vendredi 30 avril 2021

Un Jour de Ma Vie (yom men omri, 1961)

يوم من عمري
إخراج : عاطف سالم


Atef Salem a réalisé Un Jour de ma Vie en 1961.
Distribution : Abdel Halim Hafez (Salah), Zubaida Tharwat (Nadia), Abdel Salam Al Nabulsi (Younes), Mahmoud El Meleigy (le rédacteur en chef du journal), Zouzou Madi (Zouzou, la belle-mère de Nadia), Zaki Tolimat (Hanafi Abu Ajila, le père de Nadia), Abdel Aziz Ahmed (Abbas l’épicier), Soheir El Babli (Aïcha, la fille d’Abbas), Salah Nazmi (Shafiq, le frère de Zouzou), Thuraya Fakhry (la nourrice), Ahmed Loxer (rédacteur du journal), Sohair El Barooni, Amal Zayed (la femme d’Abbas), Rashwan Mustafa (l’inspecteur), Monir El Fangary (marchand de journaux), Mokhtar El Sayed (un journaliste), Abdel Moneim Basioni (un journaliste)

Scénario : Seif El Din Shawkat et Youssef Gohar
d'après Vacances Romaines (1953) de William Wyler avec Gregory Peck et Audrey Hepburn. Ce film est lui-même inspiré de New-York-Miami (1934) de Frank Capra. Ce dernier avait été sollicité pour réaliser Vacances Romaines mais il avait décliné la proposition.

Musique : Ali Ismaïl, Morsi Gamil Aziz, Kamal Al Tawil, Mounir Mourad, Baligh Hamdy, Mamoun Al Shinnawi

Abdel Halim Hafez chante quatre chansons parmi les plus célèbres de son répertoire :
Khayef Marra Aheb (paroles : Mamoun Al Shinnawi ; musique : Baligh Hamdy)
Dehk We Lea'b (paroles : Morsi Gamil Aziz ; musique : Kamal El Tawil)
Be Amr El Hob (paroles : Morsi Gamil Aziz ; musique : Mounir Mourad)
Baad Eh (paroles : Mamoun Al Shinnawi ; musique : Kamal El Tawil)

Production : Subhi Fahrat

Abdel Halim Hafez et Abdel Salam Al Nabulsi


Salah Nazmi


Abdel Aziz Ahmed


Zubaïda Tharwat et Abdel Halim Hafiz



Amal Zayed



Mahmoud El Meleigy


Zubaïda Tharwat et Abdel Halim Hafez


Thuraya Fakhry

 
Soheir El Babli


















Résumé

Salah et Younes partagent le même appartement et travaillent dans le même journal, le premier comme reporter, le second comme photographe. Ils ont bien du mal à payer leur loyer et doivent inventer mille stratagèmes pour ne pas rencontrer leur propriétaire. Heureusement, Aïcha, la fille de ce dernier est amoureuse de Younès et elle fait tout son possible pour les aider. Le rédacteur en chef du journal confie une mission à Salah et Younès : ils doivent couvrir l’arrivée à l’aéroport de Nadia, la fille du célèbre millionnaire Hanafi Abu Ajila. Elle revient pour la première fois en Egypte après avoir résidé plusieurs années en Suisse. Malheureusement, sur la route, la vieille voiture des deux amis tombe en panne alors que la jeune héritière fait son apparition dans le hall de l’aéroport. Pour ,l’accueillir, il y a son père, sa belle-mère, Shafiq, le jeune frère de celle-ci, et sa vieille nourrice. Toute à la joie des retrouvailles, Nadia apprend que son père et sa belle-mère ont décidé de la marier à Shafiq. Pour Nadia, il est hors de question d’épouser quelqu’un qu’elle n’aime pas. Elle décide de s’enfuir. Elle se précipite aux toilettes et en ressort par la porte de derrière. Elle quitte l’aéroport en bus. Mais peu après, celui-ci est arrêté par une voiture qui lui barre le passage. C’est le véhicule de nos deux journalistes. Avec l’aide du chauffeur du bus, ils poussent la voiture sur le bas-côté puis Salah monte dans le car pour retourner au Caire et chercher un dépanneur. Il s’assoit auprès de Nadia. Le jeune homme est ébloui par la beauté de sa voisine mais il perçoit tout de suite sa grande anxiété. Sans révéler son identité, la jeune fille explique à Salah qu’elle a fui de chez elle car son père veut la marier à un homme contre son gré. Elle prétend résider à Alexandrie. Salah lui conseille de rentrer chez elle et de se battre afin que son père renonce à son projet. En attendant de reprendre le train, Nadia passera la soirée au Caire avec son nouvel ami. Younès et Aïcha les ont rejoints et la petite bande se rend à la fête foraine. Entre Salah et la jeune inconnue, l’entente est parfaite et ils ne peuvent cacher les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Les heures filent et il est temps de raccompagner Nadia à la gare. Les deux amoureux ont bien du mal à se quitter. Le train part enfin mais, à sa grande stupéfaction, Salah s’aperçoit que Nadia est sur l’autre quai, affalée sur un banc et profondément endormie. Elle devra donc passer la nuit dans leur appartement. Le lendemain matin, Salah et Younès laissent leur protégée seule, toujours endormie, pour se rendre au journal. Leur rédacteur en chef est furieux : ils sont revenus sans article et sans photos alors que la disparition de la fille du millionnaire fait la une de tous les autres quotidiens. C’est ainsi que les deux journalistes découvrent la véritable identité de leur nouvelle amie. Ils retournent aussitôt à leur appartement mais Nadia n’y est plus. Elle a été chassée par les propriétaires. Heureusement, elle n’est pas bien loin : elle s’est cachée dans le poulailler de l’immeuble. Les trois jeunes gens passent la journée ensemble. Younès prend des centaines de photos. Leur rédacteur en chef sait maintenant que la jeune fugitive a trouvé refuge chez ses deux reporters. Il a prévu de sortir une édition spéciale avec des photos exclusives qui révéleront au monde entier l’idylle entre la jeune héritière et l’un de ses journalistes. Pour Salah, la situation devient intenable et, la mort dans l’âme, il conseille à Nadia de retourner auprès de son père. Ce dernier, quand il apprend toute l’histoire, tente d’intervenir auprès du rédacteur en chef pour qu’il renonce à publier ces photos scandaleuses. L’homme de presse refuse. Salah et Younès décident de sauver l’honneur du millionnaire et de sa fille. Ils volent à l’imprimerie tous les clichés qui devaient paraître le lendemain et pour preuve de leur loyauté les transmettent à Nadia et à son père. Touché par ce geste, le millionnaire décide de faire le bonheur de sa fille : Salah sera son gendre.


Critique

Un Jour de Ma Vie est un remake de Vacances Romaines de William Wyler avec Audrey Hepburn et Gregory Peck. Le scénariste égyptien suit assez fidèlement la trame du film original, il en reprend les principales péripéties tout en opérant certaines modifications afin de séduire le public arabe. On pourrait presque parler d'un travail d' « acclimatation » visant à faire passer le récit d'une culture à une autre. Malgré cela (ou à cause de cela), on peine à retrouver dans le film d'Atef Salem le charme de la comédie américaine. Envolées, la grâce et la légèreté ! Disons-le d'emblée, Un Jour de Ma Vie est un film honnête, pas un grand film.
Le spectateur qui a déjà vu Vacances Romaines sera tout d'abord frappé par une absence : la ville. Dans le film de William Wyler, Rome est le troisième personnage. Avec Ann et Bradley, juchés sur leur vespa, on découvre la plus belle ville du monde (au moins pour Ann puisqu'elle y fait l'expérience de la liberté et de l'amour) avec ses rues, ses places, ses bâtiments et ses monuments. Dans le remake égyptien, Le Caire est à peine évoqué, un fantôme aux contours indistincts. Il faut se contenter d'une scène nocturne se déroulant dans une fête foraine et de la vue panoramique d'une place du Caire projetée derrière les héros qui sont assis dans un café reconstitué en studio (l'image est d'une qualité si médiocre qu'on se demande bien qui cela peut tromper!). Il est vrai que pour les producteurs du film, l'essentiel est ailleurs. En fait, Un Jour de Ma Vie a été conçu pour servir d'écrin aux chansons de la star de l'époque, Abdel Halim Hafez. Dans ce film, il ne chante pas moins de trente minutes, c'est donc bien un récital auquel on assiste, un récital enrobé dans une jolie petite histoire sentimentale. Tout doit tourner autour de l'idole et on demande à Zubaïda Tharwat d'incarner la jeune fille qui se pâme d'amour et d'admiration pour son partenaire. On se doute qu'elle ne joue pas ici l'un de ses rôles les plus mémorables.
Le ton et l'histoire du film font irrésistiblement penser à ceux tournés à la même époque en France avec les vedettes de la chanson yéyé. Abdel Hamid Hafez et Zubaïda Tharwat sont les petits cousins des Sylvie Vartan, Johnny Hallyday et consorts. Même si Abdel Hamid Hafez au moment du tournage a dépassé la trentaine (alors que Zubaïda a juste vingt ans), son visage et sa silhouette juvéniles donnent l'illusion qu'il est à peine plus âgé que sa partenaire. Ensemble, ils forment un couple de très jeunes gens dont l'amour devra affronter la méchanceté des parents et des adultes. Comme dans les chansons et les films des yéyés français, Un Jour de Ma Vie fait la part belle au sentimentalisme et à la puérilité : dans la scène de la fête foraine, les personnages gagnent une petit ours en peluche qui deviendra le symbole de leur amour naissant.
Dans ce bain de sirop, la fonction d’Abdel Salam El Nabolsi est d'apporter un peu de drôlerie et de frénésie mais l'énergie éruptive de l'acteur ne parvient pas à secouer la léthargie ambiante et le cours des choses se dirige avec mollesse vers le happy end obligé. Ce qui là encore est une différence de taille avec le modèle puisque dans Vacances Romaines, les deux héros finissent par convenir qu'ils appartiennent à deux mondes radicalement différents et que leur amour n'a pas d'avenir. Un dénouement désenchanté inconcevable dans la comédie égyptienne de l'époque.
A la cérémonie des Oscars de 1954, Vacances Romaines avaient obtenu pas moins de sept récompenses. Il est clair qu'Un Jour de Ma Vie ne peut sur aucun point rivaliser avec son modèle. Restent la voix unique d'Abdel Halim Hafez et les yeux magnifiques de Zubaïda Tharwat.

Appréciation : 2/5
**

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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