dimanche 23 décembre 2018

Les réalisateurs : Atef El Tayyeb (1947-1995)

عاطف الطيب

Atef El-Tayyeb est né en 1947 au Caire. Il étudie la mise en scène à l’Institut Supérieur du Cinéma et il en sort diplômé en 1970. Après avoir été l'assistant de grands metteurs en scène tels que Youssef Chahine et Shadi Abdel Salam, il réalise son premier long métrage en 1982. C’est son deuxième film, Le Chauffeur d’Autobus, qui lui apporte la reconnaissance des critiques et du public. Ses deux acteurs fétiches sont Ahmed Zaki et Nour Al Chérif qui, grâce à lui, obtiendront des prix d’interprétation dans des festivals prestigieux. Atef El Tayyeb signe une vingtaine de films avant de mourir prématurément le 23 juin 1995 à la suite d'une opération à cœur ouvert. On le considère comme le représentant le plus important de l'école réaliste des années quatre-vingt.


Six films d'Atef El Tayyeb ont fait l'objet d'une présentation dans ce blog :


Le Chauffeur de Bus (Sawwaq Al-Utoubis, 1983)
avec Nour El Sherif, Imad Hamdy, Mervat Amin, Hassan Hosny, Waheid Seif, Nabila El Sayed, Zahrat Al Oula, Abdo El Wazir, Shaaban Hussein, Abdullah Mahmoud, Safaa Al-Sabaa, Aziza Helmy
Scénario : Mohamed Khan et Bashir El Dik
Musique : Kamal Bakir
Figure en cinquième position dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.


Hassan, un ancien soldat (Il a fait la guerre d'octobre et celle du Yemen.) qui le jour travaille comme chauffeur de bus et la nuit, comme taxi. Il est le seul garçon d’une famille qui compte cinq filles. Son père possède un atelier de menuiserie dont la direction avait été confiée au mari de l’une de ses sœurs. A cause de la négligence de celui-ci, l’atelier doit être prochainement vendu aux enchères. Hassan veut à tout prix éviter à son père un tel déshonneur. Il décide de se rendre chez toutes ses sœurs pour qu’elles et leurs maris l’aident à sauver l’atelier…


L'Innocent (Al-Bari’, 1986)
avec Ahmed Zaki, Mahmoud Abdel Aziz, Mamdouh Abdelalim, Elham Shahein, Gamil Rateb, Ahmad Rateb, Salah Kabil, Hassan Hosny, Nahed Samir, Badr Nofal, Hosny Abdul Jalil, Abdullah Hefni, Mahmoud Al Iraq, Aleya Abdel Moneim, Ahmad Abu Abiya, Abdel Jawad Metwalli, Wasila Hussein, Sami Attaiah
Scénario : Wahid Hamid
Musique : Amar El Sherei et Abdel Rahman El Abnoudy
Figure en treizième position dans la liste des quinze meilleurs films égyptiens de tous les temps.


Pour son service militaire, Ahmed, un jeune paysan sans éducation, est assigné dans une prison. Le commandant de l’établissement parvient à le convaincre que tous les détenus sont des ennemis de la nation. Ahmed sera chargé de les torturer.


Fils et Tueurs (Abnaa' wa Qatala, 1987)
avec Mahmoud Abdel Aziz (Chikhoun), Nabila Ebeid (Dalal), Magdi Wahbah (colonel Ghanem), Raga Hussein (Enam), Ahmed Bedeir (Khalil), Nadia Ezzat (Samia), Sherif Mounir (Ouniss), Ahmed Salama (Zuhair), Hassan Al Dib (le propriétaire du bar), Ahmed Kamali (Omar), Nagwa Sultan (Danseuse), Mohamed Mostafa (l’étudiant révolutionnaire), Sayed Allam (officier de police), Nahed Roshdy (Soha)
Scénario : Ismail Waly Eddin, Mostafa Moharam
Musique : Mohamed Helal
Production : Shada Films


L’action commence en 1956, au moment de la nationalisation du canal de Suez. Chikhoun est serveur dans un bar mais il a d’autres ambitions : il voudrait racheter l’établissement à son patron. Malheureusement, il n’a pas la somme nécessaire. C’est alors que le destin va lui donner un coup de pouce. Une nuit alors qu’il rentre chez lui après sa journée de travail, il tombe sur Dalal, une danseuse qui fréquente le bar. Elle est en très mauvaise posture : deux hommes sont en train de l’agresser. Chikhoun intervient aussitôt et parvient à les mettre en fuite. Pour le remercier, Dalal invite son sauveur à prendre un verre dans son appartement. Ils passent la nuit ensemble. Peu après, ils se marient mais Chikhoun est toujours hanté par son rêve. Sans aucun scrupule, il vole les bijoux de sa femme et les revend. Il peut enfin acquérir le bar. Dalal est folle de rage et ce vol est le début de la mésentente qui ne va que croître entre les deux époux. Malgré cela, ils ont deux jumeaux et c’est la sœur de Chikhoun qui va s’installer chez eux pour les aider. La pauvre femme a tout perdu depuis que son mari est en prison mais elle peut compter sur le soutien de son frère. Et quand l’homme s’échappe de prison , Chikhoun n’hésite pas une seconde : il cache son beau-frère dans son établissement. Pour Dalal, c’est l’occasion rêvée de se venger. Elle dénonce son mari à la police…

Notre avis : une chronique familiale qui s'inscrit dans l'histoire de la nation égyptienne de la seconde moitié du XXe siècle. Un récit âpre, sans concession et sans pathos qui dénonce le rôle majeur de la violence dans l’Egypte contemporaine. L'un des plus grands rôles de Mahmoud Abdel Aziz.


Le Peloton d’Exécution (katibat al iedam, 1989)
avec Nour El Sherif (Hassan), Maaly Zayed (Naïma, la fille de Sayed Al Gharib), Mamdouh Abdelalim (le major Youssef), Shawqi Shamekh (le major Kamal), Ibrahim El Shamy (Sayed Al Gharib), Salwa Khattab (Reza), Aziza Rached (la propriétaire), Ahmed Khalil (le général), Abdallah Meshref (l’agent des israéliens), Ola Ramy (Eham), Shadia Abdul Hamid (la femme d’Hassan), Sherif Al Arabi (le fils d’Hassan), Aida Fahmy (la sœur d’Hassan)
Scénario : Osama Anwar Okasha
Musique : Saïd Hejab et Amar El Sherei


Nous sommes à Suez en 1973. Les occupants israéliens veulent se débarrasser d’un groupe de résistants dirigé par Sayed El Gharib. Grâce à un agent infiltré, ils parviennent à localiser le groupe et une nuit, ils font irruption dans la maison où se cachaient les combattants égyptiens. Durant l’opération, ceux-ci sont tous exécutés sauf un, Hassan. Celui-ci avait rejoint le groupe le soir même car il était chargé de superviser le transport de fonds importants destinés aux forces armées. Ce survivant est accusé par les autorités égyptiennes d’avoir trahi ses compagnons et d’avoir volé tout l’argent. Il est condamné à quatorze ans de prison. Après avoir purgé sa peine, Hassan se lance dans un long et difficile combat pour prouver son innocence.


L'Evasion (Al Huroub, 1991)
avec Medhat El-Sherif; Ahmed Zaki (Montasser), Abdel Aziz Makhyoun (Major Salem Abdel Razek), Zouzou Nabil (la mère de Montasser), Hala Zedki (Sabah, la danseuse), Mahmoud El Bezawy (le frère aîné de Montasser), Nermin Kamal (la sœur de Montasser), Layla Sheir (la directrice de l’école), Mohamed Wafik (Colonel Fouad Al-Sharnoub), Abu Bakr Ezzat (le Général), Youssef Fawzy (Medhat, le directeur de la société), Samir Wahid (Farid Ezzat, l’agent de change), Aïda Fahmy (Zeinab, la cousine et la femme de Montasser), Salah Abdullah (le fabricant de faux papiers), Ezzat Al Machad (le rédacteur en chef du journal), Ahmed Adam (Aziz, le journaliste), Soheir Tawfiq (la femme de Medhat)
Scénario et dialogues : Mostafa Moharam
Inspiré du roman Le Comte de Monte-Cristo, un roman d’Alexandre Dumas
Musique : Modi Al Imam
Figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.


Drame. Montasser travaille pour une société qui s’occupe d’envoyer des ouvriers égyptiens dans les pays du golfe. Ne supportant plus de voir ces travailleurs exploités et escroqués par son patron qui leur délivre des faux visas, il veut dénoncer ces pratiques frauduleuses à la police. Mais son chef est plus rapide que lui : il parvient à faire arrêter son employé pour détention de drogue. Montasser est condamné à deux ans de prison. Pendant sa détention, il n’a plus aucune nouvelle de sa femme. Quand il est enfin libéré, il veut la retrouver et se venger de son ancien patron. Il se rend au domicile de ce dernier et le tue dans son lit sous les yeux de son épouse. Le soir même, il fait la connaissance d’une danseuse avec qui il passe la nuit. Le lendemain matin, il part à la recherche de sa femme. Celle-ci a été manipulée par une entremetteuse qui l’a convaincue de partir en Turquie pour s’y prostituer. Il retrouve très vite cette mère maquerelle. Elle occupe une fonction fort honorable : directrice d’une école pour jeunes filles. La dame refuse de lui dire où se trouve sa femme. Alors Montasser tente de la faire avouer par la force. En tentant de résister, la directrice chute et sa tête vient frapper violemment l’accoudoir du canapé. Elle meurt sur le coup. Montasser doit fuir…

Notre avis : un drame social très sombre qui se présente un peu comme la version moderne du film de Kamal El Sheikh «Le Voleur et les Chiens » réalisé trente ans plus tôt (le rôle d’Hala Zedki dans « L’Evasion » semble même copié sur celui de Shadia !). Mais la situation du héros d’Atef El Tayyeb est encore plus tragique que celle du voleur de Kamal El Sheikh car lui sera trahi par ses amis et condamné par la société pour s’être élevé contre la corruption des puissants et l’exploitation des plus faibles. Ahmed Zaki incarne avec une grande vérité cet individu traqué et happé par un engrenage dont il ne sortira pas vivant. Cette tragédie moderne est l’un des meilleurs films d’Atef El Tayyeb, le réalisateur le plus doué de sa géneration qui sut à la fois plaire à la critique et au grand public.


Contre le Gouvernement (Ded Al-Hokuma, 1992) 
avec Ahmed Zaki (Mustafa Khalaf), Lebleba (Samia), Afaf Shoaib (Fatma, l’ex-femme de Mustafa), Mohamed Nagaty (le fils de Mustafa), Abu Bakr Ezzat (docteur Abdel Nour), El Muntasir Bellah (Zaki), Ahmed Khalil (docteur Ibrahim Shawkat), Wafaa Al Mekky (la danseuse), Fayeq Azab (Khairy), Youssef Aïd (l’offcier de police), Ahmed El Taher (le juge), Ahmad Kamali (Hamouda), Magdi Saïd (un journaliste), Saleh El Aweil (le chauffeur de bus), Ahmed Fouad Selim (le procureur), Galila Mahmoud (la tenancière de la maison close), Khaled Hamza (le juge)
Scénario : Bashir El Deek, Wagih Abou Zekri
Musique : Modi El Emam


Mustafa est un ancien magistrat qui a été destitué pour corruption. Depuis, il est un avocat aux méthodes discutables, un avocat qui n’hésite pas à contourner la loi pour gagner des procès et s’enrichir. Un jour, alors qu’il s’occupe d’un dossier concernant un grave accident de bus scolaire, il découvre que le fils de Fatma, son ex-compagne, est du nombre des blessés graves. Fatma, après leur divorce a épousé le docteur Ibrahim Shawkat, un haut fonctionnaire, membre éminent du parti au pouvoir. Mais en consultant les papiers du jeune homme, Mustafa comprend très vite que celui-ci ne peut pas être le fils du docteur mais qu’il est le sien. Quand ils se sont séparés, Fatma était enceinte et elle lui avait toujours dit qu’elle se ferait avorter. En fait, elle avait gardé l’enfant. Dans cet accident, la responsabilité de l’état est clairement engagé et Mustafa décide de se battre pour que les victimes et leurs familles aient gain de cause et soient indemnisées à la hauteur du préjudice subi. Il aura face à lui des individus très puissants qui tenteront par tous les moyens de le faire renoncer…

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