mounir (chef du service de lutte contre la drogue), Mahmoud Ismaïl (Soltan), Mohsen Sarhan (l’indicateur de la police), El Sayed Bedeir (complice de Soltan), Abdel Aziz Khalil (complice de Soltan), Mohamed Tawfiq (complice de Soltan), Awatef Youssef (la danseuse), Shafik Nour El Din (le père de Samara), George Yordanis (le barman du cabaret)
Scénario : Mahmoud Ismaïl
Musique : Attiah Sharara
Producteur : Hassan El Seifi
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Thriller. Soltan, un trafiquant de drogue, épouse Samara, une danseuse dont l’enfance fut bouleversée par des événements dramatiques. Il l’initie à ses affaires et la jeune femme devient une pièce maîtresse du gang. Mais la police parvient à introduire dans le réseau un indicateur qui se fait passer pour un criminel en cavale du nom de Sayed Abou Shafa. Samara en tombe aussitôt amoureuse. Soltan est en relation avec un personnage mystérieux, très puissant et très riche. Cet homme est à la tête du marché de la drogue mais la police n’a jamais pu l’arrêter car personne ne connaît son identité. Samara, par le plus grand des hasards, découvre qui il est. Elle fait part de sa découverte à Sayed Abou Shafa qui prévient aussitôt ses collègues…

Notre avis : Mahmoud Ismaïl fut un excellent scénariste et un très bon acteur. Il le prouve à nouveau dans ce thriller très sombre qui n’a rien perdu de son pouvoir d’envoûtement. On retrouve Taheya Carioca dans l’un de ses plus grands rôles (même si, pour cette année 1956, la postérité retiendra surtout sa prestation dans « La Sangsue » de Salah Abou Seif). Seule femme dans un monde d’hommes, elle campe un personnage alliant la force et la séduction, très éloigné des stéréotypes de l’époque.


Lundi 26 août à 16h

Rendez-vous avec un inconnu d’Atef Salem (Maweed maa maghoul, 1959)
avec Omar Sharif (Magdi), Samia Gamal (Nana, auxiliaire de police), Hala Shawkat (Nadia), Fakher Fakher (Soubhy), Youssef Fakhr El Din (Rachad), Omar Al Hariri (officier de police), Reyad El Kasabgy (le gardien de l'usine), Kamal Hussein (Amin), Thuraya Fakhry (mère de Rachad), Salah Nazmi (le médecin)
Scénario : Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab et les Films Barakat
appréciation : 3/5


Amin est un industriel. Depuis qu’il a constaté que son entreprise était l’objet d’importants détournements de fonds, il reçoit des lettres anonymes lui enjoignant de garder le silence. Amin veut lui-même enquêter avant de prévenir la police. Il convoque Rachad, son jeune comptable. Lors de leur entretien, Amin explique à son interlocuteur qu’il est certain de son innocence mais que quelqu’un a tenté de le faire accuser en falsifiant ses livres de comptes. Tandis qu’ils discutent, un homme s’est introduit dans la voiture de Rachad pour se saisir du revolver qui se trouve dans la boîte à gants. L’inconnu pénètre dans les locaux de l’entreprise et tire sur Amin qui s’effondre mortellement blessé. Poursuivi par le gardien, Rachad se sauve. Sur la route il est arrêté par un étrange personnage qui lui garantit l’impunité bien que tout l’accuse. Il doit disparaître et garder le silence sur tout ce dont il a été le témoin. Après avoir fait ses adieux à sa mère et à sa sœur, Rachad s’envole pour le Soudan. La police a pris l’affaire en main mais elle ne parvient pas à identifier un coupable. Magdi est le jeune frère d’Amin qui fait des études à l’étranger. Il rentre en Egypte pour mener sa propre enquête.

Notre avis : bien que le scénario comporte des facilités, des contradictions et des invraisemblances (oui, ça fait beaucoup !), « Rendez-vous avec un inconnu » est un thriller qui emporte quand même l’adhésion grâce à son atmosphère de roman noir, ses personnages énigmatiques et surtout grâce à la relation incandescente qui unit Omar Sharif et Samia Gamal, ou du moins leurs personnages. Le premier est magistral en héros d’une beauté sombre et altière qui voit avec effroi la réalité se dérober sous ses pas. Et la seconde incarne avec maestria un Dom Juan féminin d’une sensualité diabolique. La beauté des images d’Alexandrie et de ses environs ravira les nostalgiques d’une époque et d’un art de vivre à jamais révolus.


Dimanche 25 août à 20h30

C'est toi que j'aime d'Ahmed Badrakhan (Ahebbak Inta, 1949)
avec Farid Al Atrache (Mounir), Samia Gamal (Nadia), Ismaïl Yassin (Hikmat Al Far), Abdel Salam Al Nabulsi (le chorégraphe), Zeinat Sedki (la propriétaire de la pension), Thoraya Helmy (Zaynab), Lola Sedky (Rasmia), Mahmoud Shoukoko (Darwich Al Nims), Hassan Fayek (Basioni Bey), Abdel Moneim Ismaïl (le marin), Zaki Ibrahim (Ibrahim Bey), Mahmoud Reda (un danseur), Rifaat El Gamal (un danseur), Abdel Aziz Hamdy (l’employé du télégraphe)
Scénario et dialogues : Youssef Gohar et Ahmed Badrakhan
Musique : Farid Al Atrache, Aziz Sadek, Bibi Al Manza
Production : les films Farid Al Atrache


Comédie musicale. Mounir travaille comme employé aux télécommunications. Il arrive souvent en retard au bureau car il consacre ses soirées et ses nuits à la musique. Malgré tous ses efforts, il n’a jamais réussi à percer. Un jour, Nadia, une danseuse se présente à son guichet. Elle souhaite envoyer un télégramme à Ghazal, son chorégraphe, pour lui apprendre une terrible nouvelle : son petit chien vient de mourir. Bouleversée, elle montre à Mounir une photo du « défunt » puis disparaît aussi vite qu’elle était apparue. Le musicien télégraphiste a été vivement impressionné par la beauté de Nadia. Pour la revoir, il a une idée. Comme elle lui a laissé la photo de son chien, il en trouve un identique et se présente avec à son domicile. C’est ainsi que commencent à la fois leur histoire d’amour et leur collaboration artistique. Mounir connaît enfin le succès grâce aux musiques qu’ils composent pour Nadia. Mais très vite, le compositeur devient extrêmement jaloux de la complicité qui unit Nadia et son chorégraphe. Il préfère rompre…

Notre avis : 1949 fut une très grande année pour la comédie et la comédie musicale égyptiennes. On pourrait citer un nombre incroyable de films sortis cette année-là et devenus des classiques. « C’est toi que j’aime » en fait bien sûr partie. La conjugaison des plus grands talents de l’époque dans tous les domaines artistiques a produit ce petit miracle. Les scènes de comédie, les danses, les chansons s’enchainent avec un souci constant du rythme et de la variété. Et puis ce qui fait la valeur inestimable à nos yeux de cette comédie musicale, c’est l’autodérision dont font preuve tous ces acteurs renommés qui pour amuser le public n’ont peur de rien et surtout pas du ridicule !


Samedi 24 août à 20h30

Méfie-toi de Hawa (Eve) de Fateen Abdel Wahab (Ah min Hawwa, 1962)
avec Rushdy Abaza (docteur Hassan), Madiha Salem (Nadia, la sœur d’Amira), Abdel Moneim Ibrahim (Limaï), Aziza Helmy, Awatif Tikla (Fatia, la servante), Hussein Riad (le grand-père d’Amira), Loubna Abdel Aziz (Amira), Hussein Ismaïl (l’assistant du docteur Hassan), Nahed Sabri (danseuse)
Scénario et dialogues : Mohamed Abou Youssef
Musique : Ali Ismaïl
Production : Ramses Naguib


Une adaptation moderne de la Mégère Apprivoisée de William Shakespeare. Docteur Hassan Shukri est un vétérinaire qui doit s’installer chez un riche propriétaire terrien pour soigner les animaux du domaine. Sur la route, il porte secours à une jeune femme dont la grosse voiture est tombée en panne. La conductrice se montre agressive, traitant le docteur Hassan comme un domestique. Celui-ci découvre peu après que cette charmante personne est Amira, la petite-fille de son employeur. Le vétérinaire fait aussi la connaissance de Nadia, la jeune sœur du dragon qui, contrairement à Amira, est une fille douce et agréable. Nadia a un petit ami mais son grand-père refuse qu’elle se marie tant que l’aînée n’a pas trouvé un époux. Malheureusement, le mauvais caractère d’Amira décourage tous les prétendants qui se présentent. Le docteur Hassan promet au grand-père de l’aider à dresser sa petite-fille. Il la traite tout de suite sans ménagement ce qui déconcerte Amira habituée à plus d’égards. L’attitude cavalière du vétérinaire finit même par l’exaspérer, à tel point qu’un soir elle accuse le docteur Hassan de l’avoir agressée et d’avoir tenté de la violer. Son grand-père sait que c’est faux. Avec le vétérinaire, il monte alors une petite comédie pour donner à la menteuse une bonne leçon : afin de laver l’honneur de la famille, Amira doit épouser son agresseur !

Notre avis : dans cette adaptation très libre de "la Mégère Apprivoisée" de William Shakespeare, Fateen Abdel Wahab évite tous les pièges qu’un tel sujet pouvait comporter et se garde de toute misogynie grossière. Il nous conte avec élégance et ironie toutes les épreuves que s’imposent les deux héros et parvient à capter notre attention jusqu’à l’inévitable « happy end ». C’est une comédie à l’italienne dont la réussite repose en grande partie sur le talent de ses deux vedettes. Rushdy Abaza est toujours juste, sans rien d’affecté ni de forcé dans son jeu. Quant à Loubna Abdel Aziz, on se dit qu’elle avait bien du talent et que c’est vraiment dommage que sa carrière fût si courte. Fateen Abdel Wahab réunira à nouveau les deux acteurs l’année suivante dans « La Mariée du Nil ».

Dans ce film, la voiture de Rushdy Abaza est une 2 cv Citroën. Pour un homme qui était habitué dans la vie comme à l’écran aux grosses limousines américaines, l’expérience a dû sembler bien exotique !


Vendredi 23 août à 20h30

Monsieur Omar de Niazi Mostafa (Si Omar, 1941)
avec Zouzou Chakib (Lola, la sœur d’Omar), Naguib Al Rihani (Gaber/Omar), Mohamed Kamal El Masry (Gamil Bey, l’oncle d’Omar), Abd El Fatah El Kosary (Abdul Majid Sattour, le complice de Berlanta), Mimi Chakib (Berlanta), Stefan Rosti (l’avocat), Serag Mounir (le cousin d’Omar), Eglal Zaki (la chanteuse), Ali Kamal (l’employé indélicat), Mary Moneib (la tante d’Omar), Victoria Hobeika (la mère d’Omar), Abdel Aziz Khalil (le directeur de la pension), Abdel Aziz El Gahely (le vieux serviteur), Ali Abd El Al (le commerçant), Ahmed Shoukry (l’astrologue indien), Abdel Aziz Al Ahmed (Kawara, le voleur de rue), Eskandar Menassa (le traducteur de l’astrologue)
Scénario : Naguib Al Rihani et de Badie Khairy d’après la pièce du premier Si j’étais beau (1938). Musique : Mohamed Hassan Al Shugai, Riad Al Sonbati, Badyah Sadek, Ibrahim Hussein, Mohamed El-Kahlawy
appréciation : 3/5


Gaber est un modeste employé travaillant dans l’exploitation agricole du très puissant Omar Al Alfy. Un jour il découvre dans les comptes du domaine de nombreuses irrégularités. Il en informe la direction. On le licencie aussitôt. Gaber décide de monter au Caire pour trouver du travail. Dans le train il se retrouve en compagnie d’une jeune femme très séduisante et d’un homme à la mine patibulaire. Ce dernier est un chef de gang du nom d’Abdel Majid Satour. Il est recherché par la police et pour échapper à l’arrestation en gare du Caire, il glisse un collier de très grande valeur dans la poche de Gaber. La jeune femme a surpris la manœuvre du voleur. En descendant du train, Abdel Majid Satour est intercepté par la police. La jeune femme en profite pour entraîner chez elle Gaber afin de récupérer le collier. Elle parvient à faire croire au pauvre employé qu’elle est la propriétaire de ce bijou et qu’elle pourrait très bien le dénoncer pour ce vol. Gaber la supplie de n’en rien faire. Cette femme qui se prénomme Berlanta est à la fois amusée et intriguée par sa « victime ». Elle est amusée par sa naïveté mais aussi intriguée par sa ressemblance frappante avec le milliardaire Omar Al Alfy dont elle prétend être l’épouse mais qui vit depuis plus de vingt en Inde. Elle est bien décidée à exploiter cette similitude. En attendant, Gaber se retrouve à la rue, ne sachant où dormir, et c’est la malchance qui le poursuit impitoyablement : il tombe entre les griffes d’un voleur qui le dépouille de tout ce qu’il possède, puis il se retrouve nez à nez avec Abdel Majid Satour. Ce dernier est très heureux de cette rencontre : il a cherché Gaber dans tous les hôtels de la ville afin de récupérer son collier. Quand Satour comprend que Gaber ne l’a plus, il décide de le séquestrer dans son repaire. Il va même le forcer à devenir un voleur comme lui. Un jour, Gaber voit par la fenêtre Berlanta monter dans une voiture. Avec Satour, il décide de la suivre. C’est ainsi qu’ils se retrouvent devant le palais de la famille d’Omar Al Alfy. Les domestiques qui les reçoivent sont convaincus d’être en présence de leur maître de retour après une si longue absence…

Notre avis : Si Omar est la deuxième collaboration entre Naguib Al Rihani et Niazi Mostafa. La première était Salama fi Khair (Salama va bien, 1937) qui figure dans la liste des cent meilleurs films de l’histoire du cinéma égyptien.
Cette comédie se compose de deux parties aux styles très différents. Dans la première heure du film, on assiste à l’arrivée de Gaber au Caire après son renvoi. Il tombe sous la coupe du terrible Abd Al Majid Satour et progressivement devient son complice. Le réalisateur a fait ses études cinématographiques en Allemagne et l’influence de certains cinéastes européens est évidente dans la manière d’évoquer le petit peuple, honnête ou pas, de la capitale égyptienne. Les scènes se déroulant dans le repaire d’Abd Al Majir Satour rappellent aussi bien le réalisme poétique français que l’expressionnisme allemand.
La seconde partie, moins originale que la précédente, se passe dans un lieu unique : Gaber et son mentor s’installent dans l’hôtel particulier de la famille de Si Omar. Nous retrouvons l’atmosphère des comédies conventionnelles se déroulant dans un milieu aisé avec domestiques, jeunes femmes élégantes et messieurs en smoking. Le tout est un peu théâtral mais le talent du grand acteur Naguib Al Rihani nous fait bien vite oublier ce petit défaut.


Jeudi 22 août à 16h

Ismaël Yassin chez les fous d'Issa Karama (Ismael Yassin fi mostashfa el maganen, 1958)
avec Ismaël Yassin (Hassouna), Hind Rostom (Tema), Zinat Sedki (la mère de Tema), Abd El Fatah El Kosary (le père de Tema), Reyad El Kasabgy (chef de service à l’hôpital psychiatrique), Hassan Atla (un fou), Fouad Ratab (un fou), Farhat Omar (le docteur Shadid), Abdel Moneim Ibrahim (un fou), Abdel Moneim Ismaïl (le marchand de légumes), Hussein Ismaïl (le boucher), Hussein Asar (Zaki Al-Qahwaji), Mohsen Hassanein, Kitty (la danseuse), Helen (la folle qui fait un strip-tease), Salha Kasin, Abdel Hamid Zaki (le propriétaire de la pâtisserie), Ezzedin Islam (le directeur de l’hôpital), Abdel Ghany Kamar (l’astrologue)
Scénario : Abbas Kamel, Abdel Fattah El Sayed
Musique : Attya Sharara
Production : les films Karama
Appréciation : 3/5


Comédie. Tout le monde dans le quartier veut épouser Tema. Son père a emprunté de l’argent aux uns et aux autres en leur promettant à chaque fois de leur donner la main de sa fille. Tema est amoureuses de Hassouna, le pâtissier. Malheureusement, un chef de service à l’hôpital psychiatrique s’engage à éponger toutes les dettes du père si celui-ci consent à faire de lui son gendre. Les deux hommes font affaire mais il faut se débarrasser d’Hassouna. Ils décident de le faire passer pour fou et de l’interner à l’hôpital psychiatrique.


Notre avis : c’est une comédie typique des années cinquante qui mêle le burlesque et le glamour avec un seul objectif : plaire au plus grand nombre. Mais l’intérêt majeur de ce divertissement tout public réside sans aucun doute dans sa critique virulente de la famille traditionnelle et de la condition faite aux femmes. On voit un père, cynique et sans scrupule, promettre sa fille à qui voudra bien rembourser ses dettes et on voit aussi d’honnêtes artisans ou commerçants proposer « généreusement » leur aide au papa contre les faveurs de la belle Tema, incarnée avec brio par l’affriolante (et dans ce film, le mot est faible !) Hind Rostom.
Cela étant dit, « Ismaïl Yassin chez les fous » comporte quelques faiblesses. Une grande partie de l’intrigue se déroule au sein d’un hôpital psychiatrique et cela nous vaut des scènes interminables avec des « fous » se livrant à des pitreries puériles et répétitives.


Mercredi 21 août à 16h

Je ne peux pas le faire d’Ahmed Badrakhan (ma akdarshi, 1946)
avec Farid Al Atrache (Farid), Taheya Carioca (Ilham, la danseuse), Fouad Shafik (l’huissier), Abdel Salam El Nabolsi (l’assistant de l’huissier), Hassan Fayek (le père de Farid), Aziza Badr (Oum Abdou, la logeuse de Farid), Nagwa Salem (la fille du millionnaire Abdoul Karim Pacha), Gamalat Zayed (la voisine de Farid), Ahmed El Haddad (l’ivrogne), Fouad Fahim (Abdoul Karim Pacha)
D'après une histoire de Soliman Naguib
Dialogues : Badie' Khairy
Musique : Farid Al Atrache, Youssef Badrous, Mamoun Al Shinnawi, Mahmoud Fahmy Ibrahim
Production : les films Ahmed Darwish


Comédie musicale. Farid Zaher n’a qu’une passion : la musique et le chant. Son père exige qu’il y renonce mais il ne peut se résigner à un tel sacrifice. Après une dernière dispute, Farid quitte la demeure familiale pour voler de ses propres ailes. Au Caire, il trouve un modeste appartement dans un immeuble appartenant à Madame Oum Abdou. Farid fait la connaissance de ses voisins et parmi eux, il y a Ilham, une danseuse. Cette dernière a des problèmes d’argent et a contracté des dettes qu’elle ne peut honorer. Les huissiers s’apprêtent à vendre aux enchères tout ce qu’elle possède. Tout naturellement, Farid lui vient en aide et règle les cinquante livres demandées. Pour le remercier, Ilham le fait embaucher comme chanteur dans le cabaret où elle danse. Ils se produisent ensemble sur la scène de l’établissement et leurs numéros rencontrent un grand succès. Ils vont très vite tomber amoureux l’un de l’autre. Malheureusement, Ilham se dispute avec le patron du cabaret et celui-ci les renvoie. Les deux jeunes artistes doivent repartir de zéro…

Notre avis : cela fait pratiquement dix ans qu’Ahmed Badrakhan enchaîne les comédies musicales avec les plus grands noms de la chanson égyptienne : Oum Kalthoum, Asmahan, Nour Al Hoda et bien sûr Farid Al Atrache. Ce dernier est la vedette principale de « Je ne peux pas le faire » et il a pour partenaire féminine Taheya Carioca. Dans la filmographie du réalisateur et du chanteur, c’est une œuvre mineure. Certes, les chansons de Farid Al Atrache ont tout pour nous séduire mais le scénario n’est pas d’une folle originalité : il recycle des situations et des thèmes déjà exploités dans des productions antérieures. Le plus décevant est certainement la prestation de Taheya Carioca. Ses quelques numéros dansés étonnent par leur maladresse voire leur amateurisme. Bref, cette comédie musicale fait bien pâle figure devant celles que va tourner Farid Al Atrache avec Samia Gamal à partir de 1947.


Mardi 20 août à 18h

Le Suspect de Samir Seif (Al Mashbouh, 1981)
avec Soad Hosny (Batta), Adel Imam (Maher), Said Saleh (Bayoumi, le frère aîné de Maher), Farouk El Feshawi (Tarek, l’officier de police), Fouad Ahmed (Hamouda, le complice des deux frères), Ali El Sherif (Afyonah, un bandit), Saïda Galal (une prostituée), Naïma Al Saghir (Oum Al Ayyal), Karim Abdel Aziz (l’enfant de Maher), Mona Abdallah (l’infirmière), Kasem El Daly (le mazoun), Mohamed Ashoub (le barman), Hamdi Youssef (le père de l’officier de police)
Scénario et dialogues : Ibrahim El Mougy et Samir Seif
Adaptation du film Les Tueurs de San Francisco (Once a Thief, 1965) du réalisateur américain Ralph Nelson avec Alain Delon et Jack Palance
Musique : Hany Shenouda


Chronique sociale. Maher est un voleur. Alors qu’il est en train de cambrioler un appartement, il fait la connaissance de Batta, une prostituée qui y reçoit ses clients. Les policiers font leur apparition. Pour leur échapper, Maher se bat comme un beau diable, il est blessé à la jambe mais il blesse à son tour l’officier de police Tarek. Il parvient à s’enfuir et trouve refuge au domicile d’Oum Al Ayyal, la receleuse. Il y retrouve ses deux complices, Bayoumi, son frère aîné et Hamouda. On lui enlève la balle fichée dans sa jambe et une fois rétabli, Maher n’a plus qu’une idée en tête : retrouver Batta. Il erre dans les bars et les cabarets où travaillent les prostituées mais c’est la jeune femme qui le retrouve chez Oum Al Ayyal. Maher et Batta s’avouent leur amour et décident de se marier, malgré l’opposition de Bayoumi, le frère du jeune homme. Quelques mois plus tard, Batta est enceinte. Alors que Maher l’accompagne à l’hôpital où elle doit accoucher, il est arrêté et conduit au commissariat. Là, il retrouve Oum Al Ayyal qui attend d’être interrogée. Elle lui apprend qu’Hamouda avait été arrêté et qu’il les avait tous dénoncés mais que son frère avait réussi à fuir. Dans la cellule où il est transféré, Maher retrouve Hamouda et l’agresse violemment. Pour cette agression, il est condamné à cinq ans de prison. Pendant ce temps-là, l’inspecteur Tarek recherche toujours le malfrat qui l’a blessé…

Notre avis : c’est le premier grand rôle dramatique d’Adel Imam et il s’y révèle remarquable, à la grande surprise de beaucoup (On raconte que même le réalisateur n’était pas au départ favorable au choix d’Adel Imam pour son personnage mais qu’il reconnaitra très vite son erreur d’appréciation.) Dans cette chronique sociale en forme de thriller, l’acteur incarne avec un réalisme stupéfiant, un petit délinquant dont toutes les tentatives pour mener une vie normale sont vouées à l’échec, comme si le destin s’acharnait à le faire replonger dans le monde des voyous et des truands. « Le Suspect » est un film d’action qui évite tout manichéisme. Les personnages sont montrés avec toute leur complexité et sont traités avec la même humanité, les truands comme les flics, les braves comme les lâches. Autour d’Adel Imam, les autres acteurs sont tout aussi sensationnels, notamment Soad Hosny dans le rôle de la compagne du héros, Saïd Saleh dans celui du frère et Farouk El Feshawi dans celui de l’inspecteur Tarek. Dans ce film, Soad Hosny forme avec Adel Imam l’un des couples les plus émouvants du cinéma des années 80.




dimanche 4 août 2024

samedi 3 août 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 4 août)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Dimanche 4 août à 20h30

Le Dernier Mensonge d'Ahmed Badrakhan (Akher Kidba, 1950)
avec Farid Al Atrache (Samir), Samia Gamal (Samira Honolulu, l’épouse de Samir), Camellia (Kiki), Aziz Othman (le Maharajah), Ismail Yassin (Arnab/Madame Cire d’Abeille), Ali El Kassar (le domestique), Stephan Rosti (le médecin), Zaki Ibrahim (le directeur de l’opéra), Saïd Abou Bakr (le traducteur), Abdel Salam Al Nabolsi (le représentant de la société d’assurance), Abdel Halim El Qalawy (le chauffeur de bus fou), Abdul Jabbar Metwally (le voleur), Mohamed Shawky (le vendeur de ballons)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ibiary et Ahmed Badrakhan
Musique : Farid Al Atrache
Production : les films Farid Al Atrache
Dernier film de l’actrice Camellia. Elle disparaît brutalement dans un accident d’avion le 31 août 1950.


Samir est un chanteur marié à Samira une danseuse avec qui il travaille. Son bonheur serait complet si Samira n’était pas d’une jalousie féroce. Elle surveille chacun de ses faits et gestes. Quand elle doit s’absenter, elle ne lui laisse pas un sou de peur qu’il en profite pour rencontrer d’autres femmes. Un jour, il reçoit la visite de son ancienne fiancée, Kiki. Elle veut renouer avec lui mais il refuse. Elle ne se décourage pas pour autant. Avec l’aide d’un Maharajah de ses amis très menaçant, elle oblige Samir à assister à la petite fête qu’elle donne pour son anniversaire. Au cours de la soirée, le chanteur casse le collier de perles que portait Kiki, un collier très cher appartenant au Maharajah. Samir s’engage à le faire réparer et retourne chez lui avec dans sa poche de veston le fameux bijou. Le lendemain matin, Samira, toujours aussi suspicieuse, inspecte méthodiquement toutes les poches de son mari et tombe sur le collier…

Notre avis : une comédie musicale follement réjouissante avec le duo légendaire Farid Al Atrache et Samia Gamal. Les numéros chantés et dansés, bien que très longs, comptent parmi les plus mémorables de l’histoire du cinéma égyptien. Jamais Samia Gamal ne fut aussi belle et aussi sensuelle à l’écran. Autour du couple vedette, on retrouve les figures les plus célèbres de la comédie de l’époque, et par leur talent et leur énergie elles contribuent elles aussi à la réussite de ce « Dernier Mensonge ». Certes, on pourrait déplorer que le scénario surexploite certaines situations ou certains procédés (Je pense aux visites de l’agent d’assurances et du médecin au domicile du héros) mais ce serait vraiment chipoter. Le rythme trépidant du film et l’allégresse qui s’en dégage font bien vite oublier ces petites réserves. Enfin, rappelons que c’est la dernière apparition au cinéma de Camellia et elle est épatante en rivale sans-gêne de Samia Gamal. Celle qui était devenue une star en quelques années aurait pu prétendre à une magnifique carrière dans la comédie. Le destin en a voulu autrement.


Samedi 3 août à 16h

Un Amour Inoubliable de Saad Arafa (Hub La Ansah, 1963)
avec Nadia Lotfi (Amal Rifat), Imad Hamdy (Sharif, le professeur des Beaux-Arts), Galal Issa (Hussein/Adel), Karima El Sherif (Samira, le modèle), Abdelsalam Mohamed (Hosny), Abdel Khaleq Saleh (Rifat Pacha, le père d’Amal), Abdel Moniem Saudy (le médecin)
Scénario : Amin Youssef Ghorab et Saad Arafa
Musique : 3e mouvement de la Symphonie n°3 de Johannes Brahms, Let's Twist Again de Chubby Checker
Production : Saad Arafa


Drame. Amal est la fille du Pacha Rifat, un propriétaire terrien très puissant. Depuis qu’elle est enfant, elle est amoureuse d’Hussein, un garçon des environs, et maintenant qu’ils sont devenus des jeunes gens, ils souhaitent se marier. Malheureusement le père d’Amal ne veut pas entendre parler de cette union. Face à l’insistance de sa fille, il décide de se débarrasser définitivement du jeune homme. Il engage un tueur et Hussein est abattu alors qu’il avait rendez-vous avec Amal dans la campagne. La jeune fille qui a assisté au meurtre tombe gravement malade, profondément traumatisée. Elle passe plusieurs années dans une clinique et n’en sort qu’à la mort de son père. Elle réside seule dans le domaine familial avec pour seuls compagnons les souvenirs de son grand amour. Elle finit par s’installer au Caire où elle a fait l’acquisition d’une splendide villa conçue et aménagée par le Docteur Sharif, professeur aux Beaux-Arts. Celui-ci va devenir son confident et grâce à lui, elle va retrouver goût à la vie. Un jour alors qu’elle s’est rendue à une exposition de peinture, elle tombe sur un tableau représentant Hussein. Elle a aussitôt cherché à rencontrer l’artiste et elle se retrouve devant le sosie parfait de son bien-aimé assassiné. Elle apprend qu’il s’appelle Adel et qu’il est le frère cadet d’Hussein. De son côté, elle se garde bien de révéler ce qui les rapproche. Elle achète des tableaux au jeune peintre et finit même par se rendre dans son atelier…

Notre avis : un drame bon chic bon genre mêlant peinture, et psychanalyse, ingrédients que l’on retrouve régulièrement dans des films à prétention intellectuelle. On peut aussi y ajouter le thème du double qui parcourt toute l’histoire du cinéma égyptien. Bref rien de nouveau mais l’intérêt du film est ailleurs. « Un Amour Inoubliable » illustre de manière éclatante la fascination qu’a exercé sur de nombreux réalisateurs des années soixante l’actrice Nadia Lotfi. Sa beauté et son élégance ont été à la fois sources d’inspiration mais aussi :injonctions impérieuses de se conformer à un modèle défini une fois pour toutes. C’est ainsi qu’on la retrouve de film en film revêtue de sa petite robe noire à la Jacky Kennedy, avec sa chevelure blonde coiffée en chignon, ses grands yeux tristes (Nadia Lotfy sourit rarement) et son allure gracile de jeune fille de bonne famille. Saad Arafa ne se lasse pas de filmer le visage de sa vedette en gros plan et il est vrai que ces portraits sont magnifiques. Mais on a trop souvent le sentiment que les autres personnages (très peu nombreux d’ailleurs) ne l’intéressent pas vraiment et qu’il ne les utilise que comme faire-valoir de sa jeune actrice, si belle et si douée.


Vendredi 2 août à 20h30

Salama va bien de Niazi Mostafa (Salama fi Kheir, 1937)
avec Naguib Al Rihani (Salama), Amina Zehni (la belle-mère de Salama), Raqiya Ibrahim (Jihan Rostom), Hussein Ryad (le Prince Kindahar), Menassa Fahmy (l’assistant du prince), Mohamed Kamel Al Morsi (Bayoumi Morgan, le voisin de Salama), Rawhiya Khaled (Nahid, la servante de Jihan), Hassan Fayek (Fayek Rostom), Stephan Rosty (Rostom Pacha), Fouad Shafik (Khalil Hindawi, le propriétaire du magasin de tissus), Ferdoos Mohamed (la femme de Salama), Omar El Hariri (l’enfant), Fouad Al Masry (le directeur de l’hôtel), Edmond Tuema (un vendeur de tissus), Emile Asahiso (le comptable), Madame Gerbis (la mère de famille nombreuse, voisine de Salama)
Scénario : Badie Khairy et Naguib Al Rihani
Musique : Abdul Hamid Abdul Rahman et Mohamed Hassan Al Shugai
Production : les Studios Misr
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Comédie. Salama, employé dans un grand magasin de tissus, doit porter à la banque une grosse somme d’argent. Un incident sur le parcours le contraint à rester plusieurs heures au commissariat. Une fois libéré, il reprend sa course mais trop tard : la banque est déjà fermée. Il retourne au magasin et comble de malchance, la grille de l’entrée est baissée. Un panneau annonce une fermeture exceptionnelle en raison d’un heureux événement survenu dans la famille du directeur. Son domicile n’étant pas sûr, Salama décide de passer la nuit dans le luxueux Nefretiti Palace Hotel et de déposer sa précieuse sacoche dans le coffre de l’établissement. La situation se complique lorsqu’à la suite d’un quiproquo, il est pris pour le richissime Prince Kindahar du Baloudestan…

Notre avis : ce premier long métrage de Niazi Mostafa est devenu un classique. On est frappé par la grande maîtrise de tous les aspects du septième art dont font preuve le jeune cinéaste et ses collaborateurs. « Salama va bien » est l’un de ces films qui grâce aux studios Misr vont permettre au cinéma égyptien de s’aligner sur les standards internationaux. C’est une comédie brillante dans laquelle le grand comédien Naguib Al Rihani déploie toutes les facettes de son immense talent. A ses côtés, Raqiya Ibrahim subjugue par sa beauté et son maintien tout aristocratiques. Et puis c’est une comédie d’une extrême élégance : les auteurs n’ont jamais recours aux facilités de la farce et la satire sociale ne tombe jamais dans la caricature grossière. On se demande encore comment avec de tels films, l’Egypte n’a pas conquis le monde !


Jeudi 1er août à 16h

Mademoiselle Hanafi de Fateen Abdel Wahab (Anissa Hanafi, 1954)

avec Ismail Yassin (Hanafi), Magda (Nawam), Soliman Naguib (Hassouna Bey), Zinat Sedki (la belle-mère d’Hanafi), Abd El Fatah El Kosary (le père d’Hanafi), Omar El-Hariri (Hassan), Reyad El Kasabgy (Al Wady, le boucher), Wedad Hamdy (Zakia, l’ex-femme d’Al Wady), Gamalat Zayed (Oum Al Saïd), Abdel Ghani El Nagdi (le policier), Mohamed Shawky (le marié), Shafik Galal (le chanteur), Nemat Mokhtar (une danseuse), les deux danseuses Liz et Lynn, Thurya Salem (une danseuse), Hassan Abou Zeid (le mathoun)
Scénario : Galil El Bendary
Musique : Ibrahim Haggag, Mohamed El Kahlawy, Kamal Ahmed Ali
Production : Galil El Bendary


Hanafi est un jeune garçon très conservateur. Il vit avec son père, un patron boucher, sa belle-mère et la fille de celle-ci, Nawam. Hanafi exerce sur ces deux femmes une autorité sans faille, leur interdisant de sortir et même de regarder par les fenêtres. Nawam aime un jeune homme qui réside sur le toit de leur immeuble. Il s’appelle Hassan et est étudiant à l’école vétérinaire. Le père d'Hanafi l'a chargé de s'occuper des nombreux pigeons voyageurs qu'il possède. Nawam rejoint souvent Hassan sur la terrasse et ils n’imaginent pas l’avenir l’un sans l’autre. Malheureusement, selon les volontés de son beau-père et de sa mère, Nawam doit épouser Hanafi. Ce dernier ne souhaite pas non plus ce mariage mais lui aussi est obligé de se plier à la décision paternelle. Le jour des noces, le jeune marié est pris de violents maux de ventre. Il est hospitalisé et subit une intervention chirurgicale. Le médecin qui l’a opéré a commis une erreur : il l’a transformé en femme. Hanafi est devenu Fifi…

Notre avis : un monument de la comédie égyptienne. Avec ce film, Ismaïl Yassin devient le roi du rire dans le monde arabe et il le restera pendant de longues années. Le tour de force de Faten Abdel Wahab consiste à aborder dans une comédie familiale une réflexion sur le genre qui impressionne par sa modernité et son audace. Progressiste dans l’âme, le réalisateur nous offre une satire sans concession des défenseurs de la tradition et de la vertu. « Mademoiselle Hanafi » connut un triomphe bien mérité à sa sortie et depuis les chaines de télévision continuent à le diffuser très régulièrement. En revanche, qu’il ne soit même pas mentionné dans bon nombre d’Histoires du cinéma égyptien rédigées par des «spécialistes» nous semble profondément injuste.