شادية
Nous ne Plantons pas des Epines (1970) |
Shadia est l’une des actrices les plus célèbres des années cinquante, soixante et soixante-dix, une figure emblématique de l’âge d’or du cinéma égyptien. Elle a tourné dans plus de 112 films.
Sa carrière commence en 1947 alors qu’elle a tout juste 16 ans. C’est le réalisateur Ahmed Badrakhan qui la découvre lors d’un concours de chant et de comédie qu’il avait organisé pour repérer de nouveaux talents..
Shadia est un pseudonyme trouvé par le metteur en scène Helmy Rafla qui lui donne l’un de ses tout premiers rôles dans Ma Tête est en Vacances (al aql fi agazah, 1947) .
Ma Tête est en Vacances (1947) |
Elle va tourner avec les plus grands acteurs de son temps : Rushdy Abaza, Mohamed Fawzy, Anwar Wagdy, Kamal El-Shennawy (avec qui elle va jouer dans plus de 25 films) et Imad Hamdi. Ce dernier fut son premier mari. Il avait vingt ans de plus qu’elle. Leur union durera trois ans. Son troisième mari fut aussi un acteur célèbre : Salah Zulficar avec qui elle jouera de très nombreux films au début des années soixante..
Au sommet de sa gloire, elle enchaînera les tournages à un rythme démentiel. En 1952, elle jouera dans treize films !
En 1953, elle commence une carrière de chanteuse. Elle se constitue un répertoire pléthorique et ses chansons sont encore aujourd’hui très populaires. En 2011, sa chanson Ya Habibti ya Masr (Mon Amour, Mon Egypte) est devenue l’hymne des révolutionnaires qui se sont dresssés contre Hosni Moubarak.
Elle accompagnera les grands chanteurs de son époque dans des comédies musicales restées dans la mémoire collective. La plus célèbre d’entre toutes est peut-être L’Idole du Public (Maaboudat El Gamahir) d’Helmy Rafla avec Abdel Halim Hafez en 1967.
L'Idole du Public (1967) |
Pendant toue sa carrière, elle va s’illustrer dans la comédie comme dans le drame. On la retrouve aussi bien dans des œuvres légères de pur divertissement que dans des œuvres plus ambitieuses sur le plan artistique.
Parmi ces dernières citons deux adaptations de romans de Naguib Mahfouz :
Le Voleur et les Chiens (El less wal kilab) de Kamal El Sheikh en 1962
Le passage des Miracles ( Zouqâq Al-Midaq) d’Hassan Al Imam en 1963
Le Voleur et les Chiens (1962) |
Mais le public populaire goûtait surtout ses participations dans des comédies où son entrain et sa verve faisaient merveille comme dans :
C'est toi mon amour (Enta Habibi), une comédie musicale de Youssef Chahine en 1957
L'épouse n°13 (al-Zaawgah raqam talata'ch) réalisé par Fateen Abdel Wahab en 1962
L'Epouse n°13 (1962) |
A travers ses multiples rôles, Shadia a toujours défendu une certaine idée de la femme. A l’instar de Faten Hamama, elle fut une féministe convaincue qui à l’écran aimait incarner les femmes modernes luttant pour leur liberté et leur dignité. Son talent lui permit de jouer avec la même conviction des personnages féminins issus de toutes les classes sociales, paysannes comme aristocrates et de toutes les conditions, femmes d’affaires comme prostituées.
Shadia ne s’est guère aventurée dans le monde théâtral. Néanmoins, en 1982, elle monte sur les planches pour la comédie Rayya et Sakina qui connaît un succès phénoménal. La pièce sera donnée pendant plus de trois ans, en Egypte et dans tout le monde arabe.
Elle tourne son dernier film en 1984, Ne me demande pas qui je suis (La Tasalouni Min Ana) d' Achraf Fahmi.
Ne me demande pas qui je suis (1984) |
Shadia met un terme sa carrière artistique en 1986 après une dernière apparition publique lors d’un concert où elle n’interprète que des chants religieux. C’est aussi à cette époque qu’elle décide de prendre le voile.
Elle déclare alors : « Je ne veux pas jouer des rôles de vieilles mamans alors que les gens m’ont toujours vue jouer les jeunes femmes. Je ne veux pas que le public voit les rides sur mon visage. »
Après son retrait, elle se consacre à la religion et à des actions caritatives en direction des orphelins (elle n’a jamais eu d’enfant).
Il y a quelques semaines elle avait été hospitalisée pour un AVC. Elle est morte le mardi 28 novembre 2017.
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