dimanche 17 mars 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 16 au 28 mars)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Jeudi 28 mars à 14h

Fatma d'Ahmed Badrakhan (1947)

avec Oum Kalthoum (Fatma), Anwar Wagdi (Fathy, le plus jeune frère du pacha), Suleiman Naguib (le pacha), Hassan Fayek (Fatouh, le frère cadet du pacha), Zouzou Chakib (la petite amie de Fathy), Saneya Shawky (la danseuse), Abdel Fatah El Kosary (Maître Mustafa, le boulanger), Ferdoos Mohamed (la mère de Fatma), Nabil Khairy (le cousin de Fatma), Mohamed Al Dib (Munir), Mohamed Kamel, Hussein Asar (le cuisinier), Edmond Tuema (le réceptionniste de l’hôtel), Mohamed Kamel EL Masry (le professeur Fasih)
Scénario : Mustafa Amin, Badie Khairy
Musique et chansons : Abdul Hamid Abdel Rahman, Abdel Halim Noweira, Riad El Sonbati, Zakaria Ahmed, Mohammed Al-Qasabji, Ahmed Rami, Bayram Al-Tunsi
Dernière apparition d’Oum Kalthoum à l’écran.


Drame. Fatma est infirmière chez un pacha dont l’état nécessite un traitement lourd. Fathy, le frère cadet du maître de maison, est tombé amoureux de la jeune femme. Il multiplie les tentatives pour la séduire mais Fatma reste de marbre. Fou de désir, Fathy se résout à la demander en mariage. L’infirmière accepte. Après un voyage de noces qu’ils passent à Alexandrie, ils sont obligés de s’installer dans le modeste logement des parents de Fatma. En effet, le père de Fathy n’a pas accepté ce mariage et il est furieux contre son fils. Très vite, le jeune marié se lasse de cette existence austère dans un quartier populaire. Le luxe et les plaisirs de sa vie d'antan lui manquent. Il finit par abandonner Fatma pour retourner dans sa famille. Quelques mois plus tard, l’épouse délaissée donne naissance à un enfant. Fathy refuse de le reconnaître…

Notre avis : c’est le dernier film d’Oum Kalthoum et elle chante neuf chansons composées par ses auteurs habituels. Cela suffit à faire de « Fatma » une œuvre précieuse pour tous les amoureux de la culture arabe. On doit tout de même reconnaître que ce film n’est pas le plus réussi des six dans lesquels a joué la diva. Le scénario se présente comme un mélodrame très conventionnel et on se demande ce qui a conduit les producteurs à faire jouer à la chanteuse le rôle d’une jeune mère abandonnée alors qu’elle a au moment du tournage plus de quarante-neuf ans. Et c’est d’autant plus déconcertant qu’Oum Kalthoum ne recourt à aucun artifice pour masquer son âge. Le film aurait été beaucoup plus fort s’il avait présenté Fatma comme une femme mûre qui découvre l’amour avec son nouvel amant mais on se doute que la morale de l’époque (qui est peut-être aussi la morale d’Oum Kalthoum) ne l’aurait pas admis.


Mercredi 27 mars à 22h

Sept Jours au Paradis de Fateen Abdel Wahab (Sabaa Ayam fil Janna, 1969)
avec Nagat El Saghira (Karouan), Hassan Youssef (Hussein Mahmoud), Amin El Heneidy (oncle Amin), Adel Imam (Shukry, le journaliste), Salama Elias (le rédacteur en chef), Youssef Fakhr El Din (Youssef), Shahinaz Taha (Mervat), Nadia Seif El Nasr (Effat Qamar Dar), Tawfiq El Deken (le frère d’Effat Qamar Dar), Abdul Moneim Saudy (le mazoun)
Scénario et dialogues : Ali El-Zorkani
Musique : Mohamed Abdel Wahab, Fouad El Zahry, Saïd Mekawi, Mansour Rahbani, Asi Rahbani
Production : Ramses Naguib


Comédie musicale. Pour vivre, Karouan et son oncle Amin vendent du jasmin sur la plage à Alexandrie. Afin d’attirer les clients, la jeune femme chante et Amin l’accompagne à l’accordéon. Un jour, un journaliste assiste à leur petit numéro et cela lui donne l’idée d’un nouveau reportage. Il propose au duo de vivre pendant sept jours l’existence des riches et lui relatera dans son journal cette expérience inédite. Karouan et Amin acceptent. Le journaliste conduit ses deux nouveaux amis au Caire et les installent dans un hôtel luxueux. L’oncle doit se faire passer pour un millionnaire de retour du Brésil avec sa fille Houda. Un article paraît dans le journal pour annoncer l’arrivée en Egypte de ces deux éminents personnages. Flairant la bonne affaire, des escrocs et des séducteurs investissent aussitôt l’hôtel. Heureusement, le journaliste veille sur ses deux protégés…

Notre avis : une comédie musicale qui est aussi une vraie comédie avec un scénario bien ficelé. Les deux rôles principaux sont tenus par Amin El Heneidy et Nagat El Saghira. Le jeu du premier manque toujours autant de sobriété mais celui beaucoup plus réservé de sa partenaire permet à leur duo de fonctionner parfaitement.
La célèbre chanteuse Nagat El Saghira, demi-soeur de Soad Hosni, n'a joué que dans onze films et celui-ci est l'un des derniers. On est frappé par son naturel et son aisance au milieu d'acteurs chevronnés qui accumulent les tournages. Les chansons qu'elle interprète sont parmi les plus belles de son répertoire. Surtout, ne pas manquer la séquence en couleur d'un kitsch indépassable !


Mardi 26 mars à 22h

Des Bouches et des Lapins d’Henry Barakat (Afwah We Araneb, 1977)
avec Faten Hamama (Naema), Mahmoud Yassin (Mahmoud Bey), Farid Shawki (Abdel Maged), Magda El-Khatib (Raguia), Ali El Sherif (Maître Al Batawi), Ragaa Hussein (Gamalat), Abou Bakr Ezzat (Youssef), Hussein Asar (Oncle Mustafa), Wedad Hamdy (Fayza, l’amie de Naema), Hassan Mostafa (Fathy Al Faki), Mohamed Al Saqqa (Khalil), Ahmed Abaza (le marchand de fruits), Salah Nazmi (Ahmed), Enas El Dighade (Noha), Aleya Abdel Moneim (la mère de Noha)
Scénario : Samir Abdel Azim
Musique : Gamal Salamah
La chanteuse Fatima Eid (née en 1962) ouvre et ferme le film avec la chanson « Tota, Tota, Tota » qui deviendra un énorme succès.
Production : Compagnie des Films Unis
Des Bouches et des Lapins a reçu en 1978 le prix du meilleur film décerné par le Centre Catholique égyptien.


Naema est une femme qui vit dans un petit village, près de Mansoura. Elle réside dans la même maison que sa sœur Gamalat, son beau-frère Abdel Maged, et leurs neuf enfants. Abdel Maged est sans emploi et passe toutes ses journées à boire. C’est donc Naema qui entretient toute la famille grâce à son travail dans une usine de glaces. Un jour, le plus âgés de ses neveux vole deux poulets chez le marchand de volailles du village. Il s’est fait prendre par le commerçant et Naema intervient pour obtenir sa libération. Le marchand accepte de retirer sa plainte mais, en échange, il souhaite épouser la jeune femme. Bien que l’homme ait déjà trois femmes et vingt-deux enfants, la sœur et le beau-frère de Naema voient d’un très bon œil cette union car elle permettrait de résoudre les difficultés financières de la famille. Pour échapper à ce mariage dont elle ne veut pas, Naema quitte le village. Elle devient la gouvernante d’un riche et séduisant propriétaire terrien. La servante et le maître tombent amoureux l’un de l’autre mais pour se marier, ils devront lutter contre leurs deux familles…

Notre avis : ce film connut un succès considérable à sa sortie et il est régulièrement rediffusé par les chaînes de télévision arabes. C’est un conte de fée moderne qui a le mérite d’évoquer sans manichéisme le problème des relations entre les classes sociales et celui de la condition féminine dans l’Egypte des années soixante-dix. A travers le sort de Naema et de sa sœur Gamalat, Henry Barakat dénonce les archaïsmes qui continuent d’entraver le destin des femmes des classes populaires. Ce qui affaiblit son propos, c’est que les deux sœurs finissent par échapper à la misère grâce au jeune, riche et beau propriétaire terrien, futur mari de Naemat. Mais il est vrai qu’Henry Barakat est un éternel romantique ! Quant à Faten Hamama, elle reste une immense actrice et elle le prouve une nouvelle fois ici mais on pourra la trouver néanmoins un peu trop distinguée pour le rôle de Naema. Elle a beau s’être coiffée d’un foulard pour faire peuple, elle ne parvient pas à effacer sa grâce et son élégance naturelles. D’ailleurs on comprend pourquoi le propriétaire terrien désire épouser sa charmante employée : elle rivalisera sans peine avec les femmes de son milieu !


Lundi 25 mars à 18h30

Le Procureur Général d'Ahmed Kamel Morsi (Al-Na’ib Al-’Aam,1946)
avec Abbas Fares (le procureur général), Seraj Munir (Gamil, le fils du procureur général), Saïd Abou Bakr (Hamed Gomaa), Hussein Riad (Mahmoud Shafei), Zaki Rostom (Abdel Khaleq, le frère de Mahmoud), Madiha Yousri (Nahed), Zouzou Hamdi El Hakim (Fifi), Mahmoud El Meleigy (le procureur), Abdel-Wareth Asr (Ramadan, l’oncle de Mahmoud), Ibrahim Omara (l’imam de la mosquée), Zeinab Sedky (la mère de Mahmoud), Soad Ahmed (Oum Bata, la voisine), Fatima (Bata, la fille de la voisine), Abdel Aziz Khalil (le mari de la voisine), Fouad El Rachidi (l’inspecteur), Hassan El Baroudi (un juge)
Scénario : Ahmed Shokry
Musique : Mahmoud Abdel Rahman
Figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.


Mahmoud est étudiant à l’université d’Al Azhar tandis que son frère Abdel Khaleq travaille dans une banque. Tous les deux vivent avec leur mère. Celle-ci tombe gravement malade et il lui faut suivre un traitement très onéreux. Les deux frères ont de plus en plus de difficultés à payer les médicaments prescrits par le médecin. Abdel Khaleq décide d’aller rendre visite à leur oncle qui possède un grand domaine agricole. Le vieil homme écoute son neveu mais prétend que la récolte sera mauvaise et qu’il ne pourra les aider. Le temps presse : il faut au plus vite trouver de l’argent pour payer le pharmacien alors qu’Abdel Khaleq ne recevra son salaire que dans quelques jours. Il décide de puiser dans le coffre de la banque. Ainsi leur mère pourra continuer à recevoir son traitement. Malheureusement pour Abel Khaleq, le lendemain un inspecteur vient à la banque pour contrôler les comptes. L’ « emprunt » est aussitôt découvert. Abdel Khaleq est arrêté et lors de son procès, le procureur général refusera de considérer les raisons de ce vol et restera intraitable. L’accusé est condamné à plusieurs années de prison. Il ne supportera pas cette détention et mourra en prison. De son côté, Mahmoud impuissant a assisté à la mort de leur mère. Leur oncle meurt à son tour et Mahmoud hérite de sa fortune. Il quitte l’université d’Al Azhar et part à l’étranger pour étudier le droit. A son retour, il entre dans la magistrature et finit par y occuper les plus hautes fonctions…

Notre avis : un drame dans lequel les morts se succèdent à un rythme soutenu (la mère, l’oncle, le frère, la voisine, la fille de la voisine). Ce film se présente aussi comme un plaidoyer en faveur d’une justice plus humaine, plus clémente et pour cela il met en scène deux magistrats aux conceptions totalement opposées. Ce qui pourra déconcerter les spectateurs d’aujourd’hui, c’est que pour illustrer leur message, les auteurs ont choisi de raconter un procès dans lequel le représentant d’une justice bienveillante prend la défense de l’auteur d’un féminicide et obtient une peine dérisoire (six mois de prison avec sursis !). Précisons que l’inculpé est le fils du magistrat "implacable", ce qui permet de conclure sur la réconciliation des deux anciens adversaires, illustrant ainsi -sans doute de manière involontaire-ce qu’on appelle une justice de caste. On l’a compris : malgré les apparences, « Le Procureur Général » est un film plutôt réactionnaire.


Dimanche 24 mars à 18h30

Poisson d'avril de Mohamed Abdel Gawwad (Kidbet April, 1954)
avec Ismaël Yassin (Amchir), Chukry Sarhan (Hosny Sharkas, le fils de Rostam), Abdel-Fatah Al Kosary (Qandil, le mari de Zafarana), Aïda Othman (Soso, la fille d’Amchir), Stéphan Rosti (Rostam Sharkas), Al Sayed Bedeir (Abdel Mawgoud, le fils du maire), Mohamed El Tabei (le maire), Aziza Badr (la femme du maire), Mary Moneib (la femme d’Amchir), Wedad Hamdi (Zafarana), Sanaa Gamil (Nargis, la danseuse), Mohsen Hassanein (le serveur), Malak Al Gamal (la femme de chambre), Zouzou Nabil (la mère d’Hosny), Hermine (danseuse), Lola Abdo (danseuse)
Scénario et dialogues : Badie' Khairy et Mohamed Abdel Gawwad
Musique : Ahmed Sabra
Production : Abbas Helmy
En cette année 1954, Ismaïl Yassin est à l’affiche de 18 films. Un record !


Comédie. Amchir est marié à une femme turque très riche. Avec leur fille, ils vivent dans un immense domaine à la campagne. Amchir fréquente les cabarets de la capitale et il a pris soin de prendre un pseudonyme pour pouvoir agir à sa guise. Il est tombé amoureux de Nargis, une danseuse, malheureusement, il n’est pas le seul à courtiser la jeune femme et il lui faut beaucoup d’argent pour espérer l’emporter. Alors pour obtenir de sa femme la somme dont il a besoin, il feint d’être au désespoir et prétend vouloir se pendre. Il explique à son épouse qu’avant de la connaître, il avait déjà été marié et qu’il avait eu un fils. Sa première femme était morte et c’était lui qui devait assurer l’entretien de l’enfant mais que faute d’argent, il n’en était pas capable. Sa femme touchée par ce récit pathétique accepte de l’aider. Mais peu après, l’épouse généreuse découvre une photo de Nargis dans la poche du veston de son mari. Ce dernier prétend que cette Nargis est en fait la fille cachée de l’un de leur parent. Ces premiers mensonges vont en entraîner bien d’autres et plonger le héros dans des situations inextricables…

Notre avis : une comédie qui use et abuse du quiproquo mais l’abattage des acteurs fait passer les ficelles parfois un peu grosses du scénario. Ce film, très féminin à défaut d’être féministe, nous offre une jolie galerie de danseuses aujourd’hui oubliées et d’actrices abonnées aux seconds rôles. Y ont participé des artistes qui ne feront qu’un passage éclair dans le cinéma égyptien. Aïda Othman joue la fille d’Amchir, elle ne tournera que dans trois films, les trois en cette seule année 54 puis elle disparaitra brutalement des écrans. Y figurent aussi ces deux danseuses américaines venues se produire au Caire toujours en 1954 et qui apparaitront dans deux films avant de retourner chez elles.


Samedi 23 mars à 14h

Mon Fils de Nader Galal (Waldy, 1972)
avec Farid Shawqy (Gaber), Essam Al Ashry (Adel, le fils de Gaber), Tawfiq El Deken (Tawfiq, un membre du gang), Kanaan Wasfy (Mourad, un membre du gang), Mohamed Sobeih (Hassanein, un membre du gang), Abu Al Futouh Omara (Abbas, un membre du gang), Samir Nawar (Mustafa, un membre du gang), Soheir Ramzy (Khandoura, la danseuse), Mahmoud El Meleigy (le docteur Gharib), Magdy Wahbah (l’officier de police), Ahmed Loxer (le chef de la police), Ahmed Zaki (Asfour), Abdel Ghani El Nagdi (Massoud)
Scénario : Samir Nawar
Musique : Fouad El Zahiry
Production : Nader Galal


Aber est un tueur professionnel et il élève seul son fils Adel. Celui-ci lui révèle qu’il a des problèmes à l’école : personne ne veut jouer avec lui car tout le monde sait que son père est un gangster. Les autres enfants ont peur. Adel demande à son père d’abandonner ses activités criminelles. Emu par le discours de son fils, Gaber lui promet de rompre avec son passé et désormais de se conduire en honnête homme. Pour montrer sa détermination, il jette son arme dans les eaux du Nil. Quand Gaber leur fait part de sa décision, les autres membres du gang ne l’entendent pas de cette oreille. Après une discussion houleuse, ses anciens associés décident d’éliminer celui qu’ils considèrent comme un traitre. C’est Tawfiq qui sera chargé de l’abattre. Malheureusement, celui-ci rate sa cible et tue le fils de Gaber. L’ancien tueur est dévasté. Dans son malheur, il peut compter sur le soutien de Khandoura, la danseuse et sur l’aide d’Asfour, un simple d’esprit qui a été témoin de la scène de meurtre. Gaber décide de se faire justice lui-même : il se lance à la recherche des assassins de son fils...

Notre avis : c’est le deuxième film de Nader Galal et il nous montre tout son savoir-faire dans cette petite série B avec en vedette Farid Shawqi. A l’époque l’acteur enchaîne les tournages de thrillers dans lesquels il est tantôt flic, tantôt voyou. Ce sont toujours de petits films sans grande ambition artistique et plus ou moins bien réalisés. Celui-ci est plutôt réussi : Nadel Galal nous dispense des interminables bagarres et courses poursuites qui émaillent les productions de ce type et il porte toute son attention sur la progression des deux enquêtes, parallèles et concurrentes, menées d’un côté par son héros et de l’autre par la police. Une sobriété qui ne nuit pas à la tension dramatique. Bien au contraire…


Vendredi 22 mars à 22h

Moi et mes filles d’Hussein Helmy El Mohandes (Ana wa banati, 1961)
avec Abdel Moneim Ibrahim (Fahmy), Salah Zulficar (Samir), Zahrat Al Oula (Mervat), Nahed Sharif (Maysa), Fathia Chahine (propriétaire de la boutique de mode), Fayza Ahmed (Mahasin), Amal Farid (Mona), Zaki Rostom (Mahmoud Abdel Fatah), Samia Roshdy (la mère d’Hamza), Ali Kamal (Gaber), Ahmed Bali (un ami de Mahmoud), Abdel Ghani El Nagdi (Hamza)
Scénario : Hussein Helmy El Mohandes
Musique : Attya Sharara, Ibrahim Haggag, Mohamed Al Mogi


Drame. Mahmoud Abdel Fatah est veuf et il élève seul ses quatre grandes filles : Mervat, Maysa, Mahasin, Mona. Il leur a donné une excellente éducation mais il n’a pas les moyens de financer leur futur mariage. La situation se complique quand il est mis brutalement à la retraite. Sur les conseils d’une relation, il investit toutes ses économies dans une société qui pourra lui faire gagner beaucoup d’argent. Il voit enfin l’avenir avec un certain optimisme. Las ! En se rendant au siège de la société, il s’aperçoit qu’elle a déménagé sans laisser d’adresse : il a été joué par des escrocs qui ont disparu avec son argent ! Il a un malaise et chute dans l’escalier. Il est hospitalisé. Désormais, ses quatre filles devront affronter seules les difficultés de la vie. Elles ont d’abord vendu quelques meubles puis elles ont décidé de travailler à l’insu de leur père. Mervat, la plus âgée, s’est mise à écrire des histoires en espérant les vendre. Mahasin, grâce à sa jolie voix a pu se produire dans les mariages. Maysa, la plus jolie, est devenue mannequin pour une boutique de mode. Enfin, Mona s’est lancée dans la couture et confectionne des vêtements pour les gens du quartier. Un jour, lors d’un défilé auquel elle participe, Maysa est repérée par un jeune homme très riche. Celui-ci entreprend de la séduire en lui faisant croire qu’il va l’épouser…

Notre avis : la chronique familiale est dans le cinéma égyptien un genre en soi. Nous retrouvons dans « Moi et mes filles tous les ingrédients qui ont fait le succès de ces productions. Le fil narratif est toujours à peu près le même : une famille nombreuse qui autrefois a connu l’aisance doit affronter des difficultés de toutes sortes, ce qui conduit certains de ses membres à faire des choix malheureux. Comme toujours, Zaki Rostom excelle dans ces rôles de patriarches qui vacillent sous les coups du destin. Mais l’intérêt du film repose essentiellement sur le très attachant quatuor formé par les quatre filles. Les deux plus jeunes actrices, Nahed Sharif et Amal Farid, sont d’une spontanéité et d’une justesses rares (Nahed Sharif était une excellente actrice et il est tout à fait regrettable que les producteurs, les critiques et le public n’aient voulu voir en elle que la petite pin-up sexy pour comédies vulgaires.). En revanche, Fayza Ahmed constitue le « maillon faible » de « Moi et mes filles » : si elle sait chanter, elle ne sait absolument pas jouer la comédie. Ce n’est sans doute pas un hasard si ce film est le denier dans lequel on lui a confié un rôle. Dans les suivants, elle se contentera de chanter.


Jeudi 21 mars à 14h

La Plus Chère à Mon Coeur de Youssef Maalouf (Aazz Al habayib, 1961)
avec Amina Rizk (Amina, la femme d’Ibrahim), Zaki Rostom (Ibrahim Effendi), Sherifa Mahear (la fiancée puis la femme d’Abdullah), Chukry Sarhan (Makhtar, le fils cadet), Soad Hosny (Kawthar, la petite amie de Makhtar), Samia Roshdi (la mère de Kawthar), Thuraya Fakhry (la servante), Hassan El Baroudi (le propriétaire du café), Nour El Demerdash (Abdullah, le fils ), Soheir Al Baroni (Soad, la fille), Mary Ezz El Din (la belle-mère d’Abdullah), Abdel Moneim Basiony (un employé), Eskandar Menassa (le mari de Soad)
D'après une histoire d'Henry Barakat
Scénario : Ibrahim Aboud et Youssef Issa
Production : les films Barakat


Ibrahim Effendi est un simple employé qui toute sa vie a travaillé pour que sa petite famille soit heureuse. Avec sa femme, il a eu trois enfants, deux garçons et une fille. Les années passent. Abdullah et Soad, les deux aînés, sont maintenant en âge de se marier. Mais Abdullah doit attendre que sa sœur ait trouvé un mari avant de pouvoir à son tour convoler avec la femme qu’il aime. Malheureusement, Soad ne parvient pas à attirer les prétendants : elle a un physique ingrat et la pauvreté de son père ne permet pas de compenser ce petit défaut par des atouts sonnants et trébuchants. La jeune fille ne supporte plus cette situation et sombre dans une grave dépression. Pour la guérir, il faut beaucoup d’argent et Ibrahim Effendi n’a pas d’économies. C’est à ce moment-là que le propriétaire d’un café lui fait une proposition. Pour arrondir ses fins de mois, ce commerçant s’est lancé dans le trafic de stupéfiants et il propose au petit employé de garder chez lui des sacs remplis de drogue contre un dédommagement qui mettra fin à tous ses soucis d’argent. Ibrahim Effendi accepte. A partir de là, tout change dans la famille : non seulement, Soad est soignée mais on finit par lui trouver un mari ; Abdullah de son côté peut enfin épouser sa bien-aimée. Comble de bonheur, le plus jeune de leurs enfants obtient son diplôme d’ingénieur. Ibrahim Effendi décide qu’il n’a plus besoin de continuer à travailler pour le trafiquant. Il veut mettre un terme à leur collaboration. Mais c’est trop tard : la police surgit dans la maison pour une perquisition. Afin de sauver l’honneur de son père, le plus jeune des fils s’accuse d’être le propriétaire des sacs de drogue. Il est condamné à cinq ans de prison. Ibrahim Effendi meurt peu après…

Notre avis : un film de 1960 reprenant tous les ingrédients du mélodrame des années quarante, avec deux acteurs talentueux qui ont très souvent incarné les parents assaillis par le malheur, Amina Rizk et Zaki Rostom. La seule originalité de cette histoire consiste dans l’inversion des responsabilités : c’est le père qui devient trafiquant de drogue et c’est le fils qui acceptera d’être condamné à sa place. Comme souvent dans ce type de récit, les personnages les plus intéressants sont les moins vertueux . Ici, c’est un couple : Abdullah, le fils aîné veule et égoïste, remarquablement interprété par Nour El Demerdash et son épouse, une insupportable mégère, jouée avec le même brio par la volcanique Sherifa Mahear.


Mercredi 20 mars à 22h

La Mère de la Mariée d'Atef Salem (Oum el Aroussa, 1963)
avec Youssef Chaban (Galal), Madiha Salem (Nabila), Taheya Carioca (Zeinab), Imad Hamdi (Hussein), Abdel Rahman Al Arabi (Murad), Samira Ahmed (Ahlam, la fille aînée), Adly Kasseb (Mustafa, le père de Galal), Soleiman El Gendy (Sami), Inas Abdullah (Sawsan), Atef Makram (Munir), Khayria Ahmed (Fawzia, l'amie d'Ahlam), Ihsan Sherif (la mère de Galal), Hassan Youssef (Shafiq)
Scénario : Abdel Hay Adib
Histoire : Abdel Hamid Gouda El Sahar
Musique du générique : Jungle Drums de Marty Gold
Production : Naguib Khoury
figure dans la liste des 100 films les plus importants du cinéma égyptien.


Comédie. Zeinab et Hussein sont les parents d’une famille nombreuse qui compte sept enfants. La vie quotidienne n'est pas toujours facile. La mère doit répondre aux incessantes sollicitations de tous ses enfants et n'a pas un instant à elle. Heureusement le père, toujours tendre et attentionné fait tout son possible pour l'aider. Hussein est agent comptable dans une entreprise nationalisée. Son petit salaire ne permet aucune folie. Dans cette famille, on vit modestement mais l'amour ne fait jamais défaut et cela suffit au bonheur de tous. Un événement va soudain tout bouleverser. Lors des fiançailles de l'une de ses amies, la fille aînée rencontre un jeune garçon de bonne famille. C’est le coup de foudre immédiat. Ils veulent se marier. Tout irait pour le mieux si les parents du futur époux ne formulaient pas des demandes extravagantes. Zeinab et Hussein sont embarrassés : il leur faut trouver au plus vite les fonds qui leur permettront d’organiser des noces dignes des deux familles.

Notre avis : une excellente comédie qui évoque sur le mode plaisant les difficultés rencontrées par les parents de familles nombreuses dans l’Egypte des années soixante. Dès la première séquence, le ton est donné : on assite au réveil de toute la tribu et c’est « famille au bord de la crise de nerfs ». Imad Hamdi est parfait en honnête employé qui pour ne pas déchoir se voit contraint de détourner de l’argent, sans doute l’un de ses meilleurs rôles. Mais les autres acteurs sont eux aussi formidables, y compris les jeunes enfants (Ce qui est rare dans le cinéma égyptien qui a trop souvent encouragé le cabotinage infantile.). Quant à Taheya Carioca, elle montre une nouvelle fois qu’elle peut tout jouer et qu’elle est tout aussi convaincante en mère de famille débordée qu’elle l’était en maîtresse femme emportée par la passion (La Sangsue).


Mardi 19 mars à 14h

Mes Jours Heureux d’Ahmed Diaa Eddine (Ayami Al Saida, 1958)
avec Fayrouz (Azhar), Hassan Fayek (Baher Maher Taher), Abd El Fatah El Kosary (Antar), Farouk Agrama (Adel), Gawaher (la danseuse), Mimi Chakib (Ilham), Abdel Moneim Ibrahim (Saad Abou Al Saad), Abdul Badi Al-Arabi (le propriétaire du cabaret), Karima (Thuraya Wagdi), Fathia Ali (la servante d’Ilham)
Scénario et dialogues : Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Baligh Hamdy et Ahmed Fouad Hassan (leader du groupe Al Massiah)
Production : les Films Diaa Eddine


Saad Abou Al Saad est un musicien qui a bien du mal à joindre les deux bouts. Comble de malchance : il est renvoyé du cabaret où il accompagnait une danseuse. Il finit par trouver un nouvel emploi chez Baher Maher Taher, un millionnaire. Il doit donner des cours de chant et de piano à Azhar, sa fille unique. Cette dernière ne tarde pas à tomber amoureuse de son nouveau professeur. Mais c’est sans compter la belle-mère de la jeune fille qui souhaiterait faire passer Saad Abou Al Saad pour son amant afin de susciter la jalousie de son millionnaire de mari…

Notre avis : Fayrouz, enfant star, revient à l’écran après trois ans d’absence. Elle a quinze ans seulement mais déjà un corps de femme si bien qu’on lui donne un rôle de jeune demoiselle amoureuse de son professeur de piano. Le résultat n’est guère convaincant et le film sera un échec cuisant comme les trois autres qui suivront. Fayrouz s’agite dans tous les sens, chante et danse le moins mal possible mais rien n’y fait : le talent que certains pouvaient lui accorder quand elle était enfant s’est définitivement envolé Pour incarner le professeur de piano, les producteurs ont choisi Abdel Moneim Ibrahim et on ne peut pas dire que cela aide beaucoup à rendre crédible cette piètre romance.


Lundi 18 mars à 22h

Serment d’amour d'Ahmed Badrakhan (ahdil hawa, 1955)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Mariam Fakhr Eddine (Nadia), Eman (Lily, la sœur de Wahid), Serag Mounir (Bahjat, l’amant de Nadia), Youssef Wahby (le père de Wahid), Mimi Chakib (la mère maquerelle), Zeinab Sedky (la mère de Nadia), Abbas Rahmi (le médecin), Ehsan El Qalaawy (la femme de chambre), Nadia Gamal (danseuse), Lola Abdo (danseuse), Kawthar Shafik (la fleuriste), Abdel Salam El Nabolsi (Ezzat), Abdel Ghani El Nagdi (le serviteur de Wahid), Zaki Ibrahim (Cheikh Saleh)
Scénario : Ali Al Rozqani
D’après la Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils
Musique : Farid Al Atrache (pour le générique, l’Ouverture de La Traviata de Verdi)
Production : les films Farid Al Atrache


Wahid a passé plusieurs années en Italie pour ses études. En plus de ses cours dans une école d’agriculture pour plaire à son père, il a poursuivi sa formation dans ce qui constitue sa vraie passion : la musique. Il est enfin revenu en Egypte et après un court séjour au domaine familial, il s’est rendu au Caire pour prendre un poste dans une compagnie agricole. Chez un vendeur d’instruments de musique, il fait la rencontre de Nadia, une jeune femme dont la beauté l’éblouit. Il l’invite à une soirée où il doit chanter. A son tour, Nadia est sous le charme. Les deux jeunes gens se retrouvent régulièrement pour de courtes excursions. Wahid pense déjà au mariage mais il apprend la terrible vérité sur Nadia : elle est sous la coupe d’une mère maquerelle qui vend les charmes de sa protégée aux plus offrants et l’homme qu’il avait pris pour son père est en fait l’un de ses riches amants…

Notre avis : "La Dame aux Camélias" fut une source d’inspiration pour un grand nombre d’artistes égyptiens*. Togo Mizrahi en 1942 en avait déjà réalisé une adaptation intitulée "Layla" avec Layla Mourad. Cette version d’Ahmed Badrakhan a bien des qualités : elle est plus fidèle à l’œuvre originale que celle de Mizrahi et Mariam Fakhr Eddine a su merveilleusement exprimer tout le tragique de son personnage (Notamment dans l’une des scènes les plus émouvantes du film où Nadia doit affronter le père de Wahid incarné par le grand Youssef Wahbi.). Mais la mise en scène a quelque chose de guindé comme d’ailleurs le jeu de Farid Al Atrache qui d’un bout à l’autre du drame reste impeccablement sanglé dans son costume cravate. Esthétiquement, Ahmed Badrakhan reprend à l’identique les recettes de ses comédies musicales à succès des années quarante, d'où le caractère un peu suranné de ce "Serment d'Amour".

*Rappelons au passage que la sœur de Farid Al Atrache, la chanteuse Asmahan, avait appelé sa fille Camilia en hommage à Greta Garbo qui jouait le rôle principal dans l’adaptation américaine du drame de l’auteur français.


Dimanche 17 mars à 16h

Les Hommes ne vivent qu'une fois de Simon Saleh (El Ensan Yaaesh Mara Wahda, 1981)
avec Adel Imam (Hani), Yousra (Amel), Hatem Zoulfakar (le fiancé d’Amel), Ahmed Abaza (le directeur de l’école du Caire), Shawki Shamekh (le frère d’Hani), Ali Al Sherif (le gardien de l’école), Zein El Ashmawy (docteur Tariq), Badr Nofal (le directeur de la nouvelle école d’Hani), Samia Sami (la mère d’Amel), Ahmed Khamis (le directeur du cabinet du ministre de la santé), Hatem Zulficar (docteur Moataz)
Scénario : Wahid Hamed
Musique : Gamal Salamah


Hani Ali Soltan est professeur d’histoire. Sa vie lui semble vide et sans intérêt. Il passe son temps libre à jouer tout son argent aux cartes. Mais un jour, Hani fait l’objet d’une procédure disciplinaire et il est contraint de muter à Sollum, un petit village à la frontière libyenne, loin de ses amis. Dans le train qui l’emmène vers sa nouvelle affectation, il fait la connaissance d’Amel. Cette jeune femme est médecin et elle aussi se rend à Sollum pour s’y installer. Elle vient de perdre son fiancé dans un accident de voiture et elle se considère comme responsable de cette mort. Elle quitte Le Caire pour refaire sa vie…

Notre avis : Adel Imam et Yousra jouent ensemble pour la première fois en 1978 et ils vont devenir dans la décennie suivante le couple de cinéma le plus célèbre du monde arabe. De film en film, on va les retrouver soit tombant amoureux l’un de l’autre puis s’embrassant, soit se disputant avec vigueur puis s’embrassant. Dans « les Hommes ne Vivent qu’une fois » la partition est clairement romantique : deux exilés solitaires apprennent à se connaître et à s’aimer. Ils se promènent longuement dans la campagne ou sur la plage pour échanger sur leurs conceptions de la vie et de l’amour. Certes le héros a un rival mais il est bien trop odieux pour être dangereux et il y a aussi un criminel à la mine patibulaire mais il est bien trop maladroit au maniement des armes pour représenter une réelle menace. Alors, ça ronronne un peu même si on a toujours plaisir à revoir réunis à l’écran ces deux grands artistes que sont Yousra et Adel Imam.


Samedi 16 mars à 14h

Pardonne-moi mes péchés d'El-Sayed Ziada (aghfir li khatiyati, 1962)

avec Samira Ahmed (Leila), Kamal Al Shennawi (Hussein), Zouzou Madi (la mère d’Hussein), Hassan Hamed (Mountassir, l’ami d’Hussein), Roweda Adnan (Ahlam, la cousine d’Hussein), Fayza Fouad (la fiancée d’Hussein), Ahmed Ghanem (Mazloum, le mari d’Ahlam), Nahed Samir (Oum Khalil), Amal Yousri (Noussah, la maîtresse de Mountassir), Mohamed Shawky (Sharaf), Saïd Khalil (le père de Leila)
Scénario : Aziz Armani et El Sayed Ziada
Musique : Abdul Magid Al-Sharif


Drame. Hussein était resté un célibataire endurci vivant dans une villa cossue avec sa mère jusqu’à ce qu’il rencontre Leila, une jeune ouvrière. Le coup de foudre est immédiat. A partir de là, Hussein change totalement : il renonce à ses soirées arrosées avec ses amis pour se consacrer à son amour tout neuf. Il est bien décidé à épouser celle qu’il considère comme la femme de sa vie.  Un jour, il décide de l’attendre à la sortie de son travail. A peine a-t-elle franchi les grilles de l’usine qu’un homme lui prend le bras et la conduit dans une voiture au volant de laquelle se trouve une second individu. La voiture disparaît. Hussein est ébranlé par ce qu’il vient de voir. Il décide de se rendre chez les parents de Leila pour obtenir des explications. Dans l’appartement familial, il est accueilli par le père qui est ivre mais la jeune femme est absente. En sortant de l’immeuble, Hussein tombe sur l’homme qui attendait Leila à la sortie de son travail. Celui-ci prétend être un cousin. Mais Hussein ne va pas tarder à découvrir la vérité : ce soi-disant cousin est en réalité un proxénète et Leila est l’une des filles qu’il prostitue. Parmi les clients de la jeune femme, il y a Mountassir, l’un des meilleurs amis d’Hussein…


Le film a été censuré à sa sortie. Il n’a pu être présenté au public qu’une fois son titre changé. A l’origine, il s’intitulait « Prends-moi avec ma honte ».

Notre avis : un drame qui aborde avec une franchise rare le problème de la prostitution. Il montre sans détours comment se met en place tout un système dont les premières victimes sont les jeunes filles d’origine modeste. C’est aussi un sévère réquisitoire contre tous ceux qui en sont les bénéficiaires : les proxénètes, les parents qui voient dans l’activité de leurs filles un complément de revenus très appréciable, les jeunes bourgeois qui utilisent ces filles pour agrémenter leurs soirées avant de faire un beau mariage. Samira Ahmed est prodigieusement émouvante et vraie dans le rôle de la jeune prostituée.


Les réalisateurs : Sayed Tantawi (né en 1935)

سيد طنطاوي

Producteur, scénariste et réalisateur, Sayed Tantawi commence sa carrière dans le cinéma en 1959.  Il réalise son premier (mauvais) film en 1965 : Je Renais avec le chanteur Moharam Fouad qui signe aussi le scénario et la musique. Il tournera une quinzaine de films jusqu'au milieu des années quatre-vingt-dix puis il poursuivra son activité à la télévision. On ne trouve rien de bien marquant dans sa filmographie, essentiellement constituée de drames sentimentaux, à part le très sulfureux Chuchotement du Diable (1968).

Un seul film de Sayed Tantawi a fait l'objet d'une présentation dans ce blog :

Le Chuchotement du Diable (Hamset Al Shaytan, 1969)
avec Marina (Souad), Imad Hamdi (Aziz), Ahmed Ramzy (Sélim), Randa (Doria), Layla Karim (la mère de Sélim), Abdullah Timor (Ehsan)
Ce film libano-égyptien est sorti sous le titre Les Maudits.
Scénario : Abdulaziz Salam
C'est une adaptation très libre du roman de D.H. Lawrence L'Amant de Lady Chatterley (1928).


Aziz est un homme riche et puissant qui vient d’épouser la jeune et jolie Doria. Il possède une grande propriété où il élève des chevaux. Ceux-ci sont soignés par deux garçons d’écurie, Ehsan et Sélim. La mère de ce dernier travaille aussi chez Aziz, comme servante. Sélim est fiancé à Souad, la fille du forgeron.
Un jour, Aziz monte un cheval particulièrement nerveux. L’animal se cabre et le fait tomber. L’homme, blessé, est transporté dans sa chambre. Il souffre terriblement. Le médecin assure qu’il s’en sortira mais la convalescence sera longue. Une chose est certaine : Aziz restera impuissant.
Tandis que son mari passe ses journées dans son lit, Doria s’ennuie. Elle essaie de se rapprocher de Sélim. Celui-ci garde ses distances d’autant plus que Souad est harcelée par Ehsan. Il a même tenté de l’embrasser mais Sélim est accouru à temps et a corrigé son rival. Quand tout le monde dort dans la grande maison, Doria a pris l’habitude de se rendre à l’écurie où Sélim s’est aménagé une petite chambre. Elle l’observe alors qu’il dort torse nu. Une nuit n’y tenant plus, elle se jette sur lui mais le jeune homme repousse ses avances. Ils finissent tout de même par devenir amants, pour la plus grande joie de la mère du jeune homme.

vendredi 1 mars 2024

A la télé : les films du jour (Rotana Classic du 1er au 15 mars)

روتانا كلاسيك

Quels films peut-on voir sur la chaîne Rotana Classic ? Les horaires donnés sont ceux de l'après-midi ou de la soirée (heure de Paris). La plupart des films sont ensuite rediffusés le lendemain matin.
Rotana Classic a remplacé Rotana Zaman en 2012. Cette chaine fait partie du groupe Rotana basé en Arabie Saoudite et spécialisé dans le divertissement (télévision et musique). Celui-ci a été créé par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud, membre de la dynastie Al Saoud et petit-fils du fondateur de l'Arabie Saoudite. Comme son nom l’indique, Rotana Classic diffuse essentiellement les grands classiques du cinéma égyptien. Disponible en France.


Vendredi 15 mars à 22h

Le Passé Inconnu d’Ahmed Salem (El Mady el maghool, 1946)
avec Layla Mourad (Nadia, l’infirmière), Ahmad Salem (Ahmed Alawi), Mohamed Kamel (Idriss, le domestique d’Ahmed), Bishara Wakim (le maître Shobokshi), Amina Nour Eddin (Zouzou, la cousine d’Ahmed), Ahmed Allam (le médecin), Ferdoos Mohamed (la mère de Nadia), El Sayed Bedeir (un parent d’Ahmed), Fathia Fouad (la gitane), Victoria Hobeika (la tante d’Ahmed), Said Abou Bakr (un cousin d’Ahmed), Mohamed Attiah (le fiancé de Zouzou), Abdel Aziz Hamdy (l’oncle Zaher), Nabawya Mostafa (une danseuse), Hagar Hamdy (une danseuse)
Scénario : Ahmed Salem (inspiré des travaux du docteur Charcot)
Dialogues : Badie’ Khairy
Musique : Mamoun Al Shinnawi, Mohamed Fawzi, Mohamed Abdel Wahab, Abdel Halim Noweira, Saleh Gawdat, Aboul Seoud Al Ibiary, Galil El Bendary
Paroles des chansons : Ahmed Rami
Production : Les films Ahmed Salem


Drame. Ahmed Alawi est un homme d'affaires très riche. Un jour il décide de partir en voyage seul vers une destination qu’il veut garder secrète. Le train dans lequel se trouve Ahmed déraille et dans l’accident, il perd connaissance. Il est transporté à l’hôpital où il subit une opération délicate au cerveau. Quand Ahmed recouvre ses esprits, il n’a plus aucun souvenir de sa vie passée. Nadia est la jeune infirmière qui s’occupe de lui. Elle a tout de suite éprouvé de la sympathie pour ce patient amnésique et elle veut l’aider à reconstituer son identité. Elle fait publier une photo d’Ahmed dans le journal pour tenter de retrouver sa famille. Celle-ci n’est guère attristée par la disparition brutale de l’entrepreneur. Au contraire : chacun de ses membres espère bien obtenir la part d’héritage qui lui revient…

Notre avis : la vie d’Ahmed Salem est passionnante, son œuvre cinématographique un peu moins. L’une de ses meilleures réalisations est ce « Passé Inconnu » dont il est aussi le producteur et l’acteur principal. Il tourne ce film en sortant de prison (pour une histoire d’escroquerie à grande échelle, il fut condamné à mort puis totalement blanchi) et on est ébahi de voir comment il a réussi à rassembler autour de lui tant de talents de premier plan dans tous les domaines. On lui pardonnera quelques maladresses et on sera sensible à l’atmosphère poétique dans laquelle baigne ce drame. Cela tient sans doute à la présence magnétique et à la voix sublime de Layla Mourad mais aussi au jeu d’Ahmed Salem, lui-même. On le présente souvent comme un acteur médiocre alors que dans ce film, son interprétation est remarquable par sa modernité : il joue un personnage détaché de tout, maintenant une distance avec tous, presque indifférent aux coups du destin. Dans plusieurs scènes, on a l’impression d’être face à Meursault, le héros de "L’Etranger", le roman d’Albert Camus.


Jeudi 14 mars à 14h

Ça c’est l’amour de Salah Abou Seif (Haza Howa al Hob, 1958)
avec Lobna Abdelaziz (Sharifa), Yehia Chahine (Hussein), Hussein Riad (le père de Sharifa), Mahmoud Azmy (Fouad l’architecte qui était amoureux de Sharifa), Abdel Moneim Ibrahim (Toufik, un ami d’Hussein), Zeinat Olwi (la danseuse lors du second mariage de Sharifa), Mary Moneib (la mère d’Hussein), Omar El Hariri (Bhagat, un ami d’Hussein), Soheir El Baouni (une amie d’Hussein), Ferdoos Mohamed (la mère de Sharifa)
Scénario et dialogues : Mohamed Kamal Hassan Al Mouhamy
Musique : Fouad El Zahry
Production : Ramses Naguib


Drame. Hussein est un ingénieur qui travaille pour la ville du Caire. Sur le plan des valeurs, il est très conservateur. Il souhaiterait épouser une femme qui n’a jamais connu d’homme avant lui. Il pense avoir trouvé l’épouse idéale en Sharifa, une jeune fille qui réside avec ses parents dans un appartement en face du sien. Souvent, il l’observe de sa fenêtre et elle manifeste toutes les qualités qu’il souhaite trouver chez une femme. Avec l’aide de ses amis, il entre en contact avec Sharifa puis après les tractations traditionnelles entre parents, c’est le mariage. Le jeune couple part en voyage de noce à Fayoum mais le séjour est soudain gâché par une découverte que fait Hussein : il apprend que sa femme avait déjà vécu une première histoire d’amour avant leur rencontre. Il ne supporte pas cette idée. De retour au Caire, il demande le divorce…

Notre avis : comment l’amour finit par triompher de la morale ; à partir d’une histoire bien mince, Salah Abou Seif parvient à capter notre attention et à la garder jusqu’au mot fin. Pourtant, il ne se passe pas grand-chose, les deux héros étant comme tétanisés par leur malheur commun et leurs proches réduits au statut de spectateurs impuissants. Alors à quoi tient le charme particulier de « Ca, c’est l’amour » ? Sans doute à la beauté incroyable de chaque plan et à l’interprétation toujours juste de ses deux acteurs principaux. Grâce à cela, Salah Abou Seif peut imposer un rythme très lent à son récit et suivre avec une attention et une empathie égales les tourments intérieurs de ses deux héros. Pour preuve du talent du réalisateur, je choisirai, dans la scène de l'hôtel, ce plan rapproché sur les pieds nus de Lobna Abdelaziz et la main de Yehia Chahine, un plan tout simple qui lui permet de suggérer l'ineffable sensualité de la situation : du grand art !
A voir aussi pour une très belle séquence quasi documentaire sur un mariage traditionnel à la campagne dont la frénésie et la crudité bouleversent l’héroïne.


Mercredi 13 mars à 14h

Soir de fête d’Helmy Rafla (Laylat al id, 1949)
avec Ismaël Yassin (Sosso), Shadia (Yasmina), Mahmoud Shoukoko (Shosho), Abdel Hamid Zaki (le propriétaire du théâtre), Farid Shawki (Sharif), Stephan Rosti (Nazih), Hussein Issa (Nadim), Lola Sedky (Lola, la sœur de Nazih, Sharif et Nadim), Nour El-Demirdash (Salah Ezzat, la victime des quatre escrocs), Elias Moaadab (Al-Khawaja Fares), Abd El Fatah El Qosary (Hamouda, propriétaire de la Rose Blanche), Zinat Sedky (la femme d’Hamouda), Hassan Fayek (le père de Salah), Gomaa Edriss (le gardien du théâtre), Monir El Fangary (l’employé du théâtre)
Une histoire d’Anwar Wagdi
Scénario et dialogues : Abou Al Saoud Al Ibiary
Musique : Mahmoud Al Sherif, Mohamed El Bakkar
Production : Anwar Wagdi


Comédie. Yasmina et ses deux frères chantent et dansent dans un théâtre. Un soir, le directeur de l’établissement importune plus que de coutume la jeune femme et ses deux frères finissent par intervenir. Ils rossent sans ménagement l’homme indélicat. Ce dernier les met aussitôt à la porte. Les trois artistes n’ont plus qu’à chercher un autre lieu où se produire. C’est alors qu’ils découvrent une annonce publiée dans le journal par le Casino de la Rose Blanche. Le célèbre cabaret recherche des chanteurs. Yasmina se rend à l’adresse indiquée. Malheureusement, elle s’est trompée et elle s’est introduite dans un appartement privé. A peine a-t-elle compris son erreur qu’un groupe de trois hommes et une femme fait son entrée. Yasmina a juste le temps de se cacher. A travers leur conversation, elle devine que ce sont des escrocs qui attendent l’une de leur victime : ils ont bien l’intention de la plumer au jeu. La proie arrive enfin. C’est un jeune homme qui semble doux et honnête. Il est reçu par la femme qui l’accueille seule. Ils se connaissent et ont manifestement de tendres sentiments l’un pour l’autre. Soudain les trois hommes font irruption dans la pièce. Ce sont les frères de la jeune femme et ils feignent l’indignation devant le spectacle de leur sœur dans les bras d’un inconnu. Ils exigent une promesse de mariage pour laver l’honneur de la famille. Le jeune homme accepte aussitôt. Les trois frères convient alors l’amoureux de leur sœur à une partie de poker. Yasmina s’est dissimulée sous la table de jeu et elle s’aperçoit que les trois escrocs trichent afin de dépouiller leur victime. Elle décide d’intervenir…

Notre avis : une comédie musicale enjouée par le spécialiste du genre. Tout le monde chante, tout le monde danse sur un rythme échevelé et avec une énergie inépuisable. Shadia, Ismaël Yassin et Mahmoud Shoukoko forment un trio en parfaite harmonie. Saluons la performance de Shadia : elle n’a alors que dix-huit ans et elle joue à jeu égal avec ses deux partenaires qui en ont vingt de plus. Elias Moadab est désopilant en fantaisiste levantin (on retrouvera son allure et ses expressions plus tard chez l'acteur et chanteur turc Dario Moreno.)


Mardi 12 mars à 18h30

Filles d'aujourd'hui
d'Henry Barakat (Banat Al Youm, 1956)

avec Ahmed Ramzy (Fathi), Abdel Halim Hafez (Khaled), Magda Al Sabahi (Salwa), Serag Mounir (le docteur Lotfi), Amal Farid (Layla), Cariman (Buthaïna, la meilleure amie de Layla), Thuraya Fakhry (la mère de Buthaïna), Nawal Mustafa (Najwa), Ellen Diato (Sonia)
Scénario : Henry Barakat et Youssef Issa
Musique : Mohamed Abdel Wahab
Production : les Films Mohamed Abdel Wahab

L’une des scènes du film reprend à l’identique des éléments du chef d’œuvre du cinéma américain, Une Place au Soleil de George Stevens (1951). Même cadre : une fête dans une grande maison de maître ; même musique : Barakat utilise le thème du film américain composé par Franz Waxman ; mêmes costumes : les deux sœurs Salwa et Layla portent une robe identique, copiée sur celle que porte Liz Taylor dans le film de George Stevens ; et même coiffure : Amal Farid a été coiffée pour ressembler au plus près à la jeune actrice américaine. Hommage ou plagiat ?


Comédie musicale. Suleiman Lotfi est un gynécologue qui a trois filles. Salwa est l’aînée, c’est une fille douce et raisonnable qui depuis la mort de leur mère s’occupe de ses deux sœurs plus jeunes, Layla et Najwa. Si la seconde est encore une enfant, la première est une jeune fille insouciante et frivole qui ne pense qu’à s’amuser avec Buthaïna, sa meilleure amie. Fathi, un artiste peintre, est tombé amoureux de Salwa et son ami Khaled veut l’aider à conquérir la jeune fille. Celui-ci est d’autant mieux placé pour le faire qu’il connaît personnellement le docteur et que tous les deux fréquentent le même club. Khaled va sympathiser avec Salwa et provoquer une rencontre avec Fathi. De son côté, il n’est pas insensible au charme de Layla, la deuxième fille du docteur Lotfi. Ils finissent par sortir ensemble et échafaudent des projets communs. Mais les événements à venir vont révéler que Khaled et Salwa sont irrésistiblement attirés l’un vers l’autre…

Notre avis : une très belle comédie musicale avec en vedette celui qui s’apprête à détrôner Farid Al Atrache, le tout jeune Abdel Halim Hafez (aucune rivalité entre les deux hommes qui étaient amis). Les cinq chansons qu’il interprète dans ce film ont été composées par Mohamed Abdel Wahab et parmi elles, figure « Awak » (Je vous Adore), l’un des plus grands « tubes » du chanteur. Henry Barakat peint avec sensibilité et subtilité la naissance de l’amour qui provoque la plus grande confusion dans les cœurs de ses jeunes héros. Amal Farid et Cariman jouent avec un naturel sidérant les jeunes filles complices et insouciantes (destins parallèles de ces deux actrices : elles débutent en même temps et mettent brutalement un terme à leur carrière l’une en 1967 et l’autre en 1968, alors qu’elles ont à peine trente ans.)


Lundi 11 mars à 14h

Un Amour Inoubliable de Saad Arafa (Hub La Ansah, 1963)
avec Nadia Lotfi (Amal Rifat), Imad Hamdy (Sharif, le professeur des Beaux-Arts), Galal Issa (Hussein/Adel), Karima El Sherif (Samira, le modèle), Abdelsalam Mohamed (Hosny), Abdel Khaleq Saleh (Rifat Pacha, le père d’Amal), Abdel Moniem Saudy (le médecin)
Scénario : Amin Youssef Ghorab et Saad Arafa
Musique : 3e mouvement de la Symphonie n°3 de Johannes Brahms, Let's Twist Again de Chubby Checker
Production : Saad Arafa

Drame. Amal est la fille du Pacha Rifat, un propriétaire terrien très puissant. Depuis qu’elle est enfant, elle est amoureuse d’Hussein, un garçon des environs, et maintenant qu’ils sont devenus des jeunes gens, ils souhaitent se marier. Malheureusement le père d’Amal ne veut pas entendre parler de cette union. Face à l’insistance de sa fille, il décide de se débarrasser définitivement du jeune homme. Il engage un tueur et Hussein est abattu alors qu’il avait rendez-vous avec Amal dans la campagne. La jeune fille qui a assisté au meurtre tombe gravement malade, profondément traumatisée. Elle passe plusieurs années dans une clinique et n’en sort qu’à la mort de son père. Elle réside seule dans le domaine familial avec pour seuls compagnons les souvenirs de son grand amour. Elle finit par s’installer au Caire où elle a fait l’acquisition d’une splendide villa conçue et aménagée par le Docteur Sharif, professeur aux Beaux-Arts. Celui-ci va devenir son confident et grâce à lui, elle va retrouver goût à la vie. Un jour alors qu’elle s’est rendue à une exposition de peinture, elle tombe sur un tableau représentant Hussein. Elle a aussitôt cherché à rencontrer l’artiste et elle se retrouve devant le sosie parfait de son bien-aimé assassiné. Elle apprend qu’il s’appelle Adel et qu’il est le frère cadet d’Hussein. De son côté, elle se garde bien de révéler ce qui les rapproche. Elle achète des tableaux au jeune peintre et finit même par se rendre dans son atelier…

Notre avis : un drame bon chic bon genre mêlant peinture, et psychanalyse, ingrédients que l’on retrouve régulièrement dans des films à prétention intellectuelle. On peut aussi y ajouter le thème du double qui parcourt toute l’histoire du cinéma égyptien. Bref rien de nouveau mais l’intérêt du film est ailleurs. « Un Amour Inoubliable » illustre de manière éclatante la fascination qu’a exercé sur de nombreux réalisateurs des années soixante l’actrice Nadia Lotfi. Sa beauté et son élégance ont été à la fois sources d’inspiration mais aussi :injonctions impérieuses de se conformer à un modèle défini une fois pour toutes. C’est ainsi qu’on la retrouve de film en film revêtue de sa petite robe noire à la Jacky Kennedy, avec sa chevelure blonde coiffée en chignon, ses grands yeux tristes (Nadia Lotfy sourit rarement) et son allure gracile de jeune fille de bonne famille. Saad Arafa ne se lasse pas de filmer le visage de sa vedette en gros plan et il est vrai que ces portraits sont magnifiques. Mais on a trop souvent le sentiment que les autres personnages (très peu nombreux d’ailleurs) ne l’intéressent pas vraiment et qu’il ne les utilise que comme faire-valoir de sa jeune actrice, si belle et si douée.

Dimanche 10 mars à 14h

Le Pain Quotidien de Niazi Mostafa (Lukmet el aish, 1960)
avec Salah Zulficar (Mohsen), Maha Sabry (Samia), Adel Khairy (Fathy), Zouzou Madi (Madame Monira, la propriétaire de la pension), Hassan Fayek (le père de Samia), Said Abou Bakr (Basiony, le cousin de Samia), Abdel Halim Khattab (Ghazal, l’ancien gestionnaire du domaine), Houda Tawfiq (Kawthar, la fiancée de Fathy), Salwa Mahmoud (Mabrouka, une paysanne), Abbas Rahmy (le médecin)
Scénario : Abdel Fattah El Sayed, Mostafa Fouad, Niazi Mostafa
Musique de générique : Steve Bretton (Becky)
Production : Les Films du Nouveau Monde (Mostafa Hassan)


Fathy et Moshen sont deux amis sans emploi. Il leur faut trouver de l’argent au plus vite pour payer la pension dans laquelle ils résident. Mohsen tombe sur une petite annonce dans un journal : une entreprise agricole recherche un responsable technique. Il se rend à l’adresse indiquée. En chemin, il sauve une jeune femme qui s’apprêtait à être piétinée par un troupeau de vaches. Ils font connaissance. Elle s’appelle Samia et elle est la fille du propriétaire du domaine où se rend Moshen. Elle est aussitôt tombée amoureuse de son sauveur et elle espère bien qu’il sera embauché. Mohsen passe avec succès les épreuves auxquelles on soumet tous les candidats mais pour obtenir le poste, il doit remplir une dernière condition, être marié. La solution est toute trouvée : Fahti s’habillera en femme et se fera passer pour l’épouse de son compagnon…

Notre avis : une comédie divertissante reposant sur un procédé qui n’est pas bien original : le travestissement de l’un des héros. Cela nous vaut un certain nombre de gags qu’on a déjà vus et qu’on reverra, les auteurs de comédies ne se lassant pas de ce ressort comique depuis la fameuse prestation d’Ismaïl Yassin dans "Mademoiselle Hanafi". Dans notre film, c’est à Adel Khairy* qu’échoit la charge de revêtir la robe et il ne s’en sort pas si mal. Ce « Pain Quotidien » se regarde sans déplaisir, en grande partie grâce à la présence de Maha Sabri, l’une des plus jolies actrices de l’époque, qui joue et chante à ravir.

*Adel Khairy est une figure attachante du monde artistique. Multi diplômé en droit, en économie et en théologie, il choisit la carrière théâtrale au milieu des années cinquante. Il jouera dans une quinzaine de pièces mais dans deux films seulement. Il mourra à l’âge de trente-deux ans.


Samedi 9 mars à 18h30

La Famille de Zizi de Fateen Abdel Wahab (Aelit Zizi, 1963)
avec Soad Hosny (Sana), Fouad El-Mohandes (Sabawi), Ekram Ezo (Zizi), Aqeila Rateb (la mère), Ahmed Ramzy (Sami), Layla Sheir (Layla, la fille de l’homme d’affaires), Mohamed Sultan (le réalisateur célèbre), Adly Kasseb (l’homme d’affaires), Salwa Saïd (Fawzia), Omar Afifi (Shabrawi)
Scénario : El Sayed Bedir et Lucien Lambert
Musique : Youssef Shouki
Production : Abbas Helmy


Chronique familiale. Zizi est une petite fille de cinq ans, vive et débrouillarde. Elle nous présente sa famille. Sa mère s’occupe seule du foyer et des enfants depuis la mort du père. Ce dernier lui a légué une pension qui permet de faire vivre toute la petite tribu. Sabawi est le frère aîné. Il est ingénieur et il a transformé sa chambre en atelier où il peut réaliser un tas d’expériences. Il vient d’inventer une machine qui transforme le coton en vêtement. Le deuxième fils est Sami, un étudiant en commerce qui délaisse les études pour les bagarres et les filles. Il tombe amoureux de leur voisine Layla et pour lui plaire, il s’initie au yoga. Et enfin, il y a Sana, la grande sœur qui rêve de devenir une actrice célèbre. Elle rencontre un réalisateur dont on devine très vite les mauvaises intentions…

Notre avis : un jour, on s'apercevra que Fateen Abdel Wahab fut l'un des chroniqueurs les plus fins de son époque et qu'à ce titre il doit figurer dans la liste des plus grand réalisateurs du cinéma égyptien. Pour preuve, cette comédie pétillante qui nous conte, avec ironie mais aussi avec empathie, les tribulations de tous les membres d'une famille de la "middle class" aisée.


Vendredi 8 mars à 22h

Ne le Dites à Personne d'Henry Barakat (Ma Takulshi la hada, 1952)
avec Farid Al Atrache (Wahid), Samia Gamal (Walaa), Nour Al Hoda (Noussa), Stephan Rosty (Ghazal Bashraf, l’oncle de Noussa), Abdel Salam Al Nabolsi (le professeur de danse), Aziz Othman (Amin Bashraf, le père de Noussa), Omar El Hariri (Nabil, l’amoureux de Noussa), Aïda Kamal (Aïda), Lotfy El Hakim (le producteur), Talaat Alam (le directeur du théâtre), Abdel Moneim Basiony (le présentateur du théâtre), Ali Kamal (Lulu, l’avocat), Alya Fawzy (Fatima, la bonne), Abdel Badih El Arabi (le directeur de l’hôtel), Mahmoud Azmy (l’inspecteur), Ibrahim Fawzy (le professeur de chant)
Scénario et dialogues : Henry Barakat et Abou Al Seoud Al Ebiary
Musique : Farid Al Atrache, Mamoun Al Shinnawi, Abdel Aziz Salam, Mahmoud Fahmy Ibrahim, Ismaïl Abdel Mahin
Production : les Films Farid Al Atrache
Appréciation : 4/5


Comédie musicale. Wahid est un chanteur réputé, propriétaire d’un grand théâtre. Il a une liaison avec Walaa, la danseuse vedette de son établissement. Celle-ci doit s'absenter deux mois pour se produire à Paris et ils ont décidé de se marier à son retour. Mais c’est sans compter la ténacité d’une jeune admiratrice qui est prête à tout pour devenir la femme de Wahid. Cette jeune personne s’appelle Noussa Bashraf. C’est une jeune étudiante en musique et en chant et elle est aussi la fille de l’ancien professeur de Wahid, défenseur sans concession de la tradition musicale. Nabil, un condisciple de Noussa, lui a déclaré sa flamme mais la jeune femme a été catégorique : son cœur appartient à Wahid. Nabil tente de la raisonner en lui démontrant qu’il n’y a aucune chance que ce chanteur célèbre tombe amoureux d’une petite étudiante mais rien n’y fait. Noussa n’a de cesse de poursuivre son idole et elle parvient même à se faire engager dans le spectacle que prépare Wahid. Elle manœuvre si bien que des photos compromettantes finissent par paraître dans la presse. Wahid est bel et bien pris : il doit épouser Noussa, à la plus grande satisfaction de Ghazal, l’oncle de la jeune fille qui nourrit une passion dévorante pour Walaa. C’est alors qu’est annoncé le retour de la danseuse qui n’a pas souhaité renouveler son contrat parisien. Elle est accueillie par Ghazal qui lui apprend sa mauvaise fortune. Pour se venger, Walaa quitte le théâtre de Wahid et annonce ses fiançailles avec Ghazal …

Notre avis : dernier film du couple légendaire du cinéma de l’âge d’or, Samia Gamal et Farid Al Atrache. Le scénario très drôle est signé par l’un des maîtres de la comédie, Abou Al Seoud Al Ebiary. Il est bâti autour d’ un personnage de petite peste joué avec beaucoup de conviction par l’actrice et chanteuse Nour Al Hoda. Les danses de Samia Gamal, toutes aussi belles les unes que les autres, sont comme un dernier feu d’artifice offert au public égyptien. Après le tournage de ce film, la danseuse s’envolera pour les Etats-Unis où elle retrouvera l’homme d’affaires texan qu’elle épousera, pour le meilleur et pour le pire.


Jeudi 7 mars à 14h

Le Voleur et les Chiens de Kamal El Sheikh (El less wal kilab, 1962)
avec Chukry Sarhan (Saïd Mohamed Mahran), Shadia (Noura), Kamal Al Shennawi (Rauf Alwan), Zein El Ashmawy (Alish Sidra, l’ancien complice de Saïd), Salwa Mahmoud (Naboui, la femme de Saïd), Adly Kasseb (Cheikh Alarah), Salah Gaheen (le marhand de vin), Ikram Izou (Sana, la fille de Saïd), Salah Mansour (le compagnon de cellule de Saïd), Samia Mohamed (la voisine de Noura), Fifi Youssef (une prostituée)
Scénario : Sabri Ezzat
D'après un roman de Naguib Mahfouz
Musique : André Ryder
Production : Gamal El Lithy
appréciation :5/5


Adapté de l'un des romans majeurs de Naguib Mahfouz. Une adaptation réalisée à peine un an après la parution du roman.
Saïd est un voleur. Il est marié et a une petite fille. Il ne sait pas qu’Alish, son associé, entretient une liaison avec sa femme. Lors d’un cambriolage, Alish téléphone au commissariat pour dénoncer Saïd. Quand ce dernier sort de la maison, il est accueilli par la police. Les juges le condamnent à cinq années de prison.
Saïd est libéré avant la fin de sa peine pour bonne conduite. Il retourne dans son quartier et se présente au domicile d’Alish et de son ex-femme. Il souhaite revoir sa fille mais celle-ci ne le reconnaît pas et prend peur quand il tente de l’embrasser. Bouleversé, Saïd renonce à faire valoir ses droits paternels. Désormais, il n’a plus qu’une idée en tête : se venger…

Notre avis : un chef d’œuvre. Un film hors norme, d’une beauté abyssale et d’une densité vertigineuse. Une histoire tragique contée avec une sobriété toute classique mais qui permet au réalisateur d’entrelacer considérations sociales, philosophiques et politiques sur la société égyptienne dix ans après la prise de pouvoir des officiers libres. Que dire de l’interprétation sinon que Chukry Sarhan et Shadia s’affirment ici comme les deux plus grands acteurs de leur génération.


Mercredi 6 mars à 14h

La Matrone d’Hassan Reda (El moallema, 1958)
avec Taheya Carioca (Tuha), Yahia Chahine (Maître Abbas), Mahmoud El Meleigy (Maître Hafez), Omar El-Hariri (Fathi, le jeune comptable de Tuha), Wedad Hamdy (la servante de Tuha), Mohamed Tawfik (Madbouly), Nagwa Fouad (la fille de la patronne de la maison close), Rafia Al Shal (la patronne de la maison close), Roheya Jamal (une prostituée), Nawal Attia (une prostituée), Suzi Khairy (la danseuse)
Scénario : El Sayed Bedeir et Hassan Reda (d’après Othello de William Shakespeare)
Musique : Fouad El Zahry, Ahmed Fouad Hassan, Saïd Morsi
Production : les films Taheya Carioca


Hafez est un commerçant véreux qui se livre au trafic de drogue. Il est amoureux de Tuha, une commerçante elle aussi. C'est une femme d'âge mûr au caractère bien trempé. Elle dirige la petite boutique d’épices que son père avait fondée. Ses affaires sont prospères et elle a toute confiance en Fathi, son jeune comptable honnête et dévoué. Hafez lui a manifesté sa flamme de manière insistante mais, malheureusement pour lui, le cœur de Tuha est déjà pris : elle aime Abbas, un bel homme qui travaille avec elle. Hafez ne renonce pas : le jour de leur mariage, il provoque une bagarre qui se conclut par l’arrestation d’Abbas et sa condamnation à deux ans de prison. Pendant l’absence du mari de sa bien-aimée, Hafez va multiplier les tentatives de séduction, en vain. Tuha reste une femme fidèle. Quand Abbas est enfin libéré, Hafez change de stratégie. Feignant d’être son ami, il fait croire à Abbas que sa femme le trompe avec leur jeune comptable. Sous son influence pernicieuse, le mari de Tuha devient alcoolique, violent et infidèle…

Notre avis : un drame de la jalousie avec trois monstres sacrés du cinéma des années cinquante : Taheya Carioca dans un rôle de femme puissante, un peu semblable à ceux qu’elle incarne dans d’autres films de la même époque (ex : la Sangsue se Salah Abou Seif, 1956), Mahmoud El Meleigy en méchant qu’on adore détester et Yahia Chahine en brave homme trop crédule. Cet aspect stéréotypé du film n’altère en rien sa très grande qualité. On aime particulièrement la reconstitution très soignée d’un quartier populaire avec ses commerçants, ses employés, ses drogués et ses prostituées, un univers très proche de celui de certains romans de Naguib Mahfouz.

 
Mardi 5 mars à 18h30

La Chanson de la Fidélité d'Ibrahim Emara (Lahn el Wafaa, 1955)
avec Abdel Halim Hafez (Galal), Hussein Riad (Allam), Shadia (Siham), Wedad Hamdy (une chanteuse), Zouzou Nabil (Abla Zouzou), Abdel Wareth Asr (un musicien), Hassan El Baroudy (Ali Baba Allah), Zaki Ibrahim (l’oncle d’Allam), Mary Ezz El Din (une chanteuse), Nabil Al Zakzouky (Galal enfant), Hassan Hamed (le directeur de la troupe), Ragaa Youssef (une danseuse), Ellen Diatto (une danseuse), Mohamed Shawki (le cafetier)
Scénario et dialogues : Mohamed Mostafa Samy
Musique et chansons : Riad El Sonbati, Mohamed Al Ahmed, Mounir Mourad, Mahmoud Al Sharif, Mohamed Al Mogi, Kamal Al Tawil
Production : Ibrahim Emara


Comédie musicale. Allam est un musicien d’âge mûr qui vit à Alexandrie. Il est seul depuis que sa femme l’a quitté. Son vieil oncle Khaled lui confie Galal, son jeune fils, avant de mourir. Allam se consacre entièrement à l’éducation de l’enfant. Il n’oublie pas pour autant sa carrière artistique. Il décide de s’installer au Caire. Après quelques expériences malheureuses, il finit par être reconnu et il prend la direction d’un grand orchestre. Les années ont passé. Galal est devenu un jeune homme. Il a fait des études de droit mais il est passionné par le chant. Il rejoint l’orchestre de son père adoptif. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Siham, une jeune chanteuse. Les deux jeunes gens tombent amoureux l’un de l’autre. Le problème, c’est qu’Allam, lui aussi, s’est épris de Siham et rêve de l’épouser…

Notre avis : premier film et premier succès d’Abdel Halim Hafez. De la musique et encore de la musique! Le film comporte six chansons interprétées par le Rossignol Brun (surnom du jeune chanteur) seul ou en duo avec Shadia et c’est à chaque fois le même ravissement. Hussein Riad est prodigieux dans le rôle d’Allam, cet artiste vieillissant et tourmenté qui se montre tour à tour d’une infinie générosité et d’un implacable égoïsme.


Lundi 4 mars à 22h

L’Homme le plus courageux du monde d’Hassan El Seifi (Ashgaa ragel fil alam, 1968)
avec Amin El-Heinedy (Sankar), Abbas Fares (Hajj Hussein, le père de Shakshouka), Shweikar (Shakshouka), Zinat Sedky (Sonia, la mère de Shakshouka), Nagwa Fouad (la danseuse), Mohamed Reda (le riche boucher), Tawfik El Deken (Sabi le garçon boucher), Fifi Youssef (Ratiba, la mère de Fatakat), Soheir Al Baroni (Fatakat, la fille du directeur), Abdel Moneim Madbouli (le directeur de l’école), Khadiga Mahmoud (une amie de Shakshouka), Zeinat Olwi (une danseuse), Mohamed Taha (un chanteur), George Sedhom (Coucou), Abdul Moneim Abdul Rahman (le vendeur de journaux)
Scénario : Anwar Abdallah et Hassan El Seifi
Musique : Saïd Mekawi, Mohamed Taha et Mohamed Almogy
Production : Hassan El Seifi


Comédie. Sankar est un modeste professeur, peu courageux et mal voyant. Il est amoureux de Shakshouka, une de ses élèves, et il a le bonheur d'être aimé en retour. Malheureusement, le père de la jeune fille rejette toute idée de mariage car il a déjà choisi son futur gendre. Un jour, Sankar perd ses lunettes dans la rue et il se retrouve nez à nez avec un lion qui vient de s'échapper du zoo. Sa vue est si basse que l'enseignant confond le fauve avec un mouton. Inconscient du danger, il enferme l’animal dans l’échoppe d’un boucher. Il ne sait pas qu'il vient ainsi de rendre un service inestimable à la police locale. Désormais, il passe aux yeux de tous pour un héros...

Notre avis : une comédie « vociférante » : c’est à qui braillera le plus fort. En cette fin des années soixante, la tendance chez les comiques est à la voix de canard. Amin EL Heinedy y excelle, hélas ! (son collègue Mohamed Awad est un autre représentant éminent de ce « style vocal ».) On a l’impression d’assister à une très mauvaise pièce de théâtre. Comment a-t-on pu rassembler un si grand nombre d’acteurs et d’actrices de premier plan pour un tel nanar ? Le personnage insupportable joué par Soheir Al Baroni (la fille du directeur) symbolise à lui seul l’esprit de cette comédie.


Dimanche 3 mars à 14h

Hassan et Nayma d'Henry Barakat (1959)
avec Muharam Fouad (Hassan), Soad Hosny (Naïma), Wedad Hamdy (Fatima), Hassan El Baroudy (l’oncle Abdulaq), Mahmoud El Sabba (Atwa, le cousin de Naïma), Hussein Assar (Metwali, le père de Naïma), Naïma Wasfi (mère d’Hassan), Lotfy El Hakim (le maire), Layla Fahmy (servante), Neimat Mokhtar (danseuse), Mohamed Tawfik (Ibn Sabiha), Abdelalim Khattab (Cheikh Abdoul Basit), Ibrahim Saafan (Kamal Abou Hussein)
d’après un récit d’Abdel Rahman El Khamisy
Scénario : Henry Barakat et Abdel Rahman El Khamisy
Musique et chansons : Mohamed Abdel Wahab, Morsi Gamil Aziz, André Ryder, Mohamed Al Mogi, Abdel Rahman El Khamisy
Production : Les Films Abdel Wahab et Henry Barakat
figure dans la liste des 100 films les plus importants de l'histoire du cinéma égyptien


Drame. Metwaly est un riche paysan qui ne pense qu’à accroître sa fortune et agrandir son domaine. Sa fille Naïma est tombée amoureuse d’un jeune chanteur du nom d’Hassan. Régulièrement, ils se retrouvent en cachette et se promettent l’un à l’autre. Malheureusement Metwaly a d’autres projets pour sa fille. Il souhaite qu’elle épouse Atwa, un cousin. Cet homme n’a rien d’aimable et il a demandé la main de Naïma uniquement pour devenir le propriétaire des terres de son oncle. Metwaly pour se débarrasser du jeune amoureux de sa fille décide de précipiter la date du mariage. Naïma ne peut l’accepter : elle s’enfuit et trouve refuge chez la mère d’Hassan. Mais on la retrouve bien vite et elle doit retourner chez son père…

C'est le premier film de Soad Hosny. Elle a seize ans.

Notre avis : un Roméo et Juliette égyptien mais qui, à l’inverse de son modèle britannique, se termine bien. Une histoire d’amour parfois émouvante même si on pourra regretter le jeu un peu mièvre de la toute jeune Soad Hosny. Pour nous, l’intérêt principal du film repose essentiellement sur sa peinture très réaliste des mœurs rurales de l’époque. Une bande originale somptueuse due à la collaboration de trois grands compositeurs.


Samedi 2 mars à 14h

Wedad de Fritz Kramp (1936)
avec Oum Kalthoum (Wedad), Ahmed Alam (Baher), Ahmed Al Badawy (Cheikh Badar), Menassa Fahmy (Cheikh Radouan), Fattouh Nashaty (Saïd), Kouka (Shahd), Mahmoud El Meleigy (le messager), Mokhtar Othman (Mansour, le serviteur de Baher), Mohamed Youssef (le tailleur), Hassan El Baroudi (Yazdi), Ibrahim Emara (le professeur), Alfred Haddad (le marchand syrien), Fouad Selim (le médecin), Ibrahim El Gazzar (le mendiant)
Histoire : Ahmed Rami
Scénario : Ahmed Badrakhan
Musique : Mohammed Al-Qasabji, Zakaria Ahmed, Riad El Sonbati
Paroles des chansons : Ahmed Rami
Wedad est le premier film produit par les studios Misr.


Baher est un riche marchand qui vit une belle histoire d’amour avec son esclave, Wedad. Celle-ci a une voix unique et elle chante souvent pour le plaisir de son maître et de ses invités. Le bonheur des deux amants serait resté sans nuage si un jour, le pillage de l’une de ses caravanes n'avait pas conduit Baher à la faillite. Pour qu’il puisse rembourser ses créanciers, le marchand revend son palais et s’installe dans une modeste maison avec Wedad et ses deux fidèles serviteurs, Mansour et Shahd. Un marchand du Levant propose à Baher de reprendre ses activités commerciales : il lui propose de lui fournir les marchandises à crédit contre un acompte de 500 guinées. Mais Baher ne dispose pas de cette somme. Wedad lui suggère de la vendre au marché aux esclaves. Grâce à sa voix d’or, elle pourra être vendue un bon prix. Baher finit par se résoudre à se séparer de son esclave préférée. C’est ainsi que Wedad est achetée par un vieillard fortuné qui l’emporte dans son pays…

Notre avis : un pur enchantement. A l'écriture, le grand poète Ahmed Rami ; à la musique, le génial Mohamed Al  Qasabji ; au chant, la diva Oum Kalthoum et à la caméra, le mystérieux Fritz Kramp (Ce cinéaste allemand réalisera deux films en Egypte, deux chefs d'oeuvre puis il disparaîtra, englouti par la seconde guerre mondiale). Avec une telle équipe, était-il possible de réaliser un film médiocre ? La réponse est non. 


Vendredi 1er mars à 16h

Le Puits de la Trahison d’Ali Abdel Khalek (Bir El-Khyana, 1987)
avec Nour El Sherif (Jaber Abdel Ghaffar), Ezzat Al Alaily (colonel Ahmed Ezzat), Dalal Abdel Aziz (Ghazala, la femme de Jaber), Hoda Ramzi (Bossi, la secrétaire, agent du Mossad), Abdel Aziz Makhyoun (officier du Mossad), Ahmed Loxer (un dirigeant du Mossad), Marwa Al Khatib (employée du Mossad à Rome), Hosny Abdul Jalil (sergent dans l’armée égyptienne), Mohamed Abu Hashish (Maître Anwar), Tamer Ashraf (Khamis, le fils de Jaber), Ibrahim Masoud (directeur du renseignement égyptien), Ahmed Al Adal (le beau-frère de Ghazala)
Scénario : Ibrahim Masoud
Musique : Mohamed Ali Soliman
Production : Saad Chahab


Jaber est un pauvre homme sans emploi qui vit dans une misérable baraque avec son fils et sa femme. Pour nourrir sa famille, il erre sur le port d’Alexandrie à la recherche de quelques sous ou d’un peu de nourriture. La plupart du temps, il vole, ce qui révulse sa femme. La police finit par l’arrêter. C’est ainsi qu’on découvre qu’il n’a jamais accompli son service militaire. Il est aussitôt affecté dans la marine. Jaber n’y reste pas longtemps. Il déserte et part pour l’Italie avec un faux passeport. Il s’installe à Rome dans un petit hôtel mais ne trouve aucun travail. Il erre dans les rues de la capitale italienne et pour gagner un peu d’argent, il organise des parties de bonneteau. Il est rapidement repéré par la police qui tente de l’interpeller. Il fuit et trouve refuge à l’ambassade d’Israël. Il ne se doute pas encore qu’il vient de faire son premier pas sur le chemin de la trahison au profit d’une puissance ennemie…

Notre avis : l’égyptien qui trahit son pays pour devenir un espion à la solde des services secrets israéliens est un thème rebattu du cinéma des années soixante-dix, quatre-vingt. Ce "Puits de la Trahison" l’exploite de manière très conventionnelle, il s’agit avant tout de faire oeuvre patriotique pour l'édification des foules. Aucun suspens, un dénouement hautement prévisible et une esthétique de téléfilm insipide.