خلى بالك من
زوزو
ﺇﺧﺮاﺝ: حسن الإمام
Hassam Al Imam a réalisé Méfie-toi de Zouzou en 1972.
Distribution: Soad Hosny, Taheya Carioca, Hussein Fahmy, Shahinaz Taha, Nabila El Sayed, Samir Ghanem, Shafik Galal, Mohye Ismaïl, Mona Qattan, Wahid Seif, Abbas Fares, Zouzou Chakib, Azza Sherif
Scénario : Salah Gahin et Hassan Al Imam
Musique : Fouad El Zahry, Kamal Al Tawil, Shaban Abu Saad, Ibrahim Ragab, Sayed Mekawi
Soad Hosny |
Soad Hosny et Taheya Carioca |
Soad Hosny |
Soad Hosny et Hussein Fahmy |
Nabila El Sayed, Taheya Carioca, Shahinaz Taha |
Soad Hosny et Samir Ghanem |
Soad Hosny et Hussein Fahmy |
Soad Hosny |
Shafik Galal |
Résumé
Un jour, un nouveau professeur de théâtre fait
son apparition à l’université. Il est beau, il est jeune et il a un charisme magnétique.
Il s’appelle Saïd. Entre lui et Zouzou, c’est le coup de foudre. Le jeune
professeur rompt avec Nazek, sa fiancée tandis que Zouzou est bien décidée à
abandonner la danse.
Malheureusement, Nazek a découvert le secret de
sa rivale. Un membre de la famille du professeur doit se marier. Pour animer la
cérémonie, elle engage la troupe de Naima. Le jour du mariage, Zouzou qui est
une invitée de Said voit la compagnie de danse arriver. Elle est médusée. Tout
le monde découvre le lien entre Zouzou et Naima. Les amis de Nazek se mêlent
aux danseuses et aux chanteurs de la troupe pour les humilier. Submergée par la
honte, Naima ne peut plus danser. Aussitôt, Zouzou prend la place de sa mère et
assume fièrement sa condition de danseuse.
L’affaire fera grand bruit à l’université mais ce
sera peine perdue pour l’ex-fiancée : Saïd et Zouzou resteront unis et
afficheront leur amour aux yeux de tous.
Critique
A sa sortie, le film a eu un succès considérable. Il restera à l’affiche pendant plus d’un an. Les chansons écrites par Kama El Tawil et le poète Salah Jaheen sont devenues des classiques . En Egypte, tout le monde connaît « Khali Balak min Zuzu’ » (la chanson qui donne son titre au film) ou «Ya Wad Ya Te’eel ». Pressentant l’importance de cette comédie musicale pour la suite de sa carrière, Soad Hosny a pris très au sérieux ce rôle d’étudiante qui mène une double vie. Elle qui ne savait pas danser a très vite appris et les nombreuses chorégraphies qu’elle exécute dans ce film font désormais partie du patrimoine de la danse orientale.
Mais au-delà de la performance artistique de la star, c’est la dimension sociale du personnage qui passionne le public de l’époque. A l’aube des années 70, Zouzou est une jeune femme moderne qui lutte contre les préjugés et les conservatismes de tous bords. Elle refuse le destin qu’on lui prépare : en tant que femme, elle est condamnée à un rôle subalterne, éternelle servante de l’homme, en tant que danseuse, elle est vouée à l’opprobre, ravalée au rang de prostituée.
Ainsi, le début du film se présente comme un manifeste revendiquant haut et fort l’émancipation pour les femmes égyptiennes. On découvre Zouzou participant à une course à pied. Elle est vêtue d’un maillot très échancré et d’un short blanc. Bien entendu, elle remporte la compétition. Sur le plan suivant, elle brandit la coupe de la victoire tandis que la caméra scrute de haut en bas le corps de la championne (le short comme symbole politique !) pour s’arrêter sur le chiffre 1 inscrit sur le podium. Ensuite, Zouzou retourne à l’université et avec ses amis, elle affronte le porte-parole des étudiants conservateurs (qui à l’époque ne portent pas encore la barbe mais la cravate comme tout le monde !) . Celui-ci fait piètre figure. Et il est bien seul face à tous ces jeunes gens énergiques et enthousiastes que Zouzou entraîne dans sa danse. Cette parabole de la modernité terrassant la tradition peut nous sembler naïve par son optimisme forcené mais elle rend bien compte aussi de l’état d’esprit qui régnait à l’époque parmi les jeunes gens diplômés de la capitale. Evidemment, tout cela nous semble inconcevable aujourd’hui et même l’étudiant conservateur qui s’oppose à Zouzou passerait pour gauchiste dans l’Egypte actuelle.
Autre élément qui fait de ce Méfie-toi de Zouzou, une petite révolution, c’est que l’héroïne ne tombe pas amoureuse d’un médecin ou d’un ingénieur comme c’était la règle pour toutes les jeunes filles dans le cinéma des années cinquante et soixante mais d’un professeur de théâtre qui roule en voiture de sport décapotable ! Et, comble de hardiesse, c’est elle qui prend l’initiative, provoquant les rencontres avec son bien-aimé. Dans cette histoire, elle est l’élément moteur tandis que son partenaire reste passif, un sourire engageant aux lèvres comme pour inciter la jeune femme à aller plus loin. Bref, les rôles sont inversés.
L’aspect le plus intéressant du film, c’est sa dénonciation de l’hypocrisie de la société. Dans les années soixante-dix, une partie de la jeunesse rêve de briser le carcan de la morale traditionnelle ; on aspire à la liberté et à l’épanouissement personnel. On veut un monde dans lequel la religion sera cantonnée à la sphère privée, un monde plus tolérant qui permettra à chacun de s’exprimer comme bon lui semble. Et pourtant, les préjugés demeurent et ils gardent toute leur virulence. Quand l’activité secrète de Zouzou est révélée au grand jour, une partie des étudiants manifeste son hostilité et son mépris. Certes, ces jeunes gens souhaitent vivre à l’occidental mais ils partagent la vision du monde de leurs parents : on ne touche pas à l’édifice social et les danseuses resteront des parias comme elles l’ont toujours été. Malgré son happy end, la dernière partie du film fait un constat amer de l’état de la société égyptienne et tranche avec l’optimisme un peu benêt du début.
Zouzou restera l’un des plus beaux rôles de Soad Hosny mais du coup on oublie souvent de saluer la performance de Taheya Carioca. On la reconnaît à peine tellement elle a grossi mais elle est parfaite dans ce rôle de mère qui ne pouvant plus danser exploite sans état d’âme la beauté et le talent de sa fille pour continuer à vivre de son art. Un personnage à la fois monstrueux et pathétique.
En revanche, la production n’a pas gâté Hussein Fahmy qui doit jouer le bellâtre inconsistant scène après scène. C’est un peu « Sois beau et tais-toi. »
Appréciation : 4/5
****
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
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