vendredi 25 octobre 2019

Les réalisateurs : Ahmed Kamel Morsi (1909-1987)

أحمد كامل مرسي


Travailleur infatigable et artiste multi-talents, Ahmed Kamal Morsi fut à la fois écrivain, journaliste, critique, homme de radio, scénariste et réalisateur. 
Sa carrière artistique commence au théâtre puis en 1935, il entre à la radio pour animer des émissions culturelles, notamment « Films de la Semaine », une émission hebdomadaire de critique cinématographique. Il participe au premier doublage d’un film étranger en langue arabe (L’Extravagant Mr Deeds de Frank Capra) et il réalise son premier long-métrage en 1939, Retour à la campagne. Ahmed Kamal Morsi enchaîne les tournages jusqu'au milieu des années cinquante. En 1956, il retourne à la radio où il crée des séries et des dramatiques qui rencontrent un grand succès. En 1959, il rejoint la télévision pour laquelle il crée la première série islamique, "Premier Ramadan" . En 1973, il publie deux livres sur le cinéma égyptien.


Cinq films d'Ahmed Kamel Morsi ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog. 


Le Procureur Général  (Al-Na’ib Al-’Aam,1946)
avec Abbas Fares (le procureur général), Seraj Munir (Gamil, le fils du procureur général), Saïd Abou Bakr (Hamed Gomaa), Hussein Riad (Mahmoud Shafei), Zaki Rostom (Abdel Khaleq, le frère de Mahmoud), Madiha Yousri (Nahed), Zouzou Hamdi El Hakim (Fifi), Mahmoud El Meleigy (le procureur), Abdel-Wareth Asr (Ramadan, l’oncle de Mahmoud), Ibrahim Omara (l’imam de la mosquée), Zeinab Sedky (la mère de Mahmoud), Soad Ahmed (Oum Bata, la voisine), Fatima (Bata, la fille de la voisine), Abdel Aziz Khalil (le mari de la voisine), Fouad El Rachidi (l’inspecteur), Hassan El Baroudi (un juge)
Scénario : Ahmed Shokry
Musique : Mahmoud Abdel Rahman 
Figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.


Mahmoud est étudiant à l’université d’Al Azhar tandis que son frère Abdel Khaleq travaille dans une banque. Tous les deux vivent avec leur mère. Celle-ci tombe gravement malade et il lui faut suivre un traitement très onéreux. Les deux frères ont de plus en plus de difficultés à payer les médicaments prescrits par le médecin. Abdel Khaleq décide d’aller rendre visite à leur oncle qui possède un grand domaine agricole. Le vieil homme écoute son neveu mais prétend que la récolte sera mauvaise et qu’il ne pourra les aider. Le temps presse : il faut au plus vite trouver de l’argent pour payer le pharmacien alors qu’Abdel Khaleq ne recevra son salaire que dans quelques jours. Il décide de puiser dans le coffre de la banque. Ainsi leur mère pourra continuer à recevoir son traitement. Malheureusement pour Abel Khaleq, le lendemain un inspecteur vient à la banque pour contrôler les comptes. L’ « emprunt » est aussitôt découvert. Abdel Khaleq est arrêté et lors de son procès, le procureur général refusera de considérer les raisons de ce vol et restera intraitable. L’accusé est condamné à plusieurs années de prison. Il ne supportera pas cette détention et mourra en prison. De son côté, Mahmoud impuissant a assisté à la mort de leur mère. Leur oncle meurt à son tour et Mahmoud hérite de sa fortune. Il quitte l’université d’Al Azhar et part à l’étranger pour étudier le droit. A son retour, il entre dans la magistrature et finit par y occuper les plus hautes fonctions…
 
Notre avis : un drame dans lequel les morts se succèdent à un rythme soutenu (la mère, l’oncle, le frère, la voisine, la fille de la voisine). Ce film se présente aussi comme un plaidoyer en faveur d’une justice plus humaine, plus clémente et pour cela il met en scène deux magistrats aux conceptions totalement opposées. Ce qui pourra déconcerter les spectateurs d’aujourd’hui, c’est que pour illustrer leur message, les auteurs ont choisi de raconter un procès dans lequel le représentant d’une justice bienveillante prend la défense de l’auteur d’un féminicide et obtient une peine dérisoire (six mois de prison avec sursis !). Précisons que l’inculpé est le fils du magistrat implacable, ce qui permet de conclure sur la réconciliation des deux anciens adversaires, illustrant ainsi -sans doute de manière involontaire-ce qu’on appelle une justice de caste. On l’a compris : malgré les apparences, « Le Procureur Général » est un film plutôt réactionnaire.


La Justice du ciel (Adli el samaa, 1948)
avec Abdel Aziz Ahmed, Saïd Khalil, Shadia, Ferdous Hassan, Aziza Helmy, Hussein Riad, Mahmoud el Meleigy, Abdel Meguid Choukry, Kamal El Shennawi
Scénario : Ahmed Kamel Morsi et Ahmed Shokry
Musique : Abdel Aziz Salam
appréciation : 2/5


Mahmoud, un employé dévoué et honnête, a la malchance de retrouver mort dans son bureau le directeur de la compagnie. Ce dernier a été probablement assassiné par Youssef, un autre employé qui avait accumulé des dettes de jeu. Quand la police arrive sur les lieux, elle ne trouve que Mahmoud, hébété devant le corps de son patron. Il est donc le premier suspect. En l’absence de toute autre piste, l’instruction conclut à sa culpabilité. A l’issu du procès, il est condamné à 15 ans de travaux forcés. Avant de quitter le tribunal, le condamné embrasse une dernière fois sa femme, la suppliant de ne jamais tenter de le voir durant sa détention. 
Pour nourrir ses deux enfants, la femme de Mahmoud doit travailler. Elle commence comme couturière mais le salaire ne suffit pas à couvrir toutes les dépenses de la petite famille. Une cliente lui conseille de jouer au casino. Elle s’y rend en compagnie de sa nouvelle amie. L’argent qui circule lui tourne la tête : elle vole une liasse de billets. Elle est arrêtée par le directeur de l’établissement qui lui propose un marché : soit il porte plainte et elle ira en prison, soit elle travaille pour lui comme entraîneuse. La femme n’a pas le choix. Elle est désormais une employée du casino chargée d'inciter les clients à boire et à jouer. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que tout cela était un coup monté et que la cliente était la complice du directeur malhonnête.



La Maîtresse de Maison (Sitt al Bayt, 1949)
avec Faten Hamama (Elham), Imad Hamdy (Nabil), Zeinab Sedky (la mère de Nabil), Mona (Madiha, l’amie d’Elham), Thuraya Fakhry (la mère de Bashir), Mohamed Kamel (Bashir, le serviteur de Nabil), Hosna Suleiman (la servante d’Elham) , Naima Akef (la danseuse), Mahmoud Shoukoko (le chanteur), Soad Mekawy (la chanteuse), Abdel Mona'em Saoudi (le docteur), Zaki Ibrahim (le directeur de la société) 
Une histoire d'Abou Al Seoud Al Ebiary 
Scénario : Henry Barakat et Ahmed Kamel Morsi 
Musique : Morsi Gamil Aziz, Hiram Ghamarawy, Abdel Aziz Mahmoud, Hassan Al Imam, Izzat El Gahely, Mahmoud Shoukoko
L’une des premières apparitions à l’écran de Naïma Akef qui a à peine vingt ans. Dans ce film, le rôle principal féminin est tenu par Faten Hamama qui a tout juste dix-huit ans mais ce n’est déjà plus une débutante puisqu’elle a tourné son premier film en 1940.


Nabil est un ingénieur qui vit avec sa mère très malade. Un jour, il demande à son médecin de lui envoyer une infirmière parce que sa mère se sent très fatiguée. C’est une jeune femme douce et charmante qui se présente. Elle s’appelle Elham. Au fil de ses visites, Nabil apprend qu’Elham est une jeune fille de bonne famille qui travaille bénévolement comme infirmière pour le Croissant Rouge. Les deux jeunes gens sympathisent et sortent régulièrement ensemble. L’amour s’en mêle et ils se marient. Elham s’installe peu après dans la maison de sa belle-mère. Avec cette dernière, les relations sont tendues. La vieille dame la considère comme une intruse qui veut prendre sa place. Elle essaie de convaincre son fils d’épouser une autre femme car elle croit qu’Elham est stérile. Celle-ci ne supporte plus le comportement de sa belle-mère : elle décide de quitter la maison. Dans sa précipitation, elle tombe dans l’escalier…

Notre avis : sur un thème archi exploité, la belle-mère tyrannique qui fait vivre un enfer à sa bru ou à son gendre, Ahmed Kamel Morsi et son scénariste Henry Barakat nous racontent une histoire forte avec une tension dramatique qui ne se relâche jamais. Face à face, deux immenses actrices : la toute jeune Faten Hamama et Zeinab Sedki, impressionnante en vieille femme rongée par la haine et la jalousie.


J’ai failli détruire mon foyer d’Ahmed Kamel Morsi (Kedt Ahdem Baity, 1954)
avec Raqya Ibrahim (Raqya), Mohsen Sarhan (Hamdy), Mahmoud El Meleigy (Safwat), Zeinab Sedky (la mère de Raqya), Sherifa Mahear (Layla, l’amie de Raqya), Samiha Ayoub (Mounira, la baby-sitter), Sanaa Jamil (Sonia), Muhammad Tawfiq (le secrétaire d’Hamdi), Mahmoud El Sabaa (Mahmoud), Hermine (la danseuse), Nadia El Shennawi (la petite fille), Mahmoud Azmy (le cousin de Raqya), Mounir El Fangary (le serviteur de Safwat) 
Scénario : Salah Zohni, Ahmed Kamel Morsi, Galil Al-Bendary 
Musique : Ibrahim Haggag, Mounir Mourad, Tawfiq Al-Alaili


Hamdi est un avocat prospère qui mène une existence paisible auprès de sa femme, Raqya et de ses deux enfants. Pour s’occuper de ces derniers, il y a Mounira, la baby-sitter. Mais celle-ci ne donne pas entièrement satisfaction à Raqya et elle est rapidement remplacée par une autre jeune femme. Un soir, alors qu’Hamdi est au club des avocats pour jouer au billard avec son ami Mahmoud, il ne peut s’empêcher d’écouter le discours que tient Safwat à quelques amis réunis autour de lui. Safwat se présente comme un grand connaisseur des femmes et il assure que toutes sont infidèles et que lui-même a une liaison avec une femme mariée. Il n’en faut pas plus à Hamdi pour douter de la fidélité de Raqya. Il devient d’une jalousie de chaque instant et en fouillant dans la maison, il finit par trouver des lettres d’amour signées Safwat. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ces lettres étaient destinées à Mounira, leur ancienne baby-sitter. Il demande le divorce…


Un Américain de Tanta (Americani min Tanta, 1955)
avec Hussein Riad (Ibrahim Effendi), Soliman Naguib (Mahrous, le millionnaire), Chukry Sarhan (Ali, le fils d’Ibrahim Effendi), Cariman (Lola, la fille de Mahrous), Zouzou Madi (la femme de Mahrous), Ferdoos Mohamed (Amina, la femme d’Ibrahim Effendi), Wedad Hamdy (Aziza), Abdel Salam El Nabolsi (Irfan, le millionnaire ruiné), Saïd Abou Bakr (Saïd Effendi, le collègue d’Ibrahim), Adly Kasseb (l’épicier), Abdel Moneim Ibrahim (le serviteur d’Irfan), Houda Shams Eddin (la danseuse de cabaret)
Scénario : Mohamed Ali Nasif
Musique : Ibrahim Haggaïg et Toufik Al Laïli
Production : les studios Misr

Ibrahim Effendi est un petit employé qui vit avec sa femme et son fils dans une ville ouvrière. Un jour, il lit dans le journal qu’un millionnaire américain d’origine égyptienne du nom de Mahrous Al Tantawi souhaite visiter l’Egypte pour rencontrer les membres de sa famille. Ibrahim envoie à ce riche personnage un télégramme dans lequel il prétend qu’ils sont parents et qu’il l’invite à s’installer chez lui le temps de son séjour. L’Américain accepte l’invitation. Ibrahim loue un appartement confortable pour recevoir cet hôte de marque. Mahrous arrive enfin à Tanta. Il est accompagné de sa femme et de sa fille Lola. Comme prévu, la petite famille américaine est hébergée par leur prétendu cousin. Ali, le fils d’Ibrahim s’entend immédiatement avec Lola. L’un comme l’autre désapprouvent la comédie jouée par leurs pères respectifs : Ibrahim voulant se faire passer pour un parent d’un éminent homme d’affaires et Mahrous affirmant être à la tête d’une fortune alors qu’il n’a pas un sou… 

Notre avis : une comédie savoureuse sur la vanité et le désir de paraître. L'occasion de revoir Cariman qui nous a quittés il y a quelques mois. Dans "Un Américain de Tanta", elle crève déjà l'écran alors qu'elle vient d'avoir tout juste dix-huit ans et que c'est son deuxième film.

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