vendredi 3 juillet 2020

Les réalisateurs : Youssef Wahby (1898-1982)

يوسف وهبي


Youssef Wahby fut à la fois acteur, réalisateur, metteur en scène, producteur, dramaturge et scénariste. 

Il naît dans une famille très aisée d’origine aristocratique : son père est à la fois haut-fonctionnaire et grand propriétaire terrien. Mais Youssef refuse de suivre le modèle paternel car il veut se consacrer au théâtre. La rupture est inévitable. Son père le chasse de la maison. Youssef Wahby quitte alors l’Egypte et, après la première guerre mondiale, il séjourne en Italie afin de se former à l’art dramatique. 

A son retour, il fonde en 1921 la compagnie Ramsès puis, en 1930, une société de production cinématographique en collaboration avec le réalisateur Mohamed Karim. C’est ainsi que Les Films Ramsès produisent le premier film de ce dernier, Zeinab (1930) ainsi que le deuxième, Fils d’Aristocrates (1932), premier film parlant égyptien. 

La carrière de Youssef Wahby comme acteur de cinéma ne sera pas aussi fulgurante que celles de comédien de théâtre et de producteur. Il est vrai qu’elle avait assez mal commencé : Youssef Wahby avait eu le projet d’incarner Mohamed à l’écran, ce qui lui avait valu l’hostilité d’une grande partie de l’opinion et des médias. Il renoncera à cette idée un peu folle et il jouera dans plus d’une cinquantaine de films, sans pour autant abandonner le monde du théâtre. Celui qu’on appelait le Doyen du Théâtre Arabe est considéré comme l’un des plus grands acteurs égyptiens de tous les temps. 

Il réalise son premier film en 1935 et on lui doit un certain nombre de grands classiques des années quarante comme le mythique Amour et Vengeance de 1944 avec la chanteuse Asmahan qui meurt avant la fin du tournage.


Cinq films de Youssef Wahby ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Le Fils du Forgeron  (Ibn el haddad, 1944)
avec Youssef Wahby, Madiha Yousri, Fouad Shafik, Olwiyya Gamil, Mahmoud El Meleigy, Mohamed Kamel, Zaki Ibrahim, Mohamed El Dib, Mohamed Shawki, Nabawya Mostafa
Scénario et dialogues : Youssef Wahby


Adaptation du roman de l’écrivain français Georges Ohnet, le Maître des Forges (1882)
Taha est le fils d’un simple ouvrier mais grâce à l’éducation qu’il a reçue, il a obtenu un diplôme d’ingénieur et est devenu chef d’entreprise. Il épouse la fille d’un aristocrate. Très vite, il comprend que sa jeune femme est un être égoïste qui n’a que mépris pour lui…


Berlanty  (1944)
avec Youssef Wahby (l'avocat Sami Khairat) , Nour El Hoda (Berlanty), Amina Rizq (Samiha Hanem), Olwya Gamil (la mère de Berlanty), Lotfia Nazmy (la secrétaire de Khourshid Bey), Zinat Sedki (Fifi), Fatthia Ali (la collègue de Fifi), Fouad Shafik (Khourshid Bey, l’ami du père de Berlanty), Mahmoud El Meleigy (le journaliste), Abdel Halim Khattab (l’avocat Sami Khayrat), Fouad El Rachidi (le patron du cabaret), Lotfi El Hakim (le frère de Sami), Abdels Salam El Nabolsi (l’ami du journaliste), Ibrahim Hechmat (l’avocat Hassem), Reyad El Kasabgy (l’huissier)
Scénario : Youssef Wahby et Bayram Al Tunisi
Musique : Mohamed El Kahlawy, Mohammed Al Qasabji, Riad El Sonbati
Production : Studios Misr


Le père de Berlanty est mort en laissant derrière lui des dettes considérables. Pour sortir de ce mauvais pas, sa mère s’adresse à l’ami de toujours de son mari, Khourshid Bey. Ce dernier veut profiter de la situation pour obtenir la main de la fille. La veuve refuse ce marché. Elle tombe gravement malade peu après. Pour soigner sa mère, Berlanty se résigne à chanter dans un cabaret, l’Eldorado. Khourshid Bey ne s’est pas avoué vaincu et il se rend régulièrement au cabaret pour approcher sa bien-aimée qui reste de marbre. Un soir, parmi les clients de l’El Dorado, se trouve l’avocat Sami Khairat. Le jeune homme est séduit par la voix et la beauté de Berlanty. Mais l’établissement doit subitement fermer ses portes : la capitale subit un raid aérien de grande ampleur. Sami propose à la jeune chanteuse de la ramener chez elle. C’est ainsi qu’ils font connaissance et quand, un peu plus tard, Berlanty apprend que sa mère et elle doivent quitter leur villa, elle demande de l’aide auprès de Sami. Celui-ci ne peut s’opposer à l’expropriation mais il place la mère dans un établissement de soin et accueille chez lui la fille. Peu après, Sami et Berlanty se marient. La jeune orpheline est enfin heureuse mais ce bonheur ne dure pas. Sami a de grandes ambitions, pour lui et pour l’Egypte. Il fait alors la connaissance de Samiha, une jeune femme fortunée qui se propose de l’aider…


Amour et Vengeance (Gharam wa Intiqam, 1944)
avec Asmahan (Sohair), Anwar Wagdi (Wahid Ezzat), Youssef Wahby (Gamal Hamdy), Mahmoud El Meleigy (Safwat, le cousin de Wahid), Zouzou Madi (Inayat, l’amie de Sohair), Amina Sherif (Mounira, la sœur de Gamal), Beshara Wakim (le docteur Beshara), Fouad El Rashidi (le procureur), Menassa Fahmy ( le médecin de Gamal Hamdy), Gina (la danseuse), Mohamed Kamel (Oncle Rajab), Fakher Fakher, Soad Ahmed (la mère de Gamal Hamdy), Rashad Hamed (le chauffeur), Abbas Rahmy (un admirateur), Ibrahim Hechmat (expert dans la police scientifique)
Scénario : Youssef Wahby
Une histoire inspirée du Cid, la célèbre tragédie du dramaturge français Pierre Corneille (1606-1684)
Musique : Mohamed Al Qasabji, Ryad Al Sunbati, Mohammad Hassan Al Shugai et Farid Al Atrache 
Textes des chansons : Ahmed Rami, Bayram El Tunsi, Mahmoud Al Sinnawi
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Sohair, une chanteuse célèbre décide d’abandonner sa carrière pour épouser l’amour de sa vie, Wahid, un homme à la sulfureuse réputation, alcoolique et coureur de jupons. Malheureusement, celui-ci est tué la veille de la cérémonie. Le principal suspect est le compositeur Gamal Hamdy. Il est arrêté et interrogé par la police mais on ne trouve aucune preuve contre lui. Il est libéré. Sohair croise à nouveau la route du musicien lors d’une fête donnée par l’une de ses amies. Elle décide de faire semblant de tomber amoureuse de lui pour connaître toute la vérité et se venger…
Asmahan meurt accidentellement avant la fin du tournage de ce film, ce qui contraint Youssef Wahby à modifier le dénouement de son scénario.

Notre avis : ce second et dernier film tourné par Asmahan joua un rôle essentiel dans la construction du mythe qu’elle est devenue après sa mort. Son visage de tragédienne, sa voix profonde, son regard énigmatique et son port d’impératrice, tout cela est resté gravé dans la mémoire de plusieurs générations de spectateurs. Et puis, il y a les chansons parmi les plus émouvantes de tout son répertoire (Notre préférée est Emta Hate'ref composée par Mohamed Al Qasabji sur un poème de Mamoun El Shinnawy.). Bien sûr, on pourra relever certaines naïvetés du scénario ou certains effets un peu appuyés dans telle ou telle scène mais l’essentiel est ailleurs. Au-delà de ses qualités et de ses défauts, « Amour et Vengeance » restera comme l’une des plus belles pages de l’histoire de la culture égyptienne et comme l’ultime témoignage de l’une des plus grandes chanteuses arabes de tous les temps.


Enfants des Rues (Awouled El Sheiri, 1951)
avec Youssef Wahby, Rushdy Abaza, Omar El Hariri, Fakher Fakher, Seraj Munir, Madiha Yousri, Zouzou Madi, Mohsen Hassaneim, Fayed Mohamed Fayed, Samiha Mohamed, Huda Essa, Mahmoud Reda, Alya Fawzy, Mohamed Shawki, Choukry Sarhan, Sumia Tawfiq
Scénario : Youssef Wahby
Musique : Ibrahim Haggag


Mélodrame. Fayez Abdel Hadi est un officier de police, père de deux enfants. Un soir, après avoir arrêté un gamin des rues qui avait volé un portefeuille, il recueille un nourrisson qu’on avait déposé sur le seuil d’un immeuble. Il retrouve la mère. Celle-ci, souffrante et exténuée, explique qu’elle avait fui le domicile conjugal afin d'échapper à la violence de son mari. Ce dernier est arrêté mais sa victime meurt peu après. Comme il lui avait promis, Fayez Abdel Hadi adopte son fils et sa femme l’élève comme leurs deux enfants…


Le Domicile Conjugal (Bayt Al Taha, 1953)
avec Youssef Wahby, Ismaël Yassin, Mary Mounib, Ali Diab, Farid Shawki, Hoda Soltan, Hager Hamdy, Gamalat Zayed, Kitty Fotsaty, Zouzou Madi, Fakher Fakher, Shafik Nour El Din
Musique : Youssef Wahby, Farid Ghosn, Fathy Qoura, Abdel Aziz Salam, Ahmed Sabra, Ali Farag
Scénario : Youssef Wahby
Production : Ramses Naguib
appréciation : 1/5


La vie de Gamil (Youssef Wahby), médecin fortuné, est devenue un véritable enfer. Sa femme (Hoda Soltan) éprouve une tendresse maternelle exclusive pour son petit chien, Bibi. Elle lui consacre tout son temps et dépense sans compter pour son bien-être. Sa passion est encouragée par sa mère (Mary Mounib) qui hait son gendre et par Fikria (Zouzou Madi), une amie qui a été mariée six fois. Toutes les trois se retrouvent pour médire des hommes en général et de Gamil en particulier. La belle mère et l’amie parviennent à convaincre la jeune femme que son mari la trompe avec toutes ses patientes. Elle décide de divorcer et en informe aussitôt Gamil qui refuse toute idée de séparation. Il tente d’obtenir de l’aide auprès de son beau-père (Shafik Nour El Din) mais celui-ci est totalement soumis à sa femme. Il demande alors conseil à un ami (Farid Shawki) qui lui présente un avocat, Maître Fokaa (Fakher Fakher). Grâce à ce dernier, Gamil gagne son procès malgré tous les faux témoignages fournis par sa femme et ses beaux-parents. Les juges condamnent l’épouse à résider au domicile conjugal. Gamil pourra ainsi se venger en rendant insupportable le quotidien du clan des adorateurs de Bibi. Pour cela, il sera aidé par son fidèle serviteur (Ismaël Yassin) qui n’est jamais à court d’idées.

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