jeudi 16 juin 2022

La Colère des Parents (ghadab el waldeen, 1952)

غضب الوالدين
ﺇﺧﺮاﺝ: حسن الإمام






















Hassan Al Imam a réalisé La Colère des Parents en 1952

Distribution : Shadia (Nahemat), Mohsen Sarhan (Wahid), Amina Rizq (la mère de Wahid), Hussein Riad (Imam Mohamed, le père de Wahid), Samia Tawfik (Kawthar, la maîtresse de Wahid), Zouzou Hamdi El Hakim (la tante de Nahemat), Chukry Sarhan (Mahmoud), Ahmed Allam (le directeur d’Imam Mohamed), Fakher Fakher (le jeune homme riche), Mohamed El Dib (l’amant de la tante de Nahemat), Thuraya Fakhry (Oum Mahmoud), Abdel Moneim Ismail (le patron du café), Nadia El Shennawy (Nahemat, petite fille), Awatef Youssef (une danseuse)
Scénario : Hassan Al Imam et Hassan Abdel Wahab
Dialogues : Mohamed Mostafa Samy
Musique : Mahmoud Al Sharif, Fathy Qora, Ibrahim Haggag

 

Chukry Sarhan et Shadia




Hussein Riad



Mohsen Sarhan



Shadia



Amina Rizq et Mohsen Sarhan



Zouzou Hamdi El Hakim et Mohamed El Dib



Samia Tawfik et Fakher Fakher


 













Synopsis

Mélodrame. Imam Mohamed est concierge dans une entreprise. C’est un homme vertueux et travailleur qui a tout sacrifié à la réussite de Wahid, son fils unique. Malgré ses revenus modestes, Imam a pu financer les études de son fils dans une école de commerce. Mais Wahid ne manifeste aucune gratitude à l’égard de ses parents. Il a toujours souffert d’appartenir à une famille modeste face à ses condisciples plus aisés. A son père et à sa mère, il réclame sans cesse davantage afin de mener une existence conforme à ses désirs.
Une fois Wahid diplômé, son père a obtenu de son patron qu’il l’embauche. Si Iman est fier de ce fils sans doute voué à un bel avenir en revanche Wahid ne goûte guère devoir travailler auprès d’un père qui occupe un poste subalterne. Malgré cet emploi, le jeune homme a bien du mal à satisfaire les exigences de sa maîtresse. Cette dernière s’appelle Kawthar et c’est une danseuse qu’il a connue dans un cabaret. Pour elle, Il décide d’hypothéquer la maison de ses parents afin de louer un appartement luxueux. Il peut ainsi y accueillir sa bien-aimée. Mais la cupidité de sa compagne est sans limite. Il finit par détourner de l’argent dans son entreprise. Le patron ne tarde pas à s’en apercevoir. Imam est désespéré. Pour étouffer le scandale, il rembourse toutes les sommes détournées par son fils en puisant dans les économies qu’il destinait à payer son pèlerinage.
Malgré cela, Wahid reste passionnément amoureux de Kawthar qu’il épouse sans en avertir ses parents. Mais le bonheur conjugal des tourtereaux est de courte durée. Le directeur de la société a passé l’éponge sur le détournement de fonds mais il exige que Wahid soit muté à Louxor. Kawthar refuse de quitter Le Caire et elle laisse son mari partir seul. Les deux époux vivent séparément mais Wahid revient régulièrement au Caire pour retrouver sa femme. C’est ainsi qu’ils donnent naissance à une petite fille, Nahemat. Mais Kawthar est toujours aussi avide et son mari se laisse corrompre pour la satisfaire. De leur côté, les parents de Wahid ont dû quitter leur appartement qui a été vendu aux enchères afin d’honorer les dettes de leur fils. Ils ont trouvé refuge chez des proches. Pendant ce temps-là, Kawthar mène une vie agréable sans aucun souci d’argent. Régulièrement, elle fait la fête avec ses amis et, un soir, elle se laisse séduire par Ikram, un camarade de Wahid appartenant à une famille très riche. Un jour, Wahid, de retour de Louxor, surprend sa femme dans les bras de son amant. Fou de rage, il sort de sa poche un revolver et tire sur Kawthar. Pour ne pas subir le même sort, Ikram sort précipitamment de la maison mais en traversant la rue, il est renversé par un camion.
Pour le meurtre de sa femme, Wahid est condamné à quinze ans de travaux forcés. Sa petite fille, Nahemat, est confiée à Lawahiz, la sœur de Kawthar qui ne lui manifestera aucune tendresse. Les années passent, Nahemat a grandi. Le jour, elle travaille comme ouvrière dans une fabrique de bonbons et le soir, elle chante dans le cabaret de Mahrous, l’amant de sa tante. A l’usine, elle a fait la connaissance d’un jeune employé, Mahmoud. Ils sont tombés amoureux l‘un de l’autre et projettent de se marier. Mahmoud présente Nahemat à son oncle Imam et à sa tante Fatima qui sont immédiatement conquis par le charme de la jeune fille. Ils ne se doutent pas que celle-ci est en fait leur petite-fille, l’enfant de leur fils unique Wahid toujours en prison. En revanche, Lawahiz, la sœur de Kawthar n’est guère enthousiasmée par ce projet de mariage et quand elle rencontre pour la première fois Mahmoud, son oncle et sa tante, elle se conduit de manière désagréable. Mahrous, l’amant de Lawahiz qui vient de sortir de prison, est lui aussi opposé à ce mariage car il est bien décidé à épouser la jeune femme. Et pour s’assurer de son accord, il menace de s’en prendre à Mahmoud.
Wahid est enfin libéré et il se rend au domicile de ses parents. Il y retrouve sa mère qui est folle de bonheur de revoir son fils unique. Mais Wahid ne s’attarde pas. Il souhaite trouver du travail et en prison il a rencontré Mahrous dont il ne connaît pas les liens avec Naehmat et qui lui a promis un emploi dans son cabaret. Quand il arrive chez son ancien compagnon de détention, il ignore qu’il va tomber en plein drame. Lawahiz n’a pas supporté que son amant la quitte pour épouser Nahemat. Folle de rage, elle asperge d’essence l’appartement alors que sa jeune rivale a été enfermée dans sa chambre par Mahrous. Elle met le feu à un rideau et l’incendie se propage très vite dans l’appartement. Les fumées envahissent déjà la chambre où se trouve Nahemat. La jeune femme hurle son désespoir. Mahrous qui était descendu pour accueillir le maazun se retrouve dans l’escalier nez à nez avec Lawahiz qui lui révèle son crime. Les anciens amants se battent. Mahrous poignarde la femme et se précipite dans les flammes pour libérer Nahemat. C’est au tour de Whahid de faire son apparition . Les deux hommes se battent à leur tour. Wahid parvient à se débarrasser de Mahrous et à lui reprendre sa fille. Dans un ultime effort, Lawahiz s’empare du couteau et poignarde son amant. Tandis que les policiers font leur apparition. Nahemat et son père retrouvent Mahmoud, Fatima et Imam pour un happy end bien mérité.


Critique

La Colère des Parents est sorti au printemps 1952, quelques mois avant le renversement du roi Farouk par le mouvement des officiers libres conduit par Nasser. Il illustre assez bien ce qu’était le cinéma égyptien à cette époque, un cinéma commercial qui depuis les années quarante exploite les mêmes filons censés plaire au public populaire : la comédie, la comédie musicale mais surtout le mélodrame. Ne goûtant guère l’audace et encore moins l’originalité, les producteurs s’en tenaient toujours aux mêmes recettes d’où cette impression de « déjà vu » que le spectateur ne manquait pas de ressentir à chaque « nouveau » film. Et dans le mélodrame, cette impression était encore plus marquée car ce genre repose sur des procédés en nombre très limité.

Hassan Al Imam au tout début des années cinquante est devenu un spécialiste du mélodrame. Il a même réalisé l’adaptation de deux classiques français de cette littérature qui au XIXe siècle faisait « pleurer dans les chaumières » : Les Deux Orphelines d’Adolphe d'Ennery et Eugène Cormon (onzième adaptation de ce drame nous apprend Wikipedia !) et La Porteuse de Pain de Xavier de Montépin. Il adaptera aussi deux romans de Jules Mary, un feuilletonniste totalement oublié aujourd’hui mais qui fut en son temps l’un des plus illustres représentants de ce qu’on a appelé « le roman de la victime ». Hassan Al Imam tournera deux versions, en 1951 et en 1976, de Roger la Honte, le roman le plus célèbre de cet écrivain prolifique. Précisons qu’Hassan Al Imam parlait couramment le français et avait une très bonne connaissance de la littérature française.

Comme chez ces auteurs du XIXe siècle, la figure centrale des mélodrames d’Hassan Al Imam est l’orpheline, toujours maltraitée et humiliée par un entourage hostile, voire cruel. Dans La Colère des Parents, c’est Shadia qui a la lourde charge de l’incarner, ce qu’elle fait avec une conviction mesurée. Autour d’elle, on retrouve tous les personnages attendus dans ce type de récit : un fils ingrat détourné du droit chemin par une femme de mauvaise vie, des parents aveuglés par la dévotion qu’ils portent à leur fils unique, un jeune homme riche qui détruit une famille pour son plaisir personnel, une mère adoptive qui n’hésitera pas à tenter de tuer sa pupille pour se venger de l’homme qu’elle aime, un patron exigeant mais bienveillant avec son petit personnel etc. La première partie du film conte l’histoire tragique du père et la seconde évoque la rude existence de sa fille alors qu’il est en prison. Le dénouement réunira enfin ces deux personnages après une succession très rapide d’actions et de coïncidences à la limite de l’invraisemblable et du ridicule. Mais n’est-ce pas la loi du genre ?

Disons-le tout net : La Colère des Parents n’est pas le meilleur film d’Hassan Al Imam. Les conventions « despotiques » du mélodrame semblent cette fois-ci avoir annihilé tout désir d’originalité chez le réalisateur. C’est une œuvre impersonnel qui ne parvient jamais à susciter la moindre émotion chez le spectateur. En revanche, l’agacement finit par poindre chez ce dernier devant le spectacle récurrent de ce couple âgé (joué de manière caricaturale par Amina Rizk et Hussein Riad) qui ne cesse de geindre à cause d’un fils qui les entraîne au fond du précipice. Et à chaque nouvelle épreuve, on a droit à une nouvelle scène de jérémiades parentales que l’on pourrait résumer par « Mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » Le titre La Colère des Parents est bien mal choisi, Les Lamentations des Parents aurait mieux convenu.

Hassan El Imam tournera en 1976 un remake de La Colère des Parents sous le titre plus impérieux Sois Bon avec Tes Parents. Etait-ce vraiment nécessaire ?

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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