dimanche 22 février 2015

Amour Interdit (Mamnou Al Hob, 1942)


ممنوع الحب
إخراج : محمد كريم



Mohamed Karim a réalisé Amour Interdit en 1942.
Distribution : Mohamed Abdel Wahab, Ragaa Abdo, Hassan Kamel, Abdel Wares Asar, Aziza Badr, Zinat Sedki, Thuraya Fakhry
Une histoire d’Abbas Allam
Scénario : Mohamed Karim
Musique : Aziz Sadek, Mamoun Al Shinnawi, Mohamed Abdel Wahab, Hussein El Sayed

Ragaa Abdo et Mohamed Abdel Wahab



Mohamed Abdel Wahab et Hassan Kamel







Résumé

Aziz est un jeune homme qui mène une vie mondaine très intense, entouré de nombreux amis. Un jour, il reçoit un télégramme lui annonçant la mort de son père. Dans le train qui le conduit au village où réside sa famille, il rencontre Fakria une jeune fille qui elle aussi doit retrouver les siens à cause du décès soudain de son père. Au fil de la conversation, ils découvrent qu’ils habitent dans le même village et que le père de chacun était le plus grand ennemi de l’autre.
En arrivant à destination, les deux jeunes gens s’aperçoivent que les deux chefs de famille sont bien en vie et qu’ils ont été les victimes d’une mauvaise plaisanterie.
Si dès le début, Aziz exprime son souhait que les deux clans se réconcilient, Faakria semble partager la haine de ses parents. Il n’empêche qu’entre les deux héros, l’amour naît. Aziz finit par proposer le mariage à Faakria. Il est persuadé que cela permettra aux deux familles de se réconcilier. Faakria accepte. Les deux amoureux savent qu’il leur sera difficile de convaincre leurs parents. Faakria a une idée : il faut leur faire croire que l’un et l’autre se marient pour poursuivre le combat et rendre la vie impossible à leur conjoint. Le mariage a lieu. Faakria et Aziz s’installent au Caire. Ils sont heureux. Ce que découvrent les parents en faisant irruption à l’improviste chez leurs enfants. Ils crient à la trahison. Aziz les sermonnent et leur ordonnent de faire enfin la paix. Cela sera chose faite un peu plus tard, avec la naissance de triplés ! 


Critique

Amour Interdit est le cinquième film que Mohamed Karim et Mohamed Abdel Wahab tournent ensemble. C’est aussi une comédie musicale (Comment  pourrait-il  en être autrement ?)  même si , comme pour les opus précédents, cela se réduit à l’interprétation de quelques chansons. L’intrigue est vaguement inspirée de Roméo et Juliette : deux amoureux appartiennent  à des clans qui se détestent.
Le film est un bon divertissement. Le caractère guindé de la Rose Blanche a totalement disparu. Au contraire, ce qui frappe dans Amour Interdit, c’est la nervosité du rythme et la légèreté du propos.  Mohamed Karim  sait manier l’humour et la satire. Il le fait sans avoir recours aux gros effets de la farce populaire mais quand il décoche ses flèches, il rate rarement sa cible : la manière dont il tourne en ridicule les pères macérant dans la rancœur et le ressentiment est tout à fait réjouissante.  La réussite de l’œuvre tient aussi à la présence lumineuse de l’actrice et chanteuse Ragaa Abdo. L’une des plus belles scènes du film se situe à la fin quand le héros retrouve sa jeune épouse.  Dans la cuisine claire et spacieuse de leur appartement moderne, ils se lancent dans un duo qui  n’est pas sans rappeler  Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy.
Autre séquence remarquable : le premier numéro chanté du film. Mohamed Abdel Wahab chante au milieu de ses amis tandis que la caméra s’attarde sur les personnages féminins, réalisant ainsi des portraits d’une grande beauté. Qui sont ces jeunes femmes qu'on ne reverra plus par la suite ? On ne sait pas et le film prend alors un faux air de documentaire sur une société à jamais disparue et dont il ne reste que ces frêles images.
Enfin, Amour Interdit nous permet de vérifier encore une fois l’influence de la comédie américaine sur les cinéastes égyptiens de l’époque. D’ailleurs, l’une des scènes du film présente des similitudes troublantes avec une séquence du célèbre New-York – Miami de  Frank Capra (1934) interprétée par Clark Gable et Claudette Colbert. Comme dans le film américain nous retrouvons les deux héros se disputant au bord de la route. Là aussi l’homme porte une valise. Et sur  les deux photos ci-dessous, on constatera que les ressemblances vont jusqu’au choix des costumes.


New-York-Miami
Amour Interdit













Appréciation : 4/5
****

Texte : © Ciné Le Caire/Philippe Bardin

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