dimanche 30 octobre 2022

Les réalisateurs : Hamada Abdel Wahab (1919-1986)

حمادة عبدالوهاب

Hamada Abdel Wahab est un réalisateur et scénariste égyptien. Il commence sa carrière cinématographique à la fin des années 40 comme assistant. Il réalise son premier film en 1953, Le Voleur Honnête avec Ismaïl Yassin et Shadia dans les rôles principaux. Au début des années 60, il commence à travailler pour la télévision où il fera l’essentiel de sa carrière. En 1980, il devient directeur de la première chaine de la télévision égyptienne. Pour le cinéma, il réalisera cinq films en tout et pour tout.


Deux films d'Hamada Abdel Wahab ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Ismaël Yassin rencontre Raya et Sakina (1955, Ismaïl Yassin yuqabil Raya wa sakina)
avec Ismaël Yassin (Felfel), Thoraya Helmy (Nounou, la fiancée de Felfel), Negma Ibrahim (Raya), Zouzou Hamdi El Hakim (Sakina), Abd El Fatah El Qosary (le voleur), Reyad El Kasabgy (Assab Allah, le mari de Raya), Said Khalil (Abdel Al, le mari de Sakina), Nazim Shaarawy (le borgne), Nemat Mokhtar (la danseuse Sonia Agamia), Thuraya Fakhry (la mère de Nounou), Ahmed El Gezeiry (l’ivrogne), Abdel Halim El Qalawy (un fou), Mohamed Shawky (un fou), Metawea Oweis (l’officier), Agamy Abdel Rahman (le bandit), Tousoun Motamad (le soldat)
Scénario : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Fouad El Zahiry, Ali Ismail, Farid Ghosn, Izzat El Gahely, Abd El Hafeez El Tetawy
Production : Al Hilal Films
appréciation : 3/5


Les deux sœurs criminelles, Raya et Sakina, font régner la terreur dans les rues d’Alexandrie. Elles et leur gang enlèvent des femmes pour leur voler leurs bijoux. Une fois chez elles, elles empoisonnent leurs victimes et les enterrent dans leur jardin. La police constate ces nombreuses disparitions mais n’a jamais été capable d’en démasquer les responsables. Raya et Sakina peuvent ainsi continuer leur petit business très lucratif, en toute impunité.
Un jour, l’un de leurs complices se présente dans un cabaret où travaille la danseuse Sonia. Il est venu chercher cette dernière car elle doit se produire chez les deux sœurs lors d’une soirée réunissant quelques amis. Méfiante, la patronne du cabaret demande à Felfel, l’un de ses artistes, de suivre l’homme et la danseuse. Felfel parvient à s’introduire dans la maison de Raya et Sakina. Il surprend deux individus en train de préparer une boisson empoisonnée qu’ils destinent à la danseuse. Felfel quitte la maison sans être repéré et il se rend aussitôt au commissariat. L’officier de police qui le reçoit à bien du mal à croire ce qu’il raconte d’autant plus que Felfel empeste l’alcool. Le policier décide néanmoins de se rendre avec des agents au domicile des deux sœurs. Malheureusement, ces dernières ont fait disparaître toute trace de la présence de Sonia et Felfel passe pour un menteur qui a joué un mauvais tour aux représentants de la force publique. Raya et Sakina s’en sont bien sorties cette fois-ci mais désormais elles considèrent Felfel comme un témoin gênant. Elles ordonnent à leurs complices de l’éliminer…


Notre avis : une excellente comédie musicale avec des numéros chantés et dansés tout à fait réjouissants. Cette parodie du film de Salah Abou Seif parvient à restituer fidèlement l’atmosphère de l’original tout en lui conférant une tonalité comique : du beau travail ! Dans la distribution, on retrouve une partie de l’équipe qui jouait dans le « Raya et Sakina » de 1953 dont Negma Ibrahim et Zouzou Hamdi El Hakim dans le rôle des deux criminelles, ce qui rend très bluffante la similitude entre les deux films. Le pastiche et la parodie sont des exercices de style qui peuvent soit déprécier une œuvre en la caricaturant (plutôt la parodie) soit célébrer celle-ci en l’imitant très fidèlement (plutôt le pastiche). Il est clair que le film d’Hamada Abdel Wahab se range dans la seconde catégorie. Mais, répétons-le, « Ismaël Yassin rencontre Raya et Sakina » est avant tout une comédie musicale particulièrement plaisante. Et plus qu'Ismaël Yassin, la véritable vedette de ce film, c'est Thoraya Helmy qui joue, chante et danse avec l'abattage des plus célèbres meneuses de revue.


Le Voyage sur la Lune (Rehla Ela Al Qamar, 1959)
avec Ismaël Yassin (Ismaïl, le chauffeur du minibus), Rushdy Abaza (l’ingénieur Ahmed Roshdy), Safia Tharwat (Stella), Edmond Tuema (Monsieur Charvin), Ibrahim Younes (Monsieur Cosmo), Soad Tharwat (Tula), Gihan (Dana), Hassan Ismaïl (Farid)
Scénario : Hamada Abdel Wahab
Production : Delta Film Productions (Hamada Abdel Wahab)


Monsieur Charvin a terminé la construction de sa fusée. Tout est prêt pour ce grand voyage vers la Lune dont il rêve depuis si longtemps. Il compte bien être le premier homme à s’y poser et à l’explorer. Apprenant l’imminence du décollage de la fusée, l’ingénieur Ahmed Roshdy se rend au centre spatial de Monsieur Charvin afin de récolter un maximum d’informations sur ce qui s’annonce comme une avancée majeure dans la conquête de l’espace. Il est accompagné de journalistes du quotidien Al Akbar al Youm et de leur chauffeur Ismaïl. Sur la base, ils sont accueillis par Monsieur Charvin lui-même qui ne veut absolument pas qu’on photographie son invention. Seul, Ahmed est autorisé à le suivre et à monter dans la fusée. Mais Ismaïl le chauffeur a réussi à échapper à la surveillance des gardiens et il entre lui aussi dans l’engin. Sa présence est aussitôt repérée. Monsieur Charvin le prenant pour un espion, brandit un revolver et s’apprête à tirer. En voulant lui échapper, Ismaïl actionne par inadvertance des manettes du tableau de bord. Catastrophe ! Il vient d’allumer les moteurs. La fusée décolle. Ses trois passagers perdent connaissance. Quand ils retrouvent leurs esprits, la Terre est déjà loin. La suite de l’histoire aura pour cadre la Lune. Les trois astronautes découvriront que le satellite de la Terre est déjà habité par un certain Monsieur Cosmo qui y séjourne avec ses sept filles, aussi jolies les unes que les autres.

Notre avis : un film qui mériterait de devenir culte. Nous sommes très proche de l’esthétique des nanards d’Ed Wood : des décors en carton-pâte, une fusée et des robots tout droit sortis d’un dessin d’enfant, des effets spéciaux « faits maison ». Bref, de la science-fiction considérée comme un art naïf mais dans son genre, « Le Voyage sur la Lune » constitue une réussite éclatante. Les auteurs se sont visiblement inspirés du film américain « Fusée pour la Lune » (Missile to the Moon) de Richard Cunha sorti l’année précédente. Il n’empêche que la "copie" égyptienne nous semble bien supérieure à son modèle.
Et pour ne rien gâcher, les sept actrices qui incarnent les filles de Monsieur Cosmo sont d’une beauté à couper le souffle. Dans l’une des séquences du film, cinq d’entre elles exécutent une danse incroyable, très loin du style oriental habituel. La jeune femme au corps de déesse qui joue Stella, l’amoureuse de l’ingénieur Ahmed Rushdy, s’appelle Safia Tharwat. Elle fera une carrière d’actrice très brève car elle était avant tout une sportive de premier plan. Elle sera notamment à l’origine du développement en Egypte de la nage synchronisée. Tant pis pour le cinéma...

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