إخراج : حسن رمزي
Hassan Ramzy a réalisé La Passion et la Chair en 1972.
Distribution : Nagla Fathy (Houda), Mahmoud Yassin (docteur Ahmed), Rushdy Abaza (Zaki), Soheir El Bably (Dwala), Omar Khorsheid (Medhat), Sayed Zayan (le serviteur), Nabila El Sayed (la servante), Ali Ezz Al Din (le père de Houda)
Scénario : Nairouz Abdel Malak et Hassan Ramzy
Musique : Fathy Qoura, Gamal Al Hashemi, Hussein Abu Zeid, Helmy Amin, Omar Khorsheid, Suleiman Fatahallah, Mohamed Zia Eddin
Hassan Ramzy a réalisé La Passion et la Chair en 1972.
Distribution : Nagla Fathy (Houda), Mahmoud Yassin (docteur Ahmed), Rushdy Abaza (Zaki), Soheir El Bably (Dwala), Omar Khorsheid (Medhat), Sayed Zayan (le serviteur), Nabila El Sayed (la servante), Ali Ezz Al Din (le père de Houda)
Scénario : Nairouz Abdel Malak et Hassan Ramzy
Musique : Fathy Qoura, Gamal Al Hashemi, Hussein Abu Zeid, Helmy Amin, Omar Khorsheid, Suleiman Fatahallah, Mohamed Zia Eddin
Soheir El Bably et Rushdy Abaza |
Rushdy Abaza et Nagla Fathy |
Nagla Fathy |
Soheir El Bably |
Mahmoud Yassin |
Sayed Zayan et Nabila El Sayed |
Rushdy Abaza et Nagla Fathy |
Omar Khorshied et Soheir El Bably |
Soheir El Bably et Nagla Fathy |
Résumé
Houda est la fille unique d’un riche homme d’affaires. Elle passe des vacances à Alexandrie. Un jour alors qu’elle bronze au soleil dans un endroit isolé, elle est agressée par quatre individus. Un jeune homme intervient et met en fuite les voyous. Le sauveur de Houda est un étudiant en médecine, le docteur Ahmed. Ils se revoient et très vite tombent amoureux l’un de l’autre. Mais cette idylle à peine commencée doit être mise entre parenthèses : Ahmed annonce à Houda que pour terminer ses études il doit séjourner un certain temps à Londres. La jeune femme est dévastée. Après le départ d’Ahmed, elle trouve un soutien auprès de Zaki et de Dwala, un couple d’âge mûr qui se trouvait à Alexandrie en même temps qu’elle. Au Caire, Houda reprend sa vie dans le luxueux appartement qu’elle occupe avec son père. Malheureusement, les affaires de celui-ci traversent une crise grave. La santé chancelante du vieil homme n’y résiste pas. Il meurt brutalement. Houda est inconsolable. Elle ne retrouve le sourire que le jour où elle reçoit un télégramme d’Ahmed lui annonçant son retour. A l’heure dite, elle se rend à l’aéroport pour l’accueillir. Hélas, elle apprend que l’avion de celui-ci a explosé en plein vol : aucun survivant. Houda a perdu les deux êtres qui lui étaient les plus chers au monde. Elle se tourne alors vers Zaki et Dwala. Elle ne sait pas que ce couple sympathique est d’une perversité et d’un amoralisme absolus. L’homme et la femme multiplient les conquêtes et organisent des orgies dans les maisons closes qu’ils dirigent. Ils parviennent à faire de leur protégée leur esclave sexuel et ils la prostituent à de riches hommes d’affaires. Un jour, n’en pouvant plus de cette existence, Houda les dénonce à la police. Elle est enfin libre mais désespérée. Elle retourne sur la côte, à l’endroit exact où elle a fait la connaissance d’Ahmed. Le flot des souvenirs la submerge. Elle veut en finir. Elle s’approche du bord de la falaise, prête à se jeter dans le vide quand soudain elle entend quelqu’un crier son nom. Elle se retourne : c’est Ahmed ! Il est vivant et il a remué ciel et terre pour la retrouver. Houda est heureuse mais elle sait que désormais, leur union est impossible. Après avoir écrit une longue lettre à l’homme qu’elle aime elle s’empoisonne. Elle meurt à l’hôpital dans les bras d’Ahmed.
Critique
En ce début des années 70, les cinéastes égyptiens tiennent à montrer que l’Egypte est un pays moderne en phase avec la libération des mœurs qui s’est développée dans l’ensemble des sociétés occidentales après 1968. Bien sûr, on feint souvent de le déplorer au nom de la défense des valeurs traditionnelles mais en réalité, on montre avec une grande complaisance ce que l’on prétend condamner. Et d’ailleurs, le public ne s’y trompe pas. A cette époque, il réserve un triomphe à tous ces films de « mœurs » qui osent aborder sans fard la question sexuelle aussi bien dans sa dimension sociale que psychologique.
Cette tendance de la production cinématographique dominera pendant toute une décennie (enchantée ?) avant de laisser la place au début des années quatre-vingt à un cinéma moins commercial, plus politique mais aussi plus prude.
La Passion et la Chair s’inscrit dans ce mouvement. Rushdy Abaza et Soheir El Baly incarnent deux personnages formant un couple assez proche de celui constitué par le Vicomte de Valmont et la Marquis de Merteuil dans les Liaisons Dangereuses de l’auteur français du XVIIIe siècle, Choderlos de Laclos. Ce sont deux libertins organisant des soirées coquines pour des amis et des clients fortunés. Chacun multiplie les liaisons extraconjugales avec la bénédiction de l’autre. Une jeune fille, la pauvre Houda, tombe dans leur filet. Ils vont prendre un plaisir intense à la manipuler et à la pervertir.
Tout le film oscille entre le mélodrame et le conte licencieux. Le destin s’acharne sur Houda : faillite puis mort de son père, éloignement puis mort annoncée de son fiancé. Naïve, elle s’en remet totalement à Zaki et à Dawala en qui elle a toute confiance. Mal lui en a pris ! Elle deviendra un objet sexuel que l’on prête et que l’on vend. Et elle finira même par s’en accommoder ! La Passion et La Chair aurait pu fort bien s’intituler Les Infortunes de la Vertu (titre d’un conte du Marquis de Sade. un auteur français aussi du XVIIIe. Décidément…). On peut donc compatir aux malheurs de la pauvre orpheline mais aussi vibrer au caractère éminemment érotique de ses « épreuves ».
A la fin, la morale triomphera : le couple diabolique sera arrêté et leurs maisons closes fermées, Houda retrouvera son fiancé qui en fait n’était pas mort ! (Ce retour invraisemblable est l’élément le plus faible du scénario.) Mais refusant de faire supporter à l’homme qu’elle aime le déshonneur d’avoir épousé une prostituée, elle préfère se suicider. Dans son roman Dérives sur le Nil, Naguib Mahfouz fait dire à l’un de ses personnages que le dernier acte d’une pièce de théâtre est souvent le plus mauvais car il est écrit pour la censure. On voit ici que l’on peut transposer le propos au cinéma : le dénouement doit racheter, au prix fort, les errances des personnages pour complaire aux gardiens sourcilleux de la morale publique. Ce qui nous vaut en général une dernière scène un peu tarte. La Passion et la Chair n’échappe pas à la règle.
Si Mahmoud Yassine ne surprend guère en jouant comme d’habitude l’homme de devoir au cœur sensible et à l’air rébarbatif (sa marque de fabrique !), Rushdy Abaza est épatant en vieux libertin libidineux qui se jette avec gourmandise sur toutes les femmes qui croisent son chemin. De même que Soheir El Bably incarne avec un naturel stupéfiant, la femme mûre libérée dont le seul but dans l’existence est son plaisir personnel.
Mais en fait tout le film est construit autour de Naglaa Fathy et la jeune actrice ne ménage pas sa peine pour être à la hauteur du rôle qui lui est confié ! Elle danse, elle chante, elle pleure, elle rit, elle donne des coups et en reçoit. Mais surtout elle dévoile son corps autant que la censure le permet. L’un des sommets du film, c’est quand elle danse pour Zaki (Rushdy Abaza) avec toute la sensualité dont elle est capable. Sa prestation crée chez son partenaire (et sans doute chez les spectateurs les plus émotifs) une tension presque suffocante. Naglaa Fathy nous prouve ainsi qu’elle peut rivaliser avec les trois reines du glamour de l’époque : Chams Al Baroudi, Nahed Sherif et Soheir Ramzy.
Tout cela ferait donc un bon film de série B s’il n’y avait pas la bande-son. C‘est certainement l’une des bandes-sons les plus catastrophiques de toute l’histoire du cinéma mondial. Pour la constituer, on a puisé dans le répertoire symphonique les passages les plus tonitruants et les scènes qu’ils accompagnent semblent avoir été choisies de manière totalement aléatoire, genre trompette et cor de chasse pour souligner la douce mélancolie qui étreint l’âme de l’héroïne. Il faut supporter aussi l’utilisation récurrente de l’adagio du concerto d’Aranjuez (morceau préféré des réalisateurs de navets sentimentaux). Et puis au milieu de tout ça, des idées incongrues comme l’emploi du thème principal de Mary Poppins (comédie musicale de Robert Stevenson, 1964) pour accompagner la scène dans laquelle trois malfrats tentent de violer Houda ! Et c’est une bande-son qui ne nous laisse aucun répit. Il faut supporter cette cacophonie jusqu’à la toute dernière image du film. Un désastre !
Le générique nous apprend que l’auteur de cette compilation infernale est l’acteur Samir Sabri. D’après le site Elcinema, il fut chargé de l’habillage musical d’au moins dix autres films. Mon Dieu, quelle imprudence !
Appréciation : 2/5
**
Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin
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